And she has the cutest smile • Ft. Milo Valentino

Je sais bien que c'est compliqué de savoir ce que je pense, mais c'est justement le but de la manœuvre. Je n'aime pas qu'on lise en moi comme dans un livre ouvert, et je ne peux pas m'empêcher d'intérioriser tout ce que je ressens. J'ai besoin de tout analyser avant de le manifester, et ce n'est pas demain la veille que je vais changer ! Alors je comprends le fait que Tatiana reste sauvage de prime abord, et je pense que ça fait partie de son charme. Ça doit en attirer pas mal, et je ne crois pas que son regard noir suffise à décourager les prétendants les plus motivés. Les gros lourds sont ceux qui s'accrochent le plus en général.

« Je ne pokerface pas comme tu dis, j'intériorise simplement. En général ça ne dérange pas les gens, je crois que personne ne fait vraiment attention à ce que les autres pensent. »

Enfin, la plupart du temps. Je crois qu'il y a beaucoup d'individus sur Terre qui se fichent pas mal de leurs semblables et qui ne s'intéressent qu'à leur petite personne. Je ne peux pas leur reprocher, mais j'avoue que ça m'attriste toujours un peu de ne pas voir davantage d'investissement dans les causes justes. Mais nous ne sommes pas ici pour refaire le monde, et je préfère songer à autre chose.

« De toute manière, pourquoi est-ce que tu voudrais savoir ce que je pense ? »

Je souris, amusé. Honnêtement, je crois qu'elle s'en fiche, mais que ça l'intrigue seulement parce qu'elle a l'habitude de pouvoir lire facilement les expressions des autres. Cela dit, je ne pense pas être un mur d'impassibilité pour autant ! Je ne suis pas un habile manipulateur et n'importe quel type un peu entraîné pourra me démasquer sans mal.

Lorsque Tatiana réalise finalement que son tic lui a souvent valu des regards étranges, je ne peux m'empêcher de rire un peu. Franchement, je ne crois pas que son tic soit la seule raison qui pousse les gens à regarder ailleurs, mais je ne suis pas certain que ce soit la chose à dire... je souris intérieurement avant de tourner la tête vers elle quand elle me fixe brusquement. Sa remarque me met soudain la pression, et j'ai l'impression d'avoir dit ou fait une bêtise. Je secoue vivement la tête, prêt à me défendre avant qu'elle ne rigole, ce qui me soulage aussitôt.

« Je ne les regarde pas tout le temps non plus, juste quand tu fais ça. Ce n'est pas de ma faute, ça attire le regard. Mais je préfère regarder tes yeux, ils sont jolis. Enfin, le reste aussi, mais t'as compris l'idée. Je m'enfonce, et je me sens ridicule, je tente donc un rattrapage en plaisantant. Si ce sont les hommes qui ne te regardent jamais dans les yeux, ce n'est pas forcément à cause de ton tic cela dit. »

Bon, c'est une blague un peu lourde, j'en ai bien conscience, mais ça me permettra au moins d'esquiver le sourire gênant qu'elle ne manquera pas d'avoir après mon quasi-bafouillage ! Fort heureusement, le destin – ou le Seigneur ? – en profite pour m'envoyer une aide inattendue en la « personne » d'une petite araignée qui décide de se faufiler sur la main de Tatiana. La réaction de cette dernière ne manque pas de me surprendre et je la contemple les yeux grands ouverts lorsqu'elle panique avant de se réfugier contre moi, puis j'éclate de rire. Ce n'est pas un rire moqueur, mais plutôt un mi-attendri, mi-amusé. Je finis par secouer la tête avant de répondre, le sourire jusqu'aux oreilles.

« Je n'aurais pas pensé à ça, tu n'en as jamais eu pendant tes missions à l'armée ? Enfin, ça ne veut rien dire, j'en conviens. Je baisse les yeux pour chercher l'araignée du regard. On ne peut pas lui en vouloir de te toucher la main, ça veut dire qu'elle a bon goût, non ? Je finis par lever ma main libre pour lui tapoter la sienne avant de lui offrir un sourire. Je crois que le danger est passé. Si tu veux bien, je vais la mettre dans l'herbe avant que quelqu'un ne lui marche dessus. »

Lorsqu'elle me lâche le bras, je me dirige vers l'araignée qui semble paniquer, puis je l'attrape en veillant à ne pas lui arracher de patte, avant de la transporter plus loin pour la déposer sur une feuille. Une fois mon devoir effectué, je reviens aux côtés de Tatiana avant de lui faire signe de me suivre. Il ne nous reste pas beaucoup de chemin à parcourir avant d'arriver au pied du dernier mur, et je constate avec déplaisir que les deux gars de l'entrée s'occupent d'assurer les grimpeurs. C'est tout de suite notre tour, le mur étant presque désert, et je m'arrange pour tomber sur le lourd qui a essayé de tripoter Tatiana un peu plus tôt. Je vois bien que ça ne lui plaît pas, mais je m'en fiche ! Avant de grimper, je me tourne vers elle.

« Tu me montres l'exemple ? »

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Une foi qui ne doute pas est une foi morte

And she has the cutest smile
ft. @Milo Valentino
“Parce que j’ai envie d’apprendre à te connaître et de savoir qui tu es.” La jeune femme lui sourit doucement, après ces quelques mots. S’il y avait bien une chose qu’elle savait, c’est que l’être humain était une créature égoïste, qui ne faisait pas attention aux autres. Sauf si cela leur apportait quelque chose en particulier. Son père était ce genre de personne, il faisait attention, seulement quand ça l’intéressait, parce que cela lui apportait quelque chose qu’il n’avait jamais vu chez Tatiana. Ou alors ne prenait-il pas la peine de faire attention à sa fille, uniquement parce qu’elle était une femme ? Beaucoup de questions restaient en suspens, mais elle n’essayait même pas de savoir réellement ce qu’il en était. “Personne ne fait attention aux autres, parce que l’être humain ne prend pas la peine de vraiment regarder ce qu’il y a autour de lui.”

Elle ne se considérait pas comme quelqu’un de spéciale, qui observait, seulement comme une fille simple, qui survivait dans un monde qui n’était peut-être pas forcément le sien. Comment savoir où était précisément sa place quand tout ce qui se trouvait autour de soi semblait si étranger ? Les gens ne faisaient pas attention aux autres et ça créait encore plus de mal-être chez les êtres humains et plus le temps passaient, plus Tia voyait que ça commençait de plus en plus jeune. Elle avait certes un fort tempérament, mais la brune regardait bien plus que ce que l’on pourrait croire.

La brune posait le regard sur l’italien, face à ce compliment, constatant ce malaise qu’il ressentait. Elle détournait rapidement le regard, ces petites joues qui rougirent si soudainement. Les compliments, elle n’en avait pas l’habitude, elle avait beau rire à chaque fois qu’une amie lui disait qu’elle était belle, Tatiana ne croyait en rien à ce genre de choses, parce qu’elle se mettait en tête qu’elle ne dépassait que le stade “mignonne” dans l’échelle de la beauté. C’était à se demander comment cette femme avait pu finir par se dire ce genre de chose.

Tia ronchonnait, les joues gonflées avec presque un air boudeur terriblement mignon, qu’est-ce qu’il racontait là ? “Là n’est pas la question !” La demoiselle se renfrognait. Absolument pas dans l’envie de croiser cette araignée de nouveau, avant de hausser un sourcil. Une araignée qui aurait bon goût ? Il dit ça parce qu’il avait fait quelques compliments et qu’il la trouvait mignonne ? Elle clignait des yeux, face à ce sourire, avant de hocher la tête doucement, croissant les bras sous sa poitrine en le regardant faire. Avant de détourner littéralement le regard. Comment elle en était arrivée au fait d’être gênée face à trois compliments ?! S’il trouvait son tic amusant, bah le sourire de ce gars était adorable.

Ce qui reste de route jusqu’au mur se passe sans encombre, bien que Tatiana regardât chaque feuille, où brindille pour s’assurer qu’un insecte était dessus. Elle ne se ferait pas avoir deux fois ! Quand ils arrivèrent, la brune haussait un sourcil en voyant l’autre crétin avec son super collègue… Putain, la jeune femme roulait des yeux, laissant échapper un soupir d’entre ses lèvres. C’est sûr que s’il recommençait… Elle lui pète la gueule. C’était ce qu’elle avait en tête, avant de se rendre compte que Milo s’arrangeait pour finir sur le pervers et le regard de la brune se posait sûr lui, avant d’esquisser un petit sourire en coin. C’était… trop mignon. Une fois arnachée, surtout sécurisé, la jeune femme s’étirait un peu, levant les bras et tirant sur ces muscles en se mettant sur la pointe des pieds, faisant craquer ces articulations. Elle posait à nouveau les yeux sur Milo, avant de rire. “Genre, es-tu redevenu débutant soudainement ? Où c’est parce que t’aime bien être derrière moi ?”

Tatiana rit doucement, avant de lever les yeux vers le mur et de commencer à grimper, faisant de grand “pas” pour prendre les prises au plus loin, si au début, c’était plutôt facile, c’est que ça devenait un peu plus compliquer au fur et à mesure qu’elle grimpait, sentant ces muscles tirés. “Alors Milo ? Tu suis ?~” Elle jetait un œil vers le bas, riant doucement en le cherchant du regard.

TB

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Je laisse échapper un léger rire lorsqu'elle me répond sur le ton de la plaisanterie. Est-ce que j'apprécie d'être derrière elle ? Oui et non. Je dois admettre que la vue est agréable, mais mon ego de mâle ne me laisse pas tranquille tant que je n'ai pas réussi à la battre à l'escalade ! Pourtant, je sais bien que ça n'arrivera jamais. Après l'avoir observée quelques instants, je finis par me lancer à mon tour, et je profite du fait d'être un peu plus grand que la moyenne pour attraper des prises assez éloignées qui me permettent de débuter avec un rythme assez soutenu. Malheureusement, mon départ fulgurant se calme rapidement. Alors que je me trouve à quelques mètres du sol, je constate que les prises sont moins faciles à avoir, plus petites et plus compliquées à prendre en main. Je ralentis donc mon ascension en me concentrant plutôt sur le chemin que j'emprunte, levant régulièrement la tête pour prévoir la suite du chemin. Mon regard se glisse de temps en temps du côté de la jolie brune, même si j'évite de trop me laisser déconcentrer par la vue ! Quand elle finit par s'inquiéter de mes performances, je la rassure d'un ton enjoué.

« Je suis juste derrière toi, comme ton ombre ! Ne traîne pas trop ou je vais finir par te rattraper. »

Je ne sais pas si c'est le karma ou juste mon manque de talent qui me punit, mais à peine ai-je terminé de parler que je sens mon pied glisser. Je me rattrape de justesse et je reprends aussitôt mon ascension avant de me décourager. Pourtant, cela ne m'empêche pas de m'inquiéter un peu : j'ai senti un flottement au moment où je glissais et mon baudrier ne m'a pas serré les cuisses comme il l'aurait dû. Après avoir grimpé d'un petit mètre, j'essaye de peser sur ma corde pour vérifier si le type m'assure bien et je constate un nouveau flottement. La corde n'est pas totalement raide et j'espère simplement que cet abruti n'est pas trop occupé à reluquer le postérieur de Tatiana au lieu de m'assurer !

Je veille à être encore plus prudent pour parcourir les derniers mètres – nous sommes à un peu plus de la moitié à ce stade – mais je perds encore plus de chemin sur Tatiana. Tant pis ! Je ne vais définitivement pas la battre ! Au moins ma progression se fait-elle sans embûches, ou je le crois jusqu'à ce que j'arrive non loin du sommet et que je tente de saisir une prise plus éloignée que les autres. Au moment où je me tends, je sens mon pied glisser et j'espère avoir le temps de l'attraper avant de déraper ! Manque de bol, ça ne se passe pas comme ça et dès que mon pied se déloge de la prise où je l'avais calé, je sens mon corps descendre brusquement. Instinctivement, j'essaye de me rattraper à une prise et je sens une brusque douleur au niveau du poignet lorsque je pèse dessus de tout mon poids. Ça n'a duré que quelques secondes et la corde se tend à nouveau, m'assurant correctement et me permettant de remonter jusqu'au niveau où j'étais, mais ça ne m'empêche pas de ressentir une petite gêne dans le poignet. Ce n'est sans doute rien de grave, mais ça m'agace parce que je suis certain que l'abruti reluquait Tatiana au moment où elle achevait sa montée ! J'espère juste qu'elle n'a rien remarqué, et je poursuis ma montée en essayant d'ignorer la gêne que je ressens dans mon poignet. Heureusement que c'est le dernier mur !

J’atteins finalement le sommet et je passe derrière la barrière de sécurité en évitant de vérifier mon articulation douloureuse. Je n'ai aucune envie de voir Tatiana s'énerver, parce qu'elle va forcément comprendre que ce gars ne m'a pas correctement assuré parce qu'il se rinçait l’œil sur ses fesses ! Arborant un sourire parfaitement convaincant, je décroche le mousqueton avant de lever les yeux vers la brune.

« Alors, cette fameuse vue ? À moins que tu ne m'aies dit ça parce que tu savais que tu atteindrais le sommet en premier ? »

Ça ne me gênerait pas que ce soit elle la vue splendide qu'elle m'a promis, mais je n'ai pas l'impression que ce soit son genre, alors je m'attends effectivement à une belle surprise avec le paysage environnant. Rien ne viendra gâcher ce moment agréable, même un abruti aux yeux trop volages !

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Une foi qui ne doute pas est une foi morte

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ft. @Milo Valentino
La brune rit doucement aux premiers mots de Milo, ça semblait aller bien pour lui. Elle tentait tout de même ne de pas trop le distancer, parce qu’elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle faisait tout pour gagner. À quel prix ? L’insécurité ? Très peu pour elle. Les chutes pouvaient être rapide et à cette hauteur, on ne survivait pas forcément quand on tombait mal. Autant dire que la jeune femme préférait éviter tout incident. Elle continuait d’avancer en jetant quelques coups d’œil vers l’italien, avant de se concentrer de nouveau sur son escalade, en constatant qu’elle n’était plus qu’à quelques mètres du sommet. Une fois ceci fait, la jeune femme se hissait et défit le mousqueton en se tenant à une distance du rebord, bien qu’elle observât les différentes cordes, plissant les yeux en observant l’attaque. On le voyait quand c’était tendu, que la sécurité était réellement présente.

Tatiana crispait la mâchoire avant qu’on ne lui demande de s’éloigner encore un peu du rebord, croissant les bras sous sa poitrine en jugeant ce mec du regard, avant de poser à nouveau les yeux sur le rebord où Milo devait apparaître. Cela ne durait pas longtemps avant de voir sa petite tête apparaître. Elle sourit doucement, il semblait aller bien, mais un peu pâle quand même . “Ça va ? Tu es un peu pâle. C’est la hauteur qui fait ça où tu as besoin de sucre ?” Après certains efforts, c’était normal de manquer de sucre, alors elle ne s’étonnait pas trop si c’était le cas. Tia sourit de plus belle, avant de le prendre par le bras et de tirer un peu dessus pour l’inciter à la suivre, allant dans une direction, un peu plus éloigner du chemin qu’ils devraient prendre normalement pour redescendre. “Viens, c’est par là.”

La jeune femme poussait un peu quelques branches d’arbres et de petits buissons pour passer sur une petite crête qui donnait une vue magnifique sur les bois. “Tadam ! Je te l’avais dit que se serait super beau.” Tia eut son petit tic en tournant la tête vers lui. “Alors ? Aucun regret d’être venu avec moi ?” Elle sourit, avant de fouiller dans son sac à dos et de prendre une petite barre protéinée, plutôt sucré et de lui tendre. “Tiens. Mange ça, tu es tout pâle, encore. T’es sûr qu’il ne sait pas passer quelque chose ?” La jeune femme n’était pas une idiote, l’escalade elle connaissait pour en avoir fait à l’armée et elle avait vite compris certaines choses, les petits détails qui faisaient en sorte de devoir faire attention, à sa propre sécurité. Et si Milo avait été mis en danger… Elle ne l’accepterait pas. Parce que si quelque chose s'était produit avec lui, cela pouvait aussi se reproduire avec quelqu'un d'autre.

TB

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Tatiana talk in #515C75

Je me demande si je suis réellement plus pâle qu'habituellement, ou si c'est simplement parce qu'elle a remarqué quelque chose que je n'ai pas réussi à gommer dans mon expression, mais ça m'alarme tout de suite quand elle me demande si ça va. Je n'ai vraiment pas envie de gâcher la fin de journée en lui parlant de l'autre idiot, parce que je la soupçonne de pouvoir s'énerver rapidement. Alors je décide de mentir par omission, et je hausse légèrement les épaules avant de répondre de manière nébuleuse.

« Peut-être. »

Je lui emboîte le pas alors qu'elle se dirige vers une zone un peu plus éloignée du chemin menant à l'entrée de l'activité, et j'en profite pour observer les environs en même temps. Nous débouchons finalement sur une petite crête dominant la forêt en contrebas et qui offre une très jolie vue, je dois l'admettre ! Ça m'arrache un sourire et j'ai beau tendre l'oreille, on n'entend absolument rien à part les bruits de la nature ! J'avoue que c'est agréable, et ça me fait réfléchir au fait que ça ne serait pas forcément désagréable d'avoir une maison un peu moins coincée dans le centre-ville. Sauf que je suis un citadin et que mes diverses activités – légales ou non – m'obligent à être à proximité des lieux importants de Detroit.

Je suis un peu perdu dans mes pensées lorsque Tatiana reprend la parole, et je ne peux retenir un sourire amusé quand elle me demande si j'ai des regrets.

« Pourquoi, je devrais ? »

C'est une question rhétorique. Mon regard s'égare à nouveau sur les arbres qui s'étalent sous nos pieds jusqu'à perte de vue. C'est définitivement un excellent moment, et je regrette aussitôt qu'il soit gâché par la question qui suit. Enfin, ce n'est pas la question qui pose problème, mais ce qu'elle induit. Je n'ai pas faim, pourtant je récupère tout de même la barre que la jeune femme me tend et je baisse les yeux dessus tout en la remerciant pour me donner un peu de temps.

« Merci, tu es toujours aussi attentionnée, ou c'est juste pour moi ? »

Je tourne la barre encore emballée entre mes doigts, provoquant un léger bruissement de papier. Est-ce que je dois lui dire ? Ce n'est pas grave, et je n'ai pas envie de la voir s'énerver, mais d'un autre côté je me dis que si ce gars a fait une connerie avec moi, il pourra recommencer. Si j'apprenais qu'une personne s'est tuée en venant ici parce que le moniteur était trop distrait pour l'assurer correctement, je m'en voudrais toute ma vie. Je me mordille la lèvre inférieur, signe évident de stress lorsqu'on me connaît bien, mais ce n'est pas le cas de Tatiana. Heureusement. Pourtant, je crois que j'ai un peu trop tardé pour répondre, elle va forcément devenir méfiante si je nie. Mes prunelles se reportent jusqu'au joli visage de la jeune femme, et je finis par hausser les épaules avant de répondre d'un ton apaisant.

« Plus ou moins. Le type qui m'a assuré a mal tendu la corde à un moment, j'ai glissé et j'ai dû me rattraper. C'est juste une frayeur, rien de grave. »

Je décide de ne pas lâcher le morceau pour la petite douleur que je ressens encore au poignet. Je pense que ce n'est rien de grave, et si j'ai encore mal demain, j'irai faire un tour rapide à la pharmacie du coin pour qu'ils me conseillent quelque chose. Deux semaines de repos m'aideront probablement à faire disparaître ce petit tracas, et je ne veux pas qu'il accentue la colère de Tatiana.

« Je pense que ça ne vaut pas la peine qu'on s'énerve, mais on devrait demander à voir un responsable à l'entrée. Ils en ont certainement. On lui signalera ça, et le fait qu'il a essayé de te tripoter au début. Ça te convient ? »

J'essaye de me montrer mesuré et conciliant, j'espère juste qu'elle va me suivre et accepter que nous regagnions l'entrée pour faire ce que je suggère. Je tiens juste à éviter une confrontation directe avec l'imbécile à la source de tous ces problèmes, je crains un peu trop de voir les choses s'aggraver et venir gâcher une journée jusqu'alors agréable. Il n'en vaut définitivement pas la peine !

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Une foi qui ne doute pas est une foi morte

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Tatiana plissait un peu les yeux face à sa réponse, c’était assez déroutant de se dire qu’elle n’arrivait pas à savoir s’il mentait où non. D’un côté, c’était normal, ils se connaissaient à peine et, peut-être, qu’avec le temps, elle saurait s’il décide de lui mentir où non. La jeune femme rit doucement quand il demandait si elle était toujours aussi attentionnée où si c’était uniquement avec lui. Elle savait être attentionnée, mais elle restait quelqu’un de très sélective dans ces relations sociales. “Qui sait ? Le temps répondra à ta question.” La jeune femme se mit à rire, une moue amusée, alors qu’elle-même attrapait une barre pour commencer à le manger, avant de relever les yeux vers le visage de l’Italien.

Eh bien, voilà. On y venait finalement. Elle le savait qu’il y avait eu quelque chose. Tatiana commençait à bouillir de l’intérieur alors qu’elle fronçait les sourcils. Elle avait terriblement envie de lui mettre une raclée à cet enfoiré. Mais à écouter Milo, la jeune femme finissait par croiser les bras sur sa poitrine, un petit grognement s’échappait de ses lèvres. Elle détournait le regard quelques secondes. Cela l’énervait, parce qu’il aurait pu avoir un accident et Tatiana s’en serait voulu terriblement. Mais il lui demandait d’être raisonnable et de ne pas faire un scandale. Est-ce qu’elle arriverait seulement à garder son calme ? C’était compliqué, Tia’ n’était pas connue pour être quelqu’un de calme. Elle prendra une inspiration, roulant des yeux. “D’accord, faisons ça. Même si je préférais lui péter la gueule à ce con.” Et pas qu’un peu, c’est certain.

La jeune femme roulait des yeux à nouveau, ronchonnant malgré tout, alors qu’elle se mettait à le suivre. Il fallait descendre maintenant, et ils avaient le choix entre un petit chemin et une corde. Elle passait par le petit chemin, quelque chose lui disait qu’il ne disait pas forcément tout. Elle ne savait pas réellement l’expliquer, mais Tatiana avait un instinct particulier. “Tu n'as pas été blessé ? Hein ? Avant tes vacances en plus…” S’il avait été blessé, cela ferait chier Tia’ et elle risquait de s’en vouloir. Surtout si c’était grave. Un soupir s’échappait de ses lèvres.

TB

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Tatiana talk in #515C75

Je suis rassuré de la voir s'apaiser, même si je la vois rouler des yeux et que je comprends que ça lui pèse. Au moins a-t-elle accepté de laisser les choses se régler pacifiquement, c'est une victoire en soi ! Bien que je pense que la jeune femme ne soit pas du genre violente, ni qu'elle cherche à rentrer dans le lard du premier venu. Disons juste que j'ai peur que l'emmerdeur en question soit du genre tenace et qu'il s'amuse à la provoquer pour qu'elle le frappe. Je lâche un soupir de soulagement alors qu'un sourire ourle mes lèvres, je crois qu'on tient le bon bout et qu'on va pouvoir terminer la journée de manière positive !

Lorsque Tatiana se remet en marche et emprunte le chemin qui descend jusqu'au début du circuit, ça me surprend un peu, mais ça me soulage aussi. Je me serais attendu à ce qu'elle profite de notre dernière dose d'adrénaline, mais je ne suis pas certain que j'y serais parvenu sans manifester de douleur. Je soupire un peu, lui décrochant un regard en coin comme pour vérifier que tout va bien, et lorsqu'elle me pose une question bien trop ciblée, je commence à m'interroger. A-t-elle vu quelque chose ? Comment peut-être deviner que je suis en train de lui cacher une information ? Je la scrute quelques secondes, n'osant pas la fixer trop longtemps, puis je finis par détourner le regard tout en me mordillant la lèvre inférieure. Que faire ? Je n'ai pas envie de lui mentir, mais je ne veux pas l'énerver, ni même la culpabiliser pour avoir proposé cette sortie ! Après une ultime hésitation, je soupire, puis je reprends la parole d'un ton mesuré.

« Je ne suis pas blessé, non.... mais ? Elle doit deviner qu'il y a quelque chose. Je m'oblige à poursuivre. J'ai juste senti un petit truc quand je me suis rattrapé. Je crois que ça a un peu tiré sur le muscle, ça va passer tout seul. »

Je minimise au maximum, soucieux de ne pas lui donner de munitions pour s'énerver ou se reprocher quelque chose. Je détourne rapidement le regard, un peu gêné que notre expédition si agréable se termine sur une note un peu sombre. J'ai presque envie de lever la main pour vérifier si j'ai encore mal, mais je crains d'attirer l'attention de Tatiana et je décide de changer de sujet. Au pire des cas, ce sera un peu gênant le temps de conduire jusqu'à mon appartement, mais je pense que ça devrait aller.

Nous marchons côte à côte sans croiser grand monde, comme si tout le monde avait décidé de rentrer plus tôt. Je songe à jeter un coup d’œil à ma montre, mais j'abandonne en me souvenant que c'est justement à la main sur laquelle j'évite d'attirer l'attention. Plutôt que de laisser le silence s'installer, je décide de reprendre la parole d'un ton plus enjoué, choisissant un sujet assez neutre.

« Tu as prévu de faire quoi ce soir ? Ça t'arrive souvent de sortir après le boulot ? Ou tu avais peut-être pris congé juste pour te préparer pour aujourd'hui ? »

Je lui souris d'un air taquin. J'espère vraiment ne pas l'avoir contrariée ou déçue avec toute cette histoire. C'est difficile à dire, nous nous connaissons à peine et je n'ai pas encore repéré tous les signes m'informant sur ses humeurs – hormis le petit tic parfaitement charmant. Mais c'est le plus important, n'est-ce pas ?

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Les mecs étaient connus pour vouloir minimiser les bobos, elle l’avait compris bien vite avec son frère, les rares fois où elle le voyait et qu’il rentrait blesser. Même avec la jambe dans le plâtre, il se permettait de la provoquer pour faire la course, en disant qu’il gagnerait à tous les coups. Mais elle savait aussi que c’était pour ne pas l’inquiéter. Alors, est-ce que Milo était en train de faire la même chose avec elle ? De peur qu’elle s’en veuille de cette sortie qui aura fini par le blesser sans que ce ne soit le but ? Et bien si c’était le cas, Tatiana trouverait ça super mignon de sa part. Elle posait les yeux sur lui, plissant un peu les paupières, avant de soupirer. Il fallait qu’elle se détende un peu, mais ne pas s’énerver n’était pas réellement dans les habitudes de la jeune femme et même ça pouvait la perturber. Mais elle était douée pour intérioriser, comme l’italien, finalement. À cette pensée, elle ne pu s’empêcher de sourire, avant de lui donner un léger petit coup d’épaule. “C’est bon, je te crois. Met de la glace quand tu rentres chez toi, au cas où.”

Elle espérait que cela ne lui serait pas problématique durant ces vacances. Cela embêterait la brune de savoir qu’il avait fini par ne pas pouvoir réellement profiter à cause d’une blessure, aussi minimum soit-elle. Mais… Il ne dirait rien si c’était le cas hein ? Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, certes, mais la brune avait compris certaines choses : il intériorise beaucoup, il est gentil, très calme à première vue, il est plutôt protecteur de ce qu’elle a pu voir, il a une certaine crainte des chiens, mais ne les déteste pas. Et par-dessus tout, il avait un très joli sourire.

Tia le regardait à nouveau, alors qu’ils marchaient pour descendre cette petite pente, alors qu’il posait ces questions. “Je n’ai rien préparé, à part regarder mon agenda, voir si j’avais une place. Le boulot me permet de sortir certain soir sans trop de difficulté, autant pour le sport, me balader, etc. Cela dépend surtout de l’heure où je finis.” C’était parfois difficile de se dire qu’on quittait le travaille à 19 heures, quand les interventions peuvent être demandées à n’importe quel instant, de jour comme de nuit. La brune sourit d’avantage, avant de faire fini de réfléchir. “Pour ce soir… je vais voir si Angelo n’a pas détruit mon appartement. Peut-être commandé une pizza ou un burger, et regarder une série. Ce n’est rien de bien intéressant, mais une des soirées les plus basiques pour une célibataire comme moi.” La jeune femme rit doucement, le céliba’ ne la dérangeait pas plus que ça. C’était la solitude qui pouvait être difficile à supporter de temps en temps. Même si elle était entourée, parfois, elle avait cette sensation qui manquait quelque chose et dans ce genre de cas, elle se réfugiait dans le boulot et le sport. “Et toi ? Est-ce que Monsieur Gueule d’Ange va cuisiner où plutôt commander ? Série où lecture ?~” Elle était curieuse, comment occupait-il ces soirées, finalement ?

TB

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Tatiana talk in #515C75

Ça va, Tatiana réagit relativement bien, et je suis content de voir qu'elle ne prend pas mal ma cachotterie. C'est étrange de redouter la réaction d'une personne que je viens juste de rencontrer quelques semaines plus tôt, mais j'imagine qu'il n'est pas forcément nécessaire de se connaître depuis des années pour sympathiser. Il existe des coups de cœur amicaux, et je pense que la jeune femme en est probablement un, surtout qu'elle a l'air plutôt à l'aise malgré sa méfiance des êtes humains. Son petit coup d'épaule en témoigne d'ailleurs, et je hoche la tête lorsqu'elle reprend la parole.

« Ce sera fait, ne t'inquiète pas. »

Je ne sais pas si c'est vraiment très utile de mettre de la glace sur ce genre de petite gêne, mais pourquoi ne pas tenter ? Je pourrais éventuellement passer un coup de téléphone à Cornelia pour lui demander, mais on est un peu en froid depuis notre dernière dispute qui s'est soldée par une gifle, et je sais que ça ne ferait que l'inquiéter inutilement. En plus, je n'ai pas spécialement envie de dire que je faisais de l'escalade avec une fille inconnue, elle en déduirait tout de suite certaines choses. Enfin, elle s'imaginerait, parce qu'il n'y a rien à déduire, n'est-ce pas ?

La route jusqu'à l'entrée serpente entre les activités, et nous pouvons voir quelques personnes grimper sur les murs les plus accessibles, mais mon attention se reporte sur la jolie brune lorsqu'elle répond à ma question au sujet de ses activités du soir. Le fait qu'elle me parle de son boulot me donne une nouvelle fois envie de l'interroger à ce sujet, mais je décide de garder encore un peu le secret. La prochaine fois, pourquoi pas ? Ça laisse une part de mystère bien agréable. Quoi qu'il en soit, elle ne semble pas avoir de projet particulier pour ce soir, et je me sens stupidement satisfait quand elle annonce une soirée de célibataire. Je devrais plutôt me sentir triste pour elle, même si – contrairement à moi – elle a un animal pour lui tenir compagnie. Je deviens stupide et égoïste avec le temps. Chassant mes pensées, je secoue légèrement la tête avant de répondre d'un ton sincère.

« Ni l'un, ni l'autre. Je regarde rarement la télévision, seul je trouve ça moins amusant. Je bricole plutôt. C'est comme ça que j'appelle mes tentatives de travail du bois hors de mon atelier. Et je commande d'autant plus rarement. Si ma mère savait que j'achète ma nourriture ailleurs qu'au supermarché, elle en ferait un infarctus et emménagerait chez moi pour cuisiner. Alors, ce sera probablement cuisine improvisée je pense. »

Des pâtes, forcément ! J'ai déjeuné chez mes parents la veille, mon père n'était pas là et ma mère avait préparé des pâtes pour un régiment. Elle m'en avait donné à cuire – des fraîches – pour ce soir, j'en avais suffisamment pour nourrir tout l'immeuble. Ce qui me fait songer à quelque chose. L'après-midi s'est plutôt bien déroulé, et j'ai l'impression que la soirée prévue par Tatiana ne l'emballe pas plus que ça. Est-ce que je me fais un film ? Peut-être. Je dois prendre mes désirs pour des réalités, mais je ne perds rien à proposer, alors....

« Je sais que ça peut difficilement rivaliser avec une pizza commandée et avec une soirée télé, mais si ça te dit, tu peux venir manger chez moi ce soir. Tu n'as qu'à emmener ton monstre, comme ça, il ne sera pas seul trop longtemps. Tu pourras même regarder la télévision pendant que je prépare le repas, ça te fera ta dose de série pour la soirée. »

Je ne sais pas trop ce qui me prend d'inviter une quasi-inconnue dans mon appartement, mais je le fais. J'ai un bon feeling avec Tatiana, et aucune envie de terminer la sortie au bout de ce chemin. En plus de ça, la solitude peut parfois être pesante, surtout après une activité aussi sympathique. Je me dis qu'au pire des cas, elle refusera parce que la perspective de sa soirée de célibataire lui plaît davantage, mais au mieux, on passera un moment plus agréable tous les deux. Je ne perds rien à demander, même si ça m'obligera à passer une partie de la soirée avec un monstre à quatre pattes. Il faudra peut-être que je m'arrête pour lui acheter de quoi mâchouiller avant de rentrer, ça m'évitera de devoir restaurer mes propres meubles ! Enfin, dans l'optique où elle accepte l'invitation lancée, bien évidemment.

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“Tu bricoles ? Comme quoi ?” La brune semblait bien curieuse de ce que Milo pouvait bien faire de son temps libre, en dehors d’un peu de sport et du boulot, elle sourit doucement, riant un peu sur l’attitude qu’aurait sa mère si elle apprenait qu’il commandait quelque chose. À bien y penser, comment réagirait sa propre mère si elle était encore là et apprenait qu’elle bouffait n’importe comment -bien qu’elle faisait attention de temps en temps-. La matriarche aurait sûrement fini par dégommer sa fille, ce ne serait même pas étonnant avec son caractère. Douce, même il ne fallait pas déconner. “Comme quoi ? Monsieur “Gueule d’Ange” cuisine ?” Et il en avait de la chance. Tia n’était pas douée dans ce genre de chose, elle était même particulièrement novice, tout simplement parce qu’elle ne prenait pas la peine d’apprendre.

Si elle le faisait, la brune serait certainement capable, c’était dans les gênes, sa mère était un véritable cordon bleu quand il s’agissait de cuisine. Les mamans avaient tous ce don : elles étaient parfaites à ce niveau-là, dans les yeux de leurs enfants. Tout du moins, c’était le cas de Tia, bien que sa mère n’était plus présente depuis bien longtemps et concrètement, elle lui manquait terriblement.

Tatiana clignait des yeux à la proposition de l’Italien d’aller manger chez lui pour une petite soirée chill. Sur l’instant, elle était intérieurement surprise et le regardait, peut-être, un peu trop fixement. Ce n’était pas comme si elle s’attendait à ce genre de choses, surtout quand on savait qu’ils se connaissaient à peine. Mais elle passait de bons moments avec lui et ils rigolaient bien. Sans aucun doute, le feeling était présent et c’était le genre de bon sentiment qui aidait Tatiana à se lâcher un peu. La brune sourit doucement, elle était tout de même contente qu’il lui propose, cela voulait forcément dire qu’il aimait aussi passer un peu de temps avec elle. “D’accord ! Faisons ça.” La jeune femme sourit de plus belle, alors que le chemin se finissait, et la voilà qu’elle cherchait du regard le responsable de ce beau petit bordel. Alors qu’elle croisait du regard l’autre bâtard, et instinctivement, elle le fusillait du regard.

TB

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Tatiana talk in #515C75

« Pas grand-chose, des bricoles en bois, rien de bien intéressant. »

La plupart du temps, ces essais finissent à l’incinérateur et je suis le seul à savoir à quoi ils ressemblent. Je ne me lance pas dans une œuvre particulière, je fais juste ce que le moment m'inspire, bien souvent pour combler les nuits lors de mes insomnies, mais ça n'a pas de but réel. Quelques sculptures ont subsisté et ont terminé dans la maison familiale après que ma mère ait décrété qu'elle les voulait, mais je pense que c'est davantage pour me faire plaisir que par réelle admiration pour l’œuvre. Au fond, ça n'a guère d'importance, je crois que Tatiana n'aura pas beaucoup l'occasion de voir ce que je peux tenter de produire. Probablement pas du tout, en fait. Même Nazario, qui était la personne qui comptait le plus pour moi dans ma famille, n'y a jamais eu droit.

Je balaye donc ce sujet d'un geste de la main et je m'occupe plutôt de l'instant présent, haussant les épaules lorsque Tatiana se montre taquine vis-à-vis de mon aveu. Est-ce que je sais cuisiner ? Vaguement. Les plats italiens sont simples pour la plupart, même un cuisinier très amateur comme moi peut s'en tirer.

« Juste les bases, ne me demande pas de te cuisiner des scampis ou quelque chose comme ça. Il ne faut pas t'attendre à un miracle pour ce soir. »

Je préfère la prévenir avant qu'elle ne regrette d'avoir abandonné son idée de burger ou de pizza ! Mais ça n'a pas l'air d'être le cas, et j'en suis assez content. Ça va me faire plaisir d'avoir de la compagnie, surtout après une sortie comme celle-ci.

Nous arrivons finalement au début du parcours, et j'avise le type qui a manqué de me laisser tomber. Je ne peux m'empêcher de jeter un regard en coin à Tatiana, mais tout se passe bien, et nous l'ignorons pour nous diriger vers la zone où se trouvent les responsables. Après avoir demandé à en rencontrer un, nous lui expliquons la situation en insistant sur la dangerosité de l'attitude de cet employé. Je crois que l'homme a bien compris, et il nous avoue avoir eu des doutes en voyant certaines jeunes femmes sembler gênées par leur passage chez eux. On peut juste espérer qu'il va prendre les choses en main, mais les cartes ne sont plus en notre possession.

Après avoir rendu notre matériel, nous pouvons regagner le parking où nos véhicules nous attendent sagement. Je me débarrasse de mon sac que je mets sur le siège passager avant de claquer la portière puis de me retourner pour faire face à Tatiana.

« Je t'envoie mon adresse, tu n'as qu'à venir dans trente ou quarante-cinq minutes, le temps que je fasse un crochet par le magasin et que je commence à préparer tout ça. La porte d'entrée n'est pas fermée, tu peux monter directement jusqu'à ma porte. J'ai récupéré mon téléphone tout en parlant et je lui expédie l'adresse par SMS avant de reprendre. Conduis prudemment, pas de folies sur le chemin du retour ! »

Comme tout est réglé, je monte dans ma voiture et laisse Tatiana partir avant de faire de même. Je ne prends pas tout de suite la direction de mon appartement, préférant faire un crochet par le magasin où j'ai mes habitudes pour acheter quelques ingrédients. J'en profite pour passer dans la supérette voisine et chercher un jouet dans le rayon réservé aux animaux. Quelques dollars bien dépensés s'ils me permettront d'épargner mes meubles ! Finalement, je regagne mon immeuble et me gare sur ma place habituelle avant de récupérer mes affaires pour monter jusqu'à mon petit nid. J'ai le temps de préparer quelque chose pour faire patienter mon invitée et de ranger quelques affaires qui traînent un peu, puis la sonnerie retentit. J'abandonne ma préparation sur l'îlot central afin d'aller ouvrir.

« Je vois que tu ne t'es pas perdue, on voit les restes de l'armée. Entre, je t'en prie. »

Je m'efface pour les laisser pénétrer à l'intérieur, puis je ferme la porte avant de regagner la cuisine, pièce ouverte sur le reste du salon. L'endroit n'est pas parfaitement rangé, il est même un peu poussiéreux et encombré du côté où j'ai mon petit atelier réservé au bois, mais ça reste un appartement sain – et habité. Je lui désigne les différentes places.

« Installe-toi où tu veux. J'ai quelque chose si tu veux patienter... je pousse une assiettes avec quelques amuse-gueule dessus, qu'est-ce que tu veux boire ? Au même moment, j'entends les griffes du monstre cliqueter sur le bois du sol. Oh, il y a quelque chose pour ton monstre, sur la table basse. »

Un jouet à mâcher avec pouic intégré, le vendeur m'a assuré que ça plaira à n'importe quel chiot digne de ce nom !

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Une foi qui ne doute pas est une foi morte

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Tia clignait des yeux, l’observant du coin de l’œil quand il agitait sa main, comme si ce qu’il faisait n’était pas si important. Sur le coup, elle gonflait des joues, elle ne savait pas trop ce qu’il faisait réellement, mais elle avait cette curiosité de vouloir le découvrir et peut-être que se serait plus tôt que prévu. Elle rit doucement, avant de sourire. “T’inquiète pas pour ça, tu pourrais me faire des pâtes blanches avec du ketchup que je serais satisfaite. Je ne suis vraiment pas difficile.” Cette fille ne pouvait pas être difficile à ce niveau-là, déjà parce qu’on l’a éduquée de cette façon, de manger ce qu’on lui servait et aussi parce qu’elle mange pour quatre. Le petit moment compliqué avec le responsable sera vite passé, finalement, malgré le regard de tueuse qu’elle lançait à l’autre enfoiré, mais elle ne bougeait pas. Pour une fois, elle ne fonçait pas dans le tas, en tenant le bord du haut de l’Italien, comme un moyen de la canaliser et de se dire qu’elle n'avait pas le droit d’agir.

La brune suivait ensuite le mouvement jusqu’à leur véhicule, regardant dans son sac à dos pour en retirer sa veste, qu’elle enfilera tranquillement, tout en écoutant Milo, souriant face à la petite inquiétude, alors qu’elle jetait un œil à son portable après avoir reçu l’adresse. Un sourire aux lèvres , la jeune femme relevait les yeux vers le visage du brun. “Je ne peux rien de promettre, je suis une amoureuse de la vitesse ! À tout à l’heure, Gueule d’Ange !” Tatiana eut son petit tic, avant de se diriger vers sa moto, mettant son casque, alors qu’elle allumait le moteur, pour la faire chauffer un peu, en finissant de s’équiper, avant de faire un petit signe de main à l’Italien et de démarrer à tout rompe. Forcément, elle ne se retenait pas de rouler vite, quand elle en avait l’occasion. Mais une fois en ville, la brune se montrait bien plus prudente. Ce n’était pas forcément les motard le problème, mais les conducteurs de véhicule à quatre roues ! Pour certains en tout cas.

Tatiana pu profiter de rapidement prendre une douche après cet après-midi de sport, saluant son chien en même temps et montrant toute sa fierté pour n’avoir pas fait de son appartement, une zone de guerre. Ce petit bout de chou était trop mignon, encore plus quand il se baladait avec son doudou. Le temps de se changer et de se préparer, la brune attrapait le harnais du chien pour le mettre sur son dos, attrapant la laisse et quelques petites friandises, pour partir à nouveau à l’extérieur. Cette fois, elle irait à pied, déjà parce que cela permettra à Angelo de se dégourdir les pattes et parce qu’elle aimait bien marcher. Ainsi que le fait que ce n’était pas très adéquat de prendre un chien à moto. Elle se serait presque perdu à un moment donner, mais avait tout de même fini par trouver, entrant dans l’immeuble et se dirigeant vers ledit appartement, elle sourit quand il ouvrît la porte après avoir sonné. “Bah voyons, comme si j’étais le genre à me perdre n’importe où~”

La jeune femme entrait tout simplement, laissant son monstre renifler un peu à ces pieds, avant qu’il finisse par aller au pied de Milo, sa patte se levant systématiquement pour se poser sur sa jambe. La brune esquissait un sourire en coin, alors qu’elle attrapa un amuse-gueule, observant autour d’elle, c’était sympa, elle aimait bien, tout dans la simplicité. Alors que la boule de poils réclamait encore des salutations dignes de ce nom. “Heu, ce que tu as. La même chose que toi sinon, où de l’eau, où un soda. Répondit-elle à la question de la boisson. Il veut te dire bonjour, Milo~” Elle ne put s’empêcher de rire, alors qu’elle posait les yeux sur la table en question, s’approchant pour voir un petit jouet pour chien, et forcément, cette nouille était soudainement attendrie encore plus. C’est qu’il pensait à tout. Surtout pour préserver son appartement. “Moh, trop mignon. Merci !” La jeune femme appuya sur le jouet qui fit un petit bruit bien significatif, attirant par la même occasion l’attention d’Angelo qui se mit à courir dans sa direction, alors qu’elle se mit accroupie pour être à sa hauteur. “Regarde, mon cœur.~ Un cadeau.~” Elle était clairement folle de ce chien, ça se voyait sur son visage, alors que ce petit monstre attrapait le jouait et commençait à jouer avec. Elle rit doucement, se redressant, pour rejoindre l’italien et l’assiette d’amuse-bouche. Et hop, encore un en bouche. “C’est sympa chez toi. Encore merci pour l’invitation et le cadeau d’Angelo. Il est ravi.” Plus qu'on ne pouvait le croire, à le voir courir un peu partout en secouant la tête, ronchonner sur le jouer entre deux petits pouics.

TB

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Tatiana talk in #515C75

Je ne suis toujours pas habitué au fait d'avoir un chien dans le coin, et j'avoue ne pas forcément savoir comment identifier leur comportement. Fort heureusement, Tatiana est là pour jouer les traductrice, et je finis par comprendre pourquoi son monstre s'obstine à essayer de me gratter la jambe. J'hésite un bref instant avant de finalement me pencher pour tenter de le caresser sur le dos. J'ai beau ne rien y connaître en chien, je sais tout de même que c'est déconseillé de les toucher sur la tête ! Pour le coup, Angelo ne me dévore pas la main, je m'estime donc vainqueur et je me redresse pour marcher jusqu'à l'évier afin de me laver les mains. Mieux vaut éviter les pâtes aux poils de chien comme premier repas en commun ! Lorsque j'entends Tatiana s'extasier sur le jouet pour chien, je réponds avec sobriété et logique.

« Ce n'est pas mignon, je veux simplement éviter qu'il ne dévore tous mes meubles. »

Et puis je me doute que ça ne doit pas être drôle d'être dans un appartement sans la moindre distraction pour canidé. Surtout quand on est un chiot débordant d'énergie ! J'espère juste que le malheureux jouet sera suffisant pour l'occuper le temps que nous dînions.

Après m'être essuyé les mains sur un torchon, je me charge de chercher de quoi boire. J'ai aussi bien de l'alcool que des sodas, et comme Tatiana semble être venue à pied, j'opte pour une bière – italienne, évidemment – plutôt de rigueur au vu de la chaleur agréable qui règne en ville ce jour-là. Après l'avoir ouverte et posée sur l'îlot de cuisine devant l'un des tabourets, je glisse un verre pour le cas où elle serait du genre bien élevée – ce qui n'est pas mon cas ce soir – et je reprends ma préparation assez simpliste. Mes yeux se relèvent vers le duo lorsque mon invitée reprend la parole pour me remercier, et je hausse les épaules sans lâcher mon couteau.

« Merci pour le compliment, et ce n'est vraiment pas grand-chose, c'est toujours plus sympa que de manger tout seul. Je baisse à nouveau les yeux vers ma planche à découper avant de poursuivre : bon, tu m'excuseras, ça ne sera pas des pâtes au ketchup, le sacrilège a ses limites. Mais ça sera des pâtes. Étonnant. Ma mère les a préparées hier, il ne reste qu'à les cuire et faire la sauce, ça devrait être à ma portée je pense, je crois pouvoir nous éviter l'empoisonnement alimentaire. »

Il m'arrive souvent d'utiliser de la sauce industrielle – ô sacrilège – mais pas avec des pâtes fraîches ou ma famille me déshériterait. J'entreprends donc de la confectionner avec les tomates fraîches offertes par mon jardinier de grand-père, ce qui nous laisse le temps de bavarder un peu avant de passer à table. Je jette un rapide coup d’œil vers Angelo qui a effectivement grandi, puis je reporte mon attention sur Tatiana.

« C'est vrai qu'il a grandi, je ne savais pas que ça grossissait aussi rapidement. Je poursuis ma préparation, avalant de temps en temps une gorgée de bière. D'ailleurs, tu as une voiture ? Tu fais comment lorsque tu dois l'emmener chez le vétérinaire ? J'imagine que chien et moto ne font pas bon ménage. »

Quoique, plus rien ne me surprendrait ! Une fois les tomates prêtes à être utilisées, je récupère une casserole avant d'y mettre tous les ingrédients nécessaires pour confectionner suffisamment de sauce pour deux personnes. Je m'estime d'ailleurs chanceux de ne pas m'être abîmé la main directrice, ce qui me permet de cuisiner sans être trop incommodé. Une fois le tout fourré dans la casserole, je bénéficie d'un peu de temps pour m'installer près de Tatiana et bavarder tranquillement.

« C'était agréable comme après-midi, je suis content que tu aies eu cette idée, je ne savais pas qu'on pouvait faire ce genre de choses aussi près de la ville. Tu connais mieux Detroit que moi alors que j'y habite depuis plus longtemps que toi ! J'esquisse un sourire, prends une gorgée de bière, puis observe le chiot qui semble conquis par le jouet. D'après tout ce que tu m'as dit, dois-je en déduire que tu ne cuisines pas ? C'est un manque d'envie, ou un manque de talent ? »

D'accord, je la taquine un peu trop là, mais pour une fois que je brille un peu plus qu'elle dans un domaine, je ne vais pas m'en priver, non ?

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Tia’ en avait presque oublié que c’était un Italien pur souche, forcément le ketchup dans les pâtes aurait été un sacrilège. C’était sûrement pareil quand on coupait les spaghettis en deux. La brune ne put s’empêcher de rire, sa langue passant sur sa lèvre supérieur, en souriant. Elle était particulièrement amusée, alors qu’elle posait ces fesses sur une chaise en l’observait commencé à cuisine, attrapant la bouteille de bière, pour boire directement au goulot, tout en prenant un amuse-bouche entre ces doigts et se pencher pour le lui tendre. Qu’il en profite, lui aussi, même s’il cuisinait. “Ouvre la bouche, Milo~ Fait Haaa~” Elle pouvait bien le nourrir un peu pendant qu’il découpait quelques-uns de ces ingrédients pour cette sauce qui allait accompagner des pâtes fraîches. “Je suis sûr que ce sera très bon. Sinon ce serait une injure à l’Italie” Elle esquissait un sourire en coin, taquinant aussi ce cher monsieur, qui en profitait tout autant qu’elle.

Son regard se posait sur son petit chien, qui avait effectivement grandi depuis la dernière fois et grossit. Elle était ravie d’avoir réussi à le faire manger comme il faut et à ne pas le laisser avec une sorte de traumatisme, d’abandon et de faim. Certains chiens pouvaient agir avec une faim constante et manger très rapidement, de peur de ne rien avoir. Angelo, aurait toujours tout ce dont il aurait besoin, elle s’en était faite la promesse et elle surveillait chaque petit signe de comportement qui pouvait être étrange. Sait-on jamais, parfois ça se déclarait plus tard, mais si elle arrivait à lui faire comprendre certaines choses, ça irait, n’est-ce pas ? “Les bébés ont tendances à grandir vite, il paraît. Il faut en profiter tant qu’on le peut avant qu’il devienne un gros tas de poils.” Elle esquissait un sourire en coin, avant de reporter son attention sur Milo. “Cela dépend l’urgence, pour l’instant, je vais à pied chez le véto, où je demande la voiture d’un ami. C’est beaucoup trop dangereux à moto et je tiens à mon permis.” Est-ce que si un jour, elle le perdait, ferait-elle réellement attention à ne pas conduire avant de le récupérer ? Non. La brune ne le saurait pas, la moto, c'était sa passion et elle tenait à ces balades à deux roues.

La jeune femme l’observait cuisiné, c’était amusant à quel point elle pouvait trouver charmant un homme derrière les fourneaux, même son meilleur ami finissait charmant dans ce genre de cas. Cela leur allait bien à certain. Et puis ce n’était pas toujours que les femmes qui devaient être en cuisine. La brune sourit doucement face à cette taquinerie sur son talent en cuisine, avant de rire, buvant une gorgée de sa bière, sa main libre, viendra lui pincer légèrement la joue. “C’est cela, moquez-vous, Monsieur Milo.” Un rire s’échappait de ses lèvres, avant de faire mine de réfléchir. “Disons que, je n’ai aucune envie de cuisiner pour moi toute seule. Ma mère avait commencé à m’apprendre quand j’étais adolescente, mais après sa mort, ce n’était plus du tout ce à quoi je pensais. Par facilité, j’achetais des plats préparés et je commandais, depuis j’ai continué et je cuisine très rarement.”

Elle avait donc, littéralement, de mauvaises habitudes depuis très jeune. Son père aurait pu éviter que ça se finisse de cette façon, s’il avait pris la peine de regarder un peu plus à ce que faisait sa fille, mais sa dépression et l’alcoolisme ont fait qu’il était différent. “J’ai tous mes points en sport, mais le reste, comme tu vois, je me fais battre à même le sol. Et je déteste perdre, c’est pour te dire.” Tatiana rit doucement, prenant bien plus ce genre de choses avec amusement, la vie était faite ainsi, on ne pouvait pas être douée partout et elle ne le voulait pas non plus. Elle était bourrée de défaut et était loin d’être parfaite. La cuisine pourrait devenir plus facile, si elle se prenait la peine d’apprendre. Mais comme il l’avait dit, mangé seul, ce n'est pas drôle, alors cuisiné, pour Tia, cela relevait du même sentiment.

TB

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Tatiana talk in #515C75

« Si une fois tu as besoin d'un taxi et que personne ne peut te prêter de voiture, n'hésite pas à m'appeler, je vous conduirais si je suis disponible. »

Et si je ne le suis pas, il est fort probable que je chercherais à l'être. Ce n'est pas forcément pour Tatiana elle-même, c'est juste que je n'aime pas laisser les gens dans les ennuis si je peux leur faciliter la vie, et ça ne me coûtera pas grand-chose de conduire une amie et son chiot chez le vétérinaire. Cela dit, j'ai un peu de mal à l'imaginer me demander mon aide. Elle a l'air un peu trop indépendante pour ça, même si ça me ferait plaisir qu'elle le fasse.

Lorsqu'elle s'autorise une nouvelle fois son pincement de joue, je recule la tête d'un air faussement vexé. Décidément, deux fois en moins d'un mois, je vais finir par croire qu'elle a un problème avec les joues des gens ! Mais ça ne me vexe pas réellement, et le sourire amusé collé sur mes lèvres l'indique clairement. Je retrouve ma position sur mon tabouret, glissant les yeux jusqu'à la casserole et son contenu alors que j'écoute Tatiana d'une oreille attentive. Je finis par hocher la tête avant de répondre.

« Eh bien, ça nous fait un point commun, je déteste perdre moi aussi ! Mais je crois que tu es d'un autre niveau que moi en sport, ça justifie certainement que tu puisses te permettre de manger moins équilibré tout en gardant une silhouette de rêve. »

Je plaisante, même si je suis à moitié sérieux. J'imagine qu'un rythme de vie aussi actif que le sien doit aider à garder la ligne, mais je n'ai pas à me plaindre non plus. J'ai hérité d'une bonne génétique, il n'y a qu'à voir mon grand-père que, même à son âge avancé, conserve une silhouette svelte et musclée. Mon père aussi alors qu'il est encore moins actif que lui. Peut-être que c'est aussi le cas de Tatiana, mais je préfère ne pas revenir sur le sujet de sa famille, même si je m'autorise une remarque sur sa réflexion au sujet de l'apprentissage de la cuisine.

« Quand on est ado, on se fiche un peu de savoir cuisiner de toute manière. Ma mère a essayé d'apprendre à ma sœur pour en faire une parfaite femme d'intérieur, mais elle s'en fiche totalement. Note que ça ne l'a pas empêchée de se marier, alors elle n'avait pas tort. Je marque une pause avant de réaliser. C'est un peu macho ce que je viens de dire, non ? Désolé. Je suis certain que tu arriveras à te marier même sans cuisiner les pâtes aussi bien que moi. »

Je me sens stupide, j'en oublie que toutes les femmes n'ont pas grandi dans une famille comme la mienne – heureusement pour elles – et que je peux lâcher une boulette sans le vouloir. Pour masquer ma gêne, j'avale une gorgée de bière à même le goulot tout en détournant le regard vers Angelo qui délaisse provisoirement son jouet pour admirer l'appartement. Au même moment, les tomates se mettent à produire un bruit familier et je délaisse mon tabouret pour contourner l'îlot afin de les rejoindre. Après avoir touillé un peu et vérifié la cuisson, je reprends la parole en jetant un coup d’œil du côté de Tatiana.

« Et qu'est-ce que tu aimes cuisiner quand tu le fais ? Je ne t'ai même pas demandé si tu aimais les pâtes. Mais c'est comme les pizzas, tout le monde aime ça, non ? Tu dois bien avoir des préférences j'imagine. Dis-moi tout, et si tu ne pars pas d'ici avec une intoxication alimentaire, il se pourrait que je te réinvite un jour en cuisinant un plat que tu aimeras vraiment ! Tu pourras même venir m'aider, je suis certain que tu ferais une excellente commis de cuisine. »

Ou pas. Est-ce réellement une bonne idée de laisser une Tatiana armée d'un couteau tranchant dans ma cuisine ? Je n'en suis pas certain, sauf si je suis sûr de pouvoir tenir une discussion entière sans la vexer.

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‡ ▬ BEYOND THE VEIL ▬ ⚖