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 [FB] Beneath the stains of time, the feelings disappear

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Èanna O'Donoghue
Èanna O'Donoghue
Martyr

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : Southwest, toujours près de la véritable famille, peu importe les conditions. Propriétaire d'une maison en piteuse état, un joli reflet de mon âme
ombres et névroses : Une jolie cicatrice au visage, sur la pommette droite, acquise le jour de la mort de mon frère. D'autres sur le corps, moins visibles, plus profondes. Homme brisé, torturé et qui a tendance à solutionner tous mes problèmes dans l'alcool. Fume trop, bois trop, c'est une manière d'affronter la réalité comme une autre non ?
cicatrices : 25
crédits : @irenegade & @endlesslove

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▬ Lun 29 Avr 2024 - 21:23 ▬
Beneath the stains of time
The feelings disappear
Quelque chose clochait. La paume de ma main flottait, semblait suspendue au-dessus de la poignée de la porte. L’espace d’un instant, le temps s’était figé. Mes sourcils s’étaient froncés et alors que je prenais une longue inspiration, ma langue passa sur mes lèvres, marquant la soudaine incompréhension qui marquait mon visage. Mon regard tomba sur ma main, en scruta le dos et remonta lentement le long de la porte, avant que je ne me retourne, lentement. Mes yeux examinèrent l’angle de la rue, au loin, là où j’avais croisé cette vieille Classic Buick en arrivant. Un véhicule d’une autre époque, beaucoup trop ancien pour qu’on ne le remarque pas. Et pourtant, lorsqu’il était passé à côté de moi, je n’avais pas tiqué. J’y avais à peine jeté un coup d’œil, n’avais presque pas remarqué la jeunesse du conducteur, ni les trois autres types installés à l’intérieur. Je n’y avais pas prêté attention mais à présent, mes yeux étaient rivés sur ce coin de rue où la Buick avait disparue. Ma tête se pencha sur le côté, mes sourcils se plissèrent un peu plus, comme si ce changement d’expression avait pu m’aider à mieux me concentrer, à mieux comprendre ce que j’avais manqué. Quelque chose clochait, je le sentais et c’était une bien désagréable sensation, car je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. J’aurais dû remarquer un détail, un regard, ou peut-être l’allure excessive du véhicule. J’aurais certainement même dû voir d’où il partait, où il était garé dans cette rue. J’aurais dû être interpellé par quelque chose de particulier et ce n’était que maintenant que je me posais la question.

Mon regard fut alors attiré par…rien. Interloqué, ma bouche s’entrouvrit dans un nouveau soupir et ma main s’écarta finalement de la poignée de la porte. Il n’y avait rien. Ce qui ne collait absolument pas pour un dimanche matin, surtout dans cette rue. Il y aurait dû avoir du monde dans les jardins, des pères de famille entrain de tondre ou de s’occuper de haies mal taillées. Il y aurait dû avoir des enfants, de tous les âges, qui auraient fait beaucoup trop de bruit et qui se seraient attirés les foudres des voisins. L’odeur de nourriture, des premiers barbecues aurait dû emplir la rue, chatouiller mes narines et creuser mon estomac. Mais il n’y avait rien de tout cela, rien sur quoi arrêter mon regard, rien que des portes fermées, des rideaux tirés et cette marque au sol, que je n’avais pas remarqué en arrivant. Deux traces courtes, d’à peine un mètre chacune, qui laissaient deviner qu’une voiture avait quitté les lieux en trombes. Un frisson parcourut mon échine, me donna une brève sensation de chaleur sur les tempes avant de s’étendre au reste de mon corps. Baissant les yeux, je vis mes poils se dresser sur mes bras et les doigts de ma main se tendre, dans un spasme d’effroi.

- Non.

Un murmure dans lequel ma voix s’était brisée. Pourtant, si. Alors que je pivotais sur moi-même pour me saisir de la poignée de porte, tout s’alignait. Le bruit de fond que j’entendais depuis mon arrivée, était celui du moteur d’une tondeuse qui tournait dans le vide. L’odeur de brûlé qui agressait mon odorat, était celle de ce morceau de viande qui était resté trop de temps sur le barbecue. Mes doigts, tremblants d’une appréhension certaine se refermèrent sur le pommeau et sans que je n’aie à appuyer dessus, la porte s’ouvrit. À peine avais-je fait un pas dans la maison de mon frère que je perdais l’équilibre. Je m’écroulais lourdement au sol, j’avais glissé sur quelque chose et à présent mes mains, mon visage était recouvert d’un liquide tiède, huileux. J’eu un haut le cœur en me redressant sur mes coudes alors que l’horreur se révélait à mes yeux. Il y avait du sang, partout et j’étais empêtré dedans. Il y avait des traces au sol, comme si des corps y avaient été trainés. Il y avait des marques de doigts sur les murs et le salon avait été retourné, entièrement. Les meubles étaient retournés, cassés, comme la télévision, les chaises ou la table. Tout le mobilier jonchait le parquet et il y avait tellement de sang, que je pouvais le sentir. Cette odeur de fer occupait à présent tout mon esprit et alors que je parvenais enfin à m’agenouiller, mon regard s’arrêta sur elle.

Nora était là, ou tout du moins, ce qu’il en restait. Son corps sans vie avait été trainé jusque dans l’entrée de la cuisine, je comprenais alors qu’elle avait tenté un acte désespéré mais, qu’elle avait été rattrapée. Mon regard s’arrêta sur la femme de mon frère. Tous les os de son bras droit semblaient avoir été brisés et de côté comme de l’autre, ses doigts avaient été sectionnés. Une de ses oreilles jonchait le sol près d’elle, comme de nombreuses touffes de ses cheveux longs et blonds. Son corps était appuyé dans l’encadrement de la porte, comme si elle s’était assise ici pour se reposer. Sa tête reposait sur le côté, la bouche trop ouverte pour que cela soit naturel et je comprenais alors que sa mâchoire était cassée. En rampant jusqu’à Nora, je vis que sa langue, tassée dans sa bouche, avait été arrachée. Je réprimais un nouveau haut le cœur et posa fébrilement une main tremblante sur la joue ensanglantée de cette femme que j’avais considéré comme ma propre sœur.
En me relevant, je remarquais que la porte menant à la cave était entrouverte et un bruit, faible, attira mon attention. Tremblant, hésitant et en ayant bien du mal à détacher mon regard de ce qui avait été fait à Nora, je m’engageais dans les escaliers pour descendre. Là encore, les murs étaient tachés de sang, les marches étaient glissantes et je manquais encre une fois de tomber. Lorsque j’arrivais en bas, mon corps céda. Avant même que je puisse maintenir le regard sur la scène que j’avais sous les yeux, je me pliais en deux pour vomir aux pieds de l’escalier. Je luttais pour ne pas perdre connaissance, pour ne pas m’évanouir ici, dans la mare de sang qu’il y avait autour du cadavre décapité de Liam, premier enfant de mon frère. Le petit avait neuf ans. Sa tête, tuméfiée –dont un œil avait été arraché, reposait à côté de son corps lacéré.

J’essuyais ma bouche d’un revers de manche. Du haut de mes trente-cinq ans, j’en avais déjà vu et fait beaucoup. J’avais fait des choses, à des hommes, équivalentes ou pires à ce que j’avais sous les yeux mais là, il s’agissait de ma famille. Et de mon propre frère, qui était accroché au mur, littéralement crucifié d’une dizaine de pointes qui traversaient ses bras. Ses mains avaient été coupées, certainement à l’aide d’une scie à bois vu comme la peau, les os, pendaient des membres sectionnés. Son visage était méconnaissable tant il avait dû être frappé. Ses pommettes étaient gonflées, violacées et ses yeux fermés, n’étaient que deux fentes boursouflées. Face à son corps sans vie, je tombais à genoux et vomissais. Mon torse, mes jambes étaient agités de spasmes incontrôlables et des larmes commençaient déjà à rouler sur mes joues. Je n’arrivais plus à respirer, j’avais l’impression que ma poitrine se compressait dangereusement et que l’air manquait dans cette pièce.

- Tonton…

Je sursautais, tournais la tête sur le côté pour voir Maureen, la petite de six ans. Attachée à une chaise, dans un coin de la cave. Elle aussi avait le visage distendu, bouffi. Sa gorge avait été tranchée, son menton était naturellement penché sur sa poitrine ce qui avait certainement dû limiter le sang qui s’écoulait. Essuyant à nouveau ma bouche, je me précipitais vers elle en me retenant de vomir à nouveau. J’attrapais faiblement ses joues entre mes paumes, maintenant sa tête penchée.

- Shh…Ne…ne bouge pas Mau’…je…
- …pa…pa a…dit…San…val…
- Sandoval ? Max’ Sandoval ?

Elle essaya de répondre, elle tenta de parler mais s’étouffais dans son propre sang et la vie la quitta avant que je ne puisse faire quoi que ce soit. Je restais plusieurs minutes ainsi, à tenir son minuscule visage entre mes mains ensanglantées, à pleurer, à briser le lourd silence de la pièce de mes sanglots bruyants. Je n’arrivais pas à m’arrêter, je ne parvenais pas à me retenir à empêcher mon corps de greloter. Nerveusement, ma main passait dans les cheveux de la petite et les caressait. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon propre fils, Ambrose, parce qu’il avait le même âge que la petite et que je transposais. Il me semblait voir son visage, son corps et cela me rendait encore plus fébrile. J’eus bien du mal à me relever, à me tenir sur mes deux jambes tant elles me semblaient faibles, incapable de supporter mon poids. J’y arrivais au prix d’un effort considérable, sans pour autant parvenir à retenir mes larmes…mais en reléguant mes hauts le cœur au second plan, en ignorant cette furieuse envie de vomir. Après un dernier regard pour Maureen et un baiser d’adieu déposé sur son front, je retournais auprès de Ciarán, apposant la paume de ma main sur son cœur.

- Beidh mé ag déanamh fíréin ort, a dheartháir.


*
*  *



Maximiliano Sandoval. Ce fils de pute cocaïnomane, cette vieille salope de presque deux fois mon âge avait essayé de s’implanter à Detroit. Il avait voulu envoyer ses hommes dans les rues, lancer son propre business comme il l’avait fait partout ailleurs et prendre ce que nous possédions, rue par rue. Ce système avait certainement fonctionné dans d’autres villes et je ne doutais pas un seul instant que d’autres gangs s’étaient écrasés devant l’insistance et les techniques excessivement violentes des mexicains. J’avais mis près d’une semaine à me remettre de ce que j’avais vu et pourtant, chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais les visages de ma famille. Je revoyais le corps de mon frère, ce qu’ils lui avaient fait. J’avais mis une semaine de plus à faire cavalier seul, à faire marcher les quelques contacts que j’avais dans cette ville surnommée Motor City pour avoir un début de piste, pour retrouver le fil de quelque chose et surtout, pour tenir la promesse que j’avais fait à Ciarán. Sandoval n’était pas très connu à Detroit, juste ce qu’il fallait pour que prononcer son nom fasse tiquer quelques personnes. J’avais su me montrer convainquant dans cette quête de vengeance, qui ne ramènerait certainement pas mon frère, mais qui permettrait de remettre les pendules à l’heure, d’envoyer un message.

Ciarán était un membre des Black Crows, nous étions venu ici ensemble, nous avions presque tout fait ensemble et notre plus belle réussite avait été de réussir à nous éloigner de notre père. Père qui me tenait pour seul et unique responsable de sa mort, qui m’avait hurlé dessus, m’avait dit que j’aurais dû être à même de le protéger, d’empêcher ce qui était arrivé. Quand bien même lui et moi n’entretenions plus de bons rapports depuis bien longtemps, ses propos m’avaient fait mal. L’ascendant qu’il avait sur moi avait beau être brisé, il réussissait encore à me détruire, à me faire sentir insignifiant. Cela ne m’avait pour autant pas empêché de continuer mes recherches et de découvrir que Sandoval avait envoyé son propre fils pour effectuer le sale boulot. Et qu’il vivait dans une grande baraque à l’écart de la ville, loin de tous les problèmes. Le réseau qu’il tentait de mettre en place n’avait aucun intérêt pour moi, ce qu’il voulait faire de nos rues non plus. Je voulais juste qu’il paye pour ce qu’il avait fait. Alors une fois de plus, à quelques mois de la naissance de mon second fils, j’avais coupé les ponts avec Jug’. J’avais ignoré ses appels, j’avais compartimenté tout ce qui la concernait, elle et Ambrose, parce que c’était ma manière de les protéger de ce que j’avais vu, de ce que j’allais faire.

Dans cette quête, le peu de lucidité qu’il me restait m’avait poussé à passer un seul et unique coup de fil. À un homme qui était plus qu’un simple collègue de travail, plus qu’un simple ami. Une personne en qui je savais pouvoir placer toute ma confiance, un autre frère –pas de sang celui-ci, qui m’avait aidé, soutenu à mon entrée chez les Crows. Si j’étais devenu ce que j’étais, si j’avais su gravir quelques échelons et gagner le respect des anciens, c’était grâce à lui. Elijah avait répondu à mon appel, sans que j’entre réellement dans les détails. Je lui avais simplement expliqué ce qui était arrivé à mon frère et sa famille, je lui avais avoué –entre deux gorgées de whiskey, que je voulais me venger, que je voulais faire payer Sandoval pour ce qu’il avait fait. Et voilà que je l’attendais, assit sur le bord du trottoir. À ma droite, dans ma main tremblante, la bouteille que j’avais largement attaquée depuis plusieurs minutes et qui étrangement, me donnait l’impression de clarifier mes pensées. À ma gauche, un grand sac de sport dans lequel se trouvaient deux fusils automatiques de type AR-15, ainsi qu’un fusil à pompe Benelli M4, quatre grenades et un gigantesque couteau de chasse. En termes d’armement, c’était suffisant et il était possible qu’Elijah ne vienne pas les mains vides. J’avais également prévu deux gilets pare-balles, qui étaient posés sur le sac.

Je tournais lentement la tête, mes yeux boursouflés par les larmes fixèrent les phares du véhicule qui venait de tourner à quelques mètres de moi et qui ralentissait en se rapprochant du trottoir. Je me relevais péniblement alors que la voiture se garait à ma hauteur et dans le même mouvement, je portais la bouteille à mes lèvres pour boire une gorgée de plus. Alors qu’Elijah descendait du véhicule, je prenais le temps de sortir une cigarette et de l’allumer. Je tirais nerveusement dessus, passais une main sur mon visage espérant vainement que cela cacherait la peine, la fatigue et la douleur qui le barrait.

- J’voulais pas t’emmener là-d’dans, Eli’…Mais j’peux pas laisser passer ça et…et j’peux pas y aller tout seul. Je veux…je veux que ce fils de pute paye. Je veux crever son gosse devant lui, je veux qu’il sache ce que ça fait…Je veux qu’il souffre, je veux qu’il sache qui on est putain !

I wear this crown of thorns, upon my liar's chair.
Full of broken thoughts, I cannot repair. Beneath the stains of time, the feelings disappear. You are someone else. I am still right here
Pando

_________________
    BREATHE

     
    I feel the pages turning. I see the candle burning down before my eyes, before my wild eyes. And I feel you holding me tighter, I cannot see when will we finally breathe. @endlesslove
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Elijah Haynes
Elijah Haynes
the king

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : southwest, dans une maison abandonnée et reculée qu'il a entièrement retapé, il y vit avec Jade, son chien, Judas, un terre-neuve noir de sept ans et Alfie, le chien de Jade. Sur ce même terrain, il a construit une dépendance pour Seamus et sa fille.
ombres et névroses : plusieurs cicatrices de balles. des cicatrices de coups de couteaux aux niveaux des épaules et des cuisses, maigre défense de ceux qui ont essayé de lui échapper. son dos est parsemé d'anciennes blessures infligées par sa mère, les cicatrices - malgré le temps - sont encore rosées et il refuse qu'elles ne soient même qu'à peine effleurées.
cicatrices : 371
crédits : chat.noir (c) astra (a)

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▬ Ven 3 Mai 2024 - 22:24 ▬


beneath the stains of time
▬ Our Luck Had To Run Out Sooner Or Later ▬

____________________________“ And now... farewell to kindness, humanity and gratitude. I have substituted myself for Providence in rewarding the good ; may the God of vengeance now yield me His place to punish the wicked. ”



Dans les branches emmêlées chante la caresse du vent, la litanie désolée. Dans les ombres que les maigres bosquets supposent, fantômes errent et se perdent jusqu'à s'évanouir – des souvenirs condamnés à rester. Il y a ces noms qui lancinent, des prières silencieuses qui suivent. Il y a la mémoire qui rappelle les sourires, ternis par les affres de la cruauté. Il n'y a plus rien, rien que ce silence pesant qui règne sur une bonne partie de la communauté. Une nouvelle stèle s'élève, d'autres se tiennent à ses côtés. Sur les marbres luisants et neufs, les noms adorés s'inscrivent en lettres d'or, en lettres sacrées. Ils reposent, mais ils ne connaissent pas vraiment la paix. Les tourments stagnent, calcinent les landes qui leur étaient promises. Dans les branches emmêlées, alors, chante la caresse du vent ; puis le soupir du molesté. Les paroles résonnent, des échos lointains dans l'encéphale concentré. Il y a ces termes qui se sont imprimés, suintant une rage ravalée qui n'attend que de pouvoir imploser. La libération des ténèbres pour expier la douleur du trépas auquel eux ont à survivre. Eux. Quoi que cet autre bien plus que lui-même en vérité. Il a tiqué, dans cet éternel mutisme qui maintient les lippes scellées. Il observe ce néant qui s'étend, cette nuit noire qui gouverne. Il observe le quartier qui s'endort, proie des cauchemars qui auront à le faire trembler. C'est une soirée comme une autre, les minutes sont les mêmes qui s'écrasent sans faire de bruit. Il a quitté la demeure endormie, la blonde que Morphée s'était appropriée. L'être qui maudira les heures quand conscience sera au fait de cette nouvelle sortie, des nouveaux risques pris pour cette famille qu'elle ne peut accepter. Un autre soupir, un autre regard sur les alentours désertés. Elijah songe à tout ce qui pourrait désormais se passer, à la manière dont ce crépuscule pourrait se terminer. Dans un voile carminé, sous une pluie torrentielle de larmes et de regrets. Les phalanges crispées sur le volant, le moteur qui grogne puisque mélodie s'est tue. Quelques questions subsistent encore malgré le trajet d'ores et déjà entamé, mais l'instinct et les valeurs réclament de s'y enfoncer. Dans un trou sans fin de vengeance, là où soif ne sera jamais altérée, là où bien des souhaits auront à mourir sans satisfaction ; parce qu'ils ne ramèneront pas ceux qui leur ont été volés. Sagesse bancale qui contraste avec le sang qu'il croit encore souiller l'épiderme. Sagesse inutile qui tente son ascension sur un esprit corrompu et déformé. Il doit le faire, parce qu'il a promis qu'il serait là, quoi que ça puisse lui en coûter. Pour ce frère d'une autre mère, pour ce lien que le sang n'a pas à relever – il s'est hissé jusqu'aux ruelles citées, jusqu'à cette allée où rien ne tremble si ce n'est les épaules de l'effondré. Dans les branches emmêlées chante la caresse du vent et sa litanie désolée, dans la pénombre qui gouverne s'étiole la splendeur de celui qu'on a blessé. Sully et l'errance que le bitume accepte, le séant qui baigne à l'humidité d'un trottoir fissuré. Il a soufflé, Haynes malmené. Il a soufflé avant que hauteur ne s'impose sous les lueurs des phares laissés allumer. Pas un mot de sa part, pas une note à cracher, rien que ces dires qui fracassent l'empire du rien et du silence.

Ainsi douleur se révèle, tortionnaire.
Garce et manipulatrice de son ère.
Elle bouillonne dans les chairs.
Crachée par les mots.
Crachée par les maux.
En un feu qui brûle haut.

Il le voit, sur les traits tirés, sur les larmes qui refusent de perler. Il le voit, ce gouffre béant qui enveloppe l'endocarde, qui ronge jusqu'aux espoirs, jusqu'aux volontés. Il l’aperçoit dans son regard, ce venin distordu qu'il craint d'un jour expérimenter – la folie qui consume jusqu'à pouvoir tout engloutir, tout briser. Nulle pitié, rien qu'un semblant de compréhension qu'il tente de lui concéder. Nulle pitié, rien que cette écoute accordée, la place prise à ses côtés. Il contemple cette étrange accalmie qui règne, s'attarde sur le sac qui attend sagement aux côtés de l'intéressé. Le nez se frise, les pensées s'accélèrent ; pression sanguine s'est accentuée. Il voudrait pouvoir lui céder ces fantasmes d'atrocité, mais ils ont encore tant à perdre, si peu à gagner. Il suppose l'armement, suppose seulement. L'imaginaire qui voudrait se faire raisonner, mais la démence n'a nulle limite, nulle frontière à respecter. Elle est Reine dans les cœurs exténués. Elle est Beauté dans cette souffrance imposée. « Ye're me brother, ye're part of the family and ye know it. Means they were too. » Les coudes aux genoux, les phalanges qui s'agitent, se cherchent ; la pulpe des doigts qui jouent avec les bagues portées. Le temps d'une fraction de seconde, le pouce s'attarde sur la croix celtique encrée à la main, l'âme se perd dans la possibilité que les rôles auraient pu être échangés. Josiah qu'il aurait eu à retrouver, son sang en rivière desséchée sous les semelles enracinées au parquet. Ces deux gosses aux sourires radieux qu'on aurait torturé. Froides sont les sueurs qui lancinent contre l'échine, terrible ce frisson qui prend les membres jusqu'à heurter. Le souffle est maigre, discret. Respiration est saccadée, retenue à la trachée de moitié serrée. « So he's gonna pay but we can't take the risk to get caught. Il désigne le sac d'un bref mouvement de tête, suppose encore tout ce qu'il peut cacher. L'extravagance de la détresse et des douleurs qui se seraient exprimées dans le choix de quelques armes qu'ils ne peuvent trimballer. Ye want to do the exact same thing he did to them, I'm fine with it. I'll follow ye, Sully, but not at any cost. We have to be the ones who leave that place tonight, without the cops waiting fer os at the door. » Une arme, une lame – son propre fusil à pompe qu'il ne mentionne pas, qu'il espère devoir laisser au repos dans le coffre fermé. Pour le reste, de la coordination et le manteau de la nuit pour couvrir les actes. Il y tient, tente de le faire entendre. Une mélodie calme et calculée pour que Paix puisse trouver son sentier jusqu'aux tombes qui se sont récemment creusées. Une mélodie qui se teinte de tout ce que les cœurs ont à saigner, une lueur rougeoyante qui oppresse jusqu'à la vision, provoque cette lamentable cécité. Il tique, Haynes, la main qui se décide finalement à éloigner la bouteille qui trônait entre les deux spectres rassemblés. « Josiah asked the cops fer an adress. La poche qu'il fouille alors, papier chiffonné qu'il en sort pour le confier à celui qu'il vient accompagner. It's up to ye now. Yer call. » Hauteur qu'il retrouve à son tour. Dans les branches emmêlées, un glas résonne qui vient tout assombrir. Dans les landes imaginaires de ce front ensanglanté, une autre bataille se prépare dans laquelle il ira s'enfoncer. Parce qu'il le regarde encore, ce frère affaissé ; il avait promis qu'il serait là, il a promis qu'il veillerait.   

.tetra




_________________



don't fear the reaper
❝ If only I had an enemy bigger than my apathy I could have won. wolves asleep amidst the trees, bats all a swaying in the breeze. but one soul lies anxious wide awake, fearing no manner of ghouls, hags and wraiths. don't dare let her tremble alone for the butcher, heartless, cold, paid in coin of gold. he comes he'll go leave naught behind, but heartache and woe. birds are silent for the night. he'll chop and slice you, cut and dice you. eat you whole.
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Èanna O'Donoghue
Èanna O'Donoghue
Martyr

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : Southwest, toujours près de la véritable famille, peu importe les conditions. Propriétaire d'une maison en piteuse état, un joli reflet de mon âme
ombres et névroses : Une jolie cicatrice au visage, sur la pommette droite, acquise le jour de la mort de mon frère. D'autres sur le corps, moins visibles, plus profondes. Homme brisé, torturé et qui a tendance à solutionner tous mes problèmes dans l'alcool. Fume trop, bois trop, c'est une manière d'affronter la réalité comme une autre non ?
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▬ Mar 7 Mai 2024 - 20:34 ▬
Beneath the stains of time
The feelings disappear
Jug’ était enceinte, elle allait accoucher dans deux mois. J’aurais dû être heureux, sans doute comblé de bonheur par cet enfant qu’elle portait. Ce petit frère, pour Ambrose, aurait dû être une opportunité pour moi de lever le pied, de m’accrocher un peu plus à cette femme. Elle aurait dû être mon monde, ma seule et unique raison de vivre, la personne vers laquelle je me serais tourné en premier. Au lieu de regarder cette voiture approcher, la logique voulait que je sois avec Jug’. Et j’y serais aller volontiers, j’aurais sans doute pleuré toutes les larmes de mon corps, dans le creux de ses bras. Je me serais laissé aller sur son épaule, j’aurais trouvé le confort, la sécurité hors de ce monde qui me tuait à petit feu. Elle aurait eu des mots justes, ou se serait peut-être simplement contentée du silence, pour m’envelopper dedans et me faire me sentir à la bonne place, là où je devais être. Avec elle. J’en avais été incapable après Ambrose, j’avais fui pour rejoindre ceux pour qui j’avais toujours tout sacrifié : les Crows. Les enseignements, les lavages de cerveau à répétition de mon vieux avaient porté leurs fruits, j’étais devenu le bon petit soldat qu’il avait fait de moi. Et j’avais perdu un frère, pour la première fois, le sang de ma famille venait d’être versé et j’étais incapable de me relever.

Mon cerveau était un champ de ruines, une vaste étendue désertique sur laquelle un vent de haine soufflait. Là où j’aurais dû être auprès de celle qui occupait habituellement autant mes pensées que les battements de mon cœur, étaient gravées les images de ce massacre dont j’avais été témoin. Rien ni personne n’était en mesure d’effacer ce souvenir, de l’adoucir ou de me le faire oublier. Ce que j’avais vu m’avait retourné l’estomac, m’avait pris aux tripes et avait dévasté mon esprit jusqu’alors occupé par les pensées de cet enfant qui allait bientôt naitre. Sandoval avait été trop loin, il avait dépassé une limite que moi-même je n’aurais jamais osé franchir. Alors que les mots d’Elijah me parvenaient, j’étais uniquement concentré sur la douleur. Et bordel, elle me tuait. C’était une fournaise incandescente qui rongeait mes entrailles, qui brûlait tout ce qu’il y avait de bon en moi et qui était lentement entrain de me transformer en quelque chose d’autre, en un homme radical. Les enseignements de mon père trouvaient un écho dans ce que je traversais et jamais ses vieux dictons n’avaient été aussi justes qu’en cet instant. Un œil pour un œil. Sandoval devait comprendre, par n’importe quel moyen, qu’il avait été trop loin et que personne ne pouvait s’attaquer à ma famille sans en payer les conséquences. Que personne ne pouvait blesser les Crows et s’en sortir sans une égratignure.

- I’m gonna rip his guts off, i’ll make him suffer like i do, i…Ah fuck ! I know this is not what i’m supposed to do, i…i know that it won’t bring them back but…but i fucking need to do it, i fucking need to make him pay ! I’ll break Sandoval, then i’ll kill him. I’ll send a message to all of those fucking tanned bitches…

La vengeance ne ferait pas revenir mon frère, c’était une certitude et c’était certainement la seule chose dont j’étais réellement conscient. Elle n’apporterait aucune réparation à ce qui avait été fait, elle n’allait pas –d’un simple claquement de doigts, faire disparaitre ces émotions dévastatrices qui me rongeaient. Je n’étais pas prêt d’oublier ce que j’avais vu, je n’étais pas prêt d’oublier ce que ces enculés de mexicains avaient fait. L’oubli ne pourrait jamais m’atteindre et la seule certitude que j’avais, était que ces images, que ce jour me hanterait jusqu’à ma fin. Et j’étais porté dans cette quête par le soutien d’un camarade hors du commun, appuyé par un frère d’une autre mère que je considérais du même sang que moi. Savoir qu’il était là, voir qu’il était là avec moi, pour moi, peu importe les circonstances était d’un certain réconfort. La présence d’Elijah n’effaçait pas la peine mais, elle l’atténuait quelque peu. C’était un roc sur lequel je pouvais me reposer, une épaule infaillible qui m’avait accueilli et supporté depuis mon premier jour dans cette ville maudite. Laissant pendouiller la cigarette à mes lèvres alors que je prenais, d’une main tremblante, le morceau de papier qu’il me tendait, je hochais silencieusement la tête en lisant l’adresse qui y était notée.  

- Yeah…Yeah, the bag is a bit much. If things goes wrong, it will be a last resort. Better ? The guy is known to be overconfident, i don’t think there’ll be a lot of his men with him. Probably some guards at the entrance, maybe a couple of them on the inside to keep an eye on the courtyard…I get it mo dheartháir, not at any cost.

Elijah était la voix de la raison, il se doutait que j’étais certainement aveuglé par mon besoin de vengeance, que je n’étais pas totalement lucide quant à la stratégie à employer. Sans doute avait-il en partie raison car, si je m’étais laissé emporter parce que je ressentais, j’aurais été rendre visite seul à Sandoval. Mais j’avais appelé mon ami, mon frère dans un premier temps pour qu’il me vienne en aide et dans un deuxième temps, pour qu’il fasse ce qu’il était entrain de faire. Pour qu’il me tempère, pour qu’il me soutienne dans cette épreuve et surtout, pour être accompagné d’une personne en qui j’avais une confiance aveugle. J’aurais placé ma vie entre ses mains, sans sourciller, sans cligner des yeux, sans hésiter. J’aurais donné ma vie pour Elijah car il était de ces rencontres qui changeaient l’existence d’un homme. Jetant un dernier coup d’œil à cette bouteille qu’il avait écarté, j’attrapais le sac et le plaçais sur mon épaule, m’arrêtant à la hauteur de Haynes.

- Cops won’t know shit about what we’ll do, but those grease eaters will.

J’allais déposer mon sac sur les sièges, à l’arrière de la voiture puis m’installais du côté passager en laissant échapper un profond soupir. Mon corps ne demandait qu’à céder car mon esprit n’était plus en état. Je piochais dans mes réserves, dans ce qu’il me restait de résilience et me laissais amplement par les sentiments qui me dévastaient pour continuer d’avancer, pour trouver la force de rester encore debout. J’avais envie de m’écrouler, probablement de perdre conscience et de m’endormir pendant un temps qui dépassait l’entendement. Je passais une main sur mon visage, le frottais vivement en tentant de vainement de retrouver un second souffle, afin que ma vue cesse de se brouiller à cause de la fatigue et du manque de sommeil. Je n’avais jamais été dans un tel état et je tenais, je résistais uniquement parce que je devais aller au bout des choses. La seule chose qui me permettait d’être encore éveiller, de forcer mon corps à fonctionner, était l’idée de ce que j’allais faire à Sandovar.

- I saw my kid, Eli’…when i went in i…i saw them. Jug’ and Ambrose, i saw my own family in the cellar…It’s…it’s all i see now…when i close my eyes…Fuck, if i knew i…fuck.

Je m’affaissais un peu plus dans le siège, mon coude venant s’appuyer contre la portière alors que mon visage tombait dans le creux de ma main et que mon regard, vide, se portait sur le paysage qui défilait. J’avais transposé ce que j’avais vu et maintenant, il m’était parfaitement impossible de me sortir cette image de la tête. Et cette pointe que je ressentais dans le fond de mon cœur n’était autre que la présence insidieuse de la peur. La peur pour cet enfant qui allait bientôt naitre, pour celui qui était déjà là et pour cette femme, cette femme dont le regard me remuait, me retournait. Finalement, sans détourner le regard de ces paysages que je voyais à peine, qui n’apparaissaient que comme des lignes bien sombres et difficiles à identifier, je murmurais.

- An eye for an eye…

I wear this crown of thorns, upon my liar's chair.
Full of broken thoughts, I cannot repair. Beneath the stains of time, the feelings disappear. You are someone else. I am still right here
Pando

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    I feel the pages turning. I see the candle burning down before my eyes, before my wild eyes. And I feel you holding me tighter, I cannot see when will we finally breathe. @endlesslove
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