The sun always shines after the rain x Desmond

Lucia hoche la tête. « C'est ça » Ces hommes sont juste des clients, elle ne ressent rien quand elle les voit ou quand ils la touchent. Elle est comme anesthésiée. Tous ses sens semblent se mettre en pause quand elle travaille, même son esprit finit par s'égarer. Cela lui permet sûrement de mieux supporter cette situation pénible.

Quand ils évoquent la pudeur, Lucia fronce les sourcils. Il se trompe, elle n'en a que faire de ce que les autres peuvent penser d'elle. « Non. Ce n'est pas ça... » souffle-t-elle tout en réfléchissant. « C'est mon corps. Je n'ai pas envie que les autres le voient car il m'appartient. » C'est sûrement ridicule mais c'est sûrement là toute la différence : elle sacrifie son corps au travail alors elle ne veut pas que les autres puissent poser leur regard sur elle le reste du temps. Lucia voudrait pouvoir seulement montrer ce qu'elle veut bien montrer. C'est sûrement ridicule, elle est une prostituée, la pudeur devrait être le cadet de ses soucis. Il le sera peut être un jour, mais pour le moment, elle s'y raccroche. Lucia lève les yeux au ciel quand il conclut en disant que lui, il n'a pas de soucis avec sa pudeur et qu'elle devrait arrêter de le provoquer ou il finira par se mettre tout nu devant elle. « Oula non merci. Je vois déjà assez de trucs qui pendouillent au boulot. » Inutile d'en rajouter sur son temps perso. Elle en plaisante évidemment mais Desmond peut garder ses vêtements, ce sera moins gênant pour tous les deux...

Lucia comprend mieux pourquoi il ne mange pas. C'est à cause de la drogue. Elle fronce les sourcils, c'est quand même inquiétant qu'il en arrive à ce stade. « Tu ne songes pas à arrêter ? Ou à passer à quelque chose de moins.. toxique ? » Elle ne trouve pas d'autres termes. Si cette drogue coupe son appétit, attaque ses papilles, ce n'est quand même pas bon signe... Il n'est pas encore trop tard pour changer, mais elle a des doutes sur la volonté de Desmond d'y être motivé. Depuis le début, il lui donne l'impression du contraire justement. Elle ne comprend pas cette volonté de bousiller son corps et pas uniquement parce qu'elle est médecin. Toutefois, si elle observe Desmond manger son sandwich, elle se garde de faire de nouveaux commentaires.

« Quoi ? » lance-t-elle, surprise. « Non, ce n'est pas ça... » Non, elle n'est pas jalouse de sa moto. Lucia comprend après coup qu'il plaisante. Elle hausse les épaules, retrouvant le sourire. « Est-ce qu'il y a quelqu'un sur cette terre qui arrivera à la cheville de ta précieuse moto ? » demande-t-elle avec un petit sourire. La colombienne a bien vu comment il parlait d'elle et en prenait soin. A croire qu'il est marié avec elle ! D'ailleurs en parlant fidélité, Desmond évoque un autre potentiel amant. Elle secoue la tête : « Oui, c'est vrai, c'est l'amant numéro 2 qui joue bien aux balles, mais je préfère le numéro 1. » Elle lui glisse un clin d'œil, amusée. « Il est honnête lui au moins, il dit ce qu'il pense. Bon, il rechigne à manger la nourriture que je lui prépare mais on ne peut pas être parfait... » Elle esquisse un nouveau sourire.

Desmond parvient à faire un rapprochement assez rapidement entre sa mère et le fait que sa fille ait disparue. En silence, elle hoche la tête. Oui, c'est bien sa mère qui a vendu sa propre petite fille à des inconnus. Comment une grand-mère peut-elle agir ainsi ? Comment la puissance de l'addition peut-elle l'emporter sur les sentiments ? Sur l'amour ? Anna a tout perdu désormais, sauf ses fichus médicaments. Elle se mord la lèvre, luttant contre les différentes émotions qu'elle sent grimper en elle. La colère revient parfois, mais la tristesse l'emporte toujours.

D'ailleurs, en parlant de sa fille, Lucia repose son regard sur Desmond. « J'ai réfléchi... » souffle-t-elle d'une voix douce. « Si je retrouve ma fille et qu'elle est bien, je ne chercherai pas à la récupérer. » Même si Lucia s'en sort, même si par miracle elle parvient à finir ses études de médecine et être un docteur respectable. Cela fera trop longtemps qu'elle ne l'a pas vu, l'absence sera trop difficile à surmonter, à palier. Théa a sûrement des parents qui l'aiment et qu'elle aime aussi, les arracher l'une aux autres serait une trop grosse épreuve et ça lui brise le cœur de penser qu'elle ne serrera plus sa fille contre elle. « Mais je lui laisserai au moins une lettre pour qu'elle comprenne que je n'ai pas fait le choix de l'abandonner. » Alors qu'elle pensait avoir enfoui son chagrin si profondément qu'il ne ressortirait plus en public, ses yeux se remplissent de larmes. Elle détourne ses prunelles pour que Desmond ne les remarque pas, même si assise en face de lui, ça semble peine perdu. « Je veux qu'elle grandisse en sachant qu'elle a été désirée et aimée. » Pas abandonnée par ses parents. Elle hausse les épaules et pointe son regard sur son sandwich dont elle décroche un petit morceau qu'elle porte à ses lèvres. Le pain a du mal à passer, elle n'a plus faim. « Je parle trop.. » glisse-t-elle. « Désolée... » Et puis, Desmond n'en a probablement rien à faire de ses histoires.

« C'est toujours moins nuisible que des drogues qui te coupent l'appétit. » fait remarquer Lucia. Le débat est clos, il est assez grand pour savoir ce qui est le plus mieux pour lui et ce qu'il a envie de faire de sa vie. S'il a envie de se foutre en l'air à petites doses, c'est son problème, Lucia a suffisamment de soucis à régler de son côté. Elle ne le comprend vraiment pas mais ils ne vivent pas sur la même planète visiblement.

Desmond rectifie sa vision de sa moto, visiblement, il la vendrait volontiers pour une dose de drogues. Lucia lève les yeux au ciel, c'est triste en réalité, cette addiction et ce n'est pas sans lui rappeler sa propre mère. « Oui, après tout, ce n'est que de la ferraille » fait-elle remarquer. Si la colombienne comprend tout à fait qu'il ne s'attache pas à sa moto, elle ne comprend évidemment pas qu'il sacrifie tout pour la drogue. Elle-même n'a aucune attache, si ce n'est les quelques photos qu'elle garde de son passé. Ce sont des souvenirs auxquels elle se raccroche, des visages qu'elle ne veut pas oublier et qui lui remontent le moral quand ça ne va pas.

Lucia surprend son regard morne quand elle le taquine sur son statut d'amant presque-parfait et elle comprend que la blague a assez duré. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures d'ailleurs, non ? « T'emballe pas, je plaisantais, t'es même pas mon amant. » Elle secoue la tête et lève les yeux au ciel. Bien sûre que non, Desmond n'est pas parfait, loin de là. Elle non plus ne l'est pas, qui peut se vanter de l'être ? Personne. Elle tâche de ne pas prendre la mouche sur le fait qu'il lui affirme qu'elle est peut-être désespérée et préfère changer de sujet.

Lucia réfléchit sur cette fameuse lettre. Il n'a pas tort, elle risque de lui faire encore plus mal. Tout lui semble beaucoup trop compliqué. Elle avisera surement le moment venu. En tout cas, elle en a gros sur le cœur désormais. Le regard de Lucia suit celui de Desmond jusqu'à cette femme au loin qui bronze. Elle prend alors conscience du ridicule de la situation. Elle lui parle de son passé, de sa fille, de ce qu'elle envisage de faire et ce qui lui brise le cœur et lui visiblement n'en a rien à faire, il mate cette femme au loin. En même temps, à quoi s'attendait-elle ? A ce qu'il la réconforte ? Desmond ne l'a pas encouragé en ce sens, bien au contraire. Elle ne se sent pas en colère, juste terriblement honteuse. A-t-elle besoin de se confier au point où elle le ferait librement, pensant un minimum qu'il s’intéresserait à sa vie ? Est-elle à ce point pitoyable ? Est-elle désespérée au point de chercher la compagnie d'un homme qui n'en a rien à faire d'elle ? Elle sent le rouge lui monter aux joues tandis qu'elle prend conscience de la situation pour ce qu'elle est réellement : Desmond n'avait aucune envie d'être là, elle l'a juste payé pour qu'il la sorte de sa vie de misère l'espace d'une après-midi. Et il avait même été claire : si la compensation n'était pas suffisante, ils ne partiraient pas. Il n'est là que par intérêt. « Oui... » Lucia est assez grande pour savoir quoi faire. Elle pince ses lèvres, laisse le silence s'installer.

Est-ce qu'elle a d'autres idées pour cette journée ? « Non... » souffle-t-elle. La brune a de nouveau cette sensation d'étouffer, ce poids qui lui pèse sur les épaules et cette étau qui lui serre le cœur. L'enthousiasme est légèrement retombé. La magie s'est envolée. Évoquer sa fille est toujours douloureux, le reste l'est tout autant. Lucia évite le regard de Desmond et le garde fixé sur le lac. « On peut aller boire un verre si tu veux » Elle hausse les épaules. Autant que lui aussi passe un bon moment, non ? Elle réalise qu'il n'a sûrement pas envie d'être là de toute manière et que cette journée doit être une vraie plaie pour lui, comme il lui fait comprendre depuis le début alors pourquoi s'obstiner ? C'était ridicule de le payer pour sortir de la ville. « Je vais marcher un peu, t'as qu'à prendre une table et je te rejoindrais plus tard. » Elle se lève, remballe son sandwich et s'éloigne. Elle a besoin de souffler, de respirer quelques minutes loin, seule. Oui, il est grand temps qu'elle retrouve son statut de solitaire.  

Finalement, le soleil ne brille pas toujours après la pluie. Il arrive que les nuages persistent et que l'orage ne cesse pas.

Lucia marche, le cœur lourd. Elle finit par s'éloigner sur la rive sans faire attention si Desmond la suit, s'il reste sur place ou s'il va trouver refuge dans la petite baraque. Ses pensées défilent, s'évadent, elle pense à tout et à la fois à rien. Finalement, s'éloigner un peu lui fait du bien. Au fil de sa marche, les battements de son cœur se calment et sa respiration retrouve un rythme normal. Elle finit par s'installer sur une souche d'arbre, face à l'eau. Elle inspire, cherche à retrouver son calme. La colombienne apprécie ce petit moment de solitude. Combien de temps reste-t-elle ici ? Elle n'en a aucune idée. Elle apprécie la caresse du soleil sur sa peau et parvient à se ressourcer légèrement. Le déroulé de la journée se bouscule toutefois dans sa tête. Elle est persuadée que tout ce qu'il s'est passé est une mauvaise idée, qu'elle aurait mieux fait de rester à Detroit. Et finalement, en observant autour d'elle, Lucia réalise que tout n'est pas perdu, elle se sera tout de même un peu ressourcée.

Finalement, Lucia se décide à rentrer. Elle est plus calme mais met du temps à revenir. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle s'était autant éloignée. Lorsqu'elle passe le pas de la porte, ses yeux ne tardent pas à trouver Desmond, installé près d'une fenêtre. Il n'y a pas foule dans la petite baraque. Ce n'est pas encore la haute saison. Elle évite son regard et s'installe face à lui. Pourtant, son accompagnateur du jour ne tarde pas à prendre la parole pour lui demander ce qu'il se passe. Elle hausse les épaules. La colombienne n'a pas forcément envie de lui répondre et heureusement, la serveuse arrive à ce moment-là pour prendre la commande. « La même chose s'il vous plait, merci. » Elle montre le verre de Desmond. Elle ne sait même pas ce qu'il était en train de boire, mais peu importe. Elle réalise aussi qu'hormis l'argent prévu pour l'essence, elle n'a rien d'autre. Lucia laisse échapper un soupir, décidément, plus rien ne va.

La colombienne finit par reposer son dos sur l'assise de la chaise. Elle sait que Desmond attend une réponse et qu'elle ne peut pas le faire poireauter indéfiniment. « Je suis stupide, c'est tout » affirme-t-elle en gardant le regard obstinément fixé sur le lac. Qu'y a-t-il à dire de plus ? Elle ne se sent pas de subir ses moqueries ou qu'il affirme qu'évidemment, elle est stupide. « Je te raconte ma vie, je t'emmène ici alors que tu t'en fiches. » Ses pupilles suivent un vol de canards au loin. « Je te fais perdre ton temps. » Il n'y a pas que ça, forcément. Elle s'en veut d'avoir tant besoin de parler, tant besoin de passer une après-midi normale, qu'elle est prête à soudoyer un homme en le payant pour qu'il l'accompagne. C'est ridicule. Elle est ridicule et le constat est amère. « T'avais raison, je suis désespérée... » lâche-t-elle.

Lorsque Desmond se met à rire de sa réponse, Lucia lève les yeux au ciel, mi-vexée, mi-dépitée. La brune pince ses lèvres tandis qu'il prend la parole. Elle garde le silence, refusant de répondre pour le moment. A vrai dire, ses pensées se bousculent dans sa tête et pour le moment, elle a juste envie d'une chose : disparaitre 6 pieds sous terre, ou partir loin d'ici. La colombienne se sent stupide. Ses pupilles ne quittent pas l'eau du lac. L'éclat dans son regard s'est envolé et laisse place à de l'hésitation, de la tristesse aussi peut-être.

Lorsqu'il dit qu'il ne s'en fiche pas, elle retourne enfin le regard vers lui pour le fixer. « Tu ne l'as pas dit mais je le vois bien... T'étais en train de mater cette fille là, sur la plage alors que je te parlais... » Et elle se rend à nouveau compte de l'absurdité de la situation : « Et ce n'est pas une crise de jalousie ! » Qu'il n'aille pas croire ce qu'elle n'a pas dit ! Elle s'en fiche qu'il mate une autre femme, mais qu'il le fasse pendant qu'elle lui confiait ce qui la tourmentait, lui a mis l'évidence devant les yeux : Desmond n'en avait rien à faire. C'est évident, non ? Cette situation plus tout le reste évidemment, les remarques, le comportement.. Desmond ne semble pas passer la meilleure journée de sa vie, très loin de là même. « Et je ne t'en veux pas, c'est juste moi qui suis stupide... » Elle lève les yeux au ciel, s'agaçant elle-même.

Lucia se calme quand Desmond finit par avouer qu'il fait des efforts, mais qu'il n'a pas l'habitude de ce genre de situations. Elle réfléchit, c'est vrai que c'est lui qui a reparlé de sa fille, en premier lieu. Il l'écoute donc, peut-être qu'effectivement, il ne s'en fiche pas totalement. Et puis, son comportement du jour n'a rien à voir avec celui dans le supermarché l'autre fois, alors que penser de tout ça ? Elle n'en sait rien. Elle cogite sans répondre, les yeux toujours posés sur le lac. Elle ne sait plus vraiment que penser. A vrai dire, elle n'a pas envie de réfléchir à tout ça. Elle croise son regard, cherche à deviner ce qu'il pense vraiment sans y parvenir. Généralement, elle cerne bien les gens mais Desmond, elle a plus de mal et ça la frustre un peu.

Quand il lui dit de profiter sans se poser de questions, vu qu'elle a payé, la brune lève à nouveau les yeux au ciel. « On dirait que c'est toi la prostituée aujourd'hui... » souffle-t-elle, ironique. Lucia laisse échapper un soupir avant de se rappuyer contre le siège de la chaise. Elle vient prendre son verre et en boire une gorgée. C'est alcoolisé, forcément, mais elle ne dit rien. C'est quand même meilleur que la vodka pure de l'autre soir. Commence-t-elle à y prendre goût ? Oh non, elle ne l'espère pas. « Je ne sais pas à quoi je pensais en venant ici.. J'espérais surement que tu apprécierais cette journée, toi aussi. C'est quand même plus sympa de profiter quand le plaisir est partagé... » C'est ce dont elle est intimement persuadée. Partager quelque chose est toujours plus sympa que de le vivre chacun de son côté. C'est surement ce qui fait la différence entre un solitaire et une personne plus sociable. « Mais j'ai pas à te demander d'apprécier quelque chose que tu n'aimes pas. » Elle s'en rend compte, elle ne doit rien attendre des autres, juste vivre ce moment, comme il le lui conseille lui-même. Elle boit une nouvelle gorgée, pensive.

Visiblement, cette journée peut se comparer à son boulot quotidien dans l'esprit de Desmond. Lucia fronce les sourcils. « Je m'étais dit que sortir se promener était quand même plus sympa que de vendre son corps.. » Mais pour l'homme c'est donc pareil, pour lui c'est tout autant une corvée. La drogue, l'alcool et la mécanique, elle note les seuls centres d'intérêt du garagiste en face d'elle. Effectivement, ils n'ont pas beaucoup de choses en commun, c'est bien dommage. Et le sexe donc, mais comme il le fait remarquer, ça, elle n'a pas pu s'en apercevoir. Elle pensait même qu'il n'était pas porté dessus. « Tu n'es pas obligé de rester bloquer sur ces seuls centres d'intérêt, il faut savoir rester ouvert d'esprit. » fait-elle remarquer. Toutefois, elle ne peut pas le forcer à apprécier une journée ou une sortie qu'il n'aime pas. Elle note de ne jamais lui reproposer ce genre de choses à l'avenir... Peut-être même qu'ils ne se recroiseront jamais et c'est sûrement mieux ainsi. Visiblement, ils ne s'apportent rien de bien mutuellement. Le regard de Lucia s'arrête sur le visage de Desmond, c'est quand même dommage de ne pas arriver a s'entendre mais ainsi est la vie. Elle aura fait des efforts en tout cas, et elle est certaine qu'elle aurait pu l'apprécier.

« Et là, tu te sens mieux ? Cloîtré entre 4 murs avec un verre d'alcool ? » demande-t-elle alors. Lucia, elle, trouve dommage de rester enfermée alors qu'il y a un grand soleil et un lac magnifique juste à côté, mais, quoiqu'il en dise, elle tient à ce que lui aussi passe un moment supportable. Sans dire qu'il va apprécier, ça elle l'a bien compris, cette journée peut être gérable. « Ça vaut peut être pas les bars de Detroit mais c'est mieux qu'un salon de thé... » Il y a quelques tables installées partout et une agréable odeur de pâtisseries qui lui donnerait l'eau à la bouche. Les gens sont respectueux sans être des commères de service. Car c'est bien pour ça que les gens vont dans des salons de thé, pour cancanner sur les autres, non ? A vrai dire, elle n'a jamais mis les pieds dans ce genre d'endroits donc elle n'en sait rien.

Pourquoi est-ce qu'elle tient absolument à ce qu'il apprécie cette journée ? Lucia secoue la tête, ce n'est aucune des options qu'il a évoqué. Elle ne veut pas le dérider, ni se vanter de l'avoir fait changer d'avis et elle n'a rien non plus à se prouver. Quant à la dernière raison, celle où elle se sent seule, la colombienne remonte le regard vers lui. « Tu n'es peut être pas le meilleur choix mais tu es le seul.. » réplique-t-elle. « Oh, je suis sûre qu'il y a un tas d'hommes prêts à m'embarquer sur leur moto mais combien auraient des intentions louables ? » Desmond connaît les Devils Diciples. Lucia est persuadée que soit ils refuseraient, soit ils ne viendraient que pour la payer et la mettre dans leur lit ensuite. Oh peut être qu'il y en a d'autres, mais ce n'est pas la majorité des hommes qu'elle rencontre, loin de là.

Lucia secoue la tête. « Tu penses que je suis du genre à parler fringues ? » Ce serait mal la connaître. Elle n'a jamais été très portée sur la mode. La brune secoue la tête. « T'as raison, on va faire comme tu dis alors. Je vais apprécier ma journée sans me soucier de ce que tu en penses. Tu peux même aller m'attendre à ta moto si tu préfères. » Elle lève les yeux au ciel. Bon sang, ce serait quand même plus simple de trouver quelque chose à faire à deux ici, non ? Mais visiblement, Desmond n'est pas de cet avis. Elle sirote son verre, un brin agacée mais surtout terriblement déçue. Son regard se pose sur le lac et elle prend une grande inspiration. « Peut-être même que j'irais me baigner » lâche-t-elle finalement comme si elle se parlait à elle-même. Un bain frais la calmera sûrement et lui changera les idées.

« Tu me rassures... » souffle-t-elle tout à fait sérieuse. Quand même, s'il avait réellement l'impression de se prostituer pendant qu'il passait la journée avec elle, Lucia se serait posée de sérieuses questions. Elle veut bien comprendre qu'il n'apprécie pas spécialement d'être ici mais de là à trouver cette journée aussi insupportable... Alors oui, ses paroles la rassurent, ce n'est pas aussi dramatique.

La colombienne secoue la tête. Oui effectivement, s'ouvrir un peu plus peut entraîner de mauvaises surprises... « ...Ou des bonnes surprises, parfois... » souffle-t-elle. Comme d'habitude, elle voit le verre à moitié plein quand il le voit à moitié vide. « Il faut parfois oser sortir de sa zone de confort » affirme-t-elle doucement. Oh, elle peut bien parler, elle se retrouve parfois dans la même situation que lui et  pourrait se retourner ses propres conseils.

La colombienne hoche la tête, c'est exactement ce qu'elle veut dire, oui. Lui ne voudra pas l'emmener à l'hôtel dès qu'il aura fini cette journée et ça lui suffit.« Le pote gay, oui... » Lucia lève les yeux au ciel. « Sauf qu'on est pas pote et que tu n'es pas gay, c'est ça ? » Elle secoue la tête et lève les yeux au ciel. Parce qu'ils ne le sont pas, des potes.. Ils sont peut-être des connaissances, ou quelque chose de similaire. Le destin s'efforce de les rassembler ces derniers temps et si leur relation évolue, elle est loin de ressembler a quelque chose de sympathique et d'apaisé. A son tour, elle pose sa main au creux de son coude et l'observe. Elle n'a jamais eu ce genre de relations avec une autre personne, c'est assez étrange. « T'as pas d'intentions non louables » se questionne-t-elle. « Tu fais ta vie avec ta drogue, ton alcool et ta mécanique, tu n'as pas l'air d'être le genre de gars à chercher les embrouilles, non ? » Elle pince les lèvres et lève les deux mains. « Désolée on avait dit plus de questions. Oublie. » Il faut absolument qu'elle arrête de se questionner.

Quand Desmond lui demande de se calmer, elle détourne le regard pour passer ses nerfs sur autre chose. Effectivement, s'emballer, s'agacer n'arrangera rien.. Le silence s'installe, fort désagréable pour Lucia. Lorsqu'il reprend la parole, la colombienne est surprise de son revirement de positionnement. Le voilà maintenant prêt à prendre des initiatives et même à vouloir aller nager. Elle fronce les sourcils puis décide rapidement de cesser de réfléchir et de sauter sur l'occasion. « On va se baigner et on ira se sécher en faisant une partie de basket après ! » Elle retrouve de l'enthousiasme petit à petit. Lucia se dépêche de finir son verre avant que Desmond ne change d'avis. Elle règle avec l'argent de l'essence, en espérant qu'il y en ait assez pour rentrer. Ils trouveront bien un autre moyen sinon ! Les voilà déjà reparti, Lucia est en tête, elle marche sur la rive. Elle ne veut pas se baigner devant tout le monde mais cherche un endroit idéal.

Ils tombent bientôt sur une petite crique isolée. Il n'y a personne aux alentours. Son regard englobe l'horizon avant de se poser sur Desmond. « Là, c'est parfait. » Elle essaye de ne pas se décourager et commence à se déshabiller. Elle met de côté sa pudeur. Si Desmond fait des efforts, elle doit essayer aussi de lâcher prise et de sortir de sa zone de confort. Son pantalon finit vite au sol et elle fait glisser son débardeur par dessus sa tête. La brune garde ses sous-vêtements, noirs, assez similaires à un maillot finalement. Elle avance et quand l'eau vient caresser ses pieds, elle retient un petit cri de surprise. L'eau n'est pas froide, elle est gelée ! Instantanément, elle regrette sa décision d'aller se baigner, mais, obstinée, elle ne renonce pas et continue à avancer. Et finalement, elle craque, elle laisse échapper une flopée de jurons en espagnol, ponctués de petits éclats de rire. Ce n'est pas raisonnable de se baigner dans cette température, mais au moins, c'est vivifiant. Elle se retourne vers Desmond et l'éclabousse avec un petit rire malicieux. Elle reste sur la pointe des pieds, réprimant un frisson, mais elle ne se découragera pas !

Desmond semble prendre son courage à deux mains et rentre dans l'eau, il la dépasse et la provoque. « Rigole, rigole... » se moque Lucia quand il prétend qu'il va lui falloir toute la journée pour rentrer dans le lac. En même temps, ce n'est pas faux, elle se pensait beaucoup plus courageuse que ça ! La brune avance petit pas par petit pas. « J'arrive, j'arrive... » Elle ne va pas renoncer, oh non ! Mais il lui faut juste un peu de temps pour s'habituer ! Elle veut mouiller sa nuque mais laisse échapper un petit cri quand l'eau gelée lui coule sur le corps. Mais quelle idée d'avoir voulu piquer une tête en cette saison là ! L'hiver n'est même pas encore fini ! Desmond en tout cas, se révèle plus courageux, lui qui ne voulait même pas entendre parler d'un bain il y a quelques heures à peine. Elle est surprise de le découvrir ainsi et en est ravie, même si elle se garde bien de tout commentaire a ce sujet.

Lucia secoue la tête, amusée, quand Desmond lui affirme qu'elle réfléchit trop et qu'il joint le geste à la parole. Devant son poirier raté, elle laisse échapper un petit rire, retrouvant pendant quelques instants toute son insouciance et sa légèreté. A la provocation de Desmond, elle lui lance à son tour un regard espiègle. « Moi peur de l'eau ? Tu rêves ! » Elle prend une grande inspiration et tente de se motiver : « Allez, 1, 2 et 3... » Au 3, elle plonge à son tour. L'eau froide vient lui frapper le visage avec force. Bon sang, c'est vraiment gelé. Elle remonte quelques mètres plus loin. « De quoi tu te plains ? Elle est super bonne ! » affirme-t-elle, provocante. Son corps hurle le contraire pourtant. Une multitude de petits pics douloureux dus au froid de l'eau viennent attaquer son épiderme et ses lèvres prennent une teinte violette, signe qu'elle n'a pas si chaud que ça.

Est-ce que Desmond a raison ? Est-ce que bouger va les réchauffer ? Peut être. Lucia se met à nager un peu plus loin, elle fait quelques mètres vers le milieu du lac jusqu'à ce qu'elle ne sente plus le sol sous elle. L'eau est noire, elle ne voit pas ses pieds. Il y a sûrement des poissons sous elle, la brune sent en tout cas des algues lui frôler les pieds. Elle n'est pas du genre à craindre la nature et tout ce qu'un lac peut cacher en terme de faune et d'êtres marins. Les seuls poissons qu'elle craint, ce sont les requins, ceux qui ont un visage humain.

Au moment de revenir vers Desmond, elle se laisse glisser sous l'eau et vient nager dans l'eau noire du lac, elle passe à côté de l'homme et vient tirer sur sa jambe pour le faire couler. Elle n'y arrive qu'à moitié, elle n'a pas assez de force comparée à lui pour le faire couler. Elle remonte à la surface avec un petit rire. Ses cheveux sont trempés et lui dégringolent en cascade sur les épaules. Elle va être gelée même en sortant, et ils risquent de mettre longtemps pour sécher mais ça en valait la peine, elle en est persuadée. Le soleil est haut dans le ciel et vient réchauffer son visage. C'est agréable même si son corps a froid... Elle tente même de faire la planche pour offrir le maximum de son corps au soleil.