she lives in daydreams with me - Jezabel&Eliott

she lives in daydreams with me

here's for the memories, a woman who's destined as her
and she sleeps in his bed while he plays pretend

tw ; none

Dans un froissement de dentelle et de papier, elle tourne une page éclairée par une lumière timide et tamisée. Son ventre à plat sur le lit, il n’y a que ses coudes pour soutenir son torse qui gît au milieu des draps, à quelques centimètres à peine des jambes de cet intrus littéraire qu’elle ne peut s’empêcher d’observer du coin de l’oeil. Pourtant, il n’y a plus tellement de gêne dans cet échange, qu’il y a un an à peine, elle se serait bien gardée de simplement imaginer. Que quelqu’un d’autre lise son roman, après ce qu’Ethan en avait fait à une époque ? Malgré tous les grands discours et les grands projets qu’elle lui réservait, cela relevait d’un effort incommensurable de confiance envers quelqu’un d’autre. Une confiance qu’Eliott avait réussi à gagner, au fil de leurs rencontres. Une confiance… dont il n’avait sans doute pas réellement conscience d’ailleurs.

Parce qu’il la lisait elle. Abelene, toute entière, et mise à nue. Plus nue qu’elle ne l’était à présent, alors que ses jambes délicates se permettaient de jouer avec les rayons de la lune, peau blafarde qui se revêtait de reflets de nacre. Soie et dentelle la couvraient délicatement, dans une pudeur très mesurée, mais il s’agissait en réalité plus d’un accessoire que d’un vêtement. La chaleur de l’appartement les rendant obsolètes malgré la neige visible par la grande fenêtre.

Le programme de leur soirée aussi, jusqu’ici.

Elle bouge à peine, la Jezabel, lorsque le “hm” d’Eliott l’extirpe de ses pensées, en la faisant délicieusement frissonner en passant. L’écran du MacBook dans sa direction, elle n’a pas besoin de longtemps pour décrypter de quelle partie il parle et se retrouver face aux mots écrits il y a déjà des années maintenant. Ce monologue, ce moment de doute du personnage principal, obligée de choisir entre ce qu’elle a toujours connu, et ce qui est là, à portée de main, mais qui lui est presque inconnu. Son livre, c’est presque son histoire à elle, la communauté dans laquelle elle a réellement vécu mise à part. Une femme à la foi presque inébranlable, perdue dans une relation de couple violente, qui se rend compte aux travers de diverses épreuves que tout ce qu’elle croit connaître n’est pas ce qui devrait être. Mais la fin n’était pas forcément celle à laquelle on s’attendrait.

Mais le cerveau embrumé suivait. A dire vrai, si une partie ne s’était déjà pas évaporée dans les volutes de fumée qui tamisaient un peu plus la lumière du plafond, peut-être qu’elle n’aurait pas été capable de comprendre. Parce qu’elle se serait simplement arrêtée à cet élan de joie qui lui emplissait le coeur de voir qu’Eliott comprenait son livre, et ses intentions. Mais pour le moment, le sourire est mutin, et si les yeux brillent d’émotion, c’est en partie à cause de la lueur du briquet venu allumer le joint suivant.

— I think I see your point… It’s like a real dialogue. Every person has its own lexicon and repeats the same words all the time. I saw that part like… well, not a monologue, but a life lesson told by her inner self…

Mutisme se transforme en un léger rire, sous le compliment donné si soudainement. Le regard quitte l’écran pour revenir à Eliott, les mains abandonnent les feuilles au milieu des draps pour se redresser délicatement et venir se glisser dans son dos. Ses doigts viennent se saisir nonchalamment du joint à peine entamé pour le voler sans vergogne et s’en délecter d’une bouffée.

— Oh yes. About a few times, already, qu’elle lui souffle à l’oreille. And it always make me blush.

she lives in daydreams with me

here's for the memories, a woman who's destined as her
and she sleeps in his bed while he plays pretend

tw ; none

La beauté retrouvée dans la simplicité… Simplicité aussi banale et commune qu’une soirée partagée, entre effluves brumeuses et lectures plus profondes qu’elles n’y paraissaient aux premiers abords. Entre le dialogue intérieur et salvateur d’une jeune fille d’à peine vingt ans en pleine remise en question existentielle retranscrit sur papier, un choix de vie l’ayant mené à ce moment bercé par la délicatesse et la douceur d’une peau de nacre sur un torse malmené par des effluves mortelles ayant tracé leurs sillons d’acide sans se préoccuper de l’encre qui s’était déjà installée sous l’épiderme.

Couple éphémère. Etreinte aussi charnelle qu’intellectuelle. Et pourtant, aussi intenses qu’ils soient, ces moments partagés, ils ne font qu’effleurer la surface d’un lac où aucun d’eux ne souhaitent réellement plonger. Entre un coeur pris, et l’autre trop ravagé pour être à nouveau consumé par des sentiments aussi forts, ne se seraient-ils pas bien trouvés ?

— I will keep it then.  Puisque c’est aussi simple que ça.

Elle pose son coeur contre le sien, son torse contre son dos, et s’appuie sur ce corps qui n’est aucunement à elle. Il s’envolera aux premières lueurs de l’aube, et si elle n’a aucunement hâte que pointe le soleil, la belle n’appréhende pas non plus l’instant où il quittera la chaleur douce et enivrante de son appartement. Ses lèvres contre sa peau et cette valse de compliments la font effectivement rougir, et sourire, malgré le joint qui s’est glissé entre ses lèvres et les effluves qui emplissent ses poumons à l’instant.

Douce drogue que ces compliments.
Incroyable addiction que ce baiser offert en échange du consommable dérobé.

Lorsque ses grands yeux de biche s’ouvrent à nouveau délicatement et se posent sur lui, son sourire renaît doucement. Le regard est rendu, et n’attend rien de plus. Tout est déjà trop parfait. Et pourtant, il n’en a pas terminé.

— Are we ?  La question lui est rendue, et un léger soupir la suit. Il s’aventure à nouveau sur le nacre, sur cette peau soutenant à peine une bretelle de dentelle. I think…  à tant de choses qui n’ont rien à voir avec la nourriture, là, maintenant… There are eggs in the fridge…

Sa main glisse sur son épaule musclée, jusque ce cou arqué, s’arrête à la naissance de ses cheveux alors qu’il revient lui offrir le joint à partager. Nouvelle bouffée qu’elle vient prendre, sans le lâcher du regard, sans le laisser s’envoler. Le feu latent est à nouveau mis de côté, et ses lèvres reviennent chercher les siennes, encore perdues au milieu d’une brume de bonheur à respirer.

Mais la liberté a toujours dirigé cette relation, et la main se garde d’emprisonner. L’échange est profond mais n’est qu’une invitation à délaisser la cuisine encore quelques instants seulement.

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and she sleeps in his bed while he plays pretend

tw ; hot

Être publiée. Un rêve de petite fille qui deviendrait enfin réalité… Un but qu’elle a si longtemps cru inatteignable et qui semble pourtant à portée aujourd’hui. Elle aurait dû rêver mettre au monde des enfants, non des livres. Elle aurait dû rester à une place prédéfinie, toute indiquée pour elle, et qu’elle avait même — presque — failli apprécier, mais qui s’est révélée n’être qu’un cauchemar éveillé. Libérée, ce n’était pas pour autant que ce rêve de voir son nom sur les étals d’une librairie se retrouvait à portée. Ses mots avaient été moqués, décriés, brûlés même… Et si elle n’avait pas abandonné leur création, la simple pensée de les confier au monde réel la terrifiait d’avantage que de prendre sa voiture et de quitter définitivement la maison maternelle.

La confiance d’Eliott se distille en elle au fil de leurs rencontres, contagieuse, empoisonneuse. A chaque nouveau chapitre lu et apprécié, son coeur se gonfle un peu plus d’un orgueil revitalisé. Le sentiment de victoire douce-amère que cela lui procure est presque suffisant. Elle pourrait survivre, avec ce travail acquis, dans cet appartement décrépi, dans ce cocon étrange qu’est cette ville au bord d’un précipice de violence et d’incertitudes, en sachant simplement que son livre pourrait être publié un jour. Mais survivre n’est pas vivre, et Jezabel n’a pas encore fini d’essayer.

— What do you think ? You’ll be in the thanks page, darling. But if you want my beautiful handwriting on it, it will be with pleasure.

Plaisir partagé au centre d’une relation éphémère mais qui n’aura pas eu moins d’impacts sur sa vie que toutes les rencontres qu’elle a pu faire jusqu’ici. Il le mérite, Eliott, même si ce n’est pas grand chose, même s’il n’est pas capable de retourner des oeufs sur une poêle, même s’il est marié à un autre. Promesse soufflée comme une évidence sous les embruns d’un joint qui finit sa vie dans une vulgaire tasse à thé, elle n’en sera pas moins honorée lorsque l’occasion se présentera.

— Never had French Crepes, no…

Et si l’envie lui vient tout à coup, l’idée d’y goûter est mise de côté vers un futur incertain. Le présent, lui, est évident. Le corps d’Eliott se lie au sien dans ce temple d’un plaisir charnel aussi pur que débridé. Loin des conventions sociales et d’une vulgaire considération pour les oreilles sensibles d’un voisinage indiscret, la belle se fait affamée d’une virilité insatiable, le plaisir enfin défait d’une honte que d’autres ont tenté de lui insuffler.

L’apothéose atteinte, les corps pantois au milieu des draps, les corps dans leur plus simple appareil de peau encore moite et frémissante, et des lèvres qui explorent encore… Les mots prononcés se font encore plus brumeux que sous le joint oublié.

— And now, I want to read what you started. If you let me, of course.

Ses doigts viennent se perdre dans ses cheveux défaits par leurs ébats. Curieuse, Jezabel. Curieuse d’en apprendre plus sur son univers à lui, à présent qu’il connaît ses secrets à elle. Envieuse, aussi, d’être un souffle de confiance elle aussi, comme il peut l’être pour elle.

— Why did you stop ?