Okay princess, what now ? • ft Charlie Dacre

Il y avait parfois des choses qu’il ne valait mieux pas découvrir chez certaines personnes, où que les secrets finissaient de toute façon part être révélé peu importe comment cela se produisait. Si James semblait particulièrement grincheux en cette fin de soirée, où début de matinée, il n’en savait rien, vu le temps qu’il avait passé dehors et les quelques verres d’alcool qu’il avait ingurgité. Il se dirigeait tout simplement vers la demeure d’une personne qu’il connaissait que trop bien, parce que ce gars, avait fini par le prendre sur le fait : sa langue dans la bouche d’un autre gars, dans une simple ruelle. Forcément que le brun ne pouvait pas laisser ce genre de choses se répéter, même s’il avait parfaitement confiance en Charlie, le fait qu’il fricote avec des hommes auraient pu être mal vus, surtout pour un membre des Crows.

Depuis le temps qu’il se cachait, c’était presque horrible de se dire qu’il s’était fait prendre aussi facilement. Lui qui avait toujours fait en sorte que rien de tout cela n’ait été découvert par qui que ce soit. Et quand ça arrivait, autant dire qu’il n’hésitait pas à se faire comprendre, à sa manière, pour qu’on ferme bien sa gueule. Enfin, si le gars avait encore l’occasion de dire quoi que ce soit en tout cas. Ronchon, l’humeur n’y était pas et il venait tout simplement par traverser la distance sur sa moto — pas très sérieuse avec des verres d’alcool dans le nez — pour s’avancer vers la demeure de son ami et de venir tambouriner sur la porte d’entrée. Il semblait complètement fou, ce cher Lindley à frapper du poing sur cette pauvre porte qui ne lui avait rien fait. Intérieurement, il jurait, chaque insulte qu’il connaissait était prononcé dans sa petite tête, avant qu’il finisse par entendre la porte s’ouvrir et d’entrée aussitôt en attrapant Charlie par la mâchoire, grognant férocement.

Ce n’était pas vraiment une surprise de le voir réagir de cette façon quand on le connaissait un peu. James n’était pas un homme très facile à suivre et ces colères n’annonçaient jamais rien de bon, encore moins avec de l’alcool dans le sang. “Toi ! Il faut qu’on parle !” Le brun laissait échappé un grognement de sa gorge, fronçant les sourcils, alors qu’il prenait tout de même la peine de refermer la porte derrière lui, d’un simplement mouvement de pied, alors qu’il toisait le plus jeune de ces pupilles bleus. “Ce que tu as vu, parce que je t’ai reconnu aussi, si tu le répètes… ⁣” Qu’est-ce qu’il ferait ? Si en temps normal, il n’hésiterait pas à égorger qui se soit, cette fois, c’était clairement différent et il se tut soudainement en observant Charlie, avant de le lâcher et de grogner de plus belle, passant une main sur son visage.

“Oh” ? Comment ça “Oh ? C’est tout ?! James haussait un sourcil, ne s’attendant pas vraiment à ce genre de réaction. Il faut dire que le brun avait plutôt l’habitude des insultes, où même des bagarres avec les petits cons qui se pensaient plus malin qu’un quarantenaire psychotique. Le ténébreux penchait la tête sur le côté, suivant Charlie du regard avec un air particulièrement perplexe sur le visage. Il allait mettre du cyanure dans le café ? Comment cela se faisait qu’il en venait à proposer du café maintenant ?!  Lindley ne semblait pas réellement comprendre la réaction du Médecin des Crows, sûrement parce qu’il était un gars du gang et que James ne parlait pas de ces petites habitudes à qui que ce soit du gang en question : parce que c’était interdit, pas permis et qu’il risquait sûrement la mort si on le découvrait.

Un lourd soupir s’échappait des lèvres de James, alors qu’il roulait des yeux. Qu’est-ce qu’il allait faire désormais ? Encore le menacer de le cogner s’il balançait ce secret si bien garder ? Bordel, mais pour quelle foutue raison, il avait fallu que ce soit lui qui voit ça cette fameuse nuit ?! “T’as pas plutôt de la bi-” Non. James avait assez picolé pour ce soir et en plus, il était chez le Doc’. “Va pour un café. Que je ne risque pas de te balancer à la gueule. Ce n’est clairement pas ma façon de procéder.” Bah non. Certainement pas, James préférait égorger l’ennemie et voir la vie quitter leurs regards que de lancer quoi que ce soit.

Il ronchonnait, Lindley, tout en faisant quelques pas dans la demeure du médecin, regardant un peu autour de lui. Ce n’était pas franchement l’endroit où il venait le plus souvent. À un point, qu’il en avait oublié l’agencement des meubles, la couleur du canapé. Même les murs, il ne s’en souvenait pas. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il était censé faire ? James n’était pas le genre de mec à parler de ce genre de choses, en temps normal, parce que sa vie privé était tout ce qu’il avait de plus secret, surtout quand cela concernait sa sexualité. Voilà qu’il se mettait à grogner, allant se vautrer dans le canapé, croissant les bras derrière sa tête, alors que ces pupilles bleus se posèrent sur le plafond, qui était soudainement, la chose la plus intéressante du monde, à l’heure actuelle. “Tu fais le sympa parce que tu comptes ne rien dire au Crows où parce que tu vas me foutre un couteau dans le dos, Charlie ?”

Est-ce que le brun était si peu habitué à ce genre de réaction et à ce presque semblant de “rien à foutre” qu’il en venait à devenir paranoïaque ? Peut-être. Mais, est-ce qu’on pouvait réellement lui en vouloir, quand on savait qu’il avait constamment une vie remplie de violence et que la communication était loin d’être son truc ?

Un simple grognement s’échappait des lèvres de James quand Charlie lui signalait le nom de la couleur du plafond. Est-ce que c’était nécessaire ? Il n’en savait rien. Lindley était beaucoup plus préoccupé par cette simple idée que le Doc pourrait le trahir, si on peut le dire ainsi. Mais est-ce qu’il le connaissait assez pour que cette variable finisse par émerger dans sa tête ? C’était sûrement dû aux réactions de certaines personnes, qu’il avait pu voir dans sa vie, quand les potes apprennent qu’un des leurs finissaient par aussi être attiré par les hommes. Beaucoup finissaient par tourner le dos à la personne. Et dans le cas du Crow, c’était assez compliqué pour lui de se dire qu’il risquait la mort où le lynchage uniquement pour ce genre de conneries. Mais bon, il semblerait bien que la suite allait le surprendre bien plus qu’il ne l’imaginait.

Alors qu’il se redressait pour s’asseoir et attraper la tasse de café, le ténébreux bu une gorgée du nectar, observant Charlie du coin de l’œil. Ouais, il savait bien que ce gars était incapable de lui faire un coup de pute. Il y avait cette amitié qui les liait. Comment avait-il pu penser une seule seconde que Charlie lui ferait un coup pareil, hein ? Intérieurement, il se sentait particulièrement honteux : douter d’une amitié, l’espace d’un instant, n’était pas excusable. Mais c’était James, il finissait toujours par avoir un moment où il doutait de tout le monde, sous certaines situations. Il n’était pas un homme simple, James n’avait jamais été un gars normal, dans le fond. Il hochait la tête doucement, alors qu’il buvait son café, n’enregistrant pas encore totalement l’information que Charlie venait de lui donner.

Cela durait à peine quelques secondes, avant que tout remonte au cerveau du quarantenaire et qu’il redressait le regard aussitôt, crachant son café qu’il avait en bouche, pour aussitôt avoir les yeux posés sur Charlie. “Attend. Quoi ?” Qu’est-ce qu’il venait de lui dire, ce con ? Les pupilles de Lindley ne quittaient pas le médecin, clignant des yeux, comme s’il tentait encore d’être sûr de cette information. Est-ce qu’il avait bien compris ? Bien sûr qu’il avait compris ! Et il aurait dû s’en douter ! “Putain, je comprends mieux pourquoi j’te mattais l’cul maintenant.” James n’était pas connu pour avoir beaucoup de tact, encore moins sur ce genre de choses. Le brun ronchonnait, affichant un air blasé sur le visage. “Pourquoi tu ne l’as pas dit avant, imbécile ? Ça m’aurait évité de m’énerver !”

James ne pouvait s’empêcher d’esquisser un mince sourire sur son faciès, à la réaction de Charlie, alors qu’il se contentait de le suivre du regard. Il savait, ce bon Docteur et cela semblait tellement plus simple maintenant aux yeux de Lindley. Même s’il savait vivre avec des secrets, cacher quelque chose de ce genre et devoir faire attention à ce qu’il fait, sous prétexte qu’il était un Crow pouvait être compliqué. Et particulièrement ennuyeux. Le ténébreux ne lâchait pas Charlie du regard pendant qu’il faisait son petit ménage, avant de poser les pieds sur la table basse, ronchonnant en sirotant son café. Heureusement, il était un buveur de café, mais il était bien plus porté sur l’alcool que le reste. “Ça va, je ne t'ai pas blessé non plus…” lâchait-il dans un souffle, alors qu’il tournait la tête sur le côté. Il donnait l’impression d’être grognon. Dans un sens, ce n’était pas franchement étonnant, vu qu’il avait toujours l’air ronchon.

Mais concrètement, il n’avait pas vraiment tort, tout simplement parce que si ça avait été quelqu’un d’autre, James n’aurait pas hésité une seule seconde pour le cogner. Mais ce n’était pas le cas, c’était Charlie. Le seul et unique Charlie. Et il aurait détesté lui faire du mal pour cette raison. Un léger soupir s’échappait de ses lèvres, haussant un sourcil aux paroles du Médecin. Qu’est-ce que c’était que ça ? Est-ce qu’il s’en faisait réellement ? Cela ne l’étonnerait pas, dans le fond, Charlie avait toujours tendance à s’inquiéter pour lui, même quand, selon James, ce n’était pas nécessaire. “Tu as beaucoup trop tendance à t’en faire, Dick.” Et pas qu’un peu. Et pourtant, cet idiot souriait en posant les yeux sur Charlie, ce petit sourire en coin qu’il avait beaucoup trop parfois. “D’habitude, il n'y a personne qui passe part là. Je me demande ce que tu foutais là. Et pourquoi tu semblais être complètement torché ? Tu noies ta solitude dans l’alcool ? Tu aurais pu me le dire, on se serait saoulé à deux.” Et il se marrait Lindley. Parce que même si la situation pouvait être étrange pour Charlie où le gêner, James, lui, ça semblait l’amuser.

Mais tout dans sa vie l’amusait non ? En tout cas, il préférait ça que de sentir le poids de ces propres démons sur ces épaules. Comme s’il coulait dans les tréfonds de ses propres ténèbres, dans laquelle il n’arrivait pas à se sortir. “Alors, Charlie, c’était comment de me voir embrassé un gars ?” Mais quelle était donc cette question ? Sûrement un plan pour s’amuser encore plus d’une situation dans lequel il ne devrait pas rire.

Ce n’était jamais simple que de réussir à entrée dans la tête de James. Il portait beaucoup trop les choses sur un humour particulier et dans cette façon qu’il avait de taquiner les gens qui l’entourait. Il faut dire que le quarantenaire n’était pas très doué pour la communication et même si ça avait pu changer avec quelques-uns de son entourage, certains n’avaient pas encore eu le loisir de connaitre ce qu’il avait réellement au fond de lui. Pas parce qu’il n’en avait pas envie, mais parce qu’il avait peur, de découvrir des choses qui le perturberaient et qui l’empêcherait d’agir comme il devait réellement le faire dans certain cas.

S’il écoutait Charlie, ses paroles tournaient encore et encore dans sa tête, alors que les yeux de Lindley ne quittaient pas le médecin une seule seconde. Qu’est-ce qu’il était en train de lui dire là ? Il se foutait de sa gueule ? C’était quoi ça ? Mais quel était ce “ça” ? Ce rythme cardiaque qui s’affolait indéniablement, qui rendait James bizarre sans réellement comprendre les raisons. Qu’est-ce qu’il se passait soudainement dans la tête du quarantenaire pour qu’il ait l’air d’être aussi perdu qu’un môme un premier jour d’école ? C’était étrange tout ce qu’il se mettait à ressentir soudainement, ce mélange de sentiments différents qu’il n’arrivait pas à en comprendre le sens. Mais il savait une chose, c’était la chose qu’il craignait le plus dans sa vie. “Hein…?” Un mot aussi idiot que la tête qu’il avait.

Cet enfoiré venait de réussir à lui faire fermer sa gueule en une fraction de seconde. C’était une première, tiens. Mais il n’arrivait pas à comprendre. James avait toujours tout fait pour qu’on évite de trop se rapprocher de lui, pour justement éviter ce genre de situation. Il s’interdisait ce genre de choses, autant par la peur que par la crainte de mal se comporter, de blesser ces proches plus qu’il ne le devrait. Cet homme était seul depuis longtemps, souffrait en silence sans jamais demander de l’aide à qui que ce soit, parce qu’il ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas paraître faible face aux personnes qui pouvaient l'aimer d’une quelconque façon. Et si cette crainte était présente, que tout ce qu’il avait fait jusqu’à maintenant pour éviter ce genre de choses semblait avoir marché, il y avait une part de lui qui voulait lâcher prise, rien qu’une fois. Mais comment était-il censé faire ?

James n’était pas simple, que ce soit aux yeux des autres que pour lui-même. Sa propre complexité lui menait la vie rude. Il se raclait la gorge, s’humectant les lèvres, avant de boire d’un trait le contenu de sa tasse, comme un shot de Whisky, qui n’en contenait pas. Il passait une main sur sa nuque, fermant les yeux en grimaçant, comme s’il cherchait à éviter de faire une erreur, comme s’il ne voulait pas regretter quelque chose. “Et puis merde.” Il allait se foutre tout seul dans une situation qu’il ne contrôlerait sûrement pas. Le ténébreux retirait les pieds de cette foutue table basse, avant de se lever et d’aller vers Charlie, grognant. C’était instinctif chez lui, mais ça ne voulait pas forcément dire que quelque chose de mauvais était sur le point de se produire. Il fallait seulement détecter l’intensité de ses grognements.

Le quarantenaire s’approchait d’avantage du médecin, le regardant fixement, avec une intensité certaine avant de se pencher vers lui, sa main passant derrière la nuque de cet idiot. Qu’est-ce qu’il était en train de foutre ? Lui-même ne savait pas dans quel genre de situation, il se mettait. Mais sur l’instant, il avait décidé de ne pas réfléchir et de laisser aller les choses et c’était à cette unique pensée, que le brun déposait ses lèvres sur celles de Charlie. Un simple baiser, qui ne lui permettrait pas de lui dire ce qu’il se passerait après ça. Un baiser qui scellait un secret que ni l’un, ni l’autre n’avait le droit de révéler. C’était acté dans le temps et rien ne pourrait changer cela.

Lui qui avait toujours tout fait pour éviter de se mêler plus que de raisons avec les personnes qui l’entouraient. Lui qui gardait cette distance, ce mur autour de lui, même dans les amitiés les plus fortes. Lui qui détestait perdre le contrôle de ses actes. Tout n’était qu’un échec cuisant. James venait littéralement de dépasser une règle qu’il avait mise tellement d’années à respecter ? De suivre un crédo pour ne jamais s’attacher autant à qui que ce soit. Et pourtant, le voilà qu’il embrassait un homme, qu’il connaissait que trop bien. Ce n’était pas n’importe quel gars. Ce n’était pas l’un de ces partenaires sexuelles d’une nuit, où deux, selon ces envies. Il s’agissait là de Charlie et il n’avait aucune idée dans quel pétrin il venait de se mettre.

Chaque parcelle de son corps réagissait au baiser dans des frissons significatif, alors qu’il sentait son propre cœur s’emballer sans même qu’il puisse contrôler quoi que ce soit. Le ténébreux avait toujours détesté perdre le contrôle de la situation où de ses propres émotions. À quel moment ça avait tourné de cette façon ? Quand est-ce qu’il avait décidé de ne plus réfléchir ? Allez savoir. Lui-même restait dans un flou total et il avait envie de reprendre le contrôle de lui-même. Mais c’était difficile, bien plus complexe que ce qu’il aurait pu croire et le quarantenaire se racla un peu la gorge, quand Charlie mis fin au baiser. James ne pu s’empêcher de rire aux paroles du médecin. Est-ce qu’il se serait attendu à autre chose ? Lindley était ravi, intérieurement, de savoir que cela semblait avoir plu à Charlie, autant qu’à lui. Jusqu’à ce qu’il pose cette fameuse question ? Maintenant ? Qu’est-ce qu’ils faisaient ?

Le ténébreux gardait le silence, dans un premier temps, observant l’homme qu’il avait en face de lui, se perdant presque dans ces yeux. S’il y avait bien une chose qu’il avait déjà remarqué c’était ces magnifiques yeux bleus et c’était bien la première fois qu’il se perdit aussi rapidement dans le regard de quelqu’un, comme s’il cherchait à sonder son âme, à savoir ce à quoi il pouvait réellement pensée. Le quarantenaire ronchonnait un peu, avant de passer une main sur sa nuque pour se le masser doucement, cherchant à reprendre le contrôle de ses propres actions. Mais c’était difficile de réellement résister. Bien plus qu’il ne l’aurait cru. “Je… Tu devrais retourner te coucher. Je…” Un léger soupir s’échappait de ses lèvres, reprenant une inspiration comme une sorte d’action psychologique pour garder un semblant de contrôle de lui-même. “Désolé de t’avoir réveillé de cette façon et de m’être mal comporté.” Il s’excusait, le bougre. Pour une fois. C’était quelque chose qui arrivait jamais où terriblement rarement.

Pourquoi avait-il fait ça ? Excellente question. Tout du moins, c’est ce qu’il se disait, alors qu’il savait très bien les raisons. Parce que j’en avais envie. Mais aucun mot ne sortait de sa bouche sur le moment. James se contenter de l’observer, sans réellement savoir comment il devait s’y prendre, ce qu’il devait faire, alors que la seule chose qu’il savait faire, c’était de poser son cul sur la table basse pour rester en face de Charlie. Le brun se raclait la gorge, s’attendant à un interrogatoire, face à une situation dont il n’avait pas encore totalement conscience de ce qu’il pouvait réellement ressentir. James se fermait beaucoup trop à certains sentiments, parce qu’il crevait de trouille à chaque fois. Il craignait de blesser les personnes qui l’entourait, de leur faire du mal, que cette violence qui coulait dans ces veines et qu’il avait hérité de son paternel ne surgisse. Mais aucun fils n’était une pale copie de son père, n’est-ce pas ? C'étaient les actions qui comptaient et non l’héritage du sang. C’était la personne qu’on était qui comptait le plus.

Mais Lindley était loin de se rendre compte de tout ça, parce qu’il restait un homme tourmenté par des regrets et une colère qu’il n’arrivait pas à gérer. Le ténébreux baissait les yeux sur ces mains, ces doigts se touchant comme s’il sentait des picotements. C’était un signe, quand le stresse montait, quand sa dose n’avait pas été prise, qu’il savait qu’une migraine pointait le bout de son nez et qu’il allait sûrement passer une mauvaise nuit. Mais les paroles de Charlie le fit retourner son attention, son visage, haussant un sourcil sur l’instant. Regrettait-il ce qu’il venait de se passer ? C’était quoi cette question ? “Pourquoi tu me demandes ça ?  Tu regrettes, toi ? Si c’est le cas, dis-toi seulement que ce n’était qu’un baiser.” C’était ce qu’il disait à chaque fois, quand, parfois, la personne pouvait regretter ce qu’il se passait. C’était quand ils finissaient au lit, que là, c’était plus compliqué pour l’autre. James… Lui… C’était différent, quand il passait la nuit avec quelqu’un, c’était uniquement pour satisfaire ces propres besoins. Simplement une envie, face à une personne qui l’attirait physiquement, mais il n’y avait jamais rien de plus.

Mais cette fois, quelque chose était différent. James ne poussait pas le vice plus loin qu’un baiser, contrairement à ce qu’il pourrait faire d’habitude. Et il n’arrivait pas à mettre des mots sur ce qu’il pouvait ressentir. La seule chose dont il avait conscience, c’était qu’il ne voulait pas brusquer Charlie, comme s’il voulait faire les choses bien, alors que c’était loin d’être une habitude chez Lindley. Et il continuait, encore, à faire un déni sur ce qu’il pouvait ressentir depuis longtemps. À quel moment ses propres pensées avaient-ils fini par être aussi déstructurées ? Un léger soupir s’échappait de ses lèvres, alors qu’il se massait la nuque instinctivement, comme s’il cherchait ces propres mots, comment pouvait-il s’exprimer ? Est-ce qu’il avait raison de rester là ? Après tout, il n’aurait qu’à faire quelques pas pour passer la porte et pourtant, il restait assis sur cette table basse, sans bouger. “Je ne regrette pas du tout, ce qu’il vient de se passer. J’ai même tendance à en vouloir plus, mais d’un autre côté, je ne veux pas faire comme je le fais d’habitude. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Alors, excuse-moi, si je n'ai pas l’air comme je le suis en temps normal.”

Et il se sentait, soudainement, tellement con. Ses mots semblaient plus cool dans sa tête qu’en les exprimant réellement et forcément, le ténébreux roulait des yeux, passant une main sur son visage. Et ce n’était pas du tout à cause de l’alcool. Parce que bourré où non, James agissait toujours de la même façon.

Pour une raison qu’il ignorait, beaucoup de choses s’étaient produite dans la vie de James, ces derniers mois : L’arrivée de Riley avait fait en sorte qu’il s’habitue clairement à sa présence et à ces mood adorable. Peut-être que cela avait même fini par attendrir un peu son cœur, ce qui le poussait maintenant à se sentir plus fébrile face à Charlie. Lindley connaissait le médecin depuis longtemps et il savait au plus profond de lui qu’il y avait toujours eu une attirance, quelque chose qu’il avait du mal à réprimer. Et au fil du temps, le ténébreux avait fini par faire un déni total sur ce qu’il pouvait ressentir, parce qu’il s’interdisait ce genre de choses. Mais maintenant… Qu’est-ce qu’il voulait réellement ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien craindre à ce point pour qu’il se retrouve à se sentir aussi perdu ? Beaucoup de choses : cette peur viscérale de faire du mal aux autres, sous prétexte que le sang de son père coulait dans ces veines ; qu’il craignait ne pouvoir protéger personne et de devoir supporter la perte d’un être chère à son cœur, comme cela s’était produit avec sa mère. Qui sait ? Beaucoup de choses se mélangeaient dans sa tête.

James posait le regard sur Charlie, alors qu’il lui disait qu’ils devaient en discuter, cette façon qu’il avait de lui parler, de le regarder, forcément, James sentit son cœur fondre encore plus. Lui qui se faisait voir comme un homme bourru, sans éducation. Lui qui se disait être fou, un monstre, qui aimait torturer ses ennemis. Est-ce que tout cela était présent uniquement à cause de ce poison qu’il ingurgitait ? Le ténébreux observait Charlie, buvant chacun de ces mots. Oui, ce gars était d’une patience insoupçonnée et cela étonnait parfois James, qui pouvait faire en sorte de vouloir le faire rebrousser chemin, parce qu’il refusait qu’on s’approche de lui. “J’ai beau avoir fait en sorte d’être le pire des mecs, t’as toujours eu le moyen de te rapprocher un peu plus de moi. Pourquoi ?” Il était curieux, Lindley savait qu’il savait mal agir et qu’il le faisait exprès avec certaines personnes, pour les gardés à une certaine distance. “Tu ne peux pas dire que j’suis terriblement adorable, j’agis comme un connard la plupart du temps. C’était censé garder les gens à l’écart, même toi. Mais au lieu de ça…” Et il se stoppait net dans sa phrase, se raclant la gorge.

Est-ce qu’il arriverait réellement à dire ce qu’il pouvait ressentir et ce qu’il craignait ? James allait peut-être devoir prendre ses couilles, comme on dit. C’était sûrement le seul moment où il pourrait le faire en toute une vie. “T’as fini par réussir à être plus proche que qui que ce soit dans mon entourage. Et ça ne me dérange même pas. Disons que je ne suis pas doué dans le relationnel et que ça me fout la trouille.” Il avait lâché le mot : la peur, chose qui faisait partie de lui, un sentiment qui ne le quittait plus et pourtant, il avait l’air d’être le genre de type à n’avoir peur de rien. “Je sais… J’ai jamais eu l’air aussi con que maintenant.” Il riait, mais c’était totalement nerveux.