The Sun Always Shines on T.V — ft. Wesley

— Les grands bruns barbus ? Mh, cette description me dit quelque chose…
Wesley frotta sa barbe d’un air pensif, lèvres pincées, yeux levés vers le plafond, comme s’il cherchait l’inspiration du fin fond de sa mémoire, une réponse à cette question en suspend. La description faite par Tamsin correspondait -en partie- à celle du journaliste. Pour un homme, il n’était pas spécialement grand (ni spécialement petit) et encore moins costaud. Il croisa son regard dans le miroir derrière le bar, posa et déclara :
— Oh mais je suis parfait pour toi, en fait ! Ah, non, j’oubliais…
Il tapota son ventre un peu mou, parce qu’il sortait souvent et buvait un peu trop de bière. Il n’était pas gros mais ça manquait d’exercice. Il rit de bon cœur et ajouta :
— Après, j’aime les donuts donc… Bon, plus sérieusement, j’en connais plein des flics virils, moi. Je pourrais peut-être t’en présenter ?
Après tout, Tamsin lui avait fait rencontrer plusieurs de ses amies et Wesley ne lui avait pas encore retourné la politesse. En partie parce qu’il ne savait pas trop comment gérer le deuil de la jeune femme, même si celui-ci n’était plus très récent. Il ressentait beaucoup d’empathie à son égard. Quand il se projetait dans sa situation, son cœur se brisait à la simple perspective de devoir affronter une telle douleur. Perdre de manière définitive quelqu’un qu’on aime, ce devait être horrible. Le perdre vraiment, pas juste le voir faire sa vie avec quelqu’un d’autre…
— Je vois ça d’ici : je disparais sans laisser de traces et vous menez l’enquête ensemble pour essayer de comprendre ce qui a pu m’arriver. Bien sûr, tu soupçonnes immédiatement Riley mais elle est maligne, elle sème le doute grâce à ses pouvoirs magiques. Alors vous essayez de retrouver les morceaux de mon corps, tu pleures ma perte tragique sur son épaule et boum vous ne pouvez plus vous passer l’un de l’autre et moi, en tant que fantôme, je viendrai bénir votre union et je te ferai un petit coucou à travers le miroir de ta salle de bain. Cette histoire s’écrit toute seule, t’as plus qu’à choisir le beau gosse. Je peux me renseigner sur la taille de son attribut si t’as une préférence…
Wesley haussa les sourcils d’un air entendu et suggestif, même si ça manquait de subtilité…

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But it’s no use, it’s a dream to be broken. I run and run, but I’m not getting anywhere. Just burn me out, yes keep pushing me away. This is a fool, crazy in love, chasing in circles

--- Sweet smiles, while dominoes keep falling.

The Sun Always Shines on TV
‟Touch me, how can it be, believe me
The sun always shines on T.V„

— Quand Wesley lui proposa de lui présenter des flics virils, Tamsin regretta immédiatement la phrase qu’elle avait prononcé quelques minutes plus tôt. En effet, elle n’avait pas envie de passer pour une accroc de l’uniforme aux yeux de son ami… et au fond ce n’était pas tout à fait faux ! Etait-ce volontaire ou non, mais au moment de leur échange les deux seules personnes qui la chamboulaient un tant soit peu étaient un William - c’est-à-dire un policier - et Andrea une femme pompier… était-ce fait exprès ? La blonde était sûre que non, mais peut-être s’agissait-il tout simplement d’un message de son subconscient ? Ou bien peut-être était-ce parce que contrairement à l’image qu’elle renvoyait, elle n’avait jamais vraiment fait le deuil d’Howard…

« Oh, mais tu sais je suis sûre que si le Multivers existe, nous sommes mariés dans un univers parallèle… C’est juste qu’ici le destin en a décidé autrement ! Peut-être que tu es l’homme qu’il faut à cette Riley ? Fais juste attention à toi d’accord ? Et quand je dis ça, je ne parle pas d’un potentiel assassinat en forêt… fais attention à ton petit coeur quoi… »

En plus d’être un véritable animal social, l’enseignante était également une éponge, une personne sensible qui ne peut pas s’empêcher d’être affectée par tout ce qu’y arrive à ses proches… Il n’avait pas fallu longtemps à la britannique pour comprendre que le journaliste était une belle personne au cœur d'artichaut… alors elle avait parfois une attitude assez maternelle et possessive avec ce dernier ! Quoi qu’il en soit la mère célibaraire espérait juste ne pas être trop envahissante et ne pas lui donner l’air d’être une reloue insatisfaite…

« Puis pour ce qui est des flics virils, ne t’en fais pas pour moi, j’en ai déjà un dans le viseur… maintenant reste plus à savoir si je lui plait également… »

Elle avait en effet dore et déjà envoyé quelques signaux à William, mais celui-ci n’avait pas semblé réceptif à ces derniers. Etait-ce parce qu’elle n’était pas assez bien pour le bel homme qu’il était ou parce que celui-ci n’était pas du genre très réceptif aux signaux féminins ? Telle était la question… « Après tu sais, je suis une maman, j’ai bientôt quarante ans, je suis loin d’être la femme parfaite ! » Bien qu’étant pleine d'aplomb et de confiance en elle, la Giles cédait parfois aux sirènes négatives du patriarcat et se posait ce genre de questions idiotes. Si elle ne doutait pas de son intelligence et de son caractère piquant et rayonnant, du haut de son mètre cinquante sept la trentenaire avait parfois un peu de mal avec son image… alors qu’elle n’avait vraiment à s'inquiéter de cela. Puis en général ces moments de doute ne duraient jamais très longtemps et elle retrouvait sa confiance naturelle…

« T’es con… Puis tu crois vraiment qu’une femme choisie un mec par rapport à la taille de son engin ? Tu me déçois Wes… évidemment que le sexe compte, mais pour moi c’est loin d’être la priorité… l’important c’est qu’il ait une belle gueule et qu’il soit gentil et drôle non ? En tout cas, je vois dans ton regard que cette Riley te laisse vraiment pas indifférent… »

design ϟ vocivus // @Wesley Cupp

Le petit cœur de Wesley risquait de souffrir mais il souffrait déjà depuis deux années à se pâmer d’amour pour un homme déjà engagé, qui en prime n’aurait jamais pu lui jurer la fidélité attendue ni même lui donner sa fin heureuse. Délicieux paradoxe que ce journaliste qui s’entiche toujours des gens incapables de réaliser ses rêves, ses fantasmes de petite famille modèle, de couple qui se jure une dévotion à la vie, à la mort…
Mais il n’est pas question de lui, ici. Il a envie d’aider son amie qui lui annonçait sans crier gare son intérêt pour un policier.
— Pardon ? Tu as un crush sur quelqu’un et je ne l’apprends que maintenant ? Qui ? Quand ? Comment ? Je veux des détails !
Il ne feignait pas l’excitation que cette nouvelle engendrait chez lui. Wesley adorait discuter de la vie sentimentale des autres, même en dehors de ses périodes creuses où il la vivait un peu par procuration. Cela ne l’empêcha pas de balayer les réserves de Tamsin d’un geste de la main.
— La perfection, c’est surfait. Tu es une femme extraordinaire, s’il en doute il devrait s’acheter des lunettes et une personnalité. Et toi, tu dois revoir l’ordre de tes priorités parce que c’est toujours bien, un gros engin, on le sent mieux, moi j’adore.
Clin d’œil de connivence, Wesley ne parlait pas comme ça en général sauf quand il se laissait emporter par l’excitation du moment ce qui était un peu le cas ici, il devait l’admettre. L’alcool et le karaoké n’aidaient pas.
— N’essaies pas de changer de sujet en ramenant Riley sur le tapis. Évidemment qu’elle ne me laisse pas indifférent, elle est extraordinaire et je ne sais pas pourquoi l’univers m’a à la bonne, assez pour la mettre sur ma route, mais j’en suis ravi. Tu mérites aussi de te trouver un mec aussi génial même si personne n’est aussi cool qu’elle, bien sûr. Bon, t’accouches ou je dois te payer un verre pour te saouler et te tirer les verres du nez ? Parce que tu sais que les journalistes n’ont aucun scrupule…
Ce qui était totalement faux mais bon.

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— « Bon si tu insistes vraiment… » dit Tamsin avec un air taquin tout en roulant des yeux pour se donner un air faussement agacée avant de se taire pendant de longues secondes comme pour instaurer une ambiance de mystère. Si l’anglaise était une vraie pipelette, elle avait toujours du mal à parler d’elle et encore plus de ses relations amoureuses, la nouvellement blonde était même plutôt du genre à avoir comme mot d’ordre « pour vivre heureux, vivons cachés », mais Wesley n’était pas n’importe qui à ses yeux, au fil des mois et des ans il était devenu un ami fidèle, une personne de confiance, alors elle savait qu’elle pouvait lui confier ses petits secrets.

« Il s’appelle William Duncan, il est flic à l’antigang, mais il ne s'est absolument rien passé et il se passera sûrement rien du tout. Ce sont les anciens collègues d’Howard qui me l’ont présenté… sans doute avec une idée derrière la tête… »

La trentenaire parla à voix basse pour être sûre que personne ne l’entende. L’ancien militaire n’était pour le moment pas très réceptif aux quelques signaux qu’elle lui avait envoyés et elle ne voulait pas passer pour une espèce de stalkeuse hystérique ou pire pour une nana qui parle dans le dos des gens. Alors que des ivrognes s’étaient mis à chanter « Hysteria » de Def Leppard au karaoké, la mère célibaraire fixa son compagnon de soirée avec ses grands yeux pour lui faire comprendre qu’il ne fallait pas qu’il cri cette information sous tous les toits… bon elle lui faisait quand-même confiance pour tout cela, mais elle préférait tout de même prévenir que guérir. Puis l’européenne se sentit un peu gênée quand le journaliste lui parla de son amour pour les gros sexes… la bougresse n’avait pas l’habitude de l’entendre parler ainsi. C’était une autre facette de Wesley…

« Et dis moi, tu ne serais pas en train de me faire du mansplaining là ? Mon ordre des priorités est très bien monsieur le satyre ! »

S’exclama-t-elle avec un air faussement indigné tout en donnant un petit coup de coude au futur quadragénaire qui était assis à quelques centimètres d’elle. Sous ses airs de grand romantique, Wes avait sans doute connu plus d’engins qu’elle… puisque ces derniers se comptaient sur les doigts d’une seule main… se marier à 22 ans et rester avec le même homme jusqu’à ses 34 ans n’aidant sans doute pas à faire augmenter le compteur. Puis, elle posa sa main sur celle de son partenaire de Karaoké.

« J’espère que Riley ne sait pas que tu parles comme ça à des femmes… Enfin blague à part, merci pour tes compliments ! On a tous besoin d’un ami comme toi… Tu sais, ce n’est jamais facile de se sentir mère avant de se sentir femme… On oublie parfois qu’on peut être un objet de désir, qu’on peut tomber amoureuse… bref… je te tiendrais au courant de l’avancement… si tu finis pas tué dans la forêt… Bon j’ai besoin d’un verre ! »

D’un geste de la main la Giles attira l’attention de la serveuse qu’elle connaissait bien, celle-ci lui resservis l’improbable duo en faisant comprendre qu’il s’agissait de la tournée de la maison. Satisfaite, Tamsin avala quelques gorgées de sa bière tout en se demandant à quoi pouvait bien ressembler cette Riley qui avait tout l’air d’être une atypique. Au fond, l’institutrice aimait ce genre de soirée, elle était contente d’avoir vu son ami le temps de quelques verres.

design ϟ vocivus // @Wesley Cupp

Wesley ne se rappelait pas avoir déjà croisé un William Duncan dans la police mais, même s'il aimait affirmer le contraire, le journaliste ne connaissait pas chacun des membres des forces de l'ordre, pas plus qu'il n'allait laisser passer une occasion de se renseigner. Pour quelle raison les anciens collègues de feu le mari de son amie avaient décidé de les présenter ? Ce mystère, Wesley se jura de le résoudre et surtout de s'assurer un peu du type en question. Il ne voulait pas que Tamsin souffre plus que déjà. Elle avait eu sa dose et méritait le bonheur.
— Il se la joue probablement mec mystérieux et inaccessible pour titiller ton intérêt. Et non, ce n'est pas non plus du mansplaining c'est du… mansinforming pour que tu puisses répondre sans te faire avoir ! Je te donne des armes précieuses, je te révèle des secrets masculins ancestraux.
Il aurait aimé mettre sa bêtise sur le compte de l'alcool mais Wesley se comportait toujours de cette façon un peu farfelue et il s'en amusait beaucoup.
— Riley c'est une fille cool, elle aime ça chez moi, que j'aime les gens.
D’ailleurs ils se ressemblaient beaucoup sur ce point, ce qui plaisait évidemment à Wesley. Mais là, tout de suite, il avait une autre préoccupation bien plus urgente…
— Eh tu vas m'en ramener un quand même ? réclama-t-il sans gêne en la suivant jusqu'au bar.
Il continua de la taquiner encore un peu mais n'apprit pas grand-chose de plus sur ce mystérieux William tout comme elle n'apprit pas davantage sur Riley. Ils resteraient (pour l'instant) tous les deux avec leur frustration et leurs questions, l'un à attendre de savoir si l'autre serait sacrifié dans la forêt et l'autre… et bien, l'avenir le dirait ? Ça ne les empêcha pas d'interpréter encore quelques chansons au karaoké ni de boire un certain nombre de verres. Wesley était éméché, pas fin saoul, mais il raccompagna quand même son amie jusque dans un taxi pour s'assurer que rien de fâcheux ne risquait de lui arriver. Question de bon sens. Il se réjouissait de la revoir bientôt et, qui sait ? Lui présenter Riley ?

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‡ ▬ BEYOND THE VEIL ▬ ⚖