Listen to your doctor or die † James Lindley

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@JamesLindley

14h34. Ce n’était que le début d’après-midi, pourtant, Charlie courait dans tous les sens depuis 6h00 ce matin. Mallette à la main, cigarette en bouche, il traversait le quartier de Southwest à toute allure depuis les aurores. Les mardis étaient des journées assez remplies pour le docteur. Patient après patient, il fournissait des ordonnances, il changeait des pansements et rafistoler deux ou trois je-veux-être boxeurs qui s’étaient abîmés la veille. La plupart du temps, il était à son cabinet, mais il offrait une journée de déplacement pour les plus âgés ou ceux qui se cachaient chez eux. Il en avait vu des choses après six longues années de pratique surtout avec les crows. Ces corbeaux ne s’embêtaient pas pour venir chez lui au milieu de la nuit pour se faire réparer un nez ou arrêter une hémorragie. Ça ne le dérangeait pas plus que ça. Son quotidien était, pour le moins, dynamique.

Après avoir vu sa dernière patiente, une vieille madame à qui il fallait expliquer que les médicaments du pilulier ne se prenaient pas tous en même temps, il se dirigeait plus proche de chez lui. Il allait rendre une petite visite à son client le plus régulier. Évidemment, il voyait ses patients âgés très souvent, mais lui c’était un autre monde. À croire qu’il aimait se faire réparer. Il passait plus de temps avec ce bougre qu’avec sa propre famille.

Ce mardi, c’était le jour du bilan. Quoique James n’en avait pas vraiment besoin, Charlie le voyait si régulièrement qu’il avait connaissance de sa santé sur le bout des doigts. Mais, il faisait bien son travail, donc il s’y rendait aujourd’hui. James avait cette habitude de pomper toute l’énergie de Charlie. Il n’écoutait rien. Il ne voulait rien entendre. Ça ne servait à rien de répéter les choses plusieurs fois, il n’en avait rien à faire.

Charlie s’était mis en tête qu’il ferait le bilan, lui dirait les nécessités et partirait. Mais, il savait qu’il ne ferait pas ça. Il avait trop d’empathie. Donc, il marchait, en prenant son temps parce que c’était James, vers la maison de cet idiot. Il lui avait envoyé un message plus tôt, mais il ne serait pas choqué s'il avait déjà oublié. Après quelques minutes de marche, il se tenait devant sa maison. Il prit une grande inspiration, il en avait besoin, et frappa plusieurs fois à la porte. Puis après, c’était l’attente. Toujours et encore.

« James, c’est ton ami le médecin. »

Parce qu’il valait mieux se faire comprendre dès le départ, il en rajouta un peu.

« James, ne m’oblige pas à défoncer ta porte. »

Il le ferait si nécessaire ou par plaisir.

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James n'en avait clairement rien à foutre des bilans de santé, des soins, et tout ce qui allait avec, pour preuve à chacune de ses blessures, il tentait de se soigner seul. Cela avait encore été le cas, quelques jours plus tôt, genre… Une bonne semaine. Enfin, techniquement, Riley avait fait du bon boulot, mais c’était Lindley qui avait merdé entre-temps et il n’avait même pas voulu se reposer pour éviter les possibles incidents. Résultat, l’une de ces blessures avait commencé à s’infecter et il sentait déjà qu’il risquait de devoir faire appelle au doc pour ce petit souci. Mais, quelle coïncidence, quand c’était Dick qui lui envoyait un message pour son… bilan de santé habituel. Eh bien, cela lui éviterait de devoir passer à son cabinet et se faire emmerder par l’attente. Car, saviez-vous que ça pouvait durer longtemps de patienter en salle d’attente parce qu’il y avait des gens qui devaient passer avant vous ? Un enfer ! Et James détestait ça.

Enfin, cela n’empêchait pas Lindley de boire, il ne faisait pas vraiment attention à ce genre de détail, bien qu’il avait conscience qu’il était un alcoolique notoire et… ne semblait pas décidé à arrêter ce genre de conneries. Même la coke avait fini dans ces habitudes alimentaires. Pourtant, il tenait bon le quarantenaire, il faisait du sport, tentait de se préserver en se tenant en forme. Mais bon… Qui sait ? Un jour peut-être… Il arrêterait ce genre de conneries. Ce n'était pas demain la veille, en tout cas. Le ténébreux encore endormi dans son canapé, avec le journal sur la tronche - il aimait bien les mots fléchés, ce bougre. Secret inavouable. -, il se mettait à grogner en entendant frapper à sa porte, ayant complètement oublier que le doc’ devait passer. Ha bah tiens. Un grognement significatif, le brun se redressait, non sans mal, c’est que ces blessures le tiraillaient encore, surtout celle sur son flanc, qui s’infectait. Il attrapait machinalement une bouteille de bière entamée pour la finir d’une traite. “Ouai, ouai. La ferme, putain.”

Lindley se dirigeait vers la porte d’entrée, pour l’ouvrir, ronchonnant, avant d’agir le plus normalement possible face à ce cher Docteur attitré de notre bon James. L’avant-bras appuyé sur l’encadrement de la porte, il esquissait un sourire en coin. “Dick. Ma petite tête de gland préféré. Tu sais, si tu défonces ma porte, on risque d’avoir un gros problème et je n'ai pas trop envie de te cogner, t’vois ?” Il ricanait, Lindley. Comme à chaque fois qu’il se trouvait amusant. Entre eux, c’était cool, James n’avait rien contre ce gars et il faisait surtout son boulot, même si cela le faisait littéralement chier quand Dick entrait en mode médecin. “Entre, fait comme chez toi.” Le brun s’écartait pour laisser Charlie entrée, avant de refermer la porte derrière lui et de tout simplement retourner s’affaler dans le canapé. Ne remarquant pas vraiment que sa blessure avait été réouverte et qu’une petite tache de sang se trouvait sur son t-shirt. Ça puait l’engueulade, comme un papa qui gueulait sur son petit garçon. Dans un sens… Il en avait l’habitude, non ? “Alors, tu veux quoi cette fois ? Une prise de sang ? Tu veux que j’pisse dans une bouteille ?”

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Est-ce qu’il appréciait James ? Entre deux vulgarités, il voyait ses qualités. Charlie le côtoyait depuis de nombreuses années principalement grâce aux crows et à cause du quotidien un peu trop violent de l’idiot. En tant que médecin attitré, il connaissait un peu trop la vie de James. Et son corps. Il ne jugeait pas les habitudes néfastes du bougre, après tout, la vie était une sacrée salope. Il ne faisait que lui procurer des conseils pour vivre le plus longtemps possible. Ce n’était pas gagné. Mais, il fallait bien qu’il mette sa blouse de médecin de temps à autre.

Il chassa ces idées de sa tête alors qu’il entendait le buffle s’énervait. Il roula ses yeux. Il était pourtant habitué au tempérament sec de James.
Dicky était droit devant la porte, une main dans sa poche, l’autre tenant sa valise, il patientait gentiment le temps que James réussisse à faire les six pas qui le séparait du canapé et de l’entrée. Un exercice qui devait potentiellement énerver l’idiot. Charlie avait pensé à tambouriner plusieurs fois à la porte pour mettre en colère le taureau, mais il s’était ravisé. Il devait être sérieux aujourd’hui.

Il leva les yeux vers James alors que ce dernier se trouvait face à lui. Charlie faisait quand même dix centimètres de moins et il était bien moins épais que monsieur-j'aime-râler. Il aurait pu être imposant vis-à-vis du docteur, pourtant, Dicky ne le ressentait pas comme ça. Il lui fit un grand sourire sournois.

« Jamie, mon alcoolo préféré. Ça serait fâcheux, tu sais, faudrait que tu trouves un autre médecin qui puisse supporter toutes tes conneries ! »

À défaut de trouver un surnom plus stupide que Dick, il l'appellerait Jamie. Il garda le même sourire sur son visage alors qu’il entrait dans la demeure. C’était un habitué des lieux, donc, il n’avait pas besoin de se faire prier pour faire comme chez lui. Il installa sa mallette sur une table et posa son manteau sur une des chaises. Alors qu'il retroussait ses manches, il suivait du regard James qui se rallongeait sur son canapé. Typique.
Les mains sur les hanches, il secoua la tête quand ses yeux se posèrent sur le tee-shirt ensanglanté. Le bougre n’avait probablement pas remarqué ou il cherchait à l’embêter. Les deux étaient plausibles.  

« Puisque tu as bu, on peut oublier la pisse dans le bocal. Je sais déjà quels seront tes résultats. Prise de sang et... ton préféré...la palpation. Tu vas devoir te déshabiller, mon grand. »

Il avait le droit d’être un peu méchant, il lui en faisait voir de toutes les couleurs le Jamie. Mais tout d’abord, il s’approcha de lui avec un air mécontent. Il se pointa devant James et se frotta les yeux de fatigue émotionnelle.

« Avant ça, tu retires ton tee-shirt et tu m’expliques ce que t’as encore foutu ! »

Heureusement qu’il avait pris son kit de couture.

« À chaque fois que je te vois, je perds deux années de ma vie ! »

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Le ténébreux observait le Doc du coin de l’œil, esquissant un sourire en coin. Décidément, à chaque fois qu’il débarquait celui-là, il finissait presque à poil. Non pas que cela dérangeait particulièrement Lindley, il était loin d’être le plus pudique de la ville. “Tu aimes beaucoup trop que je retire mon t-shirt, Doc.” Et le voilà qui rigolait, avant de voir le visage mécontent du médecin. Qu’est-ce qu’il avait soudainement ? Ho. Il posait les yeux sur son haut, avant de comprendre que sa blessure avait saigné à nouveau et cela risquait être problématique. James sentit déjà les leçons de morale lui arriver en pleine tronche, à son plus grand malheur, alors qu’il se redressait dans un soupir las. Forcément, James n’était pas le genre à montrer que ces blessures étaient douloureuses où le dérangeait, cela faisait bien une semaine qu’il continuait à vivre de cette façon.

Le quarantenaire rit un peu, sous les paroles de Dick, plutôt amusé, sur l’instant. “Décidément. À t’entendre tu risques de mourir jeune à ce rythme.” Dans le fond, ça ferait chier James que Charlie finisse par disparaitre, c’était bien le seul médecin qu’il acceptait chez lui où d’aller voir quand c’était nécessaire, alors qu’il avait clairement l’habitude de soigner ces bobos tout seul, comme un grand. Le brun retirait son t-shirt, qu’il balançait sur une chaise, un peu plus loin, roulant du regard, alors qu’il sentait bien que ça allait être un enfer de devoir entendre le Doc’ lui parler de son imprudence et de tout le bordel qui allait avec. Mais il faisait son boulot, James le savait, c’était l’attitude qu’il pouvait avoir qui dérangerait sûrement Charlie. Mais il avait l’habitude, non ?

“Ce n’est rien, Doc. Seulement une petite bagarre qui a mal tourné, il y a une semaine. Ma coloc’ a fait du bon boulot en me soignant. Le reste, c’est ma faute.” Autant dire que James n’avait pas envie que Charlie en tienne rigueur à Riley. Cette gamine avait fait de son mieux et sûrement un meilleur boulot que si James l’avait fait de ces propres mains. Le ténébreux posait les yeux sur le médecin, alors qu’il soupirait un peu, avant de croiser les bras derrière sa tête. C’était une habitude chez lui, d’avoir l’air aussi nonchalant face à une blessure. Peu importe la situation, il ne semblait pas avoir peur de la mort. D’une certaine façon, il se considérait déjà mort depuis plusieurs années, alors s’il finissait par l’être réellement, ce ne serait sûrement pas un drame. “Alors, Dick ? Ça donne quoi ? Cela va me faire une jolie cicatrice pour les gonzesses ?” Forcément, beaucoup de filles aimaient les gars avec des cicatrices et tatouées. Il en jouerait sans doute.

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Il serait mort avant la fin de l’année. C’était une certitude, surtout avec James. Charlie avait filtré avec la mort il y a quelques mois de ça, mais cet idiot serait bien celui qui l’enterrerait. Ce qui le fatiguait constamment, c’était le caractère têtu du buffle. Parfois, il se demandait s’il était incapable de passer un coup de fil. Il l’appelait, le docteur rappliquait, il se soignait, fin de l’histoire. Mais non ! Il fallait que les choses prennent du temps et voilà qu’il se retrouvait avec une blessure infectée et dégoulinante.

« Et tu ne te fais pas prier pour l’enlever, donc je suppose que t’aimes ça ! »

Il garda son air sérieux alors qu’il partait farfouiller dans sa mallette tout en marmonnant des paroles inaudibles. Probablement qu’il fulminait dans son coin. Il se demandait pourquoi il avait choisi cette voie professionnelle. Certainement pas pour passer sa vie à recoudre Lindley. Mais, il se rappela qu’il venait en aide aux gens et que ces derniers appréciaient ses services. Enfin, presque tous.

« Tu vérifieras qu’ils mettent James m’a fait chier jusqu’au bout sur ma pierre tombale. »

Il finit par retourner auprès de Lindley, compresses, désinfectant et fil pour suture à la main. Il examina, avec une mine déconfite, la plaie du bougre. Il ne pouvait s’empêcher de lancer des regards mauvais à son patient. Une blessure qui aurait pris quelques jours voire semaines à guérir allait prendre bien plus de temps que ça. Maintenant, il fallait appliquer un pansement et le changer régulièrement. Il ne comptait pas sur James pour en prendre soin lui-même, Dicky allait devoir passer plus de temps chez lui dans les prochains jours. Il serait ravi de l’apprendre. Il écouta les paroles de l’idiot tout en secouant sa tête. Une semaine. Ça faisait une semaine qu’il traînait cette merde. Incorrigible.

« Tu sais... il y a cette excellente invention qui s’appelle le téléphone. Tu prends le tien, tu cliques sur mon nom et tu attends que je réponde. En deux minutes, je suis devant ta porte. C’est aussi simple que de prendre une bière dans le frigo. »

Il souffla de mécontentement tout en appliquant le désinfectant sur la plaie. Il appréciait, toutefois, le travail assez méticuleux de la colocataire de James. Au moins, elle avait essayé de le soigner avec les moyens du bord. C’est sûr que ça ne valait pas les soins d’un vrai médecin, mais c’était déjà ça. Il prit le temps de bien nettoyer la blessure avant de commencer à recoudre le côté ouvert de celle-ci. Il ne se risquait pas à faire beaucoup de points au vu de l’état de la plaie. Il faudrait appliquer de la crème antibiotique et surveiller consciencieusement. Une galère. Il releva la tête vers le bougre visiblement amusé par la situation.

« Elles enlèvent déjà leurs vêtements rien qu’en te voyant, une cicatrice de plus ou de moins, ça ne fera pas la différence ! »

Il finit par mettre le pansement avant de se relever.

« C’est moche, mais ça va se soigner. T’évites les activités physiques pendant un moment. Et tu sais ce que je veux dire par là. »

Il se dirigea vers l’évier pour se laver les mains. Il prit le temps de reposer ses outils et produits. Il se rapprocha de James en esquissant un petit sourire.

« Allez, lève-toi et enlève-moi ce pantalon. Juste le pantalon. Je n’ai pas besoin de voir ce que je vois déjà trop souvent. »

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James était tout particulièrement amusé de voir Dick fulminé de cette façon. Il n’était vraiment pas content et dans un sens, cela se comprenait. Mais Lindley était une vraie tête de mule et n’était pas du genre à appeler un médecin au premier petit bobo qu’il se faisait. Il avait clairement pris l’habitude de se soigner seul et cette plaie infectée ne le serait pas s’il avait pris la peine d’écouter sa colocataire qui lui avait demandé à plusieurs reprises de rester à la maison, le temps que ça se soigner. Mais non, le brun avait fait ce qu’il voulait, comme à chaque fois et avait forcé à un point qu’il s’était mal soigné et qu’il se retrouvait dans une situation bien compliquer.

Le quarantenaire ne bronchait pas quand le Doc’ commençait les soins, il avait cette habitude et cette capacité à intérioser ces douleurs. Il serrait les dents comme personne, tout en posant les yeux sur le plafond, se contentant de laisser Dick faire son boulot, tout en l’écoutant d’une oreille. Il sentait qu’il allait recevoir quelques petites remontrances de sa part et dans un sens, il avait raison, Charlie. Il ne faisait que son travail, un boulot pour laquelle, même si James agissait comme un con, il avait énormément de respect pour celui-ci. Enfin, c’était surtout envers Charlie qu’il avait du respect. Les autres médecins, c’était une autre histoire. “Je sais, je sais. Arrête de faire la gueule, tu vas avoir plus de rides que moi à mon âge à ce rythme.”  Dans le fond, James l’aimait bien, cet idiot de Charlie. Et ça le faisait un peu chier qu’il se prenne autant la tête avec lui, pour ce genre de choses. “Franchement, je ne vois pas pourquoi tu te prends autant la tête avec ma personne, je vais foutrement bien.”

Après tout, même s’il était blessé et qu’il n’avait pas une hygiène de vie parfaite, le ténébreux s’entretenait quand même. James haussait un sourcil à cette information qui arrivait comme une massue en pleine tronche. Comment ça… Pas d’activité physique ? “Attend. Quoi ? Même pas un peu ? Et la muscu’ ? Je fais comment pour mes séances de boxe et de muscu ?” Parce qu’il y tenait ce bougre, à son sport. Il roulait des yeux, grognant pour une énième fois de la journée, alors qu’il se relevait tant bien que mal -parce que sa blessure faisait mal, autant dire qu’il le sentait passé- pour retirer son pantalon en toute tranquillité. Comme quoi, il n’avait aucun problème à se désaper depuis qui que ce soit. Il s’en foutait pas mal d’ailleurs de finir à poils. “Rassure-moi, tu ne vas pas me foutre un thermomètre dans le cul hein ? J’suis pas trop dans le délire.” S’il cachait le fait qu’il pouvait se taper des mecs, de temps en temps, autant dire que ouai, son cul, c’était son cul quoi. Rien n'y passait et il jugeait le médecin du regard, ronchonnant. C’était tellement mieux si le doc’ venait uniquement pour boire un coup, plutôt que de lui faire son contrôle de routine.

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Des rides, il en avait. Elles commençaient doucement à creuser le front du trentenaire. L’anxiété était en parti responsable de ce changement. Être membre des Crows n’était pas de tout repos. Être médecin non plus. James n'avait pas tort sur ce point, dans une dizaine d’année, Charlie serait plus ridé que lui. Il serait d’ailleurs sûrement mort d’un arrêt cardiaque. Il fumait quand même le jeune, il faisait rarement du sport et... bon sang, il gérait les conneries du gang. Il est vrai qu’il prêtait, probablement, trop attention à tous ceux qui l’entourait. James en faisait partie. Il l’aimait bien ce bougre. Il pouvait faire le dur autant qu’il le veuille, il pouvait continuer à forger sa carapace, à être désagréable et à mal se conduire, Dicky voyait clair en son jeu. Alors non, il n’était pas thérapeute ou psychologue, mais il arrivait à mettre à vif les personnalités de ses amis et proches. James n’était pas un méchant.

Par contre, il était aussi têtu qu’un buffle. Personne ne naissait sans défauts. James avait fait des erreurs. Charlie savait que, depuis là-haut, Dieu secouait sa tête face aux attitudes limites de l’idiot et que le Diable attendait sa venue les portes grandes ouvertes. L’heure de la rédemption était bien trop loin, pourtant, Dicky, ne voyait pas de fatalité. De toute façon, il accompagnerait son ami au purgatoire. Après tout, pourquoi pas ? Détroit brûlait, les crows aussi, la vie se consumait plus vite qu’une mèche de dynamite et les erreurs étaient rapidement faites. Il n'était pas parfait Charlie.

« Non, tu ne vas pas foutrement bien, James. Et si je me prends la tête avec toi, c’est parce que je n’ai pas envie d’assister à tes funérailles dans quelques années. »

Une mauvaise bagarre et ça pouvait être la fin. Comme ça, en un clin d’œil. Un coup de trop. Une blessure de trop. Un verre de trop. Une phrase de trop. À titiller le Diable, il finissait par répondre. Et souvent, il utilisait les grands moyens. Charlie avait trop apprécié la vie et on le lui avait rendu avec un accident de voiture mortel ou presque. Les dents serrées, le regard dans le vague, quelques mots vinrent s’arracher d’entre ses lèvres.

« Si je ne m’occupe pas de toi, je vois pas qui d’autre va le faire ! »

Et ça ne le dérangeait pas, le médecin, de se torturer l’esprit pour James. Bien qu’il fût insupportable par moment, surtout pour son sport à la con, il ne pouvait s’empêcher de l’assister. En parlant de sport, l’idiot allait-il vraiment lui faire une crise ? Charlie se frotta les tempes se préparant à mettre fin au caprice de son enfant.

« Quelques jours de repos. Je ne te demande pas d’aller décrocher la lune et de me la ramener. Juste de faire le moins d’activités possible. Tu veux que je revienne dans deux jours pour tout refaire ? »

Il n’y croyait pas. Lui et son sac de boxe, c’était une véritable histoire d’amour. Il n’avait qu’à lire un livre pour une fois.
Les mains sur les hanches, il suivait des yeux les mouvements de James qui retirait son pantalon. Encore une fois, il n’avait pas besoin de se faire prier. Souvent ses patients étaient réticents, mais le buffle, jamais. Est-ce qu’il aimait ça ? Le médecin prit un air faussement choqué, la main sur le cœur.

« Après toutes ses années, tous ces moments passés ensembles, tu deviens enfin pudique ? James Lindley, qui êtes vous ? »

Il se moqua un peu de l’idiot. Il eut dû mal à contenir un petit rire. Il était vrai que James était dans une position peu confortable. Presque nu comme un ver dans le salon. Il était dans une position d’infériorité, mais Charlie n’enlèverait pas sa chemise pour autant.

« Je vais juste palper tes mollets, tu peux respirer ! »

Le médecin arbora un léger sourire alors qu’il s’avançait vers James. Il laissa tomber le masque du docteur sérieux quelques instants alors qu’il commençait à masser les jambes du bougre.

« À part les bagarres occasionnelles, comment ça va ? Je veux dire le boulot et tout ! »

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Un soupir. Un simple soupir en guise de réponse pour le médecin. Il s’en faisait beaucoup trop pour James, c’était ce que le ténébreux pensait. Il y avait beaucoup trop d’inquiétude chez ce jeune homme, pour que Lindley n’en ai pas conscience. Et il savait, que même s’il lui disait de ne pas s’en faire, que tout allait bien, le Doc’ ne l’écouterait pas. Le brun roulait des yeux, haussant les épaules. Qu’il fasse ce qu’il voulait, James n’avait en aucun cas le droit de s’offusquer et en ce qui concernait le sport et bien… Peut-être qu’il ferait un petit effort. Qui sait ? James savait en faire, même si son comportement n’était pas celui qu’on pouvait espérer, il n’y avait qu’à observer les détails, les petites choses qui faisait qu’il essayait, au moins une fois, de se tenir. Tout était dans l’observation et l’analyse avec James, dans le fait de le connaître. C’est là, qu’on savait, quand il faisait des efforts, où quand il s’en foutait pas mal de ce qu’on lui disait.

Le ténébreux haussait un sourcil, aux paroles du médecin, avant d’esquisser un sourire en coin. Toujours dans la provocation, cette arrogance qui émanait de cet homme n’était même plus un secret. C’était sa façon d’être. “Je dirais être ton pire cauchemar, mais l’idée d’être ton plus beau rêve me plaît aussi.” Et le voilà qu’il ricanait, Lindley. Ce petit rire moqueur si significatif chez ce quarantenaire. Il ne se faisait pas prier pour faire chier son monde, surtout quand il avait la possibilité de se lâcher un peu, seulement en présence des personnes qu’il appréciait.

Il laissait Dick faire ce qu’il voulait, autant dire que même si le brun était contre tous ces examens et que ça le faisait chier, qu’il avait beau grogner à chaque fois. Cela ne l’empêchait pas de laisser Charlie faire son boulot. Le quarantenaire baissait les yeux sur le médecin, face à sa question, haussant les épaules, alors qu’il n’avait rien de bien nouveau à raconter, il vivait au jour le jour, comme ces dix dernières années, dès l’instant où il était sortie de prison. “Ça va la routine. Je profite de ma liberté. Le boulot n'est pas bien compliqué, être videur sa paye les factures.” Et malgré tout, il se plaisait dans ce boulot, autant parce qu’il avait la possibilité de se rincer l’œil sur les jeunes demoiselles et les jeunes hommes, que par le fait qu’on ne pouvait rien lui dire quand il faisait preuve de force pour sortir un déséquilibré alcoolisé. Et bosser avec les Crows, ça donnait l’occasion d’avoir un petit plus. Il aimait ça, vivre dangereusement, parce qu’il se sentait vivant à chaque bagarre, chaque épreuve.

“Ho, si. Il y a un nouveau truc. J’ai une coloc’. Ça change de ma solitude habituelle, ça devrait te faire plaisir.” Et pas qu’un peu. Riley était une jeune femme magnifique, en plus d’avoir un petit truc en plus, qui faisait qu’il arrivait un minimum à se montrer plus sympathique qu’on pouvait le croire. Comme quoi, la vie réservait certaines surprises.

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L’empathie, ça le connaissait bien. Après tout, on ne devenait pas médecin sans se soucier un minimum de son prochain. Année après année, il poursuivait cette voie. Il soignait, protégeait et compatissait avec ses patients. C’était un sensible. Cette idéologie, ce mode de vie, cette personnalité, ça finirait par le consumait éventuellement. Il ne savait pas regarder ailleurs, ses yeux étaient constamment attirés par l’injustice et les autres. Il se devait d’agir peu importe les conséquences. Mais rare étaient ceux qui profitait de lui. Il savait poser les limites et se faire respecter. C’était un corbeau, bon sang. Certes, ses mains baignaient rarement dans le sang. Du moins, pas dans le sang de ses victimes. Il laissait ce genre de choses à James.

Il rêvait ou l’idiot filtrait avec lui ? Ce n’est pas comme s’il n’avait pas l’habitude de ces réflexions. Il esquissa tout de même un sourire parce que ça ne le dérangeait pas. Faire partie des Crows, c’était abandonner l’idée d’une relation potentielle avec les hommes. Très peu pour Charlie. Il n’avait jamais suivi cette règle. Devoir se cacher était un aspect qui le gênait particulièrement, toutefois. Mais il devrait faire avec.

Dicky continuait à faire son petit examen. Rien que la routine puisque rien ne changeait vraiment avec le buffle. Au moins, il réussissait à le faire parler un peu. Il appréciait avoir des discussions avec James. Il était ronchon, mais sympathique. De plus, la vie n’avait pas été facile pour l’idiot, donc il n’en tenait pas rigueur.

« Si un jour, je viens où tu bosses, t’as intérêt à me laisser entrer ! »

Charlie ne sortait pas trop. Pas ces derniers temps du moins. Il réapprendrait à profiter de la vie pleinement. Pas pour le moment. Bientôt. Il continuait son travail en remontant au niveau des épaules de James. Étonné et surpris. Voilà ce qu’il ressentait quand le bougre lui annonça qu’il avait une colocataire. Féminine en plus.

« T’as intérêt à être sympathique avec elle. Je me demande comment elle fait pour vivre avec ton caractère à la con ! C’est une sainte. Mais... c’est une bonne chose. »

Ce n’était pas plus mal pour lui. Ça lui permettait finalement de voir la vie autrement qu’en noir. Ça lui ferait un bien fou de vivre avec cette femme.
Charlie finit son examen par masser la nuque et le cou du buffle. Tout en tenant sa tête, son visage à quelques centimètres de celui de l'idiot, il s’arrêta un instant, un grand sourire aux lèvres, un regard sournois.

"Est-ce finalement le jour où tu vas m’embrasser, James Lindley ? – il rit en lui donnant une tape sur l’épaule – Allez, rhabille-toi, va !»

Quoi ? Il fallait bien que James goûte à son propre médicament. Le médecin allait terminer son petit contrôle avec la prise de sang. Rapide et avec de la chance, Lindley ne tournerait pas de l’œil. Il avait vécu pire, il ne s’en faisait pas pour lui. Il farfouilla à nouveau dans sa mallette pour prendre le nécessaire. Il prit une chaise afin de s’asseoir aux côtés du bougre.

« À part ta colocataire, personne d’autre dans ta vie ? Tu ne cherches pas à te caser avec quelqu’un ? »

Une question comme une autre, il était curieux le Charlie.

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“Je ne te promets rien, ça dépendra de mon humeur.” Voilà ce que Lindley répondit au médecin, quand il mentionnait le fait que s’il débarquait à la boite où il bossait, James allait devoir le faire rentrer. C’était une évidence que Dick rentrerait, mais James préférait l’embêter un peu, parce qu’il était ce genre d’enfoiré. Un sourire se dessinait sur ces lèvres, un air amusé sur le faciès, alors qu’il observait le Doc faire son boulot. Il ne répondit pas lorsqu’il parlait de Riley, que c’était une bonne chose qu’elle soit présente. Le ténébreux ne pouvait réellement dire quoi que ce soit à ce propos, tout simplement parce qu’à l’heure actuelle, il avait beau vouloir qu’elle se sente bien chez lui, cette femelle avait le don de l’énerver et le frustrer également.

Pourtant, lorsqu’il avait été blessé, Riley avait été présente et encore, le jour d’après, elle semblait s’en faire pour lui. James se savait compliqué, que beaucoup ne savaient pas réellement sur quel pied danser avec lui et dans un sens, il ne trouvait pas ça si mal, dans le fond. Au moins on ne venait pas le faire chier. Mais certaines personnes tentaient de le pousser dans ces retranchements et Riley en faisait partie. Et il avait toujours un peu de mal à savoir comment il était censé réagir, tout simplement parce qu’il n’avait plus l’habitude de ce genre de choses. Les pupilles bleus du ténébreux se posait sur le visage de Dick, plissant un peu le regard, face à ces paroles. Si embrasser un homme ne le dérangeait pas, le quarantenaire se montrait particulièrement prudent, parce qu’il savait que chez les Crow ce genre de choses étaient interdites et concernant le Doc, il ne savait rien de sa vie sexuelle. “Fait attention, Dick. Ce genre de choses peuvent t’amener de graves ennuis avec un Crow.”

Il se devait de jouer un rôle dans ce genre de moment. James n’avait pas le choix, parce que c’était une règle. Peu importe l’attirance qu’on pouvait avoir pour un homme, qu’il soit un Crow où non, Lindley n’avait pas le choix, pas avant d’être certain que la personne ne prendrait pas le risque de commettre une erreur. Il s’agissait là de leur propre survie. Il roulait des yeux, avant de s’installer de nouveau, sachant parfaitement que ce serait l’heure de la fameuse prise de sang, que James ne semblait pas craindre plus que ça. Le sang ne lui faisait pas peur, ni les blessures, la mort, il la côtoyait chaque jour, alors forcément, il était loin d’être quelqu’un d’impressionnable avec ce genre de choses. Le ténébreux haussait un sourcil aux paroles de Charlie, affichant une tête surprise face à la demande. C’était quoi ça ?

“Pourquoi je voudrais me coltiner qu’une femme quand j’peux avoir celles que je veux dans mon lit chaque jour de l’année ?” James roulait des yeux, c’était assez déroutant ce genre de question, surtout quand lui-même avait conscience de toutes les interdictions qu’il se mettait. “J’ai pas besoin d’une copine où autre connerie de ce genre dans ma vie, je m’en sors parfaitement comme ça.” Et il n’avait aucune envie de ressentir de l’amour, de s’attacher à ce point à quelqu’un. C’était beaucoup trop risqué, surtout quand on savait qu’il avait un côté de lui, qu’il détestait tant, et pourtant, dans ces bagarres, le monstre était présent. Et cette peur qu’il avait de faire du mal à ces proches ne le quittait pas, cette sensation qu’on le bouffait de l’intérieur, comme l’ombre de son père, toujours présent, que son sang qui coulait dans ces veines n’était que la copie parfaite du monstre qu’avait été son père et qu’il avait tué de ces propres mains.

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Lindley pouvait continuer à faire le dur tant qu’il voulait, construire son bouclier, le renforcer, y mettre des murs, Charlie ne croyait pas tellement à cet acte. Il savait qu’il se préservait d’une manière ou d’une autre. Pourtant, le médecin était convaincu qu’une colocataire ferait le plus grand bien à James. Il avait d’ailleurs très envie de la rencontrer cette demoiselle. Sûrement qu’il pourrait lui donner deux ou trois conseils sur comment dompter la bête. Chose qui n’était pas gagnée. Après tant d’années, l'idiot gardait quand même en lui cette méfiance. Comment lui en vouloir ? Les gens avaient tendance à vous piéger. Toutefois, il n’avait pas tort sur un point, les Crows. Charlie, il avait grandi avec eux, tout appris avec ces corbeaux, prier et manger avec eux, pourtant, même dans cette famille si soudée, il fallait rester prévenant.

Après vingt années et grâce à son métier, il savait de qui se méfier. Une parole de trop et on se retrouvait allongé dans son propre sang. Une brève exagération pour une finalité qui serait tout de même similaire. Il y avait pire que la mort. Perdre une famille, c’était pire que tout. Il les aimait ces corneilles. Peut-être pas tous, mais la plupart. Il ne voulait pas les décevoir ou les tromper. Souvent, le destin ne choisissait pas la voie la plus simple. Clairement, sa vie n’était pas simple. Mentir jour après jour, garder ses secrets enfouis, ça faisait bouillir son sang.

James avait raison de le mettre en garde, mais, après tout, il n’appréciait plus mener ce quotidien. Il gardait la face, jouer le rôle qu’on attendait de lui, mais il était à bout, au bord d’un précipice.
Il arqua un sourcil, assis sur sa chaise, aiguille en main.

« J’ai déjà des ennuis, James. Puis, tu sais, ce n’est pas parce qu’on est des Crows qu’on doit abandonner notre humour ! La liberté d’expression, c’est encore légal. »

Quoique que certains étaient morts pour moins que ça. Il avait déjà des problèmes de toute façon. On avait essayé de le tuer il y a peu, sans savoir qui ni pourquoi, il était dans le viseur de quelqu’un. Les Crows, la Gorgo, il ne savait pas.
Dicky attrapa le bras de James avant de positionner l’aiguille dans sa veine. Il écoutait le brun, clairement ennuyé par la question du médecin. Mais, Charlie prenait un malin plaisir à voir son ami divaguer sur le sujet d’une potentielle relation. Après tout, c’était une question...normale. Apparemment, pas pour Lindley.

« Rappelle-moi de ne plus te poser des questions sur les femmes, je ne m’attendais pas à me diriger, tête la première, dans un mur. Mais, c’est bon à savoir. »

Charlie esquissa un sourire. Sur ce point, les deux hommes divergeaient clairement. Le médecin n’était vraiment pas un adepte des coups d’un soir. Il préférait la connexion émotionnelle avec la personne, partager son quotidien et ses envies.
Il retira l’aiguille avant de placer les fioles dans un contenant.
Il resta figer quelques instants, repensant à leur conversation.

« Tu sais que tu peux me faire confiance, Lindley ? Je comprends que notre position n’est pas simple, mais, ça n’empêche pas le fait que tu peux compter sur moi, si jamais ! Pas besoin d’avoir de carapace avec moi... »

S’il y a bien une chose que Charlie prônait par-dessus tout, c’était la loyauté et l’amitié. Peu importe les hauts et les bas.

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ft. @Charlie Dacre

Des ennuis ? En avait-il tant que ça ? James avait beau avoir l’air du gars qui se foutait de tout ce qui l’entourait, il était loin d’être une si mauvaise personne. Beaucoup savaient qui il était réellement. La personne qu’il était dans le fond et s’il faisait tout son possible pour éviter qu’on le découvre, le brun devait bien finir par avouer que par moment, c’était un échec total. Et il voyait déjà ces différences avec Riley, où leur lien se formait petit à petit, mais d’une façon positive, cette folle, il l’appréciait malgré tout. Un soupir s’échappait des lèvres du ténébreux, alors que le Doc en venait à lui faire une prise de sang, sans que James bronche sur quoi que ce soit. Après tout, ce n’était pas une foutue aiguille qui allait lui faire mal. Il arrivait à supporter un certain taux de douleur depuis bien trop longtemps maintenant, alors forcément, ce n’était pas ce genre de petites choses qui allait le faire pleurer.

Les pupilles de James se posaient sur le médecin quand il en venait à lui dire que s’il avait besoin, il serait là et forcément, Lindley agissait comme à son habitude, en n’ayant pas l’air particulièrement toucher par ce genre de paroles. Mais il savait très bien sûr qui il pouvait compter dans sa vie, et sur qui il ferait mieux d’éviter de demander de l’aide. Mais le brun était une véritable tête de mule, il avait tendance à vouloir s’en sortir tout seul, autant à cause de ces propres peurs que le fait d’avoir l’air faible devant son entourage. Il n’avait pas le droit de l’être et c’était ainsi depuis son plus jeune âge, quand il avait commencé à comprendre qu’il devait être plus fort pour pouvoir protéger les siens. Mais la mort de sa mère l’avait poussé à croire que le fait d’avoir personne autour de lui était la meilleure chose à faire et pourtant : il était loin d’être seul.

James ricaner légèrement, avant d’esquisser un sourire en coin. “Je le sais. Ce n’est pas parce que je ne parle pas, que je n’ai pas conscience de certaines choses.” James n’avait jamais été un grand bavard sur ce qui le tracassait, son entourage avait appris à reconnaître ces actions et ces attitudes quand il était en proie à ces démons. Mais les instants les plus terribles chez Lindley c’était quand il était en pleine bagarre où quand il torturait un gars : l’excitation terrible d’un moment horrifique. Si on peut le dire ainsi. Il se cachait bien de dire ce genre de choses, où de devoir le montrer aux autres. Non pas parce qu’il en avait honte. Mais disons qu’il savait très bien qu’ils craindraient sa présence part la suite. “Dis-moi, Dick, de quels ennuis tu parlais plus tôt ? Y a-t-il des types qui te cherchent des emmerdes ?” Est-ce que James avait le droit de s’en mêler où de s’informer ? Disons, qu’il estimait qu’il en avait le droit, que le Doc’ était un membre de la famille des Crows et qu’il refusait que ceux étant plus proche de lui finissent dans les emmerdes.

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Bras croisés, le dos collé au dossier de la chaise, le regard porté vers le ciel, il abandonnait son côté sérieux pour un instant. Lui, qui se tenait si droit en temps normal, adopta une position plus confortable et moins rigide. James n’était pas comme le reste de ces patients, il pouvait s’accorder un temps de répit. Quelque part, les deux hommes, ces deux corbeaux, étaient bien plus similaires que ce qu’on pouvait penser. Secrets. Passé sombre. Difficulté à s’ouvrir. Charlie avait une rage bien dissimulée. Nocive. Destructrice. Elle remplissait progressivement et allègrement son cœur noirci. Cachée au sein de cette bonté maladive, elle frappait aux portes de ses pensées les plus obscures. Il n’en parlait pas. À personne. Il ne voulait pas être comme cela. Il la repoussait. Il aidait donc les autres. Il s’automutilait en aspirant la douleur de ses patients, amis et famille.

Mais comment aider les autres quand on est brisé ? Il ne pourrait répondre à la question. Le sourire toujours aux lèvres n’était que l’articulation d’une âme pourrie qui l’usait à la manière d’une marionnette. James ne parlait pas beaucoup. Un être extérieur pourrait dire qu’il s’en foutait complètement. Ce n’était pas le cas. Dicky le savait. Mais, il avait quand même envie de le dire à haute voix. Montrer à cet idiot que le médecin serait là pour lui. Pour ce qui est de sa propre personne, il en avait que faire de ce qui pouvait lui arriver. Charlie n’avait pas peur. Pas peur de la mort, des autres, des ombres du passé, celle du présent et potentiellement celle du futur. Toutefois, la colère était bien présente.

Il finit par redresser la tête pour poser son regard sur James. Le sourire réapparu sur le coin de ses lèvres.

« C’est parce que tu ne parles pas que je te le dis. »

Il savait de quoi James était capable. Animé par cette rage, plusieurs auraient pu le craindre, le fuir, mais pas Dicky. Les actes valaient plus que les mots. Qu’ils soient bon ou mauvais, le médecin savait faire la part des choses. Puis, il n’y croyait pas à ces conneries de bon et de mauvais. C’était bien plus complexe que ça. C’est pour cela qu’il ne jugeait jamais. Il mentait par contre. Et il mentait bien. Obligé. Coincé. Acculé. Mais Dieu sait qu’il ne repentirait pas. Bien calé dans sa chaise, jouant avec sa bague au doigt, il continuait de fixer le bougre.

« Je ne sais pas.... Depuis mon accident de voiture, j’imagine que je suis devenu parano. En même temps, qui ne le serait pas ? »

Rue vide, deux Crows, Midtown, accident mortel, enterrement. Il y avait de quoi se poser des questions. Questions qui lui taraudaient l’esprit. Questions qui seraient bientôt posées à cette corneille, Elijah Haynes. En attendant, il était méfiant. Il prit une grande inspiration laissant ses poumons se remplir d’oxygène. Oxygène qui lui manquait terriblement.

« Mais ne te torture pas l’esprit. Je ne suis pas venue faire les victimes auprès de ce vieux James Lindley. Je voulais m’assurer que tu vives encore longtemps ! »

Il se refusait de passer son fardeau aux autres.

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On n'avait pas forcément besoin de dire les choses, à James, il savait. Il n’était pas le plus doué pour exprimer ces sentiments, disons même qu’il avait fini par cesser de le faire, parce qu’il cherchait désespérément à éloigner les autres de lui. À quel prix ? La solitude. Et pourtant, bien qu’il soit devenu un solitaire, Lindley avait quand même un entourage, des personnes importantes, qui était derrière lui, mais qu’il gardait à une certaine distance de sécurité, pour eux. Pour lui. Mais surtout pour eux. Parce qu’il avait toujours été le genre à penser aux autres, avant lui, et ces personnes si importantes à ces yeux, il était prêt à crever pour eux. Il était prêt à vendre son âme au diable pour leur sécurité. N’était-ce pas déjà le cas ? Le ténébreux posait les yeux un instant sur Charlie, il savait que s’il avait besoin de quelqu’un à qui parler, il viendrait sans aucune hésitation et cette nouvelle affirmation, fit esquisser un mince sourire aux coins des lèvres de James, qui se contentait de garder le silence.

La mention de l’accident fit haussé un sourcil au quarantenaire, avant qu’il finisse par soupirer lourdement. Il s’en était fallu de peu pour que le Doc’ finisse par y laisser sa peau et s’il ne le disait pas : James était rassuré qu’il était en un seul morceau. “Il n’y a rien de mal à être parano sur certaines choses, encore moins quand on a failli crever. Même si ça a provoqué la perte d’autres âmes.” Cela pouvait avoir l’air un peu égoïste, de la part de James. Mais les vies sont importantes, les autres en tout cas, son propre entourage. À l’heure actuelle, Lindley ne portait pas une grande importance à sa propre vie et cela pourrait lui attirer des ennuis, un jour. Peut-être. Mais est-ce qu’on pouvait réellement lui en vouloir ? Pas vraiment. Il avait beaucoup trop de noirceur en lui, pour qu’on lui en veuille, et il se considérait pas réellement humain quand il se rend compte de l’attitude qu’il pouvait avoir envers ces ennemis. Il ricanait, le ténébreux, aux paroles du Doc, l’observant du coin de l’œil. “Et tu me demandes ça quand toi-même, tu tortures à savoir si j’vais rentré en un seul morceau, Dick ? Sérieusement.”

James semblait bien plus amusé que de prendre la chose réellement au sérieux. Parce que c’était bien son genre d’agir de cette façon, pour… minimiser sa propre situation. Cela pouvait être assez déroutant, voir frustrant pour ces proches, que de savoir qu’il agissait de cette façon où qu’il avait tendance à prendre trop de risques pour les autres. Le brun roulait des yeux, un air ronchon sur le faciès. “T’as fini de me voler du sang ? J’aimerais éviter que tu te prennes pour un Vampire de mes deux. ” Le quarantenaire posait les yeux sur les fioles, qui étaient en train de lui sucer le sang, niant de la tête en grognant un peu, avant que ces pupilles se posent sur le Doc, plissant le regard. “Hey, Dick. Il y a rien de mauvais à se confier à un pote. Je suis peut-être fou, mais pas complètement idiot non plus.”

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Regard perçant. Pupilles bleues azures. Yeux rivés sur ses fioles rouge sang. Il contemplait le liquide qui remplissait peu à peu ces contenants de plastique. La corneille était bien trop habituée à la vision de ce fluide. C’était plus fort que lui, ça lui rappeler sans cesse cette soirée-là. Maudite. Dans tous les cas, il ne pouvait pas se plaindre, il s’était soigné rapidement. Il avait pu reprendre le cours de sa vie. Ses patients lui avaient manqué, le repas du dimanche avec ces corbeaux également, son chez-lui encore plus. S’il y avait bien une chose qu’il appréciait, c’était de pouvoir reprendre son activité professionnelle. Il en oubliait presque la tristesse qui enveloppait son cœur. Il avait déjà perdu quelqu’un d’important, il ne voulait en aucun cas que cela arrive à un autre de ses êtres chers. Et s’il était assez rigide avec James, c’était pour une bonne raison.

D’un autre côté, il se serait bien passé de la paranoïa et en même temps, il avait longtemps abandonné la sérénité de son esprit. Quand on rejoignait ces corneilles à treize-ans, on passait sa vie à regarder au-dessus de son épaule. Constamment. Tous les jours. Année après année. Et clairement, il n’avait ni la stature ni le tempérament de cet idiot de Lindley. Il n’était pas violent, il prenait plus les coups qu’il ne les donner et il atteignait à peine le mètres 75. Mais c’était un médecin doué. Vraiment doué. Ça lui assurait une immunité quelque part ou du moins c’est ce qu’il croyait encore il y a deux mois.

« J’aimerais que les gens n’aient pas à mourir... assez compliqué quand on est médecin, qui plus est, médecin des Crows. »

Un léger sourire d’ironie se dessina à la commissure de ses lèvres. Il avait assez mal choisi sa voie. Il faudrait faire avec. Pas d’échappatoire. Il était destiné à rester ici, à faire ce qu’il faisait le mieux, c’est-à-dire : soigner et sauver.

« Il y a une différence entre toi et moi James, tu cherches les ennuis et tu t’attires bien plus d’ennemis ! Donc, je pense que j’ai le droit de m’inquiéter pour ta santé et ta vie. »

Et Charlie ne pourrait jamais égaler James sur ce point. Clairement, il n’avait pas envie. Le bougre ne faisait rien pour mener une vie tranquille et le médecin, et il le jurait, finirait par avoir une crise cardiaque avec toutes les conneries de ce cher James. Il mettait sa propre vie en danger. Trop souvent. Souvent violemment. Et Dicky détestait ça.
L’archiatre observait le liquide qui finissait de remplir les fioles. Et encore une fois, James démontrait qu’il était doté d’une grande patience. Charlie fit une petite moue désapprobatrice.

« Tu vois, ton sang, il me permettra de voir si tu peux encore te prendre un coup dans la tête ou alors si c’est la commotion assurée et direction la morgue. »

Il exagérait... ou pas. Il souffla alors qu’il plaçait les tubes dans un contenant. Il retira délicatement l’aiguille avant de positionner un pansement sur la plaie légère. Une fois le sang en sécurité dans sa pochette, il posa ses yeux sur l’idiot. Deux vrais sentimentaux.

« T’es pas fou James, ne dis pas ça ! On se connaît quand même maintenant... Je te connais bien. Et marque mes mots, ton personnage de gars renfermé et violent, je n’y crois pas. T’es un tendre, je le sais. Colérique et impulsif, mais tendre. »

Les coudes sur les genoux, le médecin continuait de soutenir le regard de Lindley. Il ne savait pas quel serait l’effet de ces quelques mots. Il en avait vécu des choses ce corbeau, mais Charlie savait qu’il fallait creuser pour découvrir la réelle personnalité de quelqu’un. James pouvait se battre comme un malade, toutefois, il avait prouvé à la jeune corneille qu’il serait là pour lui et pour les autres. C'est ce qui comptait.

« Je sais que je peux te parler. C’est juste que je veux impliquer le moins de personnes possibles ! »

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