sweet ones are hard to come across · ft. adam

sweet ones are hard to come across

it weighs heavier on one's heart
i could tell right from the start

tw ; none

Elle a quitté la chaleur de ces draps volés. Elle s’est éclipsée de cette bulle créée en à peine quelques heures, et destinée éphémère à peine son regard croisé. Sous la lumière tamisée du Foxes, l’alliée sans être finalement adepte, s’est laissée tentée par un regard. D’un vert envoûtant, il a fini de la charmer d’un sourire. Deux verres, le dernier à peine entamés, et les voilà sur la route d’un appartement si proche qu’une promenade sous la neige s’était transformée en étranges préliminaires. Sa voix lui avait distillé des frissons d’anticipation aussi efficacement que ses mains sur sa peau une fois au chaud.

Mais toute bonne chose a une fin. Toute bulle finit par éclater. Le froid lui frappe le visage comme la réalité acerbe de sa nouvelle vie. L’air qui s’infiltre dans ses poumons est aussi violent qu’un coup de couteau. Ou bien c’est son coeur qui implose au moment où elle claque cette porte derrière elle ? Elle lui dit adieu. Son coeur se brise. Parce que l’espace d’une nuit, elle s’est étrangement sentie amoureuse à nouveau. Elle vient de rompre. A nouveau. Et on dit que la douleur mentale est aussi réelle que la douleur physique. Aussi palpable qu’un vrai coup de poignard en pleine poitrine.

Mais, malgré l’heure, et la ville dans laquelle elle se trouve, elle est entière, saine et sauve. Il est depuis un moment passé quatre heure du matin. Il fait nuit noire sur Detroit, mais sa voiture est réellement à deux pas. Le Foxes a fermé depuis le temps, le parking est clairsemé, mais sa vieille Cadillac orange est toujours-là. Entre pièce de collection et vieillerie, c’est le genre de voiture qu’on estime pour son âge et son époque, mais qu’on ne volerait pas spécifiquement pour sa beauté ou son unicité. Banale sans être conventionnelle, en fait, sa voiture évoque cette période des 70’ qui ne fait plus beaucoup parler d’elle.

Mais Jez’ l’aime, cette voiture. Elle en prend soin, même si elle ne s’y connaît pas beaucoup en mécanique. Et en général, sa voiture prend soin d’elle, elle aussi. Alors quand elle s’installe au volant, les mains déjà gelées, et qu’elle insère sa clé, son coeur déjà brisé finit de sombrer en entendant le moteur ronronner… sans démarrer.

— Oh non, me fais pas ça, par pitié, ma belle, pas maintenant… allez…

Mais ses suppliques et ses prières n’aboutissent à rien. Le doux ronronnement crachote, s’arrête, reprend, mais son moteur ne se met pas à rugir comme il le devrait.

— Et merde !

Frapper son volant, une superbe idée pour s’abîmer la main. La voiture, elle, s’éteint simplement au moment où elle abandonne cette clé et finit par sortir. Talons plats dans la neige, elle cherche comment ouvrir ce capot de ses propres mains. Elle l’avait déjà fait, après tout, sur la route, quand elle n’avait pas le choix. Aujourd’hui, elle l’a. Elle pourrait prendre un taxi, et rentrer. Oublier la voiture, appeler un dépanneur. La faire réparer.

Elle a un salaire, à présent.
Mais elle n’a pas ce luxe pour autant.

Et dans le silence du parking vide, lorsqu’elle ouvre ce capot, qu’il lui glisse des doigts, et se referme dans un bang assez détonnant, la voilà qui s’énerve, sous une tonne d’injures dignes d’une église, enfin jusqu’à ce…

— Oh bordel de dieu, tu vas t’ouvrir saloperie !

Tonitruant, vraiment.
Pour couvrir la douleur de son coeur qui saigne et de ses yeux qui pleurent.

sweet ones are hard to come across

it weighs heavier on one's heart
i could tell right from the start

tw ; none

Désespoir. Découragement. Le téléphone dans sa poche lui rappelle par sa simple existence que les Uber roulent à toutes les heures et ne sont pas si chers que ça. Contrairement aux garagistes et mécaniciens professionnels qui eux, risquent de creuser des galeries sans fonds dans son portefeuille… Mais personne ne l’attend, en ce jour saint. Son lit n’est qu’une promesse de repos auquel elle n’aspire pas malgré l’heure tardive, ou si avancée qu’elle se confond au lendemain. Le coeur trop tourmenté d’une nuit si inoubliable qu’elle préférerait justement l’effacer de sa mémoire, la belle ne se laissera justement pas sombrer dans l’abîme du désespoir par un simple soucis technique.

Ce n’était pas en abandonnant à la moindre panne sur la route qu’elle était arrivée jusqu’à Detroit, après tout. Si elle avait baissé les bras dès que quelque chose l’avait contrariée, elle serait toujours dans sa belle prison sertie de mensonges et de douces paroles, à regarder ses rêves s’envoler par une fenêtre ouverte sur les étoiles.

Certes, un parking glauque sous la neige en pleine nuit n’a pas grand chose à lui envier. Mais ses mains gelées posées sur la carlingue frappent quand même le capot avec cette résolution courageuse. Jusqu’à ce qu’une voix la fasse rudement sursauter, effrayant celle qui se croyait seule, glaçant son coeur autant que le bout de ses doigts en contact avec le métal froid.

— Oh ! Bon sang. Adam. C’est toi…

L’heure avancée et le manque de lumière du bâtiment un peu plus loin l’avait flouée. Elle avait cru le Foxes fermé depuis longtemps, se disant que les quelques voitures encore présentes n’étaient que les vestiges des habitants du quartier, non du bar en cours de fermeture.

— Mal ? Oh, non. La seule chose qui a mal, ici, c’est mon amour propre.

Parce qu’elle fait peine à voir, et qu’elle le sait. D’un revers de la main, elle viendra étaler ce maquillage qui coule de son regard, et essuyer ses larmes de ses joues. La belle se pare d’un sourire de façade, avant de se tourner à nouveau vers la voiture dans le but de lui ouvrir la gueule et de l’obliger à lui présenter cette petite perle qui se trouve être son moteur à l’intérieur.

— Et… elle refuse juste de démarrer, c’est sans doute pas grand chose, j’m’en voudrais d’écourter encore plus ta nuit. T’en fais pas pour moi.

Le métal glissant se laisse enfin saisir, et le sésame s’ouvre enfin sur le fond du problème.