La face cachée de la lune

Je trouve que Wesley est drôlement à l'aise, à croire qu'il fait souvent ce genre d'immersion. C'est probablement le cas, mais je le soupçonne aussi de participer à ce genre de soirée pour autre chose que pour améliorer sa situation professionnelle ! Quoi qu'il en soit, je dois admettre que je compte sur lui pour nous tirer de ce mauvais pas, parce qu'il est évident que je n'ai pas l'intention de donner suite à ce qu'on vient d'engager avec cette fille... sauf que Wesley semble avoir oublié la véritable raison de notre échange avec cette fille, et j'imagine que ce qu'il tient entre ses doigts y est pour beaucoup ! Je l'observe en silence, me demandant si j'ai été bien inspiré de lui offrir mon aide, mais je suis vite rappelé à l'ordre par la fille qui a l'air bien partie pour s'amuser. Je grimace légèrement avant d'inventer une excuse bidon – mon amour pour la franchise en prend un coup.

« Je suis phobique des piqûres, et ce serait dommage de gâcher la marchandise. »

Mon regard se glisse jusqu'à Wesley qui esquive joliment la proposition, mais ça nous met quand même dans une situation compliquée ! Comme la fille me fixe en attendant ma réponse, je ne peux pas faire les gros yeux à mon comparse histoire de lui faire comprendre que je n'ai absolument pas l'intention de vérifier si elle a bel et bien des piercings cachés, alors je me contente d'une réponse nébuleuse.

« Hum, ça devrait aller, ouais. »

La fille glousse une nouvelle fois et se tourne vers Wesley comme si elle avait d'ores et déjà compris que c'est lui le plus ouvert d'esprit, j'en profite donc pour lui décrocher un regard suffisamment expressif pour qu'il comprenne le message : on doit trouver un revendeur, pas une consommatrice ! Mon regard se détourne du duo, glissant sur les individus qui se baladent autour de nous. Nous passons parfaitement inaperçu et personne ne semble s'intéresser à nous, ce qui est plutôt une bonne chose admettons-le. Mais ça ne nous arrange pas vraiment. Enfin, moi, parce que Wesley a l'air de s'amuser comme un petit fou. Lorsque mes prunelles se posent sur le couple enlacé, je peux constater que la jeune femme a l'air aussi motivée que son chevalier servant puisqu'elle commence à le palper un peu partout comme pour tester la marchandise. Je m'éclaircis légèrement la gorge avant de reprendre d'un ton un peu flottant, comme si j'avais trop bu – ce qui n'est clairement pas le cas.

« C'est original ta couleur de langue, c'est la nouvelle mode, ou t'as embrassé une licorne avant de venir ? »

Elle glousse bêtement, et je commence à me demander comment on peut espérer tirer quelque chose de crédible de sa bouche. Je ne sais pas si elle a très envie de parler à cet instant précis, parce qu'elle glousse une deuxième fois avant de glisser ses bras autour du cou de Wesley et de s'y laisser pendre.

« Vous parlez toujours autant ? »

Je cherche à croiser le regard de Wesley afin de lui faire passer un message : à lui de creuser la question puisqu'elle semble l'avoir à la bonne ! Sinon, on gagnerait probablement à la planter ici pour aller trouver ses revendeurs. Si une fille comme elle a réussi à les trouver, on devrait y parvenir aussi, non ?

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La famille est un archipel

Une foi qui ne doute pas est une foi morte

Ça devrait aller ? Ça devrait aller ?! Est-ce qu’il a tellement l’habitude de tomber la moindre fille qu’il se permet de faire le difficile ou est-ce que ce n’est vraiment pas son truc ? Wesley ne sait plus comment se comporter ni quelle décision prendre pour la suite. Au moins, il coucherait avec une femme, aucun rital n’y trouverait quoi que ce soit à y redire et avec un peu de chance, il en apprendrait plus sur cette drogue dont il se foutait en réalité complètement. Mais bon, si au passage il parvenait à pondre un article, il ne cracherait pas dessus. Peut-être que Lara le gratifierait d’un sourire ? Ouais… faut pas rêver.

— Tu sais ce que c’est, les italiens. Tout dans la tchatche !

Il essaie de rattraper le coup et se demande si cette fille accompagnée par sa libido démesurée ne pourrait pas être son ticket pour esquiver Milo. Wes n’a rien contre lui mais il semble tellement décidé à lui prêter main forte pour son article ! En même temps, c’est de sa faute, il n’avait qu’à inventer un mensonge un peu moins intéressant… Ou faire l’effort de le raccompagner quelque part ? Il lui restait l’option d’appeler Esteban pour le dépanner, ce bon vieux Esteban… et si tu bossais, un peu ? Et si tu te démerdais tout seul ?

— Du coup t’es motivé, toi ?

Ah ça oui, son érection en témoignait pour lui. Sauf que… pas Milo et abandonner un pote, même un pote récent, qui en plus se pliait en quatre pour essayer de l’aider, ça transformerait Wes en salaud et… Wes n’avait rien d’un enfoiré ingrat. Il soupire.

— Na désolé, pas sans mon pote, tu comprends, on fait tout ensemble.

Elle roule des yeux, le repousse avec dédain et les plante là tous les deux. La tension entre ses jambes crie à l’agonie. Il soupire, se tourne vers Milo en se recomposant un sourire éclatant, comme si ce n’était pas bien grave tout ça.

— T’aurais quand même pu faire un effort, la pauvre ! T’es pas censé être charitable ou un truc comme ça ? Bon, je le sens pas ce soir, sixième sens du journaliste. On s’arrache ?

Parce que t’avais un moyen de rentrer depuis le départ et tu lui as pas dit ? Idée grandiose, Wes, il ne va pas du tout t’en vouloir.
Bon, trop tard, il avait parlé puis il redescendait de sa montée euphorique et se sentait hors de l’ambiance. Y’avait rien de pire.

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Je ne comprends plus trop ce qui se passe ici. Wesley a vraiment l'air d'hésiter à passer un bon moment avec cette fille, et je m'interroge bêtement sur ses motivations réelles à boucler cet article. Bon, il a parfaitement le droit de vouloir s'amuser un peu, surtout que cette nana n'est pas repoussante, mais j'admets que ça me surprend tout de même. J'attends donc en silence de voir ce qu'il va décider, et je dois m'avouer un peu soulagé de constater qu'il décline l'offre sous-entendue par la nana. Lorsque cette dernière nous plante pour s'en aller, je la suis du regard afin de m'assurer qu'elle ne va pas nous faire un sale coup – comme en nous balançant à des potes qu'on aurait raté – mais ça n'a pas l'air d'être le cas, alors je tourne la tête du côté de Wesley. Il a l'air un peu déçu par la tournure des événements, et je finis par hausser les épaules quand il me reproche à demi-mot de ne pas avoir joué le jeu.

« Bien sûr que je suis charitable, mais tu aurais préféré que je me débine quand elle serait totalement nue ? Au moins elle est fixée avant de perdre son temps. »

Il a l'air de bien connaître les préceptes de ma religion, alors il ne doit pas ignorer que la chasteté en fait normalement partie. Je dis « normalement » parce que le sexe est proscrit en dehors du mariage, donc autant dire que je ne suis pas vraiment dans les clous vu que je n'ai jamais été marié. Mais ce n'est pas le plus important à cet instant précis ! Je relève seulement qu'il m'a parlé de s'arracher.

« Mais attends..., je fronce les sourcils un peu étonné, tu veux dire que t'as un moyen de transport ? Ou tu veux qu'on rentre à pied ? »

C'est un peu loin de la civilisation, mais je n'ai pas beaucoup bu et je reste en assez bonne forme physique pour être capable de parcourir une telle distance. Wesley, par contre... que ce soit à cause de sa déception ou de ce qu'il a bu avant notre rencontre, je n'en suis pas convaincu ! Mais bon, je préfère encore rentrer que de prendre une nouvelle fois le risque d'aborder une fille qui en attend trop.

« Bah, laisse tomber. On s'arrache si tu sais comment s'y prendre. »

J'ai abandonné l'idée d'attendre le retour de mon « ami » et je préfère suivre Wesley s'il est décidé à quitter la fête. Je dois avouer que ça m'étonne un peu, je m'attends à ce qu'il préfère profiter de l'occasion pour boucler son article, ou au moins pour s'amuser un peu s'il ne le sent pas comme il dit. Mais c'est son choix, il est majeur et vacciné après tout ! Un peu gêné par la perspective de lui avoir ruiné sa soirée, je décide tout de même de m'excuser.

« Euh, je suis désolé si ça t'a ruiné ta soirée que je la rembarre. Tu n'étais pas obligé de refuser ses avances tu sais, je peux me débrouiller tout seul si t'as envie de profiter de ta soirée. Je hausse les épaules. Ne crois pas que...., je suis interrompu dans ma phrase par une voix masculine derrière moi.
— Wes ! »

Je fais volte-face pour me retrouver nez à nez avec un type que je ne connais pas. Il est assez peu vêtu, même dans le contexte de la rave, et au vu de son regard pétillant, il doit avoir consommé quelque chose de pas forcément clair. Un sourire un peu étrange ourle soudain ses lèvres alors qu'il détaille le journaliste du regard.

« Je t'ai cherché ! T'as pas envie de passer un peu de bon temps ? »

Le haussement de sourcils qu'il lui adresse est suffisamment parlant pour que je comprenne ce qu'il a derrière la tête. Enfin, je crois ? À tout hasard, je jette un regard intrigué au premier concerné. Est-ce qu'ils connaissent d'autres filles dans cette fête ?

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La famille est un archipel

Une foi qui ne doute pas est une foi morte

— Marcher, c’est bon pour la santé ! s’exclame-t-il avec un entrain qu’il ne ressent pas, sur le ton d’une publicité creuse. Ils finiront bien par retourner dans un quartier de Détroit où un taxi acceptera de venir les chercher. Ils en ont pour quoi ? Une heure ou deux ? S’ils ne se font pas agresser, évidemment, mais ce qui aurait inquiété Wesley en temps normal ne semble plus le tourmenter. Milo est là, après tout, le Seigneur protège ses ouailles et toutes ces conneries…
Ils décident donc de « s’arracher » et l’Italien commence à lui présenter ses excuses. Le journaliste s’apprête à le rassurer : déjà, il n’est pas rancunier puis ce n’est pas vraiment de la faute de Milo. C’est lui, Wesley, qui a décidé de raconter un bobard pour s’éviter d’autres ennuis avec certains de ses amis un peu trop… carrés sur certains sujets. Sauf qu’au moment où il ouvre la bouche, une voix connue l’interpelle : celle du pote avec qui il est arrivé. Une chance que la lumière soit dégueulasse, Milo ne doit pas le voir pâlir.
— Na désolé, une urgence au boulot, je dois rentrer. »

Coup du sort :
Option 1 : son ami le croit et laisse couler.
Option 2 : son ami a envers lui un comportement équivoque qui ne laisse pas planer le doute quant aux ouvertures du journaliste.

Et là...
L'homme s'appelle Jonathan, Wesley l'a rencontré au Foxes quelques semaines plus tôt, après avoir repris contact avec Kit et osé y (re)mettre les pieds. C'est un gars solaire, un influenceur homosexuel jusqu'au bout des ongles, qui promeut tout produit en lien avec sa communauté, du plus quelconque au plus osé, parfois avec du contenu franchement trash. Ils ont sympathisé, pas couché ensemble mais l'ouverture est là et Jonathan a clairement pris de quoi assurer. Il vient rouler une pelle à Wesley qui n'a pas la force de se débattre et l'enlace en regardant Milo d'un drôle d'air.
— Tu peux amener ton copain, tu sais. Y'a de la place pour tout le monde, j'ai toujours été un garçon accueillant.
Il rigole de bon coeur. Le journaliste ne le repousse pas et lui glisse à l'oreille :
— C'est vraiment pas sa came, il est ici par accident. Je le ramène.
Jonathan le lâche, un air navré sur le visage. Il hoche la tête, il comprend. Le consentement, c'est important et les mauvaises blagues comme celle jouée à Milo... ça ne fait rire que les cons.
— Je t'en veux pas, t'inquiète ! Je sais que je suis irrésistible, clame-t-il tout haut en éclatant de rire. Mais t'auras beau tout tenter, tu sais bien que t'as pas assez de poitrine pour moi.
— Eh, j'aurais essayé ! soupire Jonathan en jetant un regard de connivence à Milo.
Ça ne l'empêche pas de claquer les fesses de l'Italien en repassant à côté de lui. Wesley a sauvé la face, du moins le pense-t-il. Et si Milo avait tout compris ? En règle générale, il ne cache pas ses désirs mais il a certains amis à qui il tient et qu'il ne veut pas perdre pour une divergence d'opinion. Des amis que Milo et lui ont en quelque sorte en commun. Puis dans un endroit comme Détroit, tout peut dégénérer très vite...
— Aaaah les potes bourrés, hein. Bon, allons-y avant que je me fasse encore agresser par la libido de quelqu'un.
Il rigole et cette fois il entraine Milo dans son sillage en imitant son geste de tout à l'heure : il passe son bras autour de ses épaules et l'emmène en se demandant s'il a réussi à le mystifier ou s'il aurait tout aussi bien pu se taper Jonathan. Il n'en aurait pas oublié Eliott, mais un trou vaut mieux que pas de trou du tout, non ?

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Le membre 'Wesley Cupp' a effectué l'action suivante : Coup du sort

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La face cachée de la lune - Page 2 0f6p

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CAUCHEMAR

ultimate horror often paralyses memory in a merciful way. --

Je dois avouer que je suis franchement pris de court lorsque je vois l'inconnu enlacer Wesley et fourrer sa langue dans la bouche de ce dernier. Je ne suis pas prude, mais je ne suis clairement pas habitué au fait de voir deux hommes être aussi... familiers ensemble. Enfin, ça dépasse le stade de la familiarité pour le coup, et je dois avouer que je me sens honteux, mais sans pouvoir expliquer pour quelle raison.

Heureusement, l'épisode prend assez vite fin, même si je relève le fait que Wesley ne cherche pas spécialement à repousser le type. J'aurais probablement apprécié de le voir crier au viol et s'offusquer du fait qu'un homme ait posé ses mains – et sa langue – sur lui, mais je sais que ça ne va pas arriver. C'est égoïste de penser ainsi, parce que j'ai conscience que je le fais uniquement parce que j'apprécie le journaliste et que je sais ce que toute cette scène peut signifier. Pourrais-je être ami avec un homme qui tolère ce genre de comportement ? Je ne sais pas. Je préfère ne pas trop y songer pour le moment, et je reste silencieux en espérant pouvoir disparaître par la même occasion, mais ça n'arrive malheureusement pas, et le geste un peu déplacé que le type fait en nous quittant n'arrange rien à la situation. Je ressens un mélange de contrariété et de gêne, c’est franchement bizarre et surtout très désagréable. J'ai à la fois envie de le suivre pour lui en coller une et de laisser filer parce que je sais que ce n'est pas méchant.

Finalement, j'accueille la fuite de Wesley avec soulagement, ma bonne humeur partiellement envolée et je lâche un grognement incompréhensible comme toute réponse à son excuse. Je ne sais pas si j'y crois. J'ai très envie de le faire, mais une partie de mon cerveau me demande si je veux me voiler la face au point de gober ça. J'attends que nous nous soyons éloignés de la foule et que le bruit de la musique soit atténué, puis je m'arrête, tournant la tête vers Wesley.

« Il avait l'air de bien te connaître. Je détourne le regard, observant un couple enlacé qui passe à côté de nous. Wesley, est-ce que tu veux me dire quelque chose ? »

Voilà, c'est dit. Je ne sais pas trop ce que j'espère, mais je reste fidèle à moi-même et je me montre franc. Wesley est libre de faire ce qu'il veut, je n'insisterais pas. Mais je tiens à préciser quelque chose avant qu'il n'ait eu l'occasion de prendre sa décision. Je n'ose toujours pas le regarder, mais je lâche tout de même ce que j'ai en tête, parce que c'est important pour moi.

« Je t'ai dit que je ne suis pas un bigot. Et comme tu l'as souligné, la charité et tout ces sentiments, ça fait partie de ma culture. »

J'hésite à en rajouter une couche pour lui offrir une porte de sortie s'il n'a pas envie de me répondre, quelle qu'en soit la raison, mais je referme finalement la bouche. Non. Je tiens à terminer sur cette déclaration pour qu'il n'ait qu'une solution : me dire s'il souhaite aborder cette révélation que je soupçonne ou me faire savoir que ça ne me concerne pas. Quelle que soit sa décision, je suis prêt à l'accepter, même si au fond de moi je dois m'avouer que le doute étant planté dans mon esprit, il risque fort de germer plus tard s'il est laissé en sommeil. Mais a-t-il besoin de le savoir ?

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La famille est un archipel

Une foi qui ne doute pas est une foi morte

Wes espérait s’en sortir aussi facilement. N’offrait-il pas à Milo une porte de sortie qui ne l’obligeait pas à affronter une vérité dérangeante en face ? Pourtant, à peine s’éloignent-ils de la foule que l’Italien lui rentre dedans. Au sens figuré et avec un peu de subtilité, à sa façon, sauf que ça le hérisse, Wes. Il pourrait accuser la drogue, le mauvais alcool, la frustration mais en réalité, il est juste… agacé. Un sentiment qui prend le dessus sur le bon sens et qui ruine tous ses efforts.
— T’estimes que j’ai besoin que tu me fasses la charité ? demande-t-il sans se départir de son sourire.
Sauf qu’il ne fait plus pétiller ses yeux. Au fond de lui, il sait que Milo ne veut pas se montrer agressif, intolérant ni même méchant mais…
— On ne se connait pas plus que ça et la façon dont tu as réagis à la petite démonstration de Jonathan me fait dire qu’on ne risque pas de devenir des amis proches. T’as tes convictions et je ne voulais pas les heurter, c’est tout. Je ne suis pas gay, je me fiche juste du genre de la personne qui colle sa langue dans ma bouche.
Est-ce que ça fait une différence ? Pas vraiment, d’autant qu’il est amoureux d’un homme, qu’il en a fréquenté plusieurs, autant que des femmes. Un jour peut-être qu’il ferait le compte mais ça ne changerait rien à son ouverture.
— Et tant que j’y suis, j’étais pas à cette soirée pour le boulot. Parfois, je prends de mauvaises décisions pour… non mais en fait, ça te regarde pas.
Il se renferme aussi vite qu’il s’est ouvert, toujours sans arrêter de sourire. Il parle tranquillement, sans une once d’agressivité dans le ton. Il n’en a pas besoin.
— Tu veux toujours que je te ramène ou t’as peur que je sois contagieux ? Normalement avec une distance de sécurité d’un mètre cinquante, ça le fait.
Clin d’œil. Oui, il se fout de sa gueule, gentiment. Le malaise de l’Italien est palpable et ça l’attriste un peu, Wes. Il a du mal à concevoir l’intolérance, à saisir pourquoi on ne pourrait pas simplement tous s’aimer les uns les autres tant que le consentement est mutuel. Pour lui, il y a des incohérences dans les préceptes religieux mais il n’a pas pour vocation de débattre ou d’attaquer les convictions de quelqu’un, tant qu’on n’essaie pas de le faire changer. Si Milo lui sort un sermon sur l’Enfer, il jure qu’il le plante là et le laisse se débrouiller tout seul.
Ou peut-être pas. Parce qu’il est trop gentil, Wes, pour s’abaisser ainsi.

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Parfois, je me demande comment je peux me planter en beauté à chaque fois que j'essaye de faire un effort avec quelqu'un. Il y a quelques jours, c'était avec Cornelia et maintenant c'est avec Wesley. J'aime bien le journaliste, mais lorsqu'il me dit que nous ne deviendrons jamais amis, je dois admettre qu'il a sans doute raison. Je me rassure au moins en me disant qu'il n'a pas menti en prétendant être intéressé par la jolie fille de tout à l'heure, ça m'aurait sans doute plus ennuyé que tout le reste. Je considère que je me suis comporté comme un abruti, aussi j'encaisse les remarques lancées d'un ton parfaitement tranquille qui me rappelle un peu trop le mien lorsque je suis contrarié. Je finis par hausser les épaules pour répliquer de la même manière, sauf que mon ton à moi ne couve aucune colère, juste une sorte de fatalisme.

« Désolé, j'aurais dû utiliser un autre mot, celui de compréhension peut-être, mais peu importe, mais tu as raison, oui, j'ai mes convictions, et je te remercie d'avoir veillé à ne pas les déranger. Je suis sincère, même s'il ne le croira pas forcément. Je regrette juste que tu aies eu besoin de me mentir. Je ne te le reproche pas, ça m'embête pour toi, c'est tout. Tu aurais dû passer une bonne soirée, par devoir cacher ta personnalité pour ménager un type que tu ne connais même pas. Je glisse mes mains dans mes poches. Maintenant je me sens gêné, mais pour une autre raison. J'ai beau avoir une vision négative de l'homosexualité, ça ne veut pas dire que je considère ça comme une maladie, ni que je te crois contagieux. Je suis navré que tu penses que ce soit le cas. »

Je ne suis sans doute pas le premier Italien homophobe qu'il croise, il devait s'attendre à une certaine réaction de ma part et s'est comporté en conséquence. Je ne sais pas s'il est altruiste au point de vraiment vouloir me préserver de ses « vices », mais si c'est le cas, ça me fait me sentir encore plus mal. Pour lui. Sauf que je ne vais pas tomber dans le mélodrame, et que je suis partagé entre l'envie de lui dire que ce qu'il fait dans son lit ne me concerne pas, et le repousser parce qu'il se rapproche trop de ce que mes parents et ma religion présentent comme le Mal avec un grand m. C'est parfois compliqué de faire cohabiter ses sentiments et ses convictions. Wesley est quelqu'un de bien, ça me semble évident, mais il y a une autre chose qui saute aux yeux : je l'ai blessé et il n'a probablement pas envie de passer plus de temps que nécessaire avec moi. Je réagis donc à l'instinct, et je me rapproche un peu de lui avant de sortir ma main de ma poche tout en reprenant la parole.

« Je n'ai pas assez bu pour ne pas retrouver mon chemin tout seul, et tu as déjà assez sacrifié ta soirée pour moi. Je lève la main pour lui taper l'épaule, mais sans trop insister : je ne tiens pas à me prendre une beigne en retour ! Retourne à ta rave, tu mérites d'en profiter sans quelqu'un comme moi pour te gâcher la soirée. Merci de ta gentillesse, et amuse-toi bien. »

Je sais que ce n'est probablement pas ce que les religieux de mon église ou ce que mes parents attendraient de moi s'ils savaient ce qui s'est passé. Ils préféreraient sans doute que j'essaye de lui faire comprendre qu'il fait fausse route et qu'il devrait s'éloigner des hommes pour ne s'intéresser qu'aux femmes... mais je n'en ai ni le courage, ni l'envie. Convertir les gens à mes croyances n'a jamais été mon truc, mais ce soir encore moins que d'habitude.

Ayant enfin le sentiment de m'être un peu rattrapé, je sens ma gêne s'alléger de quelques grammes de culpabilité, ce qui me pousse à faire volte-face pour tourner le dos à Wesley et prendre le chemin du retour avant de lâcher une nouvelle connerie. Tout seul, parce qu'il en a bien assez fait pour ce soir, et qu'il mérite aussi d'en profiter un peu ! Et tant pis pour ce que ça implique.

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La famille est un archipel

Une foi qui ne doute pas est une foi morte

Wesley ne sait pas trop si Milo est sincère ou non. Il le scrute pour essayer de deviner la vérité mais c’est compliqué. Au moins l’Italien ne se montre pas violent, il semble même tenter de rattraper le coup malgré son malaise évident. Il admet avoir une vision négative de l’homosexualité sans pour autant l’insulter, lui cracher au visage ou chercher à l’agresser d’une quelconque manière. Ses convictions semblent se heurter à la vie, à la réalité, au fait que derrière une orientation sexuelle il y a des êtres humains agréables à fréquenter -ou non- et qu’il n’est pas facile de les repousser « juste » parce qu’un type il y a des siècles a déclaré que deux hommes ou deux femmes ne pouvaient pas avoir de relations sexuelles ensemble. Dommage parce qu’il y a de belles valeurs malgré tout dans la plupart des religions. Elles disparaissent juste derrière une sacrée dose de mauvaise foi.
Milo termine en posant sa main sur son épaule, d’un geste qui se veut sans doute apaisant. Wesley ne le repousse pas. Il le regarde pendant sa dernière tirade puis soupire quand l’Italien l’abandonne pour repartir tout seul. Que faire ? Il le laisse s’éloigner de quelques pas puis commence à marcher et le rejoint en quelques enjambées, l’air de rien. Il espère juste que ce n’était pas une manière polie de l’envoyer bouler.
— Je m’en voudrais si tu te faisais agresser sur le retour parce que t’es tout seul. Bon, je ne sers à rien en cas de bagarre mais à deux, on est plus dissuasifs.
Voilà un adjectif qui ne colle pas vraiment bien au journaliste. Il en a conscience tout autant que Milo, pourtant il marche, mains dans les poches, le regard tourné vers le ciel nocturne. Il n’y a pas beaucoup de lampadaires dans le quartier, ce qui en augmente la dangerosité mais permet d’apercevoir quelques étoiles. Pourquoi raccompagner un homme persuadé qu’il brûlera en Enfers ? Pourquoi décider de prendre cette responsabilité ? Aucune vraie raison autre que sa gentillesse, déjà précédemment soulignée. Il est comme ça, Wes. Puis il n’avait pas envie de retourner à cette soirée. Il n'avait déjà pas envie d’y aller, au départ, et n’avait commencé à se sentir d’humeur que grâce à la drogue. Maintenant que les effets s’étaient dissipés (le seul avantage du poppers : ça allait vite) il se sentait sale, honteux, vaguement nauséeux et encore plus triste. Tout un panel d’émotions qu’on ne pouvait lire sur son visage car il intériorisait et continuait de sourire d’un rictus mélancolique.
— Puis elle manque de peps cette fête de toute manière. Je préfère retourner chez moi regarder cauchemar en cuisine, c’est toujours reposant d’écouter Gordon Ramsay insulter des gens, je trouve.
Il fait la conversation comme si de rien n’était mais se taira si Milo préfère.

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Je ne m'attends pas à ce que Wesley me suive, notamment parce que j'imagine que ça ne doit pas être agréable de se prendre l'homophobie des gens en plein visage et que je représente plus ou moins tout ce qui lui pèse, mais il le fait tout de même. Je lui jette un regard en coin alors que nous marchons côte à côté, me demandant s'il se sent juste investi d'une mission parce que je lui ai dit que je ne suis pas familier de ce genre de soirée, ou si c'est simplement de la gentillesse. Peut-être un peu des deux, je ne sais pas. Mon regard se détourne alors qu'un léger sourire ourle mes lèvres en l'entendant nous présenter comme « dissuasifs ». Je me retiens de souligner que deux hommes qui marchent ensemble en revenant de ce qui semble être une rave n'est pas ma représentation de la notion du mot « dissuasif », surtout si les agresseurs sont des homophobes. Mais je préfère éviter de le dire, inutile d'attirer le mauvais œil sur nous en imaginant le pire.

Je glisse mes mains dans les poches de mon pantalon tandis que nous marchons tranquillement dans une zone parfaitement déserte. Ça me soulage et ça m’oppresse à la fois, j'accueille donc avec soulagement la discussion badine que Wesley décide de lancer. Tournant la tête vers lui, je hausse un sourcil d'un air étonné avant de rouler des yeux en soupirant exagérément.

« Oh, pitié, ne me dis pas que tu regardes aussi cette émission ! Je soupire, l'air faussement lassé. Ma mère la regarde sans arrêt, ça rend mon père fou. Et moi aussi en fait. C'est tellement... chiqué ! Il fait ça pour la télévision, c'est juste de la télé-réalité avec un peu de sel par dessus ! »

Mais je ne critique pas réellement ce sujet, c'est plus une manière de faire comprendre à Wesley que je n'ai pas cherché à le fuir, parce que j'imagine que ça a dû lui traverser l'esprit. Moi ça aurait été le cas si j'avais été à sa place. Je laisse passer quelques instants de silence avant de décider de parler d'un sujet plus léger que celui que nous avons abordé un peu plus tôt. J'admets que nous nous voilons la face, mais je ne suis vraiment pas d'humeur à me confronter à une nouvelle dispute – aussi polie soit-elle.

« Est-ce que ça veut dire que tu adores cuisiner ? Ou tu regardes cette émission juste parce que tu aimes voir les gens se faire hurler dessus ? »

Je remarque que je ne connais quasiment rien de Wesley, je ne sais même pas s'il vit seul, avec une sœur, des colocataires ou quoi que ce soit d'autre. Peut-être qu'il a un chien, qui sait. Ça me plairait assez d'en avoir un, mais c'est aussi une lourde responsabilité. Je ne sais pas pourquoi je commence à penser à des choses aussi stupides alors que le contexte reste un peu tendu, mais ça soulage un peu l'esprit. Il fait toujours chaud, même après que nous nous soyons éloignés de la fête. Nous n'entendons même plus le bruit des basses, à croire que le vent a tourné et emporté les murmures avec lui. La soirée devient finalement agréable, et je sors ma main de ma poche pour jeter un coup d’œil à l'heure.

« Moi, je crois que j'ai envie de boire un bon coup. Je ne sais pas s'il y a des bars dans le coin où nous arriverons, mais ça sera toujours mieux que dans cette rave. Tu connais bien ces fêtes ? Parce que ça m'avait l'air quand même assez animé, alors je n'imagine pas ce que c'est quand ça manque de peps ! »

J'hésite à lui proposer de venir boire un coup lui aussi s'il le souhaite, mais je pense que c'est peut-être un peu trop pour sa patience. J'imagine que le fait qu'il se montre aimable avec moi ne gomme pas l'erreur que j'ai faite quelques instants plus tôt. Et comme il l'a souligné, nous ne serons probablement jamais amis !

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La famille est un archipel

Une foi qui ne doute pas est une foi morte

— J’adore manger ! Et… voir des gens se faire hurler dessus.
Il rigole, plaisir coupable avoué. Il sait très bien que tout ça est scénarisé, rien de naturel, impossible. Il espère en tout cas qu’il n’existe pas de restaurant aussi minables que ceux montrés dans cette émission. Il s’en fiche, Wes. Il ne regarde pas la télé à la recherche de la vérité ; c’est plutôt le contraire. Il la regarde pour la fuir, la vérité, la réalité, parce qu’elle est moche, quand même, faut l’avouer.
Milo rebondit sur sa tentative de conversation. Il s’en réjouit. Il n’aurait pas aimé parcourir tout ce chemin aux côtés de quelqu’un qui lui tire la gueule ou le fait se sentir indésirable, indésiré. L’Italien fait des efforts, à l’instar du journaliste. Pour quoi, exactement ? Sauver la face ? Mieux vaut ne pas trop s’attarder.
— Y’a des bars partout, à Détroit. C’est bien le seul commerce qu’on peut ouvrir n’importe où dans cette ville ! qu’il lâche, un peu désabusé, mais toujours souriant. Je connais, je connais… Oui et non. J’y suis déjà allé, je m’en rappelle rarement. Des détails, je veux dire. C’est pas le genre de soirée où tu restes sobre. Tu bois beaucoup, tu prends au moins une drogue. C’est impossible d’apprécier dans un état normal. Sobre, quoi. Parce qu’on voit de manière bien trop évidente la souffrance des autres. Et on n’en a pas envie, on vient pour fuir la nôtre, tu vois ? C’est un monde à part. Un monde où on ne devrait pas se retrouver parce qu’on nous a fait une mauvaise blague. Le gars qui t’a amené, c’est un petit con.
Il ne sait pas si Milo et lui sont proches et il s’en tape, en réalité. Wesley a des convictions bien tranchées sur certains sujets et le consentement en fait partie. Là, l’invité malgré lui n’a pas créé d’esclandre ni eu d’accident mais ça aurait pu. Et s’il avait agressé un homme qui se serait montré trop tactile, sans penser à mal ? Quand Wes se confie, sans trop savoir pourquoi, il continue de sourire, inlassablement. Et d’avancer dans la pénombre. Bientôt, ils rejoignent une rue où un lampadaire sur deux est allumé, ce qui est déjà pas mal. Une rue résidentielle, avec des immeubles anciens mais qui ne semblent pas trop décrépits de l’extérieur. Ils ne cherchent pas à acheter ou à visiter, de toute façon. Wes prête à peine attention au décor. Il sait où il va parce qu’il a parcouru cette ville dans tous les sens, depuis toujours.
— C’est pas qu’elle manquait de peps, c’est que moi j’en manquais. La descente du poppers ça me laisse toujours déchargé, l’euphorie ça fatigue, puis de toute façon c’était une mauvaise idée alors j’irais pas jusqu’à te dire merci, faut pas déconner, mais tu vois quoi. J’irais pas non plus jusqu’à boire un verre avec toi dans un vrai bar.
Pas certain de l’invitation lancée, il préfère juste être clair. Ses sentiments sont ambivalents face à tout ça, maintenant il n’aspire plus qu’à rentrer et s’étouffer sous son oreiller.

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But it’s no use, it’s a dream to be broken. I run and run, but I’m not getting anywhere. Just burn me out, yes keep pushing me away. This is a fool, crazy in love, chasing in circles

--- Sweet smiles, while dominoes keep falling.

Plus Wesley me parle des raves et plus je constate que mon « ami » s'est bel et bien moqué de moi. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi il m'a fait ce coup-là, si ce qu'il y a gagné, mais je suis bien décidé à le rayer de mes contacts et à ne plus m'en préoccuper ! D'ailleurs, la vision des choses de mon comparse semble rejoindre la mienne, et je hoche la tête d'un signe entendu quand il le taxe de petit con.

« Je confirme. On est déjà sortis dans pas mal d'endroits avec d'autres amis, il sait pourtant que je n'ai jamais pris de drogue et que ça ne changera pas. »

Et que je ne collectionne pas les conquêtes. Je sais que je passe pour un coincé aux yeux de beaucoup de personnes, surtout que je crois ne pas avoir d'ami qui n'ait jamais touché à la drogue, mais je m'en fiche. Je ne fais pas ça pour accéder au paradis, ou pour pouvoir me vanter d'être le plus sage, je le fais parce que je me sens bien comme ça et que ça me correspond. Ça ne veut pas dire que je vais obliger les gens que je côtoie à faire de même, et c'est ce qui me gêne dans cette histoire : en me traînant ici, cet imbécile a essayé de me pousser dans des rouages que je ne veux pas approcher. Rien que pour ça, je considère qu'il ne mérite pas mon amitié, et je suis assez content de voir que Wesley semble partager ma vision des choses.

Je garde mes pensées pour moi-même, songeant que c'est tout de même triste de se sentir mal au point de devoir agir ainsi, mais chacun règle ses problèmes à sa manière. Cornelia s'est plongée dans le travail avec la mort de Nazario, moi ça a plus ou moins été la même chose sauf que mon boulot est moins chronophage. Je suis assez rassuré qu'elle ne se soit pas laissé aller à une vie de vice, même si l'idée m'effleure momentanément l'esprit. Qu'est-ce que j'en sais après tout ? Elle a souvent l'air épuisée, peut-être pas parce qu'elle dort mal. Je repousse cette pensée pour le moment, préférant ne pas m'y attarder, et Wesley brise le silence pour décliner l'invitation sous-entendue dans mes derniers mots. Au fond, il a sans doute raison. Je hoche la tête d'un air de compréhension.

« Je peux comprendre. Je lève les yeux vers le ciel parsemé d'étoiles. Je pense que tu as besoin d'une bonne nuit de sommeil. Après Gordon, évidemment. Je jette un coup d’œil à ma montre avant de remettre ma main dans ma poche. Je pense qu'on peut appeler un taxi d'ici. Je vais continuer pour rejoindre la rue principale histoire de dénicher un bar, puis je rentrerai chez moi ensuite. »

C'est l'avantage de n'avoir personne qui vous attend à la maison : vous pouvez rentrer à l'heure qui vous semble juste ! J'attends la confirmation de Wesley avant de sortir mon téléphone – constatant en même temps que Chiara m'a envoyé une tripotée de SMS – puis de passer un coup de téléphone à la compagnie de taxis que j'utilise ponctuellement. Dès que la question est réglée, je remercie Wesley pour son aide à cette soirée, puis je le salue avant de prendre le chemin menant à la rue principale et, je l'espère, au bar qui me permettra de me changer les idées !

Spoiler:

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La famille est un archipel

Une foi qui ne doute pas est une foi morte

‡ ▬ BEYOND THE VEIL ▬ ⚖