Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse

Un sourire soulève les lèvres de Lucia quand elle entend la voyante lever le ton contre Desmond, lui attraper les mains fermement et que celui-ci s'exécute sans rien dire. L'image d'un enfant qui se fait disputer lui vient en tête. La séance de voyance commence et tout au long, la colombienne conserve le silence, discrète et respectueuse. Elle observe le garagiste tandis que la femme parle. Cette dernière semble taper dans le juste et l'attitude de Desmond change. Il parait soudainement mal à l'aise. Quelques zones d'ombre autour de lui s'éclairent subitement pour Lucia. C'est bien son enfance qui a été sombre. Visiblement, il a beaucoup souffert et a connu des déceptions. Désormais, il s'interdit de s'ouvrir pour ne plus souffrir et être à nouveau déçu. A la fin, Desmond ne rechigne même pas à ne pas la payer, signe qu'effectivement, elle a eu raison. C'est surprenant et même si elle ne croit pas en ce genre de choses  elle doit admettre que c'est troublant. Beaucoup de ses paroles ont tapé juste.

« Des conneries, oui... » murmure la colombienne sans rien rajouter de plus. Elle a bien vu que Desmond était touché, mais elle n'insistera pas. « Je suis mauvaise comédienne ! » réplique-t-elle quand il propose qu'elle se reconvertisse en voyante. « Et je n'aime pas arnaquer les gens. » Elle hausse les épaules. Ce ne sera pas son futur métier. « Merci, c'est trop gentil » souffle-t-elle avec un sourire quand il lui tend le collier. Lucia le glisse autour de son cou. Il n'est pas vilain, mais elle ne croit pas qu'il puisse éloigner quoique ce soit de mauvais comme le mauvais œil ou les esprits. « Je suis certaine qu'il te serait bien allé aussi ! » Elle observe le collier entre ses doigts.

Lucia commence à marcher quand elle sent quelque chose lui tomber sur l'épaule. « Puta de mierda ! » ronchonne-t-elle quand elle remarque la fiente d'oiseau sur sa veste. « Ce n'est pas possible d'être aussi malchanceuse ! » Et la phrase de la voyante lui revient en tête. « Tu te souviens de ce qu'elle m'a dit ? attention en sortant... » La colombienne lève les yeux au ciel. « Elle n'a quand même pas payé un oiseau pour me faire caca dessus quand je sortirais de chez elle. » Mais une fois de plus la coïncidence est troublante.

Ils marchent un peu. La colombienne apprécie de retrouver l'air frais après l'encens qui embaumait la petite pièce de la voyante. « On va ailleurs ? Je choisis cette fois. » Oui, parce que les deux derniers endroits choisis par Desmond avaient le mérite d'être originaux mais on ne pouvait pas vraiment s'y amuser ! Après quelques minutes de marche, les yeux de Lucia tombent sur la devanture d'un bar, dont le nom la fait sourire : le soleil. « Tiens, elle disait quoi la voyante ? Que tu devrais faire rentrer un peu de soleil dans ta vie ? » Elle laisse échapper un petit rire « Alors c'est un signe ! C'est parfait ! » De la musique s'échappe de l'intérieur du bar. Visiblement, c'est le lieu idéal pour boire un verre et s'amuser un peu. Elle pousse la porte avec un enthousiasme non dissimulé, mais une fois à l'intérieur, elle déchante un peu en voyant le monde. Certaines personnes dansent sur la piste de danse et beaucoup ont l'air complètement ivres, voir même drogués. Super.

Lucia hésite avant de s'installer au bar où deux chaises vides semblent les attendre. Ses yeux englobent la salle et ce qu'elle voit confirme ses soupçons. La plupart des danseurs sont drogués. « Super ils ont l'air tous perchés » murmure-t-elle. Bon, ils ont juste à boire un verre puis ils rentreront ou iront ailleurs. Elle ne sait pas vraiment que choisir. « Je prends la même chose que toi » annonce-t-elle. « À mon tour de rentrer dans ton univers. Tu as fait l'effort en venant au restaurant mexicain alors.. Je teste tes trucs aussi... » Lucia se note tout de même dans un coin de sa tête qu'elle ira doucement quand même sous peine de revenir au garage en roulant.

Elle reporte son regard sur Desmond. « Tu es déjà venu ici ? » lui demande-t-elle alors, en levant un peu la voix pour couvrir le son de la musique. « C'est ce genre d'endroits que tu fréquentes ? » À peine sa phrase finie, elle se fait brusquement bousculer par un homme alcoolisé qui tente d'accéder au comptoir. Il ne s'excuse pas et marmonne dans sa barbe. Lucia ne dit rien mais accuse le coup quand le bousculement vient solliciter ses côtes meurtries. Super. Décidément ils choisissent bien leurs sorties.

Lucia hausse les épaules. « Je n'ai jamais été trop branchée bijoux non plus. » Surtout depuis qu'elle est chez les Devils Diciples et qu'elle n'a plus rien. Oh il y a bien des clients qui ont voulu lui offrir des bijoux, espérant sûrement gagner quelques faveurs mais elle a toujours tout refusé. On ne l'achète pas comme ça. Toutefois, dans ce cas précis, c'est différent. Desmond n'est pas un client. « Le collier est même plutôt discret. » constate-t-elle. « Et il s'accorde avec mes yeux ? » demande-t-elle, amusée.

Quand l'oiseau se lâche sur elle, Desmond affirme que c'est le hasard. « C'est vrai » affirme Lucia. « Avec ce genre de prémonitions, on a tendance à croire que tout ce qui nous arrive est dû à cette fameuse vision prémonitoire. » Mais bon sang, elle aurait préféré que l'oiseau se soulage ailleurs que sur sa veste ! Elle tente d'essuyer avec un mouchoir mais en désespoir de cause, elle décide de l'enlever, histoire de ne pas porter une veste tachée toute la soirée.

Lorsqu'ils rentrent dans le bar, Desmond lui confirme que c'est dans ce genre d'endroits qu'il vient avec les autres membres du gang. Elle s'installe avec lui sur un des tabourets. « Peut être que les filles dansent à la fin ici aussi ? Quand elles ont trop bu ? » se moque-t-elle. Ils ne sont pas dans un club de strip-tease mais il y a bien une piste de danse. Par contre, elles ne finiront pas toute nue... Son regard englobe les environs, elle a toujours une petite crainte de tomber sur un des fameux collègues de Desmond mais à son plus grand soulagement, il n'y aucun blouson en cuir. Elle se détend et s'installe plus confortablement sur le tabouret.

Desmond lui conseille de boire comme si elle n'était pas elle, de s'amuser et qu'il s'occuperait d'elle pour le retour. Est-ce qu'elle lui fait confiance ? Bizarrement, oui. « Hmm... Ok... » Lucia prend le verre et le porte à ses lèvres pour le boire d'une traite. La colombienne esquisse une grimace, l'alcool étant toujours trop fort pour elle. « Je te fais confiance alors... Je ne penserais pas aux conséquences. » Malicieuse, elle va même jusqu'à prendre le verre de Desmond pour le finir d'une traite également. Elle appelle la serveuse pour qu'elle les remplisse à nouveau. Le garagiste n'a pas tort, elle peut s'oublier juste une soirée, ça ne peut pas lui faire du mal.

À sa plus grande surprise, Desmond lui montre une personne au fond de la salle. Lucia observe la fameuse femme dont il parle. « Je... je ne sais pas » souffle-t-elle, un peu troublée. « Je ne me suis jamais posée la question... » Elle continue de regarder la blonde, se demandant si elle serait à l'aise entre ses bras. Après quelques secondes de silence, elle finit par confier : « Je ne pense pas que ça réparerait quoique ce soit... Elle est plutôt sexy et attirante mais... les femmes, ce n'est pas mon truc. » La colombienne hausse les épaules. « Mais il y a de l'idée, merci de te soucier de ça.. » Elle lui adresse un clin d'œil, amusée. « Quand je disais que je voulais tester tes trucs, je ne  pensais pas forcément à tes plans drague... » L'idée l'amuse cependant.

« Comment tu sais qu'elle est ouverte aux femmes d'ailleurs ? c'est une amie ? » Lucia se redresse légèrement lorsque la fameuse jeune femme vient à leur rencontre. Au moins, elle sera fixée sur le lien entre les deux individus... Elle la regarde plus attentivement, est-ce qu'elle pourrait lui plaire ? Son esprit est embrouillé par l'alcool. La serveuse leur apporte leurs deux verres à ce moment là. « Merci » souffle-t-elle.

Le sous-entendu de Desmond a propos de sa descente la fait sourire. « Oh charmant ! » se moque-t-elle. Mais Desmond a raison, elle doit ralentir où elle ne tiendra pas la soirée. Ce n'est pas comme si elle avait l'habitude de boire, au contraire. Il est probable qu'elle se retrouve vite beaucoup trop soûle et que le garagiste doive la porter pour rentrer !

Shanon réplique que Lucia est bien plus jolie que les autres filles qu'il ramène habituellement. « Oh... Merci ? » souffle la colombienne. Elle suit les échanges entre les deux adultes, amusée. « Enchantée Shanon, je suis Lucia. » Desmond precise qu'elle n'est qu'une collègue. « Oui, il ne compte pas consommer son... casse-croûte... » s'amuse la brune en reprenant les paroles de Shanon. Elle rougit légèrement en entendant les paroles de la femme sur son experience avec les femmes. « Jamais testé... » avoue-t-elle. Est ce qu'il faut vraiment tout tester pour se faire une opinion ? Là dessus, elle ne sait pas mais elle n'est pas le plus à l'aise possible avec cette idée. Lorsque Shanon propose carrément un plan à trois, Lucia ecarquille les yeux de surprise. Wow, elle est directe. Heuresement, Desmond lui conseille de tout de suite lâcher l'affaire.

Le garagiste finit par s'esquiver pour aller aux toilettes, les laissant entre filles. « Visiblement, il a peur d'être dépassé avec nous deux » s'amuse Lucia en le regardant s'éloigner. « Ou alors il a peur qu'on le délaisse pour s'amuser toutes les deux justement... » souffle Shanon avec un regard équivoque, le sourire aux lèvres. La colombienne sourit mais baisse le regard un peu gêné. Cette femme s'assume totalement et ne cache pas ce qu'elle pense. La colombienne admire son franc parler. La jeune femme en face d'elle choisit de changer de sujet. « Alors tu es une... collègue de Desmond.. Tu fais partie du groupe ? » Le regard de Shanon scrute le visage et la tenue de Lucia. Cette dernière est soulagée d'avoir mis des vêtements simples et pas trop courts. Sur sa tenue du jour, il n'y a rien qui puisse indiquer qu'elle travaille comme prostituée les autres jours. « On peut dire ça oui... » Elle n'a pas très envie d'expliquer ce qu'elle fait exactement. « Vous vous connaissez depuis longtemps ? » La colombienne secoue la tête. « Non, quelques semaines seulement ! Il m'héberge, j'ai eu des ennuis dernièrement. » La main de Shanon vient effleurer la joue de Lucia et cette dernière sursaute légèrement à son contact, surprise. « C'est pour ça, les hématomes, je suppose. » La brune hoche la tête. Sans miroir, elle a tendance à les oublier. Les bleus s'estompent petit à petit mais ils restent encore là. « Moi ça fait quelques années, bien avant son passage en prison.. c'est la première fois que je le croise depuis sa sortie.  » Lucia a bien envie de lui soutirer quelques informations sur Desmond. Pour une fois qu'elle rencontre quelqu'un qui le connait et qui semble disposé à parler..  Mais elle se retient, si elle doit apprendre quelque chose du garagiste, ce sera de sa bouche uniquement. Elle doit lutter contre sa curiosité. Shanon attrape alors un stylo et une serviette en papier où elle griffonne son numéro de téléphone.  « Tiens, si jamais tu changes d'avis et que tu veux passer du bon temps... » Elle lui adresse un petit clin d'œil et Lucia lui répond par un sourire avant de glisser le numéro dans sa poche. « C'est compris. J'y penserais. » Desmond revient à ce moment là.

Shanon finit par s'éclipser. « Elle m'a donné son numéro, au cas où. » Elle n'a pas à préciser pourquoi, le sous-entendu est plutôt clair. Est-ce qu'elle l'appellera ? Non, Lucia ne le pense pas. Elle n'est réellement pas intéressée par les femmes. Dommage, il y avait de l'idée et Shanon a l'air d'être une femme avec du tempérament et beaucoup de bienveillance. « Elle est... intéressante. » souffle la brune. « Elle m'a dit que vous vous connaissiez depuis quelques années ? » demande-t-elle.

« Un tatouage ? » L'idée a de quoi la surprendre. Elle ne s'y attendait pas. Un bref instant, elle regarde ceux visibles sur le corps de Desmond. Il n'a pas tort, elle pourrait se faire tatouer quelque chose en rapport avec sa fille. Et puis, tant qu'à partager une des soirées de Desmond, autant aller jusqu'au bout, non ? « Hmm, rien en rapport avec le gang.. » précise-t-elle. Lucia ne veut rien sur son corps qui lui rappelle les Devils Diciples. « Mais pourquoi pas ! » Est-ce qu'elle se serait laissée convaincre aussi rapidement si elle était totalement sobre ? Pas sûre. Elle a toujours résisté à cette idée de marquer son corps. Là, les circonstances sont différentes. Elle veut quelque chose qui lui rappelle sa petite fille. Oh, ça ne sera pas quelque chose de trop significatif, ni un prénom ou une date de naissance, car elle ne veut pas qu'on l'interroge à ce propos. Son corps ne lui appartiendra plus totalement tant qu'elle travaillera pour les Devils Diciples. Toutefois, elle sait ce qu'elle se fera tatouer : un soleil. Sa fille était son rayon de soleil, elle ne cessait de le lui répéter. « Allons-y avant que je me décourage ! » lance-t-elle en finissant son verre d'une traite. Elle montre Shanon au loin. « On devrait aller lui dire au revoir, je ne voudrais pas la vexer. » Un petit sourire moqueur vient soulever ses lèvres. « Ou venir plomber un futur plan, elle a l'air de t'apprécier. » Après tout, elle lui a même proposé un plan à trois...

Tout en écoutant Desmond, Lucia garde le numéro de Shanon en main. Elle hoche la tête et le range dans sa poche. « Je verrais... » souffle la colombienne. Oui, peut être que sobre, elle saura quoi faire de ce numéro,  car pour le moment, l'idée ne lui semble pas particulièrement attirante. Elle ne renchérit pas sur la prison, si Desmond veut lui dire autre chose, il le peut mais elle ne lui tirera pas les vers du nez. Ou du moins, pas ce soir. L'alcool imbibe doucement son sang et lui monte à la tête. Heureusement elle garde encore une parfaite maîtrise d'elle même aussi, quand Desmond lui propose un tatouage, elle accepte avec une pleine conscience de ce qu'elle s'apprête à faire.

Lucia s'esquive pour aller aux toilettes avant de suivre Desmond. Elle en profite pour aller voir Shanon et lui dire aurevoir. La femme lui fait promettre de réfléchir à sa proposition. La colombienne hoche la tête. Oh elle peut y réfléchir, ce n'est pas pour autant qu'elle garantira l'appeler ! Elle lui propose également de l'aider si elle a besoin de quelque chose. Lucia est touchée, il existe encore des personnes gentilles heuresement. Avec un petit clin d'œil entendu, Shanon lui souhaite de bien s'amuser avec Desmond. La brune s'apprête à répliquer qu'ils ne vont pas s'amuser dans ce sens-là, elle finit par renoncer, peu importe ce qu'elle croit au final.

Dans la salle d'attente du tatoueur, les yeux de la colombienne observent les tatouages dessinés sur les murs. Elle reconnait pas mal d'entre eux, beaucoup de Devils Diciples portent ces marques, certains de ses clients aussi. « Il est connu dans le quartier visiblement » murmure-t-elle. C'est rassurant, il est doué au moins et beaucoup passent entre ses mains..Un homme revient, ce doit être le tatoueur. Lucia soutient son regard quand il l'observe et secoue brièvement la tête quand Desmond parle de depucelage. Élégant et classe, comme à son habitude.

Lucia suit Desmond et l'homme, en silence. Elle pose un regard curieux sur tout ce qui les entoure, peu familière de ce type d'endroit. Elle s'installe en silence sur le fauteuil, il lui semble propre c'est déjà ça. Que veut-elle ? « Si je vous fais un dessin, vous arriverez à le reproduire ? » L'homme hoche la tête et lui tend un crayon et une feuille. Après quelques minutes de réflexion et de gribouillage, elle lui tend son dessin. Le tatoueur jette un œil, il ne pose aucune question et se contente de demander sur quelle zone elle souhaite le tatouer. Lucia soulève son t-shirt et lui montre son flanc, sur le coté du sein droit, sur la cage thoracique. Elle ne porte pas de soutien-gorge, ce qui facilite l'accès à la zone.

La brune surprend le regard de l'homme sur ses hématomes et lorsqu'il jette un coup d'œil à Desmond, elle ne parvient pas à comprendre s'il le suspecte ou s'il lui demande des explications. Elle fronce alors les sourcils et souffle :  « Ce n'est pas lui. » La colombienne ne tient pas à ce que le garagiste ait des ennuis par sa faute alors autant éclaircir la situation tout de suite. Elle n'en dit pas plus, ce ne sont pas ses affaires. L'homme marmonne quelques mots avant de lâcher : « T'es consentante au moins ? » Elle hoche la tête : « Bien sûre » affirme-t-elle. Si elle ne l'était pas, est-ce que ça aurait réellement arrêter le tatoueur ? Elle en doute. « La zone risque d'être douloureuse. » Lucia hoche la tête et fixe le plafond. « Oui, je sais. » La peau est particulièrement sensible à cet endroit là vu qu'il y a peu de chaire. Par chance, ses deux côtes fracturées sont de l'autre côté.

Lucia ne se dégonfle pas. Le tatoueur met la machine en route et commence. Lorsque l'aiguille rencontre sa chaire et vient frapper au niveau de l'os, la colombienne sourcille à peine. Elle a toujours eu une bonne tolérance à la douleur et ces derniers temps, elle en a tellement bavé que là, la souffrance lui semble presque supportable. Elle serre les dents tandis que le tatoueur travaille. Il se concentre, ne prononce plus un mot et seul le bruit de la machine se fait entendre. La colombienne garde le silence elle aussi. Il ne mentait pas, la douleur est bien là et s'intensifie au fil des minutes, pour autant, Lucia ne dit rien, elle encaisse sans montrer de signes d'inconfort. Ses pensées s'évadent, elle pense à sa fille pour qui elle fait ce tatouage. Ce n'est que symbolique, ça ne la ramènera pas plus vite, mais au moins, Théa sera toujours un peu avec elle.

Après un temps qui lui semble infiniment long, le tatoueur se redresse, s'étire et lâche : « C'est fini. Tu peux regarder ce que ça donne » Lucia se relève et observe son tatouage dans le miroir. Son reflet lui plaît. Il a reproduit à l'identique le soleil qu'elle avait fait. Les petits détails sont là, jusqu'au dessin de lune au milieu, les petits points au dessus. Le dessin, inscrit là, sur sa peau, la trouble légèrement. C'est exactement ce symbole la qu'elle avait dessiné sur les tableaux de la chambre de Théa, son petit soleil. Même son ex-compagnon disait de Lucia qu'elle était toujours solaire et lumineuse comme un soleil. Oui, ce symbole lui va comme un gant même si ces derniers temps, les nuages ont tendance à cacher le soleil.

« C'est parfait. » affirme-t-elle en rabattant son t-shirt. L'homme lui donne les précautions d'usage, il lui fournit une crème à appliquer matin et soir pendant quelques jours puis demande le règlement à Desmond. « Je peux participer aussi » souffle-t-elle en sortant quelques billets. La somme lui paraît exorbitante pour un petit dessin et elle se sent un peu coupable qu'il dépense autant pour elle. « Et toi ? Tu ne veux pas en profiter pour faire quelque chose ? » Tant qu'à faire, ils sont là et le tatoueur semble disponible. Comme ce dernier le disait, Desmond a encore de la place sur son corps. « Les clients sont rares ce soir. Profite-en. » confirme-t-il.

Le ton de Desmond ne laisse aucun recours possible. Il a promis qu'il paierait le tatouage, il le fera. Lucia hoche la tête et range ses billets. Elle suit d'un air intéressé l'échange entre le tatoueur et le garagiste. Ce dernier accorde une totale confiance au dessinateur et s'installe pour le laisser marquer son corps, à l'endroit où il le désire. La colombienne admire ce laisser aller. Elle serait bien incapable d'accorder une confiance aussi aveugle quand il s'agit de son propre corps. Elle reste tranquillement assise sur la chaise et regarde le tatoueur faire son œuvre. Ses yeux se promènent sur les tatouages au mur, reconnaissant l'homme comme un artiste même si elle ne s'y connaît pas en tatouages. Il faut être très doué pour arriver à reproduire à l'identique un dessin sur de la peau et Earl semble avoir une bonne expérience en la matière. Elle comprend le choix de Desmond de venir ici.

Le garagiste reste de marbre tandis que l'homme approche l'aiguille de son pectoral. Elle peut constater qu'il en a l'habitude et la colombienne se demande si tous ses tatouages se sont passés ainsi : sur une totale improvisation. « Tu ne réfléchis jamais aux tatouages que tu veux faire ? Ou c'est exceptionnel ? » Après tout, il s'est laissé surprendre. Tout comme elle, Desmond n'avait pas l'intention de se tatouer en sortant ce soir. Elle repense également au numéro de Shanon dans sa poche. Décidément, cette soirée est pleine de surprise. Ses pensées dérivent tandis que le tatouage s'éternise un peu. Il se fait tard, mais elle n'est pas du tout fatiguée. L'alcool est toujours présent, il lui fait même légèrement tourner la tête.

Une fois le tatouage fini, Lucia lève les yeux au ciel en constatant que Desmond ne prend aucune précaution concernant la suite, mais elle se garde de tout commentaire. Il fait bien ce qu'il veut même si c'est prendre des risques inutilement. Un tatouage peut facilement s'infecter, surtout quand les conditions de vie et d'hygiène ne sont pas les plus saines possibles. Au pire, elle pourra toujours prêter de sa propre crème, il y en a largement pour deux. Le paiement est réglé, ils sortent donc à l'extérieur et une fois de plus, elle apprécie cette bouffée d'air frais. « Merci pour le tatouage, c'était une bonne idée. » reconnaît-elle. La brune n'aurait jamais osé le faire de son propre chef et pourtant, elle ne le regrette pas. Elle doute également que ce soit un regret une fois sobre.

Desmond propose de faire un crochet avant de rentrer enfin, sauf si elle a une meilleure idée. « Je n'ai pas particulièrement envie de rentrer. » avoue-t-elle. Lucia passe une bonne soirée et l'idée de retrouver le garage tout de suite n'est pas particulièrement réjouissante. Elle aimerait bien prolonger encore un peu ce temps à l'extérieur. « Mais je n'ai pas dautres idées pour autant. » Elle hausse les épaules, il serait peut être plus sage de rentrer dans ce cas, non ? Ou ils peuvent toujours se rendre dans un club pour danser ? Pas un club de salsa mais Desmond doit bien connaître quelques endroits.

Lucia acquiesce, elle se doute que la douleur va se réveiller le lendemain. Le joint sera-t-il suffisant pour lui éviter de souffrir? Elle en doute, ce sera sûrement le cas sur le moment, mais plusieurs heures après l'effet sera surement minimisé...« Je te suis. » affirme-t-elle en lui emboitant le pas. Dans la ruelle d'à côté, la colombienne comprend qu'ils sont entourés de dealeurs. Elle ralentit le pas, pas forcément à l'aise et l'un d'entre eux en profite pour se rapprocher et l'attraper par la hanche. « Hey jolie cœur, j'ai des comprimés qui peuvent t'envoyer au septième ciel, ça t'intéresse ? » L'homme lui adresse un sourire lourd de sous-entendus. Elle se dégage de son étreinte. « Non, ça ne m'intéresse pas. » Il insiste. « Allez, tu es venue chercher ça, non ? » La colombienne cherche Desmond du regard. « Je n'ai pas besoin de ça pour m'envoyer au septième ciel. » Elle le repousse et il finit par abandonner.

En quelques foulées, Lucia a rattrapé le garagiste. Elle resserre les pans de sa veste. Elle est déjà venue ici, dans cette rue, pour travailler et elle craint de se retrouver nez à nez avec un de ses clients. Elle n'est pas du tout à l'aise. Certains dealeurs l'embauchent de temps en temps, comme prostituée. Certains de leurs clients aussi, forcément. « Tu viens pour dealer ? » demande-t-elle. La colombienne réfléchit mais elle n'est pas certaine que Desmond soit venu avec les poches pleines hormis ses clopes, alors peut-être qu'au contraire, il vient pour acheter de la marchandise.

Lucia lève les yeux au ciel en entendant la remarque de Desmond. « Bien sûre que oui ça m'arrive de lâcher prise ! Regarde la preuve : je suis là ! » Se faire un tatouage de manière aussi imprévue, c'est quand même un sacré lâché prise ! Elle ne s'en serait pas cru capable et pourtant... Dans tous les cas, Desmond ne répond pas à sa question. Tant pis, elle commence à avoir l'habitude, le contraire serait même surprenant ! Elle n'insiste pas, elle n'insiste d'ailleurs plus. Rien ne sert de braquer le garagiste. Ils sont tous les deux là pour passer une bonne soirée, pas pour subir des interrogatoires.

Est-ce qu'elle a peur que Desmond se serve d'elle pour attirer le client ? « Bien sûre que non, ça ne m'a même pas effleuré l'esprit. » Elle secoue la tête : « Arrête d'imaginer toujours le pire. » C'est une vraie maladie chez lui. Là, elle est seulement curieuse de savoir ce qu'ils font ici. « Ok » souffle-t-elle simplement quand il lui glisse enfin qu'il vient seulement refaire ses provisions. Lucia ne le juge pas ou ne tente pas de le retenir, il fait ce qu'il veut de son argent. La colombienne reste en retrait tandis que l'échange d'argent et de drogue se fait.

Quelques minutes plus tard, ils ont quitté la ruelle et Desmond lui propose une fin de soirée différente que de rentrer au garage. Ils peuvent aller danser. « Ok, super ! ça me va et c'est promis, je ne t'oblige pas à aller danser ! » Elle secoue la tête, c'est bien dommage d'ailleurs parce qu'il n'y a rien de mieux pour se changer la tête que de danser justement ! Mais soit, s'il ne veut pas, elle n'insistera pas. Sur ces belles promesses, ils reprennent la direction du garage. Lucia en profite effectivement pour se changer et mettre une tenue plus confortable et plus légère pour aller danser. Oh, il n'y a rien de provoquant dans ses vêtements, c'est juste une jupe simple avec un débardeur. Sur la piste de danse, il n'est pas rare d'avoir chaud et se trémousser avec un pantalon n'est pas le plus confortable qu'il soit.

Lucia grimpe sur la moto de Desmond et les voilà tous les deux partis. Ils se dirigent vers la périphérie de la ville, dans un endroit où elle n'a jamais mis les pieds pour son plus grand soulagement. « Je ne compte pas rentrer avec quelqu'un d'autre ! » rétorque-t-elle. Jamais de la vie. Même complètement ivre, elle n'accordera pas sa confiance à n'importe qui. Et non, à ce niveau-là, elle est bien loin du lâcher prise ! « Alors, ne m'oublie pas. » Pour le moment, elle se contente de le suivre et ils s'installent au bar. Elle commande une téquila. Tant qu'à prendre quelque chose de fort, autant faire honneur à ses origines et les derniers shots de vodka ont eu du mal à passer. « Je reviens... » souffle-t-elle finalement, la piste de danse l'attirant beaucoup trop.

Durant quelques chansons, Lucia se mêle à la foule des autres danseurs. Elle tente d'oublier sa douleur aux côtes et il faut avouer que l'alcool aide beaucoup à cela. Elle se trémousse, s'amuse et retrouve avec plaisir, le bonheur simple de s'amuser, de danser sans penser à rien. Ici, elle n'est rien de plus qu'une femme venue pour danser. S'il y a bien quelques hommes qui se rapprochent d'elle et qui tentent leur chance, elle les ignore purement et simplement, ce qui les décourage très rapidement. Au bout d'une dizaine de minutes, elle doit cependant faire une pause, la douleur est de retour, son tatouage la lance aussi. Elle revient s'installer au bar face à Desmond, un grand sourire illuminant son visage. Elle se sent réellement bien, la tête vidée, le corps fatigué des danses. Une nouvelle téquila l'attend et elle s'empresse de la porter à ses lèvres. Oui, pour ce soir, Lucia s'oublie un peu, elle se laisse vivre et ça fait beaucoup de bien.

Son regard quitte la piste de danse pour se porter sur Desmond. « Il est chouette cet endroit » affirme-t-elle. La colombienne tape du pied sous la table en rythme avec la musique. L'alcool commence réellement à s'accaparer de tous ses sens. Ses pommettes ont rosi, elle se sent bien.

Lucia roule des yeux. Oh si, elle s’inquiète un peu. Desmond a beau faire des promesses, elle ne le connait pas assez pour être certain que l'appel du sexe par exemple n'est pas plus fort que celui de la raccompagner. Enfin, ivre du moins, car sobre, elle ne le pense pas capable d'une crasse pareil. S'il l'abandonne ici, elle sera réellement embêtée. Ils sont loin de tout, et elle ne pourra pas rentrer à pieds. La colombienne finit par laisser toute cette réflexion dans un coin de sa tête quand elle part s'amuser et ses doutes ne sont bientôt plus qu'un lointain souvenir.

« Un repère de camés et de squatteurs » répète-t-elle, surprise. L'endroit a bien changé en tout cas. « Tu avais raison, les gens sont... cools, ils n'insistent pas. » Ils ne sont pas lourds et c'est agréable. Elle finit un troisième verre de téquila, sentant l'alcool complètement lui monter à la tête. « Je devrais ralentir » souffle-t-elle, les yeux pétillants. Oui, elle devrait ou elle risque d'atteindre bientôt ses limites. A la place, elle interpelle la serveuse pour qu'elle lui amène une autre téquila.

Desmond lui demande de l'accompagner à l'extérieur et elle s'exécute. Visiblement, ça ferait louche qu'il la laisse toute seule là-bas. Un instant, elle regarde l'intérieur du bar et se retient de répliquer qu'elle était déjà seule sur la piste de danse et que personne n'est venu l'importuner. Mais, peu importe au final. La réflexion est vite oubliée quand il lui tend son achat du soir. Lucia est tentée de refuser le joint, mais elle se ravise : ce soir, elle a promis de s'amuser et de se laisser aller. « Ok ! » Elle saisit le joint entre ses doigts et le porte à ses lèvres. Après quelques bouffées, elle sent aussitôt une sensation de détente arriver. Lucia ferme les yeux, satisfaite. Sa douleur aux côtes disparait et elle ressent un regain d'énergie l'envahir. Elle continue, sans se douter un seul instant du petit manège de l'homme en face d'elle. Lucia ne se doute pas qu'il fait ça pour elle, pour lui éviter de souffrir. Elle en serait forcément touchée.

Ils retournent à l'intérieur et elle repart danser. La colombienne va même jusqu'à enlever ses chaussures pour se sentir plus à l'aise. Elle a l'impression de faire un avec la musique. Elle se sent vibrer, posséder entièrement par la danse. Ce n'est que plusieurs chansons plus tard qu'elle revient enfin vers Desmond, ses deux chaussures à la main. Elle est légèrement décoiffée et un sourire aux lèvres toujours plus grand. Oh oui, elle s'amuse. La colombienne finit son verre de téquila d'une traite tandis que l'heure du départ semble arrivé. Alors qu'il pose des billets sur la table, elle propose : « Je peux participer, cette soirée va te coûter chère ! » Entre les tatouages, la pseudo-voyante, les boissons du bar... Inutile de dire qu'ils n'ont pas fait dans la demi-mesure.

Une petite lueur malicieuse passe dans son regard quand il lui demande si elle se sent encore bien : « J'ai l'air d'avoir sommeil ? » le provoque-t-elle gentiment. En réalité, il est probable qu'elle sombre dès qu'elle posera la tête sur l'oreiller, mais pour le moment, elle est bien réveillée. L'alcool la maintient dans un état d’excitation et d'euphorie passager. La colombienne s'amuse, se sent légère, et cela fait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ça. « Mais toi ? Tu ne dois pas aller travailler demain ? » Si tel est le cas, il risque d'avoir du mal à enchainer une journée de travail. « Sinon, je te suis ! » Elle se penche pour remettre ses chaussures.

Une fois à l'extérieur, Lucia prend une grande inspiration : « Alors ? Tu nous emmènes où ? » Elle est impatiente de connaitre sa destination mystère. Où les conduit-ils ? Pleine d'enthousiasme et d'énergie, elle ne voit pas le trou sur la chaussée et manque de perdre l'équilibre. Elle se rattrape in-extremis au bras de Desmond. « Oups, désolée » souffle-t-elle en le relâchant, connaissant sa réticence des contacts. « Je pense que j'ai trop bu » Oh, elle le reconnait volontiers. « Et toi, tu as bu beaucoup plus que moi... » Le ton est accusateur. « ça ne se voit pas, c'est injuste. » Oui, ça l'est mais il n'a pas la même corpulence que la colombienne et il doit avoir beaucoup l'habitude de boire qu'elle !

Desmond parait bien décidé à payer les frais de la soirée et Lucia hoche la tête. Elle doit mettre de l'argent de côté, donc il faut à tout prix qu'elle l'économise sinon elle n'arrivera jamais à retrouver sa fille. Puis en ce moment, comme elle est obligée d'être au repos, elle ne gagne absolument rien. Autant dire que ses économies risquent de s'envoler beaucoup trop vite. « Merci » souffle-t-elle simplement. Elle lui en est reconnaissante, forcément. Ces derniers temps, Desmond a fait beaucoup pour elle et même s'il affirme que ses intentions ne sont pas gratuites mais intéressées, Lucia ne sait pas ce qu'elle aurait fait sans lui. Il lui offre un hébergement et une jolie soirée pour se changer les idées.

La colombienne roule des yeux quand il parle d'heure. « Il est très tard, je me doute, ou.. très tôt... » Elle ne se sent pas fatiguée mais il est clair que la journée ne sera pas très productive. Ils risquent de dormir et de cuver leur alcool durant de longues heures. Elle préfère ne pas penser à ça et se concentrer sur le moment présent. Il leur reste un peu de temps avant de rentrer et visiblement, Desmond a encore une idée pour la fin de soirée. Elle est curieuse mais apprend la patience et se contient. Elle ne l'interroge pas davantage, se laissant guider par le garagiste. Jusqu'à présent, elle n'a pas eu de mauvaise surprise après tout. « ça fait très longtemps que je n'avais pas fait une nuit blanche. » confie-t-elle. Et qu'elle ne s'était pas autant amusée ! Lucia se sent l'esprit plus léger.

La brune a clairement trop bu. Si elle garde toute sa tête et son raisonnement, sa démarche est moins sûre et elle manque de tomber au sol. Quand Desmond affirme en se moquant que quand on ne sait pas marcher bourré, on ne boit pas autant, Lucia lui tire la langue et lui donne raison : « Tout à fait ! » La colombienne poursuit : « Et je vais probablement regretter dans quelques heures quand j'aurais une belle gueule de bois ! » Son regard se perd un instant dans le lointain avant qu'elle ne continue : « Enfin, non, je ne pense pas regretter. Je passe une très bonne soirée. » Elle n'a pas de mal à le reconnaitre. Généralement, Lucia dit ce qu'elle pense sans dissimuler la vérité. « ça vaut bien une gueule de bois » Elle lui adresse un petit sourire malicieux.

« Un doctorat en lever de coude... » répète-t-elle en étouffant un petit rire : « Bien trouvé, j'aime bien ! » Lucia secoue la tête : « Tu as pu remarquer que depuis quelques temps, je ne me cultive pas autant que ça, et je ne lis pas beaucoup non plus. » Hormis le livre que lui a ramené Desmond, la colombienne n'a pas eu d'autres occasions de lire. Pour le poids, il n'a pas tort et pour l'habitude aussi. Vue la quantité d'alcool ingurgitée, c'est déjà un miracle qu'elle tienne encore debout. Le réveil risque de faire mal. Elle ne juge pas ses paroles en tout cas. Il peut bien être fier de ce qu'il veut.

Lucia attrape le casque de moto et monte derrière lui. Quand Desmond lui dit qu'il est encore capable de conduire sa moto, la colombienne glisse ses mains autour de son torse et lui confie : « Je te fais confiance » Et c'est valable pour beaucoup de choses, pas uniquement cette histoire d'alcoolémie au volant de sa moto. Lucia lui a totalement fait confiance ce soir. Quelque chose a changé dans sa vision du garagiste. Est-ce qu'elle l'apprécie ? Peut-être bien. En tout cas, elle comprend petit à petit comment il fonctionne. Elle sent qu'elle peut être en confiance avec lui et c'est quelque chose de précieux à ses yeux. Si Desmond a confiance en sa propre capacité à conduire bourré, elle-même n'a pas du tout confiance dans son équilibre, aussi, elle s'accroche fermement au garagiste, craignant de chuter alors qu'il est lancé à pleine vitesse. Où vont-ils ? Aucune idée.

Ils sortent de la ville. Le quartier qu'ils traversent ne fait pas spécialement envie. Les maisons sont délabrées, certaines en ruine. Elle s'interroge forcément sur leur destination et plus ils avancent et plus sa curiosité est titillée. Il finit par se garer. « C'est calme, oui. » Et c'est réellement appréciable après la soirée dans le club avec la musique assourdissante. Le silence s'installe et ils peuvent même entendre les bruits de la nature. Alors qu'elle se demande les vraies raisons pour lesquelles il l'a emmenée ici et elle ne tarde pas à avoir sa réponse. Le soleil fait son apparition et darde ses rayons sur la ville. « Wow, c'est... magnifique. » Lucia se laisse glisser à côté de lui sur le rocher et garde le silence tandis que le soleil se lève sur la ville de Detroit. C'est la première fois qu'elle la voit autrement, d'un côté presque positif, lumineux. Elle reste silencieuse et admire la vue. Elle n'en loupe pas une miette. « Detroit parait presque beau comme ça. » souffle-t-elle. La surprise est réellement bonne. Lucia est touchée.

« C'est l'apothéose » affirme-t-elle. Desmond garde obstinément les yeux fermés. Elle porte son regard sur le garagiste et murmure : « Merci Desmond, j'ai vraiment passé une bonne soirée. » Et ça lui fait le plus grand bien. Sa vie n'est pas la plus agréable qu'il soit, loin de là, alors ce genre de soirées est précieux. « Ce sont des bons souvenirs que je garderais précieusement en mémoire » souffle-t-elle.