Weird Interview [Kit]

Pride étant en Juin, on pourrait se dire que c’était le mois de l’année le plus occupé pour Kit. Mais non. Mai restait le grand gagnant. Parce qu’en Juin, tout était prêt. Il suffisait juste de faire la fête et de profiter de tout le travail de préparation. Qui avait lieu en Mai. Qui commençait en Janvier carrément, mais le cinquième mois restait celui où toutes les catastrophes avaient lieues. Comme de réaliser qu’il allait leur manquer du monde pour gérer le succès du club. Surtout en Juin. Ils avaient fait le double de leur recette l’année dernière alors que le Foxes venait d’ouvrir, donc comment vous dire que les estimations pour cette année avaient de quoi faire tourner la tête.
Pourtant Kit gardait son calme légendaire, l’habitude de gérer plusieurs choses en même temps. Il avait commencé à interviewer le staff en plus qu’il lui faudrait pour le mois. Et il verrait si certains resteraient plus longtemps. Ne jamais dire jamais… Seulement le procédé pour trouver les bonnes personnes pouvait se montrer plutôt fastidieux. N’oublions pas que Kit ne fait pas facilement confiance lorsqu’il est question de laisser son business entre les mains des autres. Et ce n’est pas qu’à la direction, il sait que tout dépend de tout le monde. Du plombier au DJ en passant par la sécurité. La sécurité surtout! Les premiers à accueillir des clients le soir au Foxes. Un mauvais agent peut mener à une mauvaise expérience dès la première seconde.
C’est pourquoi il continuait de faire les entretiens pour le Foxes. Parce qu’il avait besoin d’évaluer, de savoir, de connaître ses employés. Après, il ne devenait pas le “patron copain”, pour éviter de devoir annoncer à un meilleur ami qu’il allait être licencié, réalité de la vie. Bon. Sauf pour Adam. Et pour Abi. Et pour Llewyn. Bref.
En parlant de son électricien préféré, il lui avait parlé d’un ami qui cherchait un peu de travail supplémentaire, et qui serait un bon agent de sécurité. Kit n’est jamais contre les pistons, surtout quand ça tombe en plein pendant une période de recrutement ainsi attend-il l’arrivée du fameux Harvey. Assit à sa table préférée du café, dans son coin, il passe de l’écran de son macbook à la salle, peut voir les clients du cafés vivre leur vie. Et finalement le fameux Harvey passe les portes et s’approche, il le reconnait car déjà croisé avec Llewyn et sourit en se redressant, grimace un peu au Mr. Jones mais rit. “Mr. Jones c’est mon père, ou mon frère. Plutôt mon frère en vrai.” Il lui indique la chaise en face de lui pour qu’il s'installe. “Tu peux m’appeler Kit. Et le tutoiement ou le vouvoiement, tu décides aussi. Café? Thé?”

Ayant l’habitude que ça prenne un peu de temps pour se débarrasser du Mr. Jones, Kit réagit à peine quand la langue fourche. Harvey s’y fera, comme tous les autres. Certains trouvent des alternatives, il est Mr. J, Mr. Kit, Patron, etc. Juste pas “Mr. Jones”, jamais. Grandit trop longtemps en devant ignorer ce titre.   “De rien Harvey, merci de te présenter.” Il a autant besoin de cet employé que l’inverse après tout. En tout cas il s’est levé pour demander les cafés avant de revenir s’installer pour récupérer le fameux dossier.
“C’est très gentil! Du charme je sais pas, mais de la couleur en tout cas. Comment tu te sens concernant l’orientation du Foxes? Communauté LGBTQIA+ et tout ça?” Kit n’utilise jamais l'appellation complète mais il est là pour étudier les réactions d’Harvey après tout. S' il soupire à la longueur - sans bonne raison, ce sera déjà un drapeau rouge. Sauf bien sur s’il peut partir sur un monologue concernant ces lettres qui continuent de s’ajouter et sur le fait qu’il faudrait peut-être songer à trouver une nouvelle appellation plus inclusive puisqu’il en manque encore, des lettres. Bref.
Les cafés sont posés devant eux alors que les yeux du renard parcourent un peu le profile de l’homme devant lui. Un grand sourire se colle à son visage alors qu’il se redresse un peu.   “Boxe anglaise? Française? J’en fais depuis que je suis tout petit. Je préfère la boxe française, mais j’ai commencé le Muay Thai il y a trois ans, je crois que j’ai un nouveau préféré.” Il hoche la tête. C’est rare pour lui de trouver quelqu’un qui a vraiment fait de la boxe. Il a même galéré à trouver un coach ici à Détroit qui saurait s’adapter à son niveau. Son coach à New York refusant encore et toujours de s’installer dans le Michigan.

Le renard hoche la tête en entendant l’anecdote sur Denver, c’est plus que très bon signe à ses yeux. Il avait clairement l’habitude de ce qu’il verrait ici au Foxes. Ce n’était pas spécialement les clients, mais les autres, le problème. Et il fallait les repérer avant même qu’ils n’atteignent l’étage du bas. Kit n’aurait même pas besoin d’entendre parler du reste, le seul fait qu’il avait déjà plus ou moins fait le travail lui suffisait. Mais, cette interview était loin d’être terminée.
Il tapote pensivement sur sa tasse de matcha, et sourit au reste des mots d’Harvey. “Tu dois être un très bon policier aussi, alors.” Et ça, Kit avait fini par comprendre que ça manquait cruellement à cette ville. Soit ça, soit ils étaient dépassés. Il voyait bien comment Kenneth pouvait ramer en temps qu’avocat commis d’office. Ainsi, ça faisait toujours plaisir d’avoir une personne en face de lui qui devait sans doute essayer de son mieux, en tout cas. Il apprécie aussi la franchise.   “Aller en manifestation n’est pas une obligation pour se considérer être un allié.” Il dit en buvant un peu dans sa tasse. Pour lui, le simple fait d’être ici prouve qu’il en est un, en quelques sortes.
Mais la conversation part finalement sur la boxe et là, Kit s’anime. Différemment de ce que ses proches peuvent avoir l’habitude, d’ailleurs. Parce qu’il n’a jusqu’ici pas encore trouvé quelqu’un avec qui en parler vraiment, de la boxe.   “Mon père aussi préfère la boxe anglaise…” Il dit en riant un peu. Le seul sujet sur lequel lui et son père on déjà eu une vrai conversation, d’ailleurs. Sinon, Kit ne pouvait compter que sur Eric. Arthur Jones, une figure éteinte de sa vie.   “J’en fais depuis que j’ai 5 ans, les autres styles sont venu plus tard. Mon coach à New York espérait me faire passer pro… Disons que j’avais d’autres envies.” Et que sa famille n’aurait jamais accepté. Et puis Kit avait terminé dans des combats illégaux des quartiers peu fameux de la grande pomme. Pas qu’il allait avouer ça à un policier, là.
“Hmmm dure question.. Ngannou? En tout cas je le suivais de près… Mais en vrai… Damianos? Spartacus de son nom de scène.. Je ne sais pas si tu connais. Léger faible, peut-être un petit crush, je l’ai déjà rencontré quelques fois.”   Kit était même allé jusqu’à la Thaïlande pour voir un ou deux matchs, c’est vous dire.   “Et toi?” Il veut finir la conversation polie avant de passer au petit test qu’il donne à sa sécurité, qui aura lieu dans le club. Mais il sait déjà plus ou moins que le contrat sera pour Harvey.  

Kit hoche la tête concernant l’état de la police. Rien ne le surprend. En tout cas plus maintenant qu’il avait passé quelques années à Détroit. Avant Détroit, la Police n’était qu’une entité qu’il  essayait d’éviter à tout prix. Euh, ou pas. Adolescence à sortir taper sur des gens, et se faire taper dessus, il était arrivé deux trois fois qu’il se fasse choper. Mais la baguette magique “Jun Jones” l’en sortait toujours dans l’heure et il n’en entendait plus jamais parler. Quant à certaines victimes de sa colère, il ne doutait pas que Jun les avait aussi fait disparaître. On aimait pas trop fréquenter la police chez les Jones. Ainsi, le renard était très au courant que ce n’était pas si simple de faire régner la justice. Le manque de moyen, les pots-de-vin, ceux qui prenaient le métier pour la mauvaise raison… Les personnes honnêtes comme Harvey devant lui s’en retrouvaient à ramer dans le vide pour une cause presque perdue. Kenneth étant avocat commis d’office pouvait en parler des heures au petit renard. Un renard qui lui avait quand même dit en apprenant son métier pourquoi il n’était pas un “vrai” avocat. Enfin… Un qui gagnait de l’argent. A se demander comment l’écossais avait fini sous le charme… MAIS, Kit avait grandi depuis.
“Je m’en sors plutôt bien oui… Mais c’est surtout amusant quand on essaie de s’en prendre à moi parce que j’ai l’air d’un brin de paille.” Il dit amusé en jouant un peu avec sa tasse. Il faut dire que Kitsune avait prit l’habitude en grandissant de porter des fringues amples. A la mode, très cher, certes, mais plus large, pour ne pas trop dévoiler les muscles cachés en dessous. Une habitude afin de justement surprendre de potentiels agresseurs.. Et y’en avait plus qu’on imaginait. Déjà juste parce qu’il portait sa sexualité sur son visage, mais aussi, par qui il était. Officiellement maintenant, en plus. Imaginez la rançon qu’on pourrait réclamer avec un Kit enfermé dans sa cave? Bref, ne parlons pas de malheur.
Kit est plus intéressé à l’écoute d’Harvey, ils ont clairement trouvé un sujet en commun et il boit ses paroles, acquieçe et sourit. Sourit encore plus quand ça part sur le fameux Spartacus.   “Il était toujours très poli, et droit dans ses basquettes. Je lui soupçonne un amour des citations.” Il rit un peu, parce qu’il n’a eu que quelques occasions de le rencontrer, mais il a eu le droit à une citation à chaque fois.   “Et il sent étonnamment bon pour quelqu’un qui vient de mettre un autre au tapis.” Il ajoute en riant plus fort à sa propre bêtise. Il écoute le reste de la liste de noms, et est plutôt d’accord avec la sélection.
“Parfais alors…” Il dit en reprenant doucement le CV.   “Prêt pour la partie un peu étrange de cette interview?” Il joue un peu de ses sourcils comme s’il s’apprêtait à faire une annonce un peu douteuse, puis souffle du nez.   “Promis, rien de sexuel, je veux juste faire une mise en situation pour voir comment tu la gères.”  

  “Yoda…” Il remet, bonhomme vert, un film dans l’espace, Kenneth qui imite une manière de parler particulière. Il replace.   “Ah, le vieux sage à grandes oreilles. Oui , je suppose.” Il hoche la tête. Sa culture filmatographique s’améliore grandement, il n’aurait jamais su de qui il était question quelques années plus tôt. Maintenant, il était même capable de placer Dumbledore ou Frodon, c’est vous dire! Pas une éducation comme les autres, Kit, mais ça lui faisait pleins de raisons de faire des soirées cinéma avec ses amis ou sa famille. Ses belles-filles se délectent de lui faire découvrir les Disney au fur et à mesure.
Il rit encore quand Harvey répète.   “Promis, jamais en plus, et encore moins avec un employé.” Il ne comptait absolument pas avoir de scandales! Ou que quelqu’un pense avoir un droit en plus sous prétexte d’avoir ses faveurs. Un peu comme à l’école, où Kit n’avait jamais été avec un camarade… Même chose au travail. Ils prennent donc la route pour descendre les escaliers et arrivent dans la partie boîte de nuit encore silencieuse. Kit appuie sur un bouton et les lumières s’allument.   “Bienvenue au Foxes!” Il dit joyeusement en allant vers la partie avec le plus grand espace pour danser.   “J’ai à peine rénové le sous-sol, juste mit les choses aux normes, mais j’adore la brique apparente!   Qu’il explique fièrement en posant une main sur un mur, avant de retirer sa veste. Pouvoir se bouger un peu librement et éviter d'abîmer ses précieux vêtements, en gros. Il retire aussi ses bagues. Aucune intention de frapper Harvey, et aucune intention de le blesser par mégarde en esquivant. “C’est simple, je veux juste voir comment tu ferai pour attraper quelqu’un, sans le blesser. Exercice difficile mais, on ne voudrait pas qu’un client porte plainte, hm?”

Il souffle un peu du nez en hochant la tête. Ouais, il imagine très bien qu’en étant dans la police, on en voit beaucoup. Ne serait-ce qu’en écoutant Kenneth lui parler de ce qu’il voit lui comme Avocat… Non vraiment, pas un métier pour Kitsune Jones. Pour un Jones tout cours d’ailleurs, il imaginait bien la tronche décousue de sa mère ou de son frère en apprenant qu’il embauchait des policiers, maintenant. On est bien loin de l'idéal de la famille, rester le plus loin possible des forces de l’ordre. Mais voilà, Kit n’était pas dans l'idéal des Jones, il en avait été retiré et n’avait pas l’intention d’y aller maintenant qu’on lui ouvrait enfin la porte. Il suivait les lois, il suivait les règles, et il connaissait mieux les règles de la finance que le contrôleur qui passait parfois au Foxes pour espérer y trouver de l’argent blanchi. Rien, niet.
Un sourire, content, quand Harvey avoue apprécier le côté underground et ne part pas en courant dans l’autre sens non plus concernant le petit test qu’il allait lui faire passer. Ce n’était rien de violent, on était pas en mode fight club, il voulait juste voir comment il s’en sortait si la situation venait à arriver. Et elle arriverait, souvent, parce que la communauté LGBT sous alcool a tendance à faire gonfler les dramas comme une dispute durant un match de Foot. Peut-être pas à ce point, en tout cas pas dans la violence, en attendant, Harvey aurait à sortir plus d’une personne trop alcoolisé dans le future.
Il le regarde donc retirer ses bijoux, ses yeux se posent doucement sur l’arme et le badge, et il les indique doucement du menton. “Juste pour information, aucune arme, blanche ou à feu, ne sera tolérée. Il faudra que ça reste chez toi, ce sera un problème?” Sa sécurité avait des taser. Mais il ne voulait pas prendre le risque que qui que ce soit puisse tomber sur ce genre de chose. Trop d’histoire de fusillade dans des clubs LGBT, il ne comptait pas que ce soit le cas de son monde un jour.

Pas le temps, ça, c’était certain. Kit n’avait pas qu’une interview dans sa journée. Un vrai petit patron, on l’attendait ailleurs. Mais, ses obligations avaient toutes la même valeur à ses yeux. Une interview, un contrat, un rendez-vous, un changement d’ampoule ou prendre 5 minutes pour parler avec son staff pour s’assurer que tout va bien. Il n’y avait rien qu’il voulait faire “trop rapidement” afin de passer à la tâche suivante. Ainsi, certes, il n’avait pas le temps, mais il le prenait quand même. Ici aussi, à s’esquiver et exploiter les réflexe d’Harvey. Il comprend assez rapidement que l’homme en face de lui fera parfaitement bien le travail, mais il souhaite arriver au bout de l’expérience pour s’en assurer.
Il souffle un peu du nez une fois à terre et le remercie en prenant sa main pour se relever, la lâchant ensuite pour lui montrer l’un des signes lumineux en forme de renard.   “Un renard, voyons.” qu’il dit amusé avant d’épousseter un peu ses manches. Pas tellement besoin, le sol était propre du matin même, mais un réflexe en tout cas.   “Merci, et vous êtes engagé.” Il dit en riant un peu avant d’aller remettre sa veste.   “Si le travaille vous intéresse toujours, bien sur.” Il dit en reprenant la route du café, il a les documents prêts dans la salle de repos et pourra donc le donner à la nouvelle addition à son équipe. Il est clairement de bonne humeur. Déjà, toujours heureux de s’addoner à un peu de sport mais surtout, il sait quand il prend une bonne décision. Le Foxes avait commencé comme un caprice de riche mais il en prenait maintenant soin comme d’un enfant, et le personnel étant partie intégrante de son projet, il est toujours heureux quand il y ajoute un bon élément. Jusqu’ici, il ne s’est jamais trompé.