Art is where work meets love • pv Petula Taylor

Tu ne te considérais pas comme une mauvaise personne, au contraire, même si tu fomentais intérieurement une revanche, le reste n'était pas du même acabit. La revanche était un fil rouge dans ta vie, un but ultime que tu n'atteindrais peut être pas aussi rapidement que tu le voudrais, certainement même au vue du rythme où les choses se passaient, se déroulaient. Mais peu importe, tu étais sur la bonne voie, et tu continuerais ainsi. Dans l'instant, ce n'est pas de cela qu'il s'agissait mais d'autres choses, moins dramatiques, plus légères, plus cool, et dans cette saleté de ville, ça faisait sacrément du bien d'ailleurs. Bella t'avait donné rendez-vous dans le parc pour une petite séance, soit de photos, soit de dessins selon ses inspirations du moment, et tu aimais bien servir de modèle à travers ses doigts si doués pour te prendre sous tes meilleurs jours. Tu avais fait un petit effort sur le maquillage, pour que les cernes ne se voient pas trop, pour que la fatigue ne se lise pas de façon outrageante sur ton visage. Parce que oui, même si tu avais pris le rythme de dormir tard, et travailler la nuit, ce n'était jamais simple de trouver le bon équilibre, la bonne carburation et depuis que tu es là, la fatigue ne cesse de s'accumuler de façon presque anormale. Mais peu importe, tu as réussi à te faire quelques amies dans le coin surtout des femmes d'ailleurs, et tu ne boudes pas ton plaisir quand tu peux passer un peu de temps avec elles. Et donc, aujourd'hui, c'est la belle Isabella qui a raflé la mise. Le rendez-vous avait été pris dans un parc, là où elle pourrait libérer toute sa créativité. Tu connaissais son coin habituel, mais peut être qu'elle déciderait d'en changer, tu ne savais pas trop, mais au loin, tu la voyais, sur son banc, son carnet de dessin en main et son mythique coca à côté d'elle. Tu ne sais toujours pas comment elle fait pour boire des quantités astronomiques de cette boisson. Depuis le temps, il n'y a plus de feuille de coca dedans, autrement dit, à part le sucre, il n'y a plus vraiment de substances addictives, mais voilà, c'est son fidèle compagnon. Et si tu ne l'avais pas vu, elle t'alpague, te faisant signe du bras avec un beau sourire sur le visage. Tu lui réponds en faisant à ton tour un petit signe et un sourire. Tu t'approches et tu la prends dans tes bras, ça te fait du bien de la voir aussi.

" Bella, tu sais bien que nous avons des emplois du temps de ministre, pas besoin de t'excuser pour ça. Mais maintenant que je suis là, ça va bien et toi alors ? T'es là depuis combien de temps ? "

Parce que oui, elle semblait être tellement absorbée par le paysage qu'elle devait être là depuis de longues minutes, peut être une heure ou deux alors qu'il ne fait pas si mauvais que ça. Tu ne sais pas ce qu'elle compte faire, mais passer un moment avec elle égayerait à coup sûr ta journée.

Elle semblait être d'une patience parfois infinie, elle pouvait passer des heures à prendre des photos, à faire en sorte de dessiner, de peindre la nature, ou des personnes aussi, même si là, tu n'étais pas devant elle, pas encore, et que donc, elle s'était laissée bercée par l'ambiance qu'elle avait trouvée assurément reposante, et tu ne pouvais pas lui dire le contraire. Elle en avait perdue la notion du temps, se disant que de toute façon, elle ne t'avait pas donnée rendez-vous avant un certain temps et que donc, elle pourrait en profiter jusqu'à ton arrivée, chose qu'elle avait fait alors que tu venais à la prendre dans tes bras. Elle était plus âgée que toi, quelques années de plus, mais vous aviez rapidement accrochée toute les deux, c'était plaisant de se rendre compte que malgré tout, tu avais réussie à te faire des amies, de vraies amies, au delà de tout ce qui avait pu t'amener dans cette ville complètement pourrie, où il était bien souvent difficile de faire facilement et rapidement confiance. Pourtant, jusque là, tu avais réussis à ne pas faire trop de mauvaises rencontres, enfin assez peu en proportion de ce que tu pouvais voir, et comprendre des drames qui se tramaient à Detroit, ville maudite, où la violence était un éternel refrain.

" On a perdu la notion du temps à ce point là alors, tu ne changeras jamais. "

Et toi aussi tu en rigoles, un rire léger, qui fait du bien en ces circonstances pas si simples que ça pour toi. Et rapidement, elle remarque les détails te concernant, un peu de maquillage, rien d'incroyable, mais un peu de eyeliner noir sur tes yeux, et un petit rouge à lèvre discret, rien de fou oui, mais elle l'a vu, et elle t'en fait la remarque quand même, franche, mais son oeil est si avisé que tu la crois sur parole. La vérité est que tu le sais, que tu es belle au naturel, les clients aiment te choisir pour ça, parce que justement, même si tu te maquilles toujours un peu, tu n'es pas un pot de peinture comme d'autres pour tenter de paraître plus belle, plus jolie.

" J'avais envie de mettre de menus artifices sur mon visage oui, un peu de eyeliner sur le contour des yeux, et un petit rouge à lèvres, presque comme si j'étais au naturel. Tu sais que je ne suis pas un pot de peinture comme d'autres. Mais toi aussi tu sembles resplendissante aujourd'hui. "

Même si sa couleur de cheveux naturel lui irait mieux sans doute, assurément même, mais toutes les couleurs pourraient bien lui allé, elle a la bonhommie qui va avec, c'est une certitude qui n'est plus à remettre en cause malgré tout. Tu lui souriais, observant ce qu'elle avait pu dessiner déjà, et comme souvent, le grain de dessin était parfaitement assuré, c'était beau à voir, comme l'âme que tu voyais en elle, presque trop pure et positive pour cette ville.

Venir par ici, venir la retrouver c'est un peu de légèreté dans ton quotidien, même si tu l'as choisi, même si tu ne peux pas faire autrement maintenant que tu es engagée dans le processus. Alors oui, tu aimes ces moments plus doux avec la belle Garcia, et pour sur, elle est réellement unique, optimiste comme jamais, comme tu n'arrives plus à l'être pour le moment, car ce monde tente clairement trop de s'en prendre à toi et de te faire du mal. Mais tu essayes de faire au mieux, et la cotoyer te fait du bien, il n'y a pas à en douter. Alors tu acquiesces à ses propos, au fait qu'elle est unique ou presque dans le monde dans lequel vous vivez.

" Ta mère a raison, les mères ont toujours raison, même si parfois, on s'en rend compte bien après. "

Enfin, dans la majorité des cas, elles ont raisons, il y a toujours une petite minorité qui fera exception à la règle évidemment. Concernant la tienne, tu ne saurais dire, depuis que tu es là, tu n'as pas plus de nouvelles alors que tes parents sont au courant des articles sur lesquels tu es en train de bosser. Bref, tu verras bien si elle part dans ce sens pour la suite de la conversation, tu ne crois pas avoir véritablement abordé le sujet avec elle, et vu comment tu en parles, tu sais que ça pourrait être un terrain glissant. Quoiqu'il en soit, tu la complimentes à propos de son physique. Elle est toujours belle, radieuse, et ceci au naturel, si on excepte ses cheveux, mais ce n'est pas du maquillage, même si ça reste une coloration quand même. Et donc, elle te demande si ça va pour toi. Dans l'instant ça va, dans les grandes lignes, ça va, mais ce n'est jamais aussi simple que ça.

" Je bosse toujours trop, mais ça tu dois t'en rendre compte. Alors passer un moment avec toi rendra plus douce cette journée. Et toi ? Comment ça se passe pour toi ? "

Tu lui souris, parce que si elle s'en fait pour toi, tu t'en ferais pour elle si ça allait mal mais ce jour ne semble pas réellement pouvoir exister, enfin tu le ressens comme ça, peut être à tord, mais lorsqu'il arrivera, alors ce sera vraiment un mauvais jour pour la ville. Bon d'accord, peut être pas pour la ville, mais ça voudrait dire qu'elle est tombée à un niveau encore plus bas que tu n'aurais pu le penser. Et donc, elle veut déjà te croquer, sans te laisser le droit de regarder avant qu'elle ne finisse évidemment sinon, ça ne serait pas drôle.

" C'est pas le deal habituel ça ? Pourquoi est ce qu'on devrait en changer ? Tu dessines tellement bien que j'ai déjà hâte de voir le résultat. "

Elle était si douée pour dessiner, tu n'avais pas ce talent même si dans le fond, tu ne t'en sortais pas si mal, tu étais plus douée pour aligner les mots et les répliques qui faisaient mouches, que ça soit en écrivant ou en parlant, tu restais une journaliste dans l'âme même si ici, aux yeux de tous, tu n'étais qu'une femme de petite vertu qui donnait son corps pour gagner un peu d'argent.

Bella était comme un baume de douceur sur tes plaies qui ne se voyaient pas forcément, des plaies de l'âme, celle d'avoir perdu un frère trop tôt notamment alors qu'il ne méritait pas qu'il en soit ainsi pour lui, celle de prendre des risques pour que justice lui soit rendue ... Alors tu profiterais de ce moment comme d'une petite parenthèse enchantée, même si tu allais restée là, durant des heures pour qu'elle puisse griffonner à la perfection toutes tes imperfections. Tu ne parlais pas souvent de tes parents, ce n'était pas un sujet habituel pour toi alors que concrètement, tu n'avais pas tellement de choses à leur reprocher, juste que tu ne te livrais pas beaucoup, encore moins ici depuis que tu étais arrivé, comme si ne pas parler d'eux te permettait de te détacher, ce qui se passait à Detroit ne dépasserait pas les portes de la ville pour le moment. Un jour tout éclatera au grand jour, un jour, même si tu ne sais pas quand ... Enfin, tu n'allais pas penser à cela dans l'immédiat. Tu bossais toujours trop depuis que tu étais ici, mais ça tu le savais, et tu le réalisais pleinement, tu ne pourrais avoir du repos que dans la mort, ou dans quelques années après avoir fini ton enquête sur les gangs, ou quand tu seras en prison parce que tu auras venger la mort de ton frère en trouvant celui qui avait fait ça, après lui avoir trouer la peau. Dans un coin de ton esprit, tout cela était possible oui, tout cela se passerait un jour, reste à voir si tu te feras prendre par la patrouille, si tu pourras alors plaider la légitime défense pour te sauver de ce mauvais pas ... Mais là encore, trop de pensées négatives alors que tu posais pour la positivité même.

" Le boulot c'est la santé, il n'y a pas une chanson qui le dit après tout ? Il me semble bien. Mais t'en fais pas, regarde, je suis ici, avec toi, c'est pas reposant d'être à tes côtés ? Je dirais même que ça compte double. "

Ou peut être même triple tellement elle était rayonnante la Garcia et tu lui souriais avec un sourire franc et aussi doux qu'elle ne l'était. Et donc elle te dessinait déjà tout en discutant, elle était multifonction, elle pouvait dessiner tout en ayant une discussion à côté, une vraie femme, les hommes ne pouvaient pas en dire autant clairement. En tout cas, elle semblait avoir déjà bien avancé tellement elle est était douée.

" J'irais me trouver un cadre par la suite pour l'afficher, parce que ça vaudra cher dans peu de temps, j'en suis persuadée. Comment ça les artistes sont reconnus après leur mort en général ? Non, toi tu seras une star, et j'aurais la chance de te connaître, si c'est pas la classe ça ! "

Oui, cela pourrait être véritable bien que très hypothétique, mais elle dessinait si bien qu'elle mériterait plus de reconnaissance que la tienne ou celle de quelques personnes par ci par là en vérité. Elle ne la recherchait pas mais pourtant, elle le méritait plus que largement. Tu avais en tout cas hâte de voir le résultat.

Jamais tu ne serais là à ne rien faire durant un laps de temps trop important, jamais tu ne resterais véritablement les bras balants à ne rien faire. Tu savais prendre un peu de temps pour toi, mais la quête de vérité n'était pas de la poudre aux yeux, elle était là, tapis dans l'ombre, et ici à Detroit, personne n'en avait connaissance, à part toi, et jusqu'à preuve du contraire, personne ne peut lire dans ton esprit, personne n'a cette capacité là, à moins de te connaître intimement, mais personne n'en est arrivé à ce degré là. Celle qui pourrait en être le plus proche est à tes côtés, et encore, elle n'en sait pas tant que ça, pas autant qu'elle pourrait en savoir si tu désirais te confier. Tu sais qu'elle accepterait les confidences mais le temps n'est pas venu pour cela. Ce temps viendra-t-il un jour avant que ta chute ne soit précipitée ? Il t'est impossible de le dire, personne ne peut le prévoir, peut être que le caniveau recueillera ton corps bien plus tôt que tu ne le voudrais, qu'il ne le faudrait, bien avant qu'un feu de paille ne puisse exister. Mais présentement, tout ça n'était qu'illusion, tu patientais pour qu'elle te croque, pleine de vie, dans ce paysage doux et paisible, comme elle finalement et ça te faisait un bien fou. On ne peut pas dire que tu te reposais complètement, mais mentalement, nerveusement, c'était le cas, et cela était déjà important. Et donc, elle te disait que le dessin, la peinture resterait une passion pour elle, qu'elle ne voulait pas que cela prenne trop de place, qu'elle ne voulait pas devenir une célébrité à travers tout cela alors qu'en exploitant à peine plus son potentiel, elle pourrait le devenir. Si tu n'étais pas là sous couverture, tu pourrais faire un article sur elle, sur ses dessins, lui faire gagner un peu de notoriété, mais tu ne pouvais pas te le permettre, ce serait trop flagrant. Par contre, tu pourrais en parler à des collègues, et qui sait, peut être qu'il y en a un qui s'intéressera à elle, et qu'ainsi, elle pourrait ajouter un peu de beurre à ses épinards, n'est ce pas ? Elle pourrait choisir, personne ne la forcera, et alors, peut être que ça fonctionnerait. Tu gardes l'idée en tête, sans lui en parler bien entendu, pour que la surprise soit pour ainsi dire presque complète. Elle était douée, et ce serait dommage qu'elle n'en profite pas plus que quelques photos vendues ça et là pour des articles sur des blogs ou dans des journaux, elle méritait plus de reconnaissance à tes yeux, mais c'était peut être parce que tu étais aveuglée par la beauté de son coup de crayon.

" Tu sais qu'on peut vivre de sa passion aussi. Certains ont le choix, ils peuvent faire ce choix là, et c'est quelques choses d'agréable, tu ne trouves pas ? Tu peux continuer de peindre et de dessiner dans ces circonstances là, tout en profitant d'un avantage financier plus conséquent. Moi je dis que ça peut être un bon business. Tu es l'artiste et moi je joue le rôle d'agent, c'est parfait comme ça. "

Et tu en rigolais légèrement. Non, tu n'avais aucune intension de profiter d'elle, de son talent, mais tu étais partie dans ton délire, à penser que sa vie serait encore plus belle, et que pour toi, ça ne serait pas négligeable non plus. Mais tu savais bien que ça ne se passerait jamais comme ça, elle n'en avait pas envie, elle ne le désirait pas le moins du monde. Et donc, Bella finissait son dessin, peaufinant les derniers détails avant de le signer et d'y mettre un mot doux à l'arrière. Tu le regardais et tu étais une fois de plus émerveillée. Elle était si douée, elle avait réussi à croquer ton visage, le regard plein d'espoir en un temps record. Jamais personne n'avait su capturer tes émotions de la sorte, que ce soit une photo ou un dessin, il n'y avait qu'elle qui le faisait d'une façon aussi incroyable.

" C'est incroyable, tu as réussi à rendre mon visage si paisible, si doux, si apaisé, et ce petit mot, c'est magique, surtout qu'il n'y a que toi détient cette formule là. "

Oui, elle pourrait être imitée mais tu doutais qu'elle puisse être égalée, pas à tes yeux en tout cas, c'était une certitude. Et naturellement tu la prenais dans tes bras pour la remercier de tant de douceur.

Il n'était pas simple de faire le choix de vivre de sa passion ou non, car parfois, la passion n'en devenait ainsi plus une, elle devenait une obligation, le plaisir éprouvé n'en était plus un et ainsi de suite, alors tu comprenais qu'elle puisse hésiter. Mais elle dessinait si bien, si vite, qu'elle pourrait faire un dessin ou deux par jour et le quota serait remplis pour qu'elle puisse s'en mettre plein les poches. Ensuite, il n'y aurait qu'à trouver une galerie pour exposer tout cela, un petit article dithyrambique dans un journal et le tour serait joué pour sa future célébrité. Mais pour le moment, tout cela attendrait, pas de plans sur la comète comme ça, non, elle ne disait pas qu'elle ne voulait pas, mais ça ne faisait pas parti de ses plans dans un court terme. Tu n'insisterais pas là dessus, mais ça te plairait tellement d'être celle qui serait sa fan number one, qui resterait à ses côtés et qui la soutiendrait en temps voulu, dans les moments difficiles, car si elle venait à être célèbre, tu es certaine qu'elle garderait les pieds sur terre. Et donc, quand elle te montre le dessin finalisée, tu es une nouvelle fois émerveillée par ce que tu vois. Tu sais ce qui se passe dans ta tête, mais elle a réussi à te rendre si apaisée, juste dans l'expression du visage. C'est tout à fait toi, elle t'idéalise à peine, mais tu es presque certaine de ne pas vraiment faire cette moue, de ne pas avoir eu exactement ce regard là depuis tout à l'heure. Pourtant, elle te fait comprendre que c'est ce qu'elle a vu à l'instant. Si elle t'apaise, tu ne peux pas l'être autant que ça rien qu'avec sa présence, ou alors tout se passe dans ton esprit, physiquement, elle irradie tellement qu'elle devient le rayon de soleil qui apaise ton visage.

" C'est que ta présence est magique alors, parce que ce n'est pas aussi simple que ça malgré tout. Mais peut être qu'en restant plus souvent avec toi, je pourrais vraiment l'être. En tout cas, j'adore toujours autant ce que tu fais, c'est incroyable, chaque fois j'ai l'impression que le nouveau dessin est encore plus beau que le précédent. "

Et tu hausses les épaules en rigolant. Oui, comme le bon vin, avec le temps elle se bonifie clairement. Elle garde ses belles qualités mais ses mains sont toujours plus habiles, et son regard toujours aussi affuté sur la situation. Tu te demandes ce que ça pourrait donner si tu étais en colère, si cela se voyait sur ton visage, parce que oui, tu es dans une sorte de colère perpétuelle, prête à exploser, colère qui explosera le jour où tu trouveras celui qui a tué ton frère, tu sais que tu ne pourras pas ne pas agir. Un jour peut être qu'elle te dessinera ainsi, mais ce jour ne serait pas aujourd'hui. Et donc, tu la prends dans tes bras, pour la remercier du dessin que tu chéris déjà fortement. Tu n'as pas ce don pour les dessins, toi c'est plutôt pour les mots.

Tu étais bien à ses côtés, comme si finalement, tu étais chez toi, et que tu ne t'étais pas engagée dans cette voix si dangereuse pour une jeune femme, sous un prétexte bidon, pour au final peut être ne jamais arrivé à tes fins. Mais tu aurais essayée, et sans doute que tu te seras perdue en chemin, alors côtoyer Bella était une bouffée d'oxygène dans ce monde anxiogène. Est ce qu'elle était vraiment magique ? En quelques sortes oui, même si elle ne la visualisait pas comme ça la magie sans doute, mais dans ce monde réel, c'était ce qui s'en rapprochait le plus malgré tout.  En plus d'une présence agréable, elle dessinait si bien, tu étais presque jalouse de ce talent là. Toi, tu jouais plutôt avec les mots, tu essayais de te montrer la plus habile avec ses derniers et tu avais réussi à te frayer un chemin dans le journalisme. Ici, tu ne l'étais pas pourtant, tu n'étais bonne qu'à vendre ton corps pour quelques poignées de dollars depuis quelques mois. Ton corps te répugnait presque, mais tu devais agir de la sorte, ce n'était pas simple tous les jours, mais c'était mieux que rien. Enfin, tu essayais de t'en convaincre, si bien que ce qui était autrefois un plaisir ne l'était plus du tout, en tout cas avec les hommes, parce que tu ne prenais pas de femmes dans tes clients. Tu voulais garder ça pour ton privé, pour que malgré tout, tu puisses encore tenter d'exister, que tu puisses tenter de ressentir un peu d'amour, au delà de l'amitié bien entendu.

" La Fée Garcia, je trouve que ça sonne bien, elle distille son amour et ses dessins, on pourrait même en faire un roman, je suis sûre que ça fonctionnerait ! Après, on peut l'appeler autrement pour que seuls les vrais sachent, comme la Fée Culant, ou un truc drôle dans le genre. "

Et ta bêtise te fait rigoler, peut être même que tu pourrais l'appeler la Fée Paschié aussi, ça serait encore plus marrant, mais presque vulgaire. Mais bon, ceci ne restera qu'à l'état de fantasme pour ainsi dire, tu n'allais pas te lancer dans un tel récit même si ce projet pourrait être intéressant si tu avais l'intention de t'y mettre réellement sérieusement. Isabella rangea donc son crayon, son carnet, et demanda de tes nouvelles, au delà de vos retrouvailles dans ce coin là de la ville. Tu avais prévue de rester un peu avec elle, parce que sa présence te faisait du bien quand au reste, le boulot, ça se passerait bien, tu n'avais pas envie de rentrer dans les détails. Est ce qu'elle savait ce que tu faisais ? Est ce que tu lui avais réellement dit ? Tu n'en avais pas le souvenir à vrai dire.

" J'ai prévu d'en passer au moins une partie avec toi si jamais tu en doutais. Après, je ne sais pas trop, je verrais bien. Pour le boulot, ça va, ça va, et toi alors en dehors de passer encore un peu de temps avec moi, j'entends ? "

Et puis aussi le boulot, même si tu ne savais pas trop ce qu'elle pourrait prévoir. Peut être que vous pourriez vous faire un petit repas ensemble ce soir, ça pourrait être cool, tu n'as pas spécialement prévue de travailler, tu es sur un jour off, alors ce serait possible. Vous pourriez même faire quelques courses pour vous préparer un repas ensemble, l'idée te paraissait bonne, tu la lui soumettrais sans doute.