La vie se passe en quiproquos

Je dois admettre que depuis que j'ai franchi la porte de sortie du centre pénitencier où j'ai passé ces cinq dernières années, j'en ai bien profité ! J'ai commencé par rattraper l'anniversaire raté de mes trente ans en allant faire un barathon avec quelques gars du gang, puis j'ai enchaîné les soirées arrosées qui m'ont rappelé pourquoi j'aime tant l'alcool. Ça a été compliqué de ne pas pouvoir boire à volonté pendant mon séjour à l'ombre, mais je remercie les Devils présents sur place de m'avoir aidé à survivre en faisant passer quelques bouteilles. Ce n'était pas suffisant pour se saouler, mais ça l'était assez pour supporter l'attente, et ça m'a évité de passer par les réunions anti-alcoolique qui faisaient partie du programme de réintégration mis en place par le directeur de la prison.

Ce soir-là, je me retrouve dans une fête improvisée qui a rapidement gagné en popularité. Environ une demi-heure plus tôt, Kevin – un collègue – m'a parlé d'une soirée prometteuse donnée sur un terrain vague. Il y avait de l'alcool, de la drogue et des filles à profusion, est-ce que ça m'intéresserait d'y aller ? Plutôt deux fois qu'une ! Évidemment, quand on est en liberté conditionnelle, ce n'est pas forcément le meilleur endroit où traîner ses guêtres, mais si je dois m'interroger sur ça à chaque décision que je prends, je peux aussi bien retourner directement en taule ! De toute manière, avec les affaires du gang je sais très bien que si je me fais prendre, je suis cuit, alors le reste me semble bien secondaire.

J'ai bien évidemment accepté de me joindre au groupe, on a donc pris nos motos pour nous rendre sur place, et j'ai regretté de ne pas être sur le territoire des Devils Diciples, sans quoi j'aurais pu faire de très bonnes affaires ce soir. Mais je ne tiens pas à provoquer nos rivaux ou nos alliés, je m'abstiendrais donc de vendre notre excellente marchandise ce soir.
En arrivant sur le parking improvisé, on constate que c'est une soirée déguisée, ce qui n'a pas l'air de gêner les autres gars. Plusieurs d'entre eux jouent le jeu en récupérant des morceaux de « costume » que d'autres participants leur tendent, mais en ce qui me concerne je me contente de les ignorer pour filer en direction de la foule.

La musique est forte, et malgré la fraîcheur ambiante de ce début février, il fait étrangement chaud. La foule est compacte au point que c'est parfois difficile de réussir à se glisser entre les danseurs, mais c'est ce genre de soirée qui me fait vibrer, alors je ne me plains pas ! Je trouve rapidement quelqu'un pour me fournir en boisson, puis j'avise quelques jolies filles que j'aborde sans hésiter avant d'abandonner lorsque je constate qu'elles sont un peu trop bourrées pour moi. Je veux profiter un peu de la soirée avant de m'en aller en bonne compagnie ! Mes pas me mènent naturellement à proximité du bar où la foule est un peu moins dense. C'est surprenant ! Habituellement, les gens ont plutôt tendance à se masser de ce côté de la fête, mais je ne vais pas râler. J'en profite pour griller une cigarette agrémentée d'un petit de « supplément », de quoi me détendre avant de retourner dans la foule. J'aperçois Kevin un peu plus loin avec une bière déjà bien entamée à la main, et je décide de l'imiter en commandant un nouveau verre d'un alcool un peu plus fort. Le temps de terminer ma cigarette, je l'ai à moitié vidé et je sens une chaleur familière me gagner doucement. Au moment de jeter mon mégot, je pivote sur moi-même et je suis presque surpris de me retrouver face à un gars que je n'ai pas entendu approcher. Je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil en voyant la manière dont il me dévisage. Qu'est-ce qu'il a ce type ? Il cherche la merde ? J'hésite à lui rentrer dedans, verbalement parlant, mais je décide finalement d'y aller un peu plus en douceur.

« Quoi ? T'as perdu ta maman ? »

Bon, ce n'est pas aussi doux que je l'avais imaginé, mais c'est tout de même beaucoup plus sympa que ce que j'avais en tête de prime abord ! Au pire, ça le vexera et il se tirera, et au mieux, il cherchera à répliquer et ça mettra un peu de piment dans cette soirée plutôt sage. Il faut toujours voir le positif !

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I hurt myself today, to see if I still feel, I focus on the pain, the only thing that's real, the needle tears a hole, the old familiar sting, try to kill it all away, but I remember everything.

Wesley buvait un peu trop ces derniers temps. Son humeur oscillait dangereusement entre plusieurs extrêmes. Quand il bossait avec Mark, il s’obligeait à être le plus clean possible pour que son meilleur ami ne soit pas entraîné dans sa propre spirale infernale -il avait assez à faire avec la sienne ! Mais lorsqu’il sortait… Le sens commun se tirait.

Il avait accepté de participer à cette soirée en espérant s’amuser et de fait, il s’éclatait. Il se trouvait avec un groupe d’amis, tous déguisés. Lui avait opté pour le travestissement, ayant enfilé une tenue des années 20 avec la coiffe à plumes rose et tous les accessoires, même les talons et les bas. Il n’avait bien entendu pas oublié le boa (en tissu, pas un véritable boa) ! Dans un terrain vague et boueux, porter des talons s’avérait compliqué et ses chaussures reposaient autour de son cou, nouées par leur boucle. Pieds nus, une bouteille de bière entre les mains, une de ses amies lui désigna un gars pas déguisé qui venait d’arriver.

— Cap ou pas cap… De rouler une pelle à ce type ?

En temps normal, Wesley y aurait réfléchi à deux fois. Le type en question ne dégageait pas de bonnes ondes mais il avait un côté sexy, un peu bad boy dangereux. Tout en lui hurlait problèmes et, alcoolisé, un peu malheureux, l’ancien journaliste se dit que ça pouvait être une bonne idée. Alors il s’approcha de l’homme, qui lui demanda s’il avait perdu sa maman.

— Ouais, tu veux pas devenir mon sugar daddy ?

Il gloussa et, comme un con, embrassa l’inconnu. Le gage consistait à lui rouler une pelle mais, si l’homme n’avait pas réagi quand leurs lèvres s’étaient touchées, il le fit au moment où Wesley voulut introduire sa langue dans sa bouche. Il fut repoussé sans ménagement. L’ancien journaliste gloussa.

— Rho t’es pas drôle, dommage parce que t’es canon. Eh, Betty, ça compte quand même non ? demanda-t-il à son amie, en tournant le dos à l’homme, sans imaginer une seule seconde que ça pourrait mal tourner…

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But it’s no use, it’s a dream to be broken. I run and run, but I’m not getting anywhere. Just burn me out, yes keep pushing me away. This is a fool, crazy in love, chasing in circles

--- Sweet smiles, while dominoes keep falling.

Son quoi ? Pas très vif de base, mon cerveau embrumé par l'alcool n'a pas le temps d'enclencher et de comprendre ce que le gars me balance que ce dernier s'est déjà rapproché. C'est un peu la honte pour un mec qui vient de passer cinq années à surveiller ses arrières pour éviter un coup de surin perdu, mais je dois avouer que je me laisse complètement surprendre par l'idée ô combien suicidaire de ce type. À ma décharge, je n'ai pas envisagé une seule seconde qu'il puisse décider de coller ses lèvres aux miennes, et quand il le fait, je crois que mon cerveau n'enregistre pas vraiment l'outrage. Ce n'est qu'au moment où je sens qu'il essaye de me rouler un patin que je réagis en le repoussant brusquement. La colère flambe d'un coup, j'ai tendance à m'emporter facilement, surtout lorsque j'ai déjà bien bu, mais c'est encore pire quand c'est une situation de ce genre. Je ne dirais pas que je suis homophobe, mais disons que pour moi, la langue d'un mec n'a rien à faire dans la bouche d'un autre gars ! Ça me dégoûte que cet abruti puisse réellement avoir songé que j'allais me laisser faire, et ça me fout en rogne qu'il ait osé faire ça. Mais pour qui il se prend cet abruti ? La surprise étant totalement passée, il ne subsiste que la colère et je réagis comme face à n'importe quelle situation contrariante : je m'énerve. Le type me tourne le dos et il ne voit pas mon expression passer d'hébétée à colérique, pas plus qu'il ne sent venir la suite. J'esquisse un pas vers lui, levant le bras pour attraper son épaule et le forcer à se retourner alors que mon autre main se ferme en un poing que j'expédie en direction du visage du connard. Je sens mes phalanges entrer en contact avec quelque chose de dur, une légère douleur me remonte jusqu'au poignet, mais j'y prête à peine attention. Finalement, sa salive aura quand même touché quelque chose chez moi, j'espère que ça va lui plaire !

J'ai frappé assez fort compte tenu de l'alcool que j'ai déjà ingurgité, et en associant ça à l'élément de surprise, j'arrive sans mal à étaler le type sur le sol. Est-ce que ma colère a diminué ? Pas du tout ! Je dirais même que c'est encore pire ! Maintenant que je le regarde avec son costume débile et que je me dis qu'il s'est imaginé que j'allais me laisser galocher sans rien dire, ça me fout encore plus en boule.

« T'as cru quoi connard ? »

J'entends quelqu'un crier mon nom, j'imagine que ça doit être Kevin qui était adossé au bar pas très loin d'ici, mais je m'en fiche. Je suis trop concentré sur mon idée principale : défoncer la tronche de ce mec ! Je n'ai pas vu si je lui ai cassé les dents, écrasé les lèvres ou quelque chose d'autre, mais je ne compte pas en rester là. Je ressens toujours une légère douleur à l'endroit où mon poing a frappé son visage et j'imagine qu'il a dû m'entailler les doigts avec ses dents, mais ça doit vouloir dire qu'il a bien morflé, non ?

Sans perdre de temps, et avant que quelqu'un ne vienne s'interposer, je me penche sur l'inconscient personnage que j'attrape par son vêtement pour le retourner sur le dos. Penché au-dessus de lui, j'ai l'avantage sauf s'il m'expédie un coup dans l'entre-jambe, mais je le pense trop sonné pour y songer. Fermant à nouveau mon poing, je le lève, prêt à l'abattre une seconde fois sur la tronche du mec pour lui arranger le portrait en bonne et due forme, mais je sens quelqu'un me retenir le bras. Ma colère monte encore d'un cran, j'essaye de me dégager sans y arriver, et ça laisse aux amis du gars le temps de l'aider à se relever. Quand mon regard se porte sur l'idiot qui m'a bloqué, je constate qu'il s'agit de Kevin qui doit vouloir m'éviter des emmerdes – et un probable retour en prison – mais ça ne suffit pas à m'apaiser. Dans une vaine tentative, je lâche la raison de ma colère.

« Il a essayé d'foutre sa putain d'langue dans ma bouche ! Dis-je d'un ton à la fois indigné et colérique. »

S'il croit qu'il va s'en tirer comme ça, c'est mal me connaître ! Essayant toujours de libérer mon bras de la prise de Kevin, je tourne la tête du côté du crétin qui a provoqué ma colère, prêt à lui balancer toutes les insultes que j'ai en mémoire – et Dieu sait qu'il y en a une bonne quantité !

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Ce que Wesley avait cru ?
Et bien…
Difficile à dire. L’alcool embrouillait ses perceptions.
Il n’avait pas une seule seconde envisagé de se prendre une droite, ça, c’est certain ! Pourtant, il aurait du. Après tout, même s’il y avait une certaine communauté LGBT à Détroit, pas mal de gens restaient homophobes, surtout des hommes. Et ce type dégageait une aura dangereuse de masculinité toxique… Dans son état normal, l’ancien journaliste n’aurait pas pris le pari mais…
Mais.

Le voilà à terre, la lèvre fendue et une dent douloureuse en prime. Avant de pouvoir réagir, son agresseur le retourne pour continuer à le tabasser. Là, ses amis interviennent et ceux de Wesley aussi. Betty crie son prénom d’une voix un peu trop aigue pour le mal de tête qu’il se coltine. Le mec continue de beugler. Wes le fixe en clignant des yeux, comme s’il observait quelque chose de particulièrement étrange, improbable. Il essaie de comprendre comment un simple baiser peut mettre quelqu’un dans cet état. Puis la pièce tombe…

— C’est vrai que j’aurais dû demander avant, j’suis désolé mec.

Enfin, plus ou moins.

— Non mais t’excuse pas en plus ! Ce malade t’a cogné !
— Bah c’est vrai mais… mais moi je l’ai agressé un peu… Mince, Betty j’ai agressé quelqu’un ! Je suis vraiment un monstre !

Catastrophé, Wesley n’en saignait pas moins. Le sang coulait de son menton à son haut, sa dent pulsait de douleur dans sa bouche, faisant monter les larmes à ses yeux. Quant à son alcoolémie, elle balayait tout bon sens. Certes, on n’embrassait pas quelqu’un sans sa permission, même dans une soirée costumée bien arrosée, mais de là à se déclarer agresseur… À tous les coups, l’autre allait prendre ça pour une provocation.

— Il ne sait pas ce qu’il dit, c’est ma faute, tenta Betty en désespoir de cause. On jouait et…

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J'ai tendance à être de très mauvaise foi quand quelque chose me contrarie, et je peux aussi être particulièrement irritable quand on m'a vexé. L'homme parfait vous dis-je ! Plus sérieusement, je dois admettre que lorsque le gars commence à me présenter comme la victime d'une agression alors que c'est lui qui est allongé sur le sol, je me dis qu'il se fout de ma gueule et qu'il est en train de me provoquer. Si j'avais été plus posé et si je n'avais pas ingurgité autant d'alcool en aussi peu de temps, peut-être que j'aurais ouvert les yeux et réalisé que ce type était juste trop bourré pour avoir un discours cohérent. Sauf que je suis dans ma phase de contrariété et que chacun de ses mots risque de me vexer davantage.

Alors que je tire toujours sur mon bras pour essayer de le récupérer, la copine du gars commence à se mêler de l'affaire et je pose un regard irrité sur elle, entrouvrant les lèvres pour la remettre à sa place. C'est toutefois sans compter sur Kevin qui est bien plus diplomate que moi et qui décide d'arrondir les angles avant que ça ne tourne à la catastrophe.

« Nan, nan, y'a pas de soucis, c'est la faute à personne.
— Mais t'es sérieux ? Il est en train d'se foutre de moi en plus !
— Arrête tes conneries, il est bourré, il ne sait même pas ce qu'il dit. Et probablement pas ce qu'il fait, sinon il aurait vu que c'est le plus beau de nous deux. »

Je hausse les sourcils de surprise, ne m'attendant pas à ce que mon collègue prenne les choses à la légère alors que je viens littéralement de coller mon poing dans la gueule d'un mec. Il est sérieux ? D'un côté, ma contrariété s'atténue brusquement, sans que je ne m'explique pourquoi. Je tire une nouvelle fois sur mon bras pour le libérer.

« Ferme-là abruti, et lâche-moi, tu m'emmerdes à t'coller à moi comme ça. »

Après un dernier regard lourd de sous-entendus, Kevin accède à ma requête et se glisse aussitôt entre moi et le type au sol, se penchant sur lui, un sourire flottant sur ses lèvres.

« Bon, ça va, t'es pas trop amoché, ça devrait se soigner facilement. Il tend sa main au gars. Pour se faire pardonner, on vous paye un truc à boire, OK ?
— Nan, mais t'es sérieux ? Ils se cassent, j'veux pas leur payer un truc, t'as fumé ou quoi ?
— Certainement Desmond, on va les laisser partir en colère et peut-être qu'ils appelleront les flics, t'en penses quoi ? En plus, on est entre gens civilisés, non ? Ça sera bien plus sympa si on termine sur une note positive. »

Je m'apprête à lâcher que je n'en ai rien à battre qu'ils appellent les flics parce que je me tirerai avant qu'ils n'arrivent, mais je décide finalement de me taire. Kevin a beau être un con, il est bien plus sociable et diplomate que moi, alors je lui fais confiance. Au moins un petit peu. Un soupire agacé m'échappe et je tourne ostensiblement le dos au duo d'amis, espérant qu'ils vont décliner l'offre et partir de leur côté. Sans chercher à savoir ce qu'ils comptent faire, je me rapproche à nouveau du bar où l'activité s'est à peine suspendue pendant notre petit coup d'éclat, puis je commande un alcool fort. De quoi me remonter le moral. Pendant ce temps, j'entends Kevin plaider sa cause et insister auprès des deux autres pour ce fameux verre. Il ne pense pas qu'ils ont assez bu comme ça, et que nous, on a mieux à faire que sympathiser avec des bobos ?

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Wesley était bourré, certes.
Wesley était sonné aussi.
Mais Wesley n’était pas débile non plus.
Il avait bien conscience d’être tombé sur l’homophobe du coin, il suffisait de voir de quelle manière il réagissait quand son ami essayait de l’aider en le tenant et à sa plaisanterie. Une chance pour eux, l’un des hommes du groupe était un peu plus raisonnable et avait suffisamment insisté sur l’aspect “police” pour éveiller les instincts bourrés de l’ancien journaliste.

Betty ne voulait rien entendre quant à ce verre mais Wesley la calma.

— T’inquiète, retourne avec les autres, je vous rejoins.

Il lui sourit largement d’un air confiant et elle le jaugea, comme si elle essayait de juger d’à quel point il était saoul en cet instant. Il hésita encore mais il la repoussa gentiment pour rester avec les deux hommes. En agissant ainsi, Wesley essayait seulement de la préserver. Par sa faute et celle d’un jeu qui avait un peu dérapé, elle risquait de prendre un mauvais coup ou de s’attirer des attentions dont elle se passerait bien.

Wesley suivit l’ami de sa victime jusqu’au bar et s’installa sur le tabouret à côté. Il en avait pris, des coups, dans sa vie et des plus vilains que ça alors il ne lui en tenait pas rigueur.

— C’est moi qui devrais payer, vraiment je suis désolé mec mais faut pas se braquer comme ça, si j’avais eu des seins ça t’aurait pas dérangé je suis sûr. Je ne suis pas ton genre hein ?

Il continuait de sourire, pas tellement pour le provoquer, juste pour essayer de lui faire comprendre le ridicule de la situation et l’excès dans sa réaction. Il n’était pas certain que cela fonctionnerait et, dans le doute, il n’avait pas essayé de le toucher, de poser sa main sur son épaule ou quoi que ce soit du même genre…

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Quand je sens que le type s'est assis sur le tabouret à côté du mien, je sais que la soirée va être longue et pénible. Kevin est un gars bien plus ouvert que moi sur bien des sujets, et il s'est souvent moqué de mon côté « rigide » au sujet des relations entre mecs – ou nanas – mais je m'en fiche. J'ai été élevé dans une atmosphère machiste et homophobe, alors j'admets volontiers que je ne trouve pas ça normal ou naturel. La plupart du temps, quand les gens évitent d'agiter leur vie sexuelle discutable sous mon nez, je m'abstiens de faire des commentaires, mais quand on me cherche, on me trouve !

Dès que le gars prend la parole en énonçant des évidences, je lui jette un regard hostile avant de renifler d'un air désapprobateur. Je me fiche pas mal de passer pour un vieux con, j'ai ma vision des choses et j'en suis satisfait. En plus, je n'aime pas son petit ton pédant et donneur de leçon, comme si c'était moi le mec bizarre ! Enfin, pour être honnête, il n'a rien du mec moralisateur. Mais je suis dans une phase de déni et dans ces moments-là, j'ai tendance à tout voir en noir et à tout mal interpréter. Un vrai plaisir, non ?
J'attrape mon verre dès qu'il arrive et avale une gorgée pour me désinfecter la bouche avant de répondre d'un ton peu amène.

« Si t'avais eu des seins, j'te les aurais pelotés et j'aurais fourré ma langue dans ta bouche avant d't'en laisser l'occasion. Je reporte mon regard sur lui, le défiant de rire. Mais t'as des couilles et d'la barbe, alors nan, t'es clairement pas mon genre. »

Je ne sais pas trop à quoi il s'attend. Est-ce qu'il espère que je vais me sentir honteux de ne pas défiler à la gay pride et que je vais m'excuser de l'avoir stigmatisé ? Si c'est le cas, il va être déçu ! J'assume parfaitement ma vision des choses, et je me fiche totalement de froisser son ego. Je ne vais pas le faire chier parce qu'il ramone des mecs, alors qu'il ne m'emmerde pas parce que j'aime mes partenaires d'un soir avec de jolis seins et rien entre les jambes. Je dois toutefois avouer que mon passage à l'ombre m'a rendu plus irritable. J'ai rapidement découvert que certains gars pouvaient se montrer moins homophobes lorsqu'ils étaient emprisonnés à vie et qu'ils n'avaient que d'autres mecs pour assouvir leurs besoins. Mes liens avec les Devils Diciples m'ont permis d'éviter ce genre de choses, mais ça ne m'a pas empêché de devenir moins tolérant avec ce genre d'approche.

Kevin s'est installé à nos côtés, mais il reste silencieux, un peu comme s'il attend de voir comme les choses vont tourner. Avons-nous droit à un ange gardien ? Je n'en sais rien. Je pense plutôt qu'il veut m'éviter un retour express en prison, et c'est bien la seule chose qui m'empêcher de péter un plomb. J'ai les nerfs à vif, mais j'essaye de me contrôler tout en reprenant la parole pour m'adresser – un peu agressivement, j'en conviens – au gars.

« J'sais bien qu'c'est très à la mode de prôner l'fait d'être gay et d'se taper son meilleur pote, mais c'est pas mon délire du tout. Arrête d'me causer comme si c'est moi l'problème. J'aime pas les gays, mais j't'aurais pas mis mon poing dans la tronche s't'avais pas essayé d'me fourrer ta langue dans la bouche. T'espères quoi au juste ? Qu'j'vais m'excuser pour c'que j'ai fait ? Bah perds pas ton temps : c'est pas près d'arriver. »

Je m'énerve tout seul, et je sais bien que c'est ridicule, mais c'est plus fort que moi ! Histoire de me calmer un peu, je me recule juste assez pour pouvoir tâtonner mes poches et récupérer mon paquet de cigarettes. Je sais que je viens juste d'en fumer une, mais j'en ai besoin ! Tirant un tube « amélioré » du paquet, je le colle entre mes lèvres avant de le ranger et de partir à la recherche d'un briquet dans mes poches, le tout en évitant soigneusement de regarder du côté de ma victime du soir. Je ne suis vraiment pas d'humeur à apercevoir un regard de chien battu !

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— C’est pas une question de mode. Et je ne suis pas gay.

Révélation ! Quoi que ? Wesley ignorait si le mec serait intrigué par cette affirmation ou s’il ne s’en braquerait que davantage. Non, techniquement, Wesley n’était pas gay. Plutôt bisexuel ou pansexuel, en réalité il couchait avec d’autres gens sans se soucier de leur genre. Il était attiré par d’autres éléments et ne se prenait pas la tête même si, au début de son adolescence, il n’était pas trop à l’aise avec le fait d’être attiré par des hommes. Finalement, les bonnes rencontres au bon moment l’avaient aidé et peut-être qu’il pourrait aussi aider ce type ? Ou peut-être pas mais l’alcool lui donnait envie d’essayer.

En le voyant chercher un briquet, l’ancien journaliste en sortit un de sa poche et le lui tendit en se demandant s’il allait le prendre ou penser que ça risquerait de le contaminer, quelque chose d’idiot dans le genre…Wesley ne fumait pas mais il sortait souvent, alors il avait toujours un briquet pour dépanner.

— Non, j’ai mérité de m’en prendre une. C’était pas correct de ma part de te rouler une pelle sans ton accord, que tu sois un homme ou une femme ça ne change rien. Enfin je t’ai pas roulé une pelle mais c’était mon intention. Je me suis laissé emporter à cause de l’alcool mais le consentement, c’est important.

Wesley en parlait très sérieusement. Non pas qu’il ait eu à subir quoi que ce soit à ce niveau mais il avait suffisamment d’amies autour de lui pour avoir une idée de ce qu’on ressentait dans ces cas-là et même si ce n’était “que” un baiser… Bon, le fait d’avoir le visage qui pulse, une lèvre fendue et une dent qui bouge ne réjouissait pas l’ancien journaliste mais disons qu’il l’avait mérité.

— C’est juste que… Y’a tellement de colère et de rage en toi, comment tu vis comme ça ? C’est triste tu ne crois pas ? Qu’est-ce que ça te coûte de laisser les gens s’aimer, tant qu’ils sont d’accord entre eux ? Si je roulais une pelle à ton pote, tu le rayerais de ta vie ? C’est une hypothèse hein, précisa-t-il précipitamment à l’homme en question.

Heureusement, ce dernier ne semblait pas s’en émouvoir. Les verres arrivèrent devant eux, Wesley porta le sien à sa bouche et grimaça. L’alcool brûlait ses plaies à vif mais au moins n’aurait-il pas besoin de les désinfecter !

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Quand il se défend d'être gay, je ne relève même pas. Pour moi, à partir du moment où on embrasse un autre mec, c'est qu'il nous attire forcément et seuls un gay serait dans cette situation. Évidemment, il existe tout un tas d'autres sexualités, mais je ne me suis jamais penché sur la question et à mes yeux il n'en existe vraiment que deux : soit on aime les mecs, soit les nanas, c'est aussi simple que ça ! Je me contente donc de soupirer face à cette défense que j'estime plus que mauvaise, puis je lui décroche un regard méfiant quand il me tend un briquet. Est-ce qu'il essaye de m'amadouer ? À moins que ça ne soit une bonne poire qui est gentille avec les pires connards. Dans tous les cas de figure, je m'en fiche : j'ai envie de fumer et je n'arrive plus à trouver mon propre briquet alors je tends la main vers celui qu'il me présente et le récupère sans le moindre remerciement afin d'allumer la cigarette coincée entre mes lèvres. Une fois le bout rougeoyant, je repose le briquet sur le bar tout en secouant la tête d'un air peu convaincu alors que le gars se justifie. Honnêtement, je me fiche pas mal du fait que je n'ai pas été consentant face à son baiser, parce que je n'aurais pas râlé si une fille m'avait fait ce coup, mais tout le reste me fait bien rire ! Pourquoi est-ce que ça serait triste de vivre avec de la rage ? Ça a plutôt tendance à me faciliter la vie. Je lui décroche un nouveau regard sceptique, puis après avoir tiré sur ma cigarette, je l'extrais d'entre mes lèvres afin de lui répondre.

« J'crois qu'tu surestimes ton importance. L'prend pas pour toi, mais s'tu crois qu'c'est ton baiser qui m'a fait sortir d'mes gongs, tu t'plantes. Je secoue la tête tout en détournant le regard. J'suis naturellement comme ça. Y'a des gens comme toi qui sont sympa même avec des connards, puis y'a ceux comme moi qui sont des connards avec tout l'monde. Je lui décroche un regard en coin. Crois c'que tu veux, mais c'est bien plus simple d'envoyer chier tout l'monde que d'jouer les gentils. Alors, j'te retourne la question : comment tu vis comme ça ? »

C'est une question de point de vue, enfin c'est ce que je crois. Ce type me donne l'impression du gus adorable et que toutes les filles adorent parce qu'ils les fait rire et qu'il prend soin d'elles, mais en attendant je le soupçonne de se faire frienzoner par toutes les filles en question. Pourquoi ? Parce qu'il est trop gentil. Être un mec sympa n'apporte que des emmerdes, c'est un fait.
Je fais tomber la cendre de cigarette par terre avant de tirer une nouvelle bouffée de nicotine, puis je reprends la parole d'un ton moqueur.

« S't'as envie d'rouler une pelle à Keivn, j't'en prie. Fais c'que tu veux. Tu t'accordes trop d'importance s'tu crois que ça va m'empêcher d'dormir d'savoir que des mecs se ramonent entre eux. En fait, j'crois qu'les choses seraient bien plus simples si tout l'monde s'abstenait d'savoir c'que les autres font dans leur chambre. Je plante mon regard dans le sien. J'en ai rien à battre d'savoir c'qu'les autres font au pieu, c'sont eux qui ressentent toujours l'besoin d'me l'faire savoir. Surtout les gays et les lesbiennes bizarrement. Faut croire qu'vous avez p't'être besoin d'vous justifier ? T'as pas la conscience tranquille mon gars ? »

Cette fois-ci le ton est clairement provocateur. La colère s'est atténuée, je n'ai plus envie de lui mettre mon poing dans la gueule ! J'en suis passé au stade suivant, à savoir celui de le malmener un peu. Pas physiquement bien entendu, j'ai juste envie de voir s'il est capable de s'énerver ou pas. Fidèle à moi-même, je vais m'amuser un peu à ses dépens en le titillant et en jouant le vrai connard jusqu'à ce qu'il en ait trop marre et qu'il se tire. Combien de temps est-ce qu'il va tenir ? Je me le demande ! Un très bref sourire passe sur mes lèvres alors que je porte mon verre presque vide à mes lèvres, puis je le repose après avoir avalé une bonne gorgée, non sans juger une nouvelle fois mon voisin.

« Si c'est trop fort pour toi, tu devrais plutôt tenter l'coup avec des jus de fruits. »

Après tout les homophobes sont aussi des connards qui voient tous les autres mecs comme des petites natures non ? Je m'en voudrais de le décevoir en dosant trop légèrement ma masculinité toxique.

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— Ah ouais, t’es pas du genre sympathique toi.

Ce discours, Wesley l’a déjà entendu souvent et ça le lasse. L’alcool l’aide à ne pas se braquer tout de suite mais son agresseur n’a pas l’air très motivé à enterrer la hache de guerre. Même son pote semble blasé par son attitude provocatrice. Comment répondre, dans ces cas-là ? Le détective a sa méthode bien à lui...

— Y’a rien de mal à boire des jus de fruit, tu le savais ? C’est même bon pour la santé. Tu devrais essayer, surtout en tant que fumeur.

Il sourit largement, l’ancien journaliste, content de jouer un peu au con mais surtout, de ne pas céder à la facilité. Oui, une partie de lui a très envie de hurler un coup sur ce macho homophobe pour lui apprendre la vie sauf qu’à ce jeu-là, Wesley ne gagnerait pas. Et pas seulement parce qu’il était tout seul contre au minimum deux mecs dangereux. Il ne savait pas se battre, il encaissait les coups plutôt bien, la force de l’habitude, sauf que ça n’allait pas l’aider et ses années au Detroit Free Press ne lui avaient pas donné que des amis dans la police… Certains seraient trop heureux de le boucler pour au moins quarante-huit heures de garde à vue, et Esteban refuserait peut-être de venir le chercher, cette fois ? Ce qui l’obligerait à appeler Christa à l’aide et ça… Franchement, la honte.

Bon, il partait un peu loin dans le délire. Mieux valait récupérer son briquet, le ranger dans sa poche et…

— C’est pas très respectueux de faire tomber ses cendres sur le sol, tu penses un peu aux gens qui nettoient ? Enfin… J’imagine que non. Heureusement que d’autres le font, c’est sûrement pour ça que personne ne t’a vidé de verre sur la tête !

Il continue de sourire largement. Est-ce qu’il plaisante ou est-ce qu’il l’agresse ? Difficile à dire, Wesley lui-même n’est pas bien sûr, ce qui ne l’empêche pas de vider le verre d’alcool qu’on lui a servi. La boisson coule dans sa gorge, agréablement chaude, pour tomber dans son estomac vide et faire disparaître le peu d’inhibitions qui lui restait.

— Bon j'imagine que c'est le moment où je me casse avant que tu ne me menaces ou que tu ne perdes patience ?

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But it’s no use, it’s a dream to be broken. I run and run, but I’m not getting anywhere. Just burn me out, yes keep pushing me away. This is a fool, crazy in love, chasing in circles

--- Sweet smiles, while dominoes keep falling.

Oh, le petit chiot commence à montrer les dents ? Je dois avouer que je préfère l'entendre me répondre plutôt que de me traiter comme une victime. Bizarrement, avec moi ce qui fonctionne le mieux c'est de ne pas s'écraser. J'ai une forte tendance à la provocation et j'aime bien retrouver ce trait de caractère chez mes interlocuteurs. Mon regard se repose sur le visage du gars qui a l'air plus sûr de lui, à moins qu'il ne soit en colère et qu'il le dissimule sous une couche de défi ? Un bref sourire éclaire mes lèvres alors que j'entre dans le jeu.

« Ah ouais ? Et pourquoi spécifiquement en tant qu'fumeur ? Y'a un délire spécial avec les jus d'fruit et le tabac ? »

Je pose la question comme si ça m'intéresse alors que c'est loin d'être le cas. Je ne bois jamais de jus de fruit, et en dehors du boulot, je ne bois pratiquement que de l'alcool. Je suis certain de cocher les critères requis pour être considéré comme alcoolique, même si ma consommation a évidemment beaucoup diminué lors de mon séjour à l'ombre, mais ça ne me tracasse guère. Je ne songe pas au futur, et la perspective d'être en train de ruiner mon foie me travaille à peu près autant le réchauffement climatique – c'est-à-dire pas du tout pour ceux qui ne suivent pas ! Cela dit, ce gars m'amuse à sa manière, et son attitude de donneur de leçons me donne envie de le pousser jusqu'à ce qu'il admette qu'il ne fait que débiter des conneries.

Il en rajoute une couche en me rappelant à l'ordre lorsque je balance ma cendre par terre, mais au lieu de m'énerver, je me contente de poser un regard insondable sur son visage. Mes prunelles restent plantées dans les siennes et je ne le quitte pas des yeux même quand il vide son verre, peut-être pour se redonner un peu contenance ? Je reste calme, et mon visage n'exprime rien de particulier, du moins jusqu'à ce que le défenseur des gays n'essaye de trouver une excuse pour se carapater. Je laisse passer quelques secondes de silence avant qu'un sourire goguenard ne vienne ourler mes lèvres.

« Quoi, t'vas me dire que j'te fais peur ? Si c'est l'cas, pourquoi t'es venu t'installer à côté d'moi ? »

Tout en parlant, je pivote sur mon siège pour lui faire face. La cigarette se consume entre mes doigts, mais je n'y prête pas vraiment attention, trop préoccupé que je suis par l'attitude ambivalente de mon rival du moment. Qu'est-ce qu'il essaye de faire ? De me provoquer pour que je le frappe ? Ou est-ce tout simplement l'alcool qui lui fait pousser des ailes ? Je ne sais pas, mais j'ai bien envie de le tester, et bizarrement ma colère semble s'atténuer au profit d'une envie de le tourmenter un peu. J'ignore si je vais y arriver, mais j'ai bien envie de tester. Je finis par porter la cigarette à mes lèvres avant de faire une nouvelle fois tomber les cendres par terre.

« C'est pas comme ça qu'fonctionne le système d'l'offre et d'la demande ? Si personne ne salit, il n'y a pas besoin d'quelqu'un pour nettoyer. En faisant ça, j'créé d'l'emploi, t'es pas d'accord ? Mon sourire s'élargit et je constate que Kevin s'est rapproché pour nous surveiller, mais je l'ignore. T'as pas une très bonne opinion d'moi à c'que j'vois. Tu t'imagines que parce qu'tu m'provoques un peu, j'vais m'énerver et t'en coller une ? C'est ta manière d'te faire passer pour une victime, c'est ça ? Ou t'es un peu maso et t'as pris ton pied quand j't'en ai collé une avant ? J'incline légèrement la tête sur le côté avant de reprendre. Et t'attends quoi pour m'vider un verre sur la tête ? T'as peur ? Pourtant t'as assez d'couilles pour me provoquer. Faut aller jusqu'au bout mon gars, sinon t'as l'air d'un chiot qui aboie avant d'aller s'planquer dans les jupes d'sa maman. »

Je me demande jusqu'à où il osera aller, et si ça doit me valoir un verre sur la tête, je suis prêt à faire ce sacrifice. Au fond, je crois que ça m'amuserait presque de voir ce gars se lâcher un peu, parce que jusqu'à présent il m'a surtout donné l'impression d'être un donneur de leçons doublé d'un Chevalier blanc. Voir ces gars-là craquer c'est une vraie partie de plaisir, et plus encore quand c'est moi qui en suis à la source !

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Punishment

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I hurt myself today, to see if I still feel, I focus on the pain, the only thing that's real, the needle tears a hole, the old familiar sting, try to kill it all away, but I remember everything.

Wesley hausse les épaules sans répondre. Il suppose que les fruits contiennent des vitamines et plein de bonnes choses, comme le dit la publicité, pour aider les fumeurs à ne pas attraper de cancer ? Il n’en sait rien, il n’a pas fait médecine, mais en tout cas hormis si le connard souffre de diabète, il ne risque rien à se faire plaisir avec autre chose que de l’alcool. Du moins, c’est comme ça que le détective voit les choses…

— Mais non tu ne me fais pas peur, le rassure Wes de son air benêt.

Il devrait, pourtant, parce que si ce type n’appartient pas à un gang, il est a minima un criminel en devenir ou un bagarreur de bar compulsif. Dans tous les cas, le genre de personne que Wesley ne fréquente pas et ne veut pas fréquenter. Il a rompu avec une fille extraordinaire pour ne pas se compromettre à ce niveau… Mais ce n’est pas comme si l’autre allait lui laisser le choix ! Durant tout son discours, l’ancien journaliste le regarde, clignant parfois des paupières comme un poisson un peu con qui se demande où est passée l’eau autour de lui.

— Où tu as vu de la provocation, toi ?

Il arque un sourcil, hausse les épaules et se lève de son tabouret avec un sourcil indulgent. Il va jusqu’à oser lui tapoter l’épaule, comme pour le rassurer. Il fait deux pas, comme pour parler à l’ami du connard, puis prend le verre qui se trouvait devant l’autre homme et le vide sur la tête de l’emmerdeur homophobe.

— Wouf ! s’exclame-t-il en rigolant bêtement.

Oui, il a trop bu. Betty, qui les surveille de loin, a un air catastrophé sur le visage. Le barman soupire déjà, anticipant probablement une bagarre ou quelque chose du genre. Wesley, lui, ne se démonte pas même si une partie de lui commence à envisager de prendre un abonnement aux urgences.

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Il est complètement pété, ça se voit rien qu'à son expression de débile. Je me demande s'il a suffisamment bu pour laisser toutes les barrières tomber et pour essayer de me provoquer encore plus. J'obtiens rapidement ma réponse quand je l'entends déclarer que je ne lui fais pas peur avant d'enchaîner avec quelque chose d'aussi stupide. À quoi est-ce qu'il joue ? Je le suis du regard tandis qu'il se lève, s'autorise un petit tapotage d'épaule avant de filer vers Kevin. Il va vraiment lui rouler une pelle ? C'est la première chose qui me vient en tête, aussi suis-je particulièrement surpris quand il a l'audace de me vider son verre sur la tête. Alors ça ! J'admets que je ne l'ai pas vu venir ! Mais ça m'amuse autant que ça me donne envie de lui coller un poing en plein dans la tronche ! Par-dessus son épaule, je distingue partiellement le visage de Kevin qui se crispe, devinant sans doute la suite des événements, et ça m'arrache un léger rire alors que je prends la peine d'écraser ma cigarette sur le bar avant de réagir.

« C'marrant, j'ai toujours détesté les clébards. »

À peine ai-je terminé de parler que je me redresse d'une pression du pied sur le barreau du tabouret, puis je ferme ma main en un poing que j'expédie droit dans la tronche du crétin un peu trop provocateur. Est-ce que ça me gêne qu'il ait poussé le vice jusqu'à me verser ce verre sur la tête ? Pas vraiment, parce que ça me donne une raison pour lui cogner dessus sans avoir le rôle de l'agresseur !

Mon poing s'écrase contre le visage du gars et je me jette en avant pour le bousculer afin de le faire tomber par dessus son tabouret qui se renverse avec lui. Une nouvelle fois, j'entends Kevin hurler mon nom, mais je ne l'écoute pas le moins du monde ! Je trouve plus intéressant d'attraper le gars par le dos de son vêtement et de le retourner de force pour lui écraser le visage sur le sol.

« Bah vas-y, t'as pas envie d'creuser un trou le petit chien ? »

Je presse contre l'arrière de son crâne pour enfoncer son visage contre le dos, mais je suis gêné dans mon projet par un Kevin un peu trop stressé à mon goût. Mon pote ne trouve rien de mieux à faire que de me tirer par les vêtements, puis de tenter de me maintenir le bras en arrière alors que j'essaye à nouveau d'en coller une au gars au niveau des reins. Il l'a cherché, non ? Sauf que cette bagarre improvisée semble avoir attiré pas mal de monde et que d'autres spectateurs commencent à s'en mêler sans que ça ne me perturbe. Pour ma part, je suis bien plus amusé qu'énervé par la situation, et je me demande comment ce crétin va réagir. Je n'oublie pas qu'un coup de pied bien placé peut faire mal, alors je prends garde de tenir les zones sensibles loin d'éventuels mouvements de défense.

Spoiler:

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Punishment

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I hurt myself today, to see if I still feel, I focus on the pain, the only thing that's real, the needle tears a hole, the old familiar sting, try to kill it all away, but I remember everything.

Un homme bourré n’est jamais bien avisé et l’assertion se vérifiait tandis que Desmond se jetait sur Wesley pour lui coller une droite, ravivant les douleurs de son visage. Le détective s’écroula et son agresseur n’en resta pas là, écrasant son visage sur le sol rendu humide par le verre versé plus tôt. Les perceptions de l’ancien journaliste manquaient de clarté. Sa tête pulsait au rythme du sang qui s’écoulait de son nez, peut-être brisé. Ses dents lui faisaient mal du côté gauche, il les sentait avec acuité de la pointe à la racine. Il n’en menait pas large…

La décharge d’adrénaline aurait pu lui éclaircir les idées, hélas, elle ne rendit la douleur que plus intense encore. Dépité, Wesley essaya de se relever mais encaissa à la place un coup de pied venu d’il ne savait où. Autour de lui, il percevait des cris inintelligibles. Le sol lui paraissait un très bon endroit pour dormir… ou tourner de l’œil… ou les deux ?

Coup du sort :
Option 1 : Betty hurle qu'elle a appelé la police afin de faire fuir Desmond et son ami.

Option 2 : La bagarre dégénère en affrontement général dans le bar. Le barman prévient la police qui met plusieurs minutes à intervenir.

Option 3 : Wesley perd connaissance et se réveille à l’hôpital où il restera un peu plus d’une journée, le temps de surveiller sa commotion cérébrale.

Si quelqu'un lui demandait de raconter sa soirée, le détective en aurait été bien incapable. L'image de son agresseur restait floue dans son esprit, il avait trop bu et pour ne rien arranger, il avait mal absolument partout. Sur le moment, son cerveau enregistra quelques flashs comme la courageuse Betty, dressée entre Desmond et lui, ou encore le barman qui essayait de lui parler après avoir sauté par-dessus le bar, comme s'ils étaient dans un film. Kevin entrainait son ami vers l'extérieur, quelqu'un parlait de police, mais honnêtement...

Il était temps de fermer les yeux sur toute cette folie et cette violence inutile.
Est-ce que sa route recroiserait celle de Desmond ? Peut-être, pour le meilleur mais surtout pour le pire...

Spoiler:

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Le membre 'Wesley Cupp' a effectué l'action suivante : Coup du sort

'3 Options' :
La vie se passe en quiproquos Qfb4

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CAUCHEMAR

ultimate horror often paralyses memory in a merciful way. --

‡ ▬ BEYOND THE VEIL ▬ ⚖