fuck this year ft. Esteban

Début de l'année 2024 - quelque part pendant la journée.
@Esteban Madden

Le problème, de remettre la tristesse à demain…
C’est que demain finit par arriver.

Un demain grisâtre où la neige n’a même pas eu le bon goût de tomber. Un demain de crachin, avec une gueule de bois carabinée, l’odeur de Riley dans ses draps, mais plus de magnifique jeune femme, disparue aussi vite qu’elle était arrivée dans son existence. Un demain où l’envie de sourire l’avait quitté -du moins pour un temps. Un demain…

Un putain de demain.

Bonne année, quelle merde.

Il en avait reçu, des messages pour le lui souhaiter. Son téléphone n’avait pas arrêté de vibrer mais il l’avait coupé, parce qu’il le pouvait. Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Et tous les dérivés, dans toutes les langues, avec tous les jeux de mots merdiques, il n’en peut plus, Wes. Il n’en peut plus, il veut le balancer sur son mur. Violence définitive.

À la place, il se torture, se lance un téléfilm de Noël. Noël, toute cette merde avait commencé à cause du réveillon, à cause du frère de Riley. Mais à la télé, tout se terminait bien. Dans sa vie, par contre…

Encore un texto, il l’ignore. Encore un texto, il l’ignore.
Encore un texto, il…
Ah, putain, Esteban.

« Va te faire foutre avec ta bonne année, c’est pourri, je retourne en 2023. »

Super réponse. Quel bon ami, ce Wes ! Vraiment… Il s’en veut mais le message est parti, alors cette fois, il jette son téléphone plus loin sur le canapé et s’emmitoufle dans le plaid qui sent encore un peu Riley, le plaid qu’ils partageaient quand il lui faisait découvrir tous les films de Disney qu’elle ne connaissait pas vu qu’elle avait grandi dans une drôle de communauté survivaliste. Seul son visage dépassait et, dessous, il ne portait rien parce qu’en se rendant compte de son absence, il n’avait pas eu la force de chercher les fringues éparpillées dans la pièce. Il avait faim mais se lever n’était pas envisageable. Il avait mal la tête mais prendre une aspirine impliquait aussi de se lever, et ça, c’était mort. Alors il resta là, hypnotisé par son film, à se comporter comme un ado immature.

Heureusement que Riley n’assistait pas à ça.

Heureusement (ou pas) Wes avait balancé son téléphone à l’autre bout du canapé et donc ne vit pas la réponse d’Esteban. N’empêche, il ne s’attendait pas à le voir débarquer chez lui sans s’annoncer (bon il s’était peut-être annoncé dans un texto, se dit l’ancien journaliste) en usant des clés qu’il avait fini par lui donner en espérant qu’un jour, il le retrouverait en train de faire le ménage et préparer un bon repas (oui ça n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, à l’époque).

— On enterre l’amour, l’amour ça craint.

Il soupira, se rendit compte que son message avait été un peu… violent, injuste ? Il ne voulait pas lui parler comme ça, enfin… peut-être qu’il le voulait, pour provoquer une réaction, pour l’attirer ? Il aurait pu se comporter comme un type civilisé et l’inviter mais apparemment, la démarche lui passait au-dessus. Il avait quelques progrès à faire… Alors, pour compenser, il servit à Esteban son plus beau regard de chien battu, un peu pitoyable, un peu misérable, carrément ridicule surtout qu’il cuvait encore sa gueule de bois et avait une sale tête.

— J’suis désolé. T’es venu me casser la gueule pour t’avoir mal parlé ? Parce que j’dois te prévenir, je suis à poil sous mon plaid et je suis triste, alors bon ça excuse pas hein… Je peux avoir un câlin ?

Il aurait peut-être dû commencer par là, sans préciser qu’il ne portait pas de fringue. Peu de chance qu’Esteban accepte, mais maintenant qu’il était là, Wesley avait soif de contact, soif d’une bonne âme pour le consoler, lui rappeler que la vie continuait et continuerait encore, qu’il n’en était pas à sa première rupture et que, franchement, y’a pire dans la vie même si là… Après deux ans à s’obstiner à aimer dans le vide, être aimé en retour, ça allait lui manquer.

Wes fixa Esteban, rappelé à l’ordre d’une certaine manière par la déclaration je suis plus en état de le faire. On oubliait facilement, en regardant ce grand dadais, qu’il avait salement morflé quelques mois plus tôt. Les images revinrent percuter les pupilles de l’ancien journaliste, qui resserra un peu le plaid autour de lui. Il en avait cauchemardé pendant des semaines et en avait un peu voulu à Esteban, aussi, d’avoir joué les héros sans réfléchir, d’avoir failli crever. Les peines de cœur, c’est une chose. Perdre quelqu’un à qui on tient, de manière définitive… Jusqu’ici, malgré la violence de Détroit, Wes était parvenu à passer entre les mailles du filet. Des gens qu’il connaissait étaient morts, oui, mais pas des proches.

Il se laissa aller contre le corps d’Esteban, le bras de ce dernier autour de ses épaules. Il inspira son odeur, ferma les yeux, et même si c’était un peu bizarre, se dit qu’il resterait bien comme ça un moment. Il entendait son cœur battre, donc il était vivant, donc les images pouvaient disparaître, et la proximité d’un autre humain lui faisait du bien, quand il allait mal.

— J’suis sûr que si, tu veux savoir. C'est une aventure pleine de rebondissements !

Il rigola, se forçant un peu, et écouta le deal proposé. Il ne répondit pas tout de suite, parce qu’il pourrait se brosser pour un autre câlin, il le savait, et il se sentait bien, là, comme ça.

— Me doucher genre… tout seul ?

Il tourna sa tête contre l’épaule d’Esteban, pour regarder son visage. Ou plutôt, le bas de son visage, un bout de menton et de joue. Il ne voyait pas son expression d’ici, il se l’imaginait en train de buguer. Wes rit et se redressa.

— Je blague, tu m’as eu à « manger » même si je ne suis pas certain que tu arrives à quelque chose de correct avec ce qu’il y a dans le frigo. Fais ta magie, grand chef, moi je pars en quête de mes caleçons perdus. Ce serait pas un super film, sans déconner ?

Question rhétorique posée alors qu’il se relevait, toujours à poil sous son plaid, enroulé autour de ses épaules et qui arrivait à la moitié de ses cuisses. Il tituba, pas tant à cause de la gueule de bois qu’il cuvait toujours que des fourmillements dans ses membres restés trop longtemps immobiles. Il manqua de se casser la gueule par deux fois, et il n’était pas encore dans la salle-de-bain. Entre comique et pitoyable, le nouveau détective restait fidèle à lui-même…  

Non, Esteban ne serait pas un bon pansement. Wes le savait. Ça ne l’avait pas empêché de se fendre d’une petite blague parce qu’il avait cette tendance à l’autodestruction quand il souffrait d’une peine de cœur, quand le malheur pesait sur ses épaules. Faire les mauvais choix. Emprunter les mauvaises routes. Et se mordre les doigts ensuite. Se taper son ami ne lui apporterait même pas de plaisir, ou alors l’espace d’une seconde, deux peut-être… Après viendrait la honte, la culpabilité. Même pas vis-à-vis d’Esteban, mais de Riley, alors qu’il ne lui devait plus rien et qu’elle n’attendait aucune fidélité de sa part.

Alors mieux valait rire, enterrer sa déclaration, et faire comme si Esteban était tombé dans le panneau.

— Ça peut, si les slips ont des smilies sur leur tissu et s’ils font des blagues nulles ! Bon s’ils rencontrent des petites culottes par contre là…

Et il devisait, grand imbécile, en avançant dans les pièces de son appartement, enroulé dans son plaid, pendant qu’Esteban rangeait. Il ne lui avait même pas répondu quant aux courses et à la cuisine, préférant le laisser juger par lui-même. Pas plus qu’il ne s’arrêta sur le fait que son ami rangeait son appartement. En d’autres circonstances, ça l’aurait gêné, mais là…

Dans son frigo, il restait exactement : trois canettes de bière, un pot de mayonnaise entamé, des légumes dans un bac qui avaient connu des jours meilleurs et commenceraient bientôt à se déplacer seuls (folie d’une dernière semaine de décembre pleine de bonnes résolutions), un reste de plat chinois qui remontait à un ou deux jours, un œuf unique rangé dans la porte, une demi bouteille de cacao et une bouteille de vin entamée… un jour ?

Dans ses placards, il restait trois paquets de chips, un paquet de cacahuètes, des céréales hyper sucrés en rond de couleur arc-en-ciel et la fin d’une boîte de dosettes de café.

Et un petit pain au lait qui avait tourné.

Le temps qu’il découvre tout cela, Wesley avait abandonné son plaid à l’entrée de sa salle de bain et se trouvait sous la douche. Figé, il regardait couler l’eau depuis le pommeau, directement sur son visage, l’air un peu ahuri.

— Arrête j’suis vraiment pas d’humeur à ça !

Il le cherchait un peu, c’est vrai, mais plus dans une idée d’autodestruction que de réelle envie. Wesley avait toujours l’odeur de Riley sur lui, partout sur lui, et il s’apprêtait à la faire disparaître sous la douche. C’était une étape importante à passer, pour lui, et certainement pas de cette manière-là.

Le nouveau détective resta une éternité, d’abord juste sous le jet, puis un électrochoc le poussa à choper son savon liquide, à faire mousser son éponge, et à se laver. Il pleura un peu à ce moment-là, des larmes qui comprimèrent son front, lancèrent un début de migraine…

Il s’enroula dans une serviette, fouilla son armoire à la recherche de fringues décents, quelque chose pour le couvrir. Il trouva un pantalon de jogging trop large, un moche caleçon, un hoodie qui avait connu des jours meilleurs et des chaussettes épaisses. Il ne lui manquait qu’un pot de glace pour être paré.

Il retourna dans son salon sans trouver Esteban. Il l’appela, le chercha, en regardant sous le canapé, dans le frigo, dans une armoire, des fois que ce grand con se soit caché. Puis il comprit que son ami l’avait abandonné.
Puis il se rappela cette histoire de nourriture, de course, et en remarquant la disparition de la poubelle, se dit qu’il était sûrement parti les ravitailler. Alors il s’assit dans son fauteuil, observant autour de lui, vaguement mal à l’aise. Il aurait pu nettoyer un peu…

La porte s’ouvrit sur un Esteban trop chargé, essoufflé. Wesley se précipita pour l’aider.

— Mais t’es con ou quoi ?! Va pas crever pour deux courses. Merde t’as dévalisé le magasin ?

C’était quoi, tous ces produits qu’il ramenait ? Certains ressemblaient à de vrais fruits et de vrais légumes. L’ancien journaliste adorait manger mais ces derniers temps, ça se passait surtout à l’extérieur…

— Tu veux pas t’assoir ?

La main posée sur l’épaule de son ami, l’inquiétude avait presque balayé sa douleur.

Wesley eut le bon goût de paraître embarrassé par la remarque d’Esteban. Il jeta un œil en direction de son frigo, comme si le meuble allait lui faire la leçon ou avouer sa culpabilité quant à la disparition de ses denrées. Il n’était pas le seul fautif, restait encore à interroger les armoires et le reste de la cuisine…

Ouais, le détective novice se laissait clairement aller.

Son embarras ne diminua pas quand son ami attira son attention sur le désordre dans son appartement. Le sujet revenait souvent, entre eux, et en général il le prenait à la plaisanterie mais là…

— Ouais, je vais faire ça.

Pas l’aider à cuisiner, mieux valait ne pas s’en mêler. Wesley adorait manger mais ne brillait pas par ses compétences aux fourneaux. Il connaissait les bases mais s’ennuyait vite puis autant ne pas empiéter sur l’espace vital d’Esteban. Esteban qui, lui, s’en sortait bien mieux. Wesley se réjouissait de manger son plat ! Puis, connaissant ses tendances un peu maniaques, mieux valait commencer à remettre un peu d’ordre. Ça lui ferait du bien… Probablement ?

Au moins, ça ferait du bien à son pote et il le méritait. Pas que pour son état, pas que pour les cicatrices qu’il devinait sous ses fringues pour les avoir vues à l’hôpital. Non. Juste parce qu’il était là.

— Non mais c’est juste… ouais j’imagine. Une chose à la fois hein ? C’est sympa d’être venu même si c’était pour m’en coller une, au départ.

Il sourit, piteux, comme un gamin prit en faute. Les courses, le soutien, le repas, Esteban était un bien meilleur ami que Wesley, qui tirait pourtant une certaine fierté à être toujours présent pour les autres. Comme quoi… Deux poids, deux mesures.

Tout en commençant à rassembler les fringues éparpillées sur l’accoudoir du canapé, l’ancien journaliste s’expliqua enfin sur l’origine de son état :

— J’avais trouvé la fille parfaite mais on a rompu le soir du nouvel an parce que figure toi qu’elle appartient à un gang et bon… vu ce que je fais dans la vie… c’est un peu compliqué, pour bosser avec la police, puis tout le reste, enfin… Elle était géniale. Même la rupture a été géniale. J’en ai jamais connue une aussi… simple ? Une fille en or. Je vais rester seul toute ma vie.

Gorge nouée, Wesley baissa les yeux et se figea, essayant de redémarrer son cerveau pour entamer le geste suivant. Pourquoi est-ce que cette chaussette se trouvait sur sa table basse exactement ?

Pour rendre justice à Wesley, il vivait dans ce qu’il appelait un “bordel organisé”. Il savait où se trouvait chaque chose même si, pour un œil extérieur, ça n’avait rien d’évident. Depuis sa rupture, par contre, son organisation chaotique en avait pris un coup et il s’était clairement laissé aller. Ainsi, il rangeait, oui, mais à sa façon particulière qui donnerait tout de même des sueurs froides au pauvre Esteban.

Esteban qui recevait la confession pitoyable du détective au cœur brisé et y répondait du mieux qu’il pouvait, quoi qu’il n’y ait rien à dire en réalité. Wesley savait qu’il avait agi correctement, en restant fidèle à lui-même et à ses principes, en restant cohérent. Il avait beau espérer que l’amour vienne pour rester, la plupart du temps, il repartait et il détruisait, comme le disait Esteban. Wesley n’avait pas été présent pour lui à ces moments-là et il le regrettait rien qu’à imaginer son ami moitié aussi mal qu’il se sentait là, en ce moment.

— Heureusement que t’es toujours là, qui me ferait la cuisine autrement ?

Il sourit comme un con, pour essayer de dédramatiser la situation, de ne pas se mettre à bêtement chialer alors que l’odeur de la nourriture réveillait son estomac et lui donnait envie de se pelotonner à nouveau dans une couverture. Céder à la facilité… Esteban, pourtant, n’était pas son père, ni sa mère, ni quoi que ce soit de ce genre. Il méritait un peu de décence, alors Wesley s’obligea à continuer sa pêche aux fringues sales.

— C’est ce que je me dis mais n’empêche, elle n’est plus là… Elle m’a aidé à passer outre mon obsession pour Eliott et c’est déjà pas mal, le truc c’est que… J’ai l’impression de ne faire que ça, m’accrocher à des gens avec qui ça ne marchera jamais. Je ne sais pas si je fais les mauvais choix inconsciemment ou si je n’ai juste pas de bol, c’est déprimant. Encore tout à l’heure…

Il l’avait fait passer pour une blague mais ça ne l’avait pas empêché de sous-entendre un rapprochement avec Esteban, alors que ça ruinerait leur amitié. Ou peut-être que non. Mais probablement que si. En tout cas, la période n'était pas propice à ce genre de réflexion ni de décision.

— Dis j’y pense mais… t’as dit deux fois en trois ans, je suis au courant que d’une, moi.

Est-ce qu’il s’était fait planter récemment ? Est-ce que Wes avait été un pote aussi nul que ça, pour ne pas l’avoir su ?

Wes sourit. Il n’a pas envie de penser à Eliott. Il est heureux pour lui, a appris à se réjouir de son bonheur au lieu de ressasser pourquoi pas moi. C’est injuste et contre productif de toute façon. Esteban a raison, faut savoir s’amuser sans s’accrocher mais Wesley rêve du grand amour depuis si longtemps… Et son temps, justement, s’écoule. Il a quarante ans, approche des quarante et uns, et a l’impression tenace que la vie disparait trop vite pour la gâcher. Pourtant, il est le genre de mec avec qui on couche, avec qui on s’amuse, pas avec qui on s’engage, faut croire.

— Si c’est que pour réchauffer mon matelas, je préfère autant un homme mais t’as raison, je suis déjà à deux doigts de tomber amoureux de toi parce que tu me fais la cuisine alors imagine si on baise, je suis foutu. (il rigole doucement, plus sérieux qu’il ne le voudrait) Là, je sais pas, si je couchais avec une fille, j’aurais l’impression… de la trahir. C’est con, on a rompu, mais je suis pas prêt. Puis Christa…

Merde, il l’a aimé elle aussi, d’une manière différente de Riley mais il y a cru, tout un temps, jusqu’à songer à acheter une bague pour concrétiser son conte de fée. Et il a mis un bon moment à s’en remettre. Pourtant, là, il pourrait craquer. Son imagination commence à s’emballer, il a arrêté de ranger quoi que ce soit. L’assiette amenée par Esteban n’arrange rien, l’ancien journaliste se jette dessus sans remarquer la tronche que tire son pote. Il mord avec entrain, se brûle la langue mais se retient de foncer dans la cuisine quand il entend la bombe que lui lâche le cuisinier.

La bouche entrouverte (après avoir avalé et bordel ça brûle l’œsophage) les mots refusent de sortir. Y’a de la culpabilité, déjà. Celle de ne rien avoir remarqué à l’époque, celle de ne pas avoir été un ami suffisamment présent pour qu’Esteban ait envie de lui raconter ça. Puis la frustration, justement de ne l’apprendre que maintenant, même s’il admet volontiers que c’est égoïste.

Il ne sait pas quoi dire, quoi faire. Alors à défaut des mots, Wesley le prend dans ses bras. Comme ça, sans prévenir, même s’il sait que ce n’est pas trop le truc d’Esteban. Il le prend dans ses bras parce qu’il veut lui faire sentir que même s’il est un ami de merde, il le soutient.

— J’suis désolé de pas avoir été un assez bon ami pour que tu te sentes de m’en parler avant aujourd’hui. Et surtout, que tu aies vécu un truc pareil. Tu mérites mieux.

Il le serre un peu plus fort en prononçant la dernière phrase. Puis il le libère, parce qu’il sait qu’il a abusé. Il le regarde dans les yeux, sent sa lèvre qui tremble.

— Et moi je te mérite pas. Mais putain je suis content que tu sois là. T’es sûr que tu veux pas qu’on se marie ?

Il rigole doucement, Wes. C’est son truc, dédramatiser les situations horribles avec une petite plaisanterie. Il ne veut pas mettre Esteban mal à l’aise, il ignore comment lui parler, comment réagir, ce dont il a besoin. Il le détaille pour essayer de le deviner.