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Watch me, take a good thing and fuck it all up in one night. Catch me, I'm the one on the run away from the headlights. No sleep, up all week wasting time on people I don't like. I think, something's fucking wrong with me.
Un revers de la main suffit à pousser l'espèce de serviette de plage qui faisait office de porte dans cette vieille barraque abandonnée. Elle servait de squat depuis quelques années déjà et si quelques raids de la police avait repoussé les camés du coin, il en revenait toujours des nouveaux. L'intérieur était... modérément sale. Les vitres étaient pétées, les fauteuils probablement récupérés à la déchèterie mais visuellement propres, un feu de camp avait été monté et protégé au milieu de ce qui avait été un salon et une enceinte portable était posée par terre, crachant du RAP assez fort pour mettre une ambiance de fond mais pas assez pour empêcher les conversation. Quelques posters avaient été accrochés au mur, musiciens, chanteurs, et même une photo de Rosa Parks qui s'arracherait probablement les cheveux de voir sa tête dans un endroit pareil. La jeune femme s'approcha du feu avec un sourire, accueillie par une fille qui se leva pour venir l'enlacer chaleureusement. Un autre mec, complètement avachi dans un fauteuil et un joint à la main, leva deux doigts en signe de salutation. Un peu plus loin, un couple jouait aux cartes sur une couverture posée à même le bois pourri avec pour gains des lignes de cocaïne déjà faites, tandis qu'un cinquième gars lui laissait sa place sur une chaise en bois. Et s'il y avait bien une seule raison pour qu'elle accepte de poser ses fesses ici, c'était que l'endroit était complètement dépourvu de punaises de lit, ce fléau de l'humanité, elle s'en était assurée.
Si quelqu'un avait pris une photo et l'avait vendue à un journal quelconque, l'article aurait probablement blâmé les parents démissionnaires de ces sales gamins sans aucune éducation, appuyé leur couleur de peau comme rappel des maux de cette ville pourrie comme si les DD ou les BC n'existaient pas et ne faisaient absolument pas parler d'eux, et décrit l'endroit comme un repaire dégoûtant de jeunes aux dents pourris et à la cervelle bouillie. Ce qui n'était pas totalement faux. Le principal problème avec ce genre d'article, c'était qu'il crachait la même merde que ce soit des adultes qui fumaient des pétards ou des gamins qui construisaient un château fort. En l'occurrence ils n'avaient plus 10 ans, mais quand même.
Quelques banalités échangées et la jeune femme extrayait un sachet d'herbe de la poche de sa veste, qu'elle tendit au mec avachi dans le fauteuil en échange de quelques billets aussitôt rangés. Il lui proposa un joint, qu'elle accepta volontiers, et tira dessus en plissant ses yeux pour minimiser la fumée qui remonterait inévitablement. Yeux qui se perdirent un instant sur le jardin défraichi à l'extérieur et sur les mouvements étranges qui se jouaient dans les hautes herbes.
« L'un de vous a ramené son chien... ? » Les conversation s'arrêtèrent net et les regards suivirent ceux de Wynona, parfois méfiants, parfois inquiets, parfois beaucoup trop défoncés pour capter quoi que ce soit. Une ombre se profila dans la pièce, à peine une seconde, et Wynona se raidit sur sa chaise.
(c) AMIANTE