un garagiste qui meurt a le droit à une vie d'ange ? | stanley

Fange. Crasse. Pisse. Erections de béton sorties de la terre qu'elle vient frôler de cabrioles légères. Friction âpre de l'asphalte sur les genoux et les coudes qui se mettent d'équerre. Sang sur la peau râpée de gravillons et de fougères. Fange. Crasse. Pisse. Sauts de cabri devant les successions d'immeubles décrépits. Roulades ridicules devant les carcasses de bagnoles, poubelles, casses, déchets collés sur les barraques abandonnées et défraichies. La cheville qui vient fouler le côté puant d'un trottoir où chante une vieille et son harmonica face à un micro en mode reverb. Un dollars tiré d'une poche arrière. Foutu, chiffonné, claqué dans un mug ébréché à l'effigie d'une Lady D décolorée. Leena s'arrête dans son parkour solitaire pour écouter trente secondes une vioque visiblement camée s'acharner à souffler une mélodie à chier. Coup d'œil bref sur le téléphone, Stanley n'est toujours pas arrivé. Soupir, le front déjà en sueur des murs qu'elle a sauté, la fliquette avance, remonte les rues et les allées qu'elle vient de traverser. Pas loin d'un terrain vague où pullulent des mouches, elle s'arrête sous le cagnard de printemps. Godasses, baskets qui raflent une pâquerette dans l'herbe mal tondue empiétant sur la route. L'oreille se tend et se tourne à chaque vrombissement de bécane aux alentours.
Planquée. Cachée dans une bourgade dortoir en périphérie d'une Detroit agitée ; Leena attend son cousin pour des retrouvailles bimensuelles. Relation décriée, mafieux droitard et complotiste qu'elle côtoie par le sacre des liens du sang. C'est en secret et en évitant soigneusement certains sujets, que McGraw et Sanders tamponnent leur deux mondes manichéens et opposés. Pas de restaurant, pas de café ; rendez-vous marqué par le vent enfantin d'un tas de conneries arrosées à la bière et aux gras des beignets.
Fange. Crasse. Pisse. Connard de confédéré arrive en fanfare. Il vient enfin se garer à une dizaine de mètres d'elle. Pas de casque. Cuir porté qui lui file la nausée. "Mais bordel ! Qu'est ce que tu branlais ? Ca fait une heure que j't'attends... t'as été t'faire défriser la moustache avant ou quoi ?" Accueil de beauf, coup qu'elle vient lui porter au ventre en guise d'embrassade. "Y'a un diner à dix minutes à pieds, on va se poser manger un truc avant ou après avoir fait les cons ?"

En retard. La tronche dessinée du bg, le faciès à peine buriné d'épreuves, de crimes et de pauvreté. Juste ce qu'il faut de cicatrices et de jouvence pour contrebalancer ; un peu comme ces beaux taulards qui font la une des réseaux où scrollent les perchées. Stanley, roi des connards, enfin arrivé et jugé. Stanley, petit batard qui provoque et délaisse derrière lui le fidèle destrier dans lequel elle foutrait bien un coup d'pied. En retard. Gueule de l'américain de base en un peu plus stylé. Torgnoles qui se perdent dans les joues de celui à qui elle cherche à tout pardonner. Traits d'un petit con trop gâté. Le cuir porté qui pourrait compromettre toute sortie en légalité ; toute activité et l'entièreté de son métier. Ce foutu cuir qu'elle voudrait bien cramer pour l'intégrité du sang qu'ils ont à partager, pour ce semblant d'affection qu'elle peut bien lui porter. Du bac à sable aux adultes pseudo responsables. Des couches pleines aux fantoches, poches, caboches de grandes personnes pas saines. En retard, réunis sur le tard les deux terminés à la pisse, dysfonctionnels cassos de la société. La flic et le voyou qu'elle va pour courater. Condé au cul de diable coursé ; le seul qu'elle ne pourrait jamais arrêter. Cousin, neveu d'sa mère hystéro et dégénérée, motards racistes composant des gênes dont elle a honte que de moitié.
"Viens là sale batard j'vais t'foutre la misère !" Saut par dessus un trottoir, slalome derrière une borne à payer les stationnements, coup dans une poubelle qui renverse sa merde abondamment ; Leena s'élance à la poursuite de Stanley. Gamins, gosses des rues devenus grands. La blonde tape un sprint, chope une canette vide de bière sur un renfort de fenêtre pétée, le jette dans la direction de celui qui la distance. Loupé. Trop habitué à se faire poursuivre, trop habitué à fuir, le souffle de la femme commence à manquer. Tout pour le tout, elle se jette...

1. Élancée vers l'avant, elle arrive à tomber, s'étaler, choper les chevilles de Sanders et le faire tomber. Premières égratignures sur coudes et genoux, une merde de chien pas loin du point de chute, Leena agrippe son cousin pour le maitriser façon poulet, façon menottes contre poignets.

2. Élancée vers l'avant, elle arrive à tomber, s'étaler sans choper les chevilles de Sanders. Gros plat sur le béton armé. Le seum porté sur son visage de poupée démaquillée.