fear is how i fall | cat

De nouveau, cette courbe audacieuse qui vient se glisser sur les lèvres du lieutenant face à elle. Délicatesse de l’arrondi sur des lèvres qu’elle devine timides d’ordinaire quant à ce genre de démonstration. Pourtant elle ne les compte plus, du moins pas volontairement, toutes ces fois où le terrifiant Lestat a esquissé un sourire.
Et l’audace qui la gagne la belle, cette main qu’elle a déposée sur les siennes. Défi qui lui est lancé, contact qu’elle se voit lui imposer et curiosité qui vient la gagner quant à la réponse qu’il va pouvoir lui donner.
La voilà pourtant qui redoute tout à coup. N’aurait-elle pas franchi une ligne invisible ?
Idiote qu’elle pense soudain être à vouloir trop jouer. Cette peur de se voir brûler au contact de ce mur de glace. Aller trop loin trop vite. Voilà qui pouvait mettre en branle ces fondations qu’ils viennent à peine de poser.
Amitié en laquelle elle veut croire Cat.
Car s’il y a ce goût dangereux, elle reste fascinée la belle. Fascinée par la facilité que ses mots ont eu pour venir s’ancrer dans son esprit. Facilité que cet homme a eu à cerner ses démons. Facilité qu’il a eu à venir apaiser les maux.
Iceberg qu’elle devine la doc et qu’elle a envie de découvrir sans pour autant réellement se l’avouer. Etrange sensation de voir l’excitation de la nouveauté s’éveiller, cette curiosité piquée au cœur.
Et le soulagement qui vient, qui s’impose sur ses épaules quand le contact est finalement accepté.  Cette fois c’est son sourire à elle qui se dessine.
Etrange scène que celle-ci, la douceur qui se dégage, la chaleur humaine qui s’impose à travers ce contact qu’il vient lui-même renforcer. Elle se perd la belle, se perd dans le doux réconfort que cet homme lui procure, là, en cet instant.
La beauté de l’inattendu, de l’inespéré. Et le cœur qui s’emballe quand finalement il annonce vouloir prendre congé.
- Oh.
Le son franchit les lèvres sans qu’elle ne le contrôle vraiment. Spontanéité étrangère dans ce monde aseptisé qu’elle a construit autour d’elle. Déception qui laisse poindre le bout de son nez et qui s’exprime à travers ce son.
Surprise elle-même par l’imbroglio d’émotions qu’elle n’arrive pas à nommer, à moins qu’elle ne se le refuse tout simplement. Elles tourmentent l’esprit, invoquent la confusion dans cet esprit qui n’a que trop l’habitude de tout contrôler.
Et les mains qui ne se lâchent pas malgré les paroles annoncées. Départ ainsi repoussé et elle se met à penser Cat, à réfléchir.
Était-elle la seule troublée par ce rendez-vous à la tournure inattendue ? Elle ose la belle, elle se plait à penser que non.
Le regard qui scrute, tente d’analyser pour y chercher un indice mais le doute finit par l’assaillir. Non impossible, pas lui. Pas Lestat Roseburry.
Ego disparu, complexe qui ressurgit. Elle qui affiche d’ordinaire fièrement ses origines dans ce monde cabossé, la voilà qui doute désormais.
Remise en question qui déplait à l’âme trop endurcie par les épreuves pour accepter d’être malmené de la sorte par cet être aux yeux de glace.
- You are welcome, I think I’m the one who should thank you. It was really nice.
Politesse et banalité qui - bien que sincères - cachent bien plus et elle se lève, raccompagne à la porte, ce sourire qui ne la quitte pas bien que teinté de déception à l’idée de le voir partir. Mais il a raison, il se doit de partir, présence maternelle qui risque de ne plus tarder désormais.
- Lestat, just for you to know… You didn’t disturb me. You’ll never.
Et le sourire qui s’étire plus largement, se laissant aller à cette dernière confession qui sonnait comme la promesse de se retrouver dans un futur proche. De préférence.