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 das Ende ist der Anfang | leena

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Mark DeWitt
Mark DeWitt
shipwreck

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : southwest ; quand le motel bon marché est rallié. l'habitable d'un véhicule crade quand l'ivresse flirte avec les veines gonflées. parce qu'il erre, parce qu'il se perd. parce qu'il n'est finalement que chimère.
ombres et névroses : légion de vices, levé de coude récurent. l'amour des alcools pas chers et des cigarettes-cancer qui ravagent lentement la trachée. alcoolique, qu'elle disait. pathétique fut ajouté. il s'en contente, en plus de noyer sa peine dans une brève adrénaline derrière les jeux d'argent qui l'ont déjà bien dépouillé.
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▬ Mer 8 Nov - 0:34 ▬


das Ende ist der Anfang
Wir passen perfekt zusammen, glaub nie etwas anderes.

Loin, dans les tréfonds, en plein cœur des ombres, le ballet est lent, les souffles saccadés. Les peaux se cherchent et les pulpeuses ne réclament que ces baisers. Loin, dans les tréfonds, sous le manteau d'une nuit éternelle ; ils se cherchent encore, quémandent cette présence dont ils ne peuvent réellement se passer. Ils s'attirent, comme les papillons aux phares soudainement braqués ; avant la chute, avant le rien. Avant le néant et ses conséquences, cette absence imparable qui ronge jusqu'à tout s'approprier. Le chœur s'éteint, les syllabes récitent ce prénom qu'il n'osait plus prononcer. Dans les embruns que les pins font virevolter, le souvenir de son parfum force les membres à se crisper. Loin, dans les tréfonds, en plein cœur des ombres, il en appelle à elle ; mais les profondeurs s'affament, attirent le navire, son capitaine dans la foulée. Il y reste enchaîné, la cabine est ancienne qu'il refuse pourtant de quitter. Et sur les chairs, la sensation des caresses persiste. Un frisson, le tintement de la taule contre les récifs engloutis. Un frisson, puis ce grondement – un battement isolé, le cœur qui se laisse submerger, qui s'étouffe dans sa propre douleur – dans le vortex des promesses bafouées. Le fiel des regrets se déverse jusqu'à tout inonder. Il ne souhaitait qu'un baiser, avant que la démence ne finisse par gouverner.

Ici, dans la réalité, sous les éclaircies maigres qui percent les volets, le sursaut est brusque – l'endocarde compressé. Trachée est nouée qui pourtant crache ces souffles sans rythme et décharnés. Il s'éveille, l'homme qui se noyait. Sous les draps défaits, le corps tremble qui s'apprête à se briser. Les os craquent, les muscles brûlent. La volonté bataille encore, anémiée. Elle est frêle, désuète. Elle est fragile, d'ores et déjà si blessée. La paume sur les traits, les larmes qu'il chasse. La paume sur les traits, ces aubes lentement le terrassent. Il s'étiole, Mark. Grignoté par les eaux, aspiré par les gouffres. Ici, dans la réalité, sous les éclaircies maigres qui s'attardent au travers des volets, il peine à respirer. Les mots résonnent, gagnant en ampleur, en intensité. La mère qui parle, qui récite les faits – qui s'attarde sur le passé, sur tout ce qu'il a saccagé. Du warst so glücklich, Mark. Du warst glücklich mit ihr. Il l'était, qu'elle disait. Il l'était, et dans l'esprit s'imprime cette vision triste, la peur qui corrompt le myocarde de cette mère désolée. Elle craint ce que le temps aurait à orchestrer, le dessein qu'il réserve à ce seul fils qu'elle ne sait plus comment préserver. Les prunelles, alors, dévient – s'attardent sur les branchages qui dansent sous les brises levées. Ils annonçaient de la pluie, les larmes des cieux pour parfaire cette effroyable journée. Wir passen perfekt zusammen, glaub nie etwas anderes. La respiration est courte, malmenée. Les paupières sont lourdes, trahissant quelques perles salées.

Là, dans l'escalier, où se mêlent l'écho des rires et l'odeur du café, les marches craquent sous son poids pourtant insignifiant. Une heure s'est écoulée, clarté s'est installée – ou presque. À l'image des larmes qui perlaient, sur les fenêtres s'imposent les premières tombées de cette pluie promise. Lumière a tenté son ascension avant de se laisser emporter, mais les sourires rappellent ces rayons dissimulés. Ils sont bienveillants, cependant teintés d'inquiétude. Il le sait, il le voit. Et il n'y répond que par cette moitié de courbe, ces salutations faussement enjouées. Là, dans l'escalier, où se mêlent l'écho des rires et le silence surpris, les marches craquent sous l'homme qui s'est apprêté. « Wo willst du hin ? » Vers les tiroirs, vers la cafetière, délaissant un baiser sur le front de cette mère aux sourcils froncés, offrant une étreinte à la cousine qui y répond dans la foulée. « Ich werde Leena holen. » Puis ce rien que le subconscient lui rappelait. Ce rien qui parvient à faire trembler les murs dans lesquels, jusqu'alors, tant de vie subsistait. L'inquiétude et son pouvoir, sa gouvernance sur l'instant qui se fracasse. Une pause dans la course effroyable du monde. Là, près des comptoirs, aux côtés de l'homme aux épaules basses et aux traits creusés, Brunhilde s'est hissée. « Du musst nicht... » Il y a comme un soupçon de terreur dans l'azur de ce regard, comme une étincelle terrifiée quant à ce qu'elle semble imaginer. La main sur son avant bras, l'attention qu'il y porte avant que d'essayer ce rictus. « Es ist okay, Mama. » Là, dans l'entrée, elles restent à l'observer – lui qui s'éloigne, affronte les pluies plus sévères jusqu'à disparaître. En proie à ses songes, à ses souvenirs, à cette force étrange qu'il est parvenu à s'approprier.

Ailleurs, l'esprit qui divague, le cœur qui s'emballe. Ailleurs, en des contrées éloignées, en un passé qu'il n'a pas su effacer ; les rires résonnent comme le chant des sirènes depuis ces abysses bien trop foulées. Dehors, diluviennes s'acharnent à troubler la vue sur les portes qui ne cessent de se mouvoir. Les ombres sont légion, elles dansent des pas qui oppressent, invoquent la nausée. Les spectres s'embrassent et se rejoignent tandis que le vide persiste à l'accompagner. Vide, le siège passager, vide l'encéphale qui ne parvient plus qu'à s'asphyxier. Dehors, la pluie ne cesse de s'imposer, elle s'immisce jusque dans l'habitacle, par la vitre baissée. Fumée s'en échappe, résiste aux torrents qui vont et viennent. Poison qu'il hume, auquel il s'enivre. Et sous les prunelles fatiguées, les phalanges tremblent qui manquent d'échapper les cendres encore embrasées. Ailleurs, l'esprit qui divague, le cœur qui s'emballe. Ailleurs, il a besoin d'un ailleurs, d'un instant pour respirer. Il étouffe, l'air est trop chaud, trop lourd – carcasse panique qui se réfugie sous l'eau qui ne cesse de claquer. Noyé, il s'en remet à la caresse froide de ces gouttes éclatées. Un souffle, gorge parvient à s'apaiser. Ailleurs et dehors. Le dos contre la taule du véhicule, le myocarde au bord des lèvres – puis la silhouette qui en vient à s'avancer. Ailleurs, mais ailleurs c'est ici – là où elle peut être, là où ils étaient. Ailleurs, c'est le passé ; là où son existence avait un sens, là où l'âme se gorgeait encore de cette glorieuse essence. Ailleurs, ailleurs c'est là où ils auraient dû se retrouver. Il observe, il contemple. Un mirage dans la tempête, l'oubli de la réalité. Une parcelle du passé, et ces cinq ans semblent ne pas avoir exister. Il s'est figé, Mark, prêt à ployer – en proie aux regrets. Une seconde passe, cinq finissent par s'y ajouter. Cinq secondes. Cinq années. « Hey... »

.tetra




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Well I came upon a man at the top of a hill, called himself the savior of the human race. Said he come to save the world from destruction and pain, but I said : how can you save the world from itself ?
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Leena McGraw
Leena McGraw
Martyr

▬ BEYOND THE VEIL ▬
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▬ Dim 26 Nov - 20:47 ▬


▬ das Ende ist der Anfang ▬

dann ist ein déjà vu, ein Fehler in der Matrix...oder eine Botschaft aus dem Jenseits.


Monts. Avion survole monts et vallées. Monte valons, dévale contrées. Lenteur des torrents passés sur lesquels transpire l'ocre du ciel et les ténèbres lavées. Soleil en horizon, pourfendeur de nuit. Pamoison. Forêts vastes fendues, coulures vertes, bavures à l'aune de Bavière traversée. Monts. Survole monts et vallées. En silence, Leena écope les pluies d'angoisse, la hâte du temps versé. Nuages épais. Réveil coton. La gueule emmaillotée de fatigue, les iris d'un vert printanier fixent le sol, l'horizon, ces champs qui s'allongent à ne plus voir l'été. Débords de terres, mines, grottes et lits de fleuves en dehors, l'Allemagne est gagnée après des heures à planer. Annonces radios dans des langues qu'elle ne comprend que de moitié, elle a quitté Detroit pour une Europe souvenir. Monts. Avion survole monts et vallées, amorce sa descente ; quitte le ciel pour les brumes froides et étalées. Monts. Cœur qui bat la chamade aussi soudainement que les nuages s'étiolent. Air. Goût d'éther à la glotte, agueusie sur la langue poudrière. La raison défaille pour ne laisser qu'un sentiment amer.
Sortie, les pieds se dressent et foulent - activité machinale du corps en suspend. Surplomb désincarné de ses sentiments. Echos oubliés. Opprobre de plaies cicatrisées. Leena se demande pourquoi elle a accepté de venir renouer avec cette famille conjuguée au passé. Malaise tout désigné qui prend ; vertige qui pend à sa face de poupée délaissée du temps. Un pas après l'autre, valise encombrée qu'elle fait rouler au carrelage blanc de l'aéroport. Côtés longé des tarmacs trempés. Les diluviennes ici ne viennent jamais à cesser. L'humidité, goutte à goutte sur les taules rouillées ; bagnoles de l'immense parking couvertes, embuées des températures contraires. Souffle fumée, Leena sort, traverse, cherche du regard la connaissance d'une silhouette qui viendrait pour la saluer. Franziska. Chevelure blonde teintée de rayons vénitiens. Rappel vague de ce qu'elle était la dernière fois qu'elles se sont parlé. Franziska. Celle qui l'a invitée, imposée, forcée. Celle qui la met face au révolu, à l'éculé, terminé à jamais. Mark. Cinq années qu'ils ne se sont pas adressé l'un à l'autre et la voilà qui débarque comme ces catastrophes que l'on ne peut éviter. Mark. Celui qu'elle aperçoit dans l'allée. Celui qui est venuer la chercher.
Monts. Respiration monte soudain valons, dévale contrées. Lenteur des torrents passés sur lesquels transpire l'ocre du ciel et les ténèbres lavées. "Hey..." La pâteuse, la bouche sèche, les doigts qui s'humectent à en trembler. Trouble palpable de la gêne occasionnée. "It's nice of you to come to pick me up... you didn't have to" La valise qu'elle lâche, qui se casse la gueule, qu'elle se précipite pour rattraper. Coup de godasse dans une flaque. Pantalon bon à changer. La main qu'elle tend comme pour lui dire qu'elle va le faire, qu'elle va tout ramasser, qu'il n'a pas besoin d'approcher. Après tout elle sait, elle sait qu'il ne veut pas être auprès d'elle, qu'il ne veut pas lui parler et qu'elle est ici contre son gré. "I...I didn't want to come but your cousin insisted to the point of offer me the tickets... I'm, i'm not going to bother you, you know. Everything has been planned that way."

.tetra




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sanctuaire : southwest ; quand le motel bon marché est rallié. l'habitable d'un véhicule crade quand l'ivresse flirte avec les veines gonflées. parce qu'il erre, parce qu'il se perd. parce qu'il n'est finalement que chimère.
ombres et névroses : légion de vices, levé de coude récurent. l'amour des alcools pas chers et des cigarettes-cancer qui ravagent lentement la trachée. alcoolique, qu'elle disait. pathétique fut ajouté. il s'en contente, en plus de noyer sa peine dans une brève adrénaline derrière les jeux d'argent qui l'ont déjà bien dépouillé.
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▬ Dim 26 Nov - 21:37 ▬


das Ende ist der Anfang
Wir passen perfekt zusammen, glaub nie etwas anderes.

En un chœur défait, les syllabes tremblent et hésitent. Elles fendent les pluies et les bourrasques, s'imposent d'elles-même dans cette réalité brutale et improvisée. Le destin et ses affres, la mémoire qui se joue de l'homme pour rappeler les images troublées. Plus nettes, plus claires – comme des lueurs ravivées depuis les profondeurs où elles ont été condamnées. Ce sont des étincelles que le brasier recrache, ses derniers souffles délaissés à l'instant – en ce temps qui s'arrête, jusqu'à oppresser les souffles mélangés. Les regards se croisent, les alentours sont oubliés. Il n'y a plus que l'eau qui s'écrase sur le bitume, rien que ces moteurs éloignés qui grognent ; mais les conversations sont étouffées, les rires ne sont plus que des échos d'antan. Une faille se creuse, déchire les chairs sous les tissus trempés. Elle lacère les côtes, brise les os jusqu'à rendre vulnérable le cœur qui saigne, le cœur qui hurle, le cœur qui geint. Une pulsation avortée, il croit pouvoir s'en effondrer. Cinq secondes sont passées, cinq années sont remémorées. La douleur s'était dissimulée, attendant l'occasion d'orchestrer l'embuscade qui vient l'assaillir. C'est une déchirure qui habille le réel. Le gouffre appelle le naufragé, réclame sa servitude face à celle qu'il analyse comme un danger. Elle est la beauté qu'il a perdu, le joyau d'espoir dans lequel les forces avaient été puisés. Elle est cette chaleur qui contraste avec la froideur qui cherche à le couver. Elle est le contraire de cette solitude qui s'est improvisée compagne. Leena. Leena dont la voix résonne comme un cor à la réanimation des émotions. Il en oublie les caresses belliqueuses du vent, les lames acérées des pluies incessantes. Leena et sa voix pour parfaire ce rêve dans lequel il plongeait, les réminiscences du passé. Figé, paralysé en vérité. Figé dans cette unique seconde, à détailler les traits, à ne pas craindre la perdition qui aurait alors à l'enserrer. Vulnérable, l'homme qui ne parvient plus à s'animer alors qu'elle s'agite, lui échappe. La vision trouble, les lianes trempées perlent sur les joues creusées. Les traits trahissent cette douleur soudainement remontée.

Un pas pour s'approcher, pour tendre la main vers le bien qu'elle laissait tomber. Il s'est approché et cette chaleur condamne lentement l'essence, l'âme en deuil qui ne sait plus comment s'éveiller. Les timbres alentours sont encore lointains, presque effacés. Il n'y a plus qu'elle puisque le reste est défait. Une autre réalité, comme un monde où nul ne parviendrait à l'en écarter. Il s'est approché, Mark, l'endocarde au bord des lèvres, les prunelles qui détaillent cette silhouette. Les souvenirs étaient faux, l'esprit n'a pas rendu justice à cette beauté inégalée. Elle se tient là et il craint de le rêver. C'est la pulpe de ses doigts qui cherche à se convaincre, elle veut persuader le pauvre muscle sous sa poitrine que tout ceci n'est pas fantasmé. Sa présence, ce sourire qu'il a tant réclamé – rien que cette proximité. Rien que cette perfection, comme si ces cinq ans étaient à même d'être oubliés. En une caresse sur la porcelaine que l'eau vient faire briller, en une pression de la paume sur ces rougeurs partagées. Le souffle est court, maladroit. Le souffle lui manque alors qu'il cède, il succombe à l'appel du besoin. En un baiser cherché, volé, finalement appuyé. Une étreinte accentuée, la saveur des lèvres qu'il s'approprie pour renouer avec tout ce qu'il a saccagé. Rien que pour défaire le poids de ses regrets, pour se délester de l'armure nauséabonde que sa pénitence lui imposait et qui déchirait muscles et épiderme jusqu'à n'en plus rien laisser. Un baiser. Un baiser qu'il aurait voulu réalité, Mark qui est resté figé. Il n'a pas bougé.

Les excuses résonnent, ravivent la conscience qui se laissait sombrer. Les eaux submergent l'être qui cherche à s'y noyer, et l'air lui revient, assaille les poumons endoloris. « No, no... Es ist... It's ok. Really. » Les larmes sont rouges que celles qui s'échappent de son palpitant. Semblable à la passion qu'ils parvenaient à s'offrir, semblable à cet amour si vif et si imposant. Semblable aux roses qu'il délaissait sur la table quand Morphée décidait d'encore un peu se l'approprier. Semblable à ce sang qui se gangrène aux tourments depuis qu'il a tant saccagé. Des espoirs aux promesses, des possibilités à cet avenir qu'ils s'étaient susurrés. « I'm happy you ca... She's gonna be happy that you're here. » Une pause, l'éternité qui reprend ses droits pour ancrer la gêne, l'oppression, cette asphyxie qui finit mentalement de l'annihiler. Pâle, l'homme d'ordinaire déjà si blanc. Livide, à craindre la folie de son esprit déformé. Une pause, encore, à toiser, à s'enivrer de cette vision offerte par cette force qu'il parvenait à empoigner. Il a osé, il est venu – il le devait. Nécessité qu'il n'a pas su faire taire, qui créait jusqu'à ces nausées ravivées. « I... Don't... I mean. I take it, don't stand in the rain. » La main tremble alors qu'elle s'élance pour quérir la valise ; à l'image des feuilles mortes qui frissonnent devant l'hiver menaçant. Ça ne dure que cinq secondes. Ça dure depuis cinq années. Son hiver à lui se prolonge, parvient peu à peu à le faire ployer. Gelé, l'égaré. Il est pris au piège du blizzard qu'il a lui-même provoqué. Ca ne dure que cinq secondes, cinq secondes durant lesquelles il essaie ce sourire, cette courbe déchirée sur les lippes avant qu'elle n'échappe à sa vision. Puis les conversations voisines reviennent, les rires éclatent en un coup de tonnerre soudain. La pluie s'écrase à ses pieds, amplifie le vacarme qui provoque cet élan nouveau de panique. Sous les côtes, le muscle est affolé, gonflé, en proie à cette tristesse qui inonde jusqu'aux fondations de cette raison déjà anémiée. Il en suffoque, DeWitt, alors que la portière claque dans son dos. Il en suffoque, alors qu'il peine à s'animer. La valise presque trop lourde entre ses mains, son propre poids écrasant la volonté. Il lui faut un instant, peut-être cinq secondes pour souffler, craignant qu'elle ne soit qu'un mirage de cette démence qui s'en vient récupérer son trône sur le noyé. Les traits s'animent, se relèvent. Il observe la voiture, le siège passager – cette beauté qui s'y tient, loin de cette détresse qui vient de l'embrasser. Cinq secondes, encore, avant que la valise ne soit rangée, avant que sa place derrière le volant ne soit retrouvée. L'air est lourd qu'il peine à inspirer, le moteur grogne, la vitre s'abaisse. L'air lui manque encore malgré les brises qui s'immiscent par dizaine. « You... You tell me if you're cold. »  

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Leena McGraw
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▬ Jeu 4 Jan - 0:18 ▬


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Mark, sa maladie d'amour. Son passé, son absent du futur. Il se tient là, statique et droit, la langue lancinante de salive. Les labiales humectées de pluie, prêtes enfin à lui être déliées, prêtes enfin à lui parler, à lui décerner tous ces mots ; ceux qu'il n'a pas su lui décocher en plus de cinq années. Mark, sa maladie d'amour. Son passé, son absent du futur. Debout, là, géhenne portée aux quatre vents sur le bitume d'un parking terne ; mèches d'un brun buriné de soleil collées à des tempes de grisailles. Gueule cassée qu'elle observe. Gueule tombante des hommes qui, aux abîmes, sont voués ; victimes de cette tâche sisyphéenne de simplement exister. Gueule sèche et vérolée d'alcoolo, traits d'un type qui ne fait que sombrer dans les méandres solitaires de son propre chaos. Il a changé. Il s'est dégradé, frelaté. Leena en a la trachée nouée de le voir venir à elle sans y être forcé. Sans voix, comme si on la lui avait volée, elle tourne les talons, clapote sous la flotte. Elle fait tout ce qu'il dit, laisse le coffre se claquer avec sa valise, va s'asseoir dans la bagnole ; le visage inquiet, redoutant encore et toujours les affres d'un mépris qu'il pourrait lui avouer.
Après des secondes qui s'impriment comme le poids de plusieurs heures, il monte, démarre. La voiture se met en branle. L'allemande crache sa rage au contact ; roucoulement d'échappement prêt à sucer l'autobahn. L'homme brise le silence par de bienveillantes banalités en s'engageant sur de premiers mètres qui lui sont étrangers.
Gorge en proie à des lacérations d’amertume et de gêne emmêlées comme la cime des arbres qui dansent sous leurs yeux. Pluie battante, larmes rémanentes sur la terre trempée. Suintements des cieux et de souvenirs salés. Boue de bile. Embourbement des billevesées qui trahissent l'indubitable balance qui la brûle à vouloir babiller immédiatement sur ce qui fût et ne sera jamais. "I never cheated on or left you, you know" - "I...I am cold but it's ok... it's cold as Detroit here...I didn't remember it was that humid." Convenances de consonnances consenties à calomnier des conneries par dessus le cœur contusion. Small talk. Shit chat. Parler météo à son ex, c'est atteindre un fort degré de pathétisme malgré le nombre sévère de pieds gauches déjà engagés dans des tas de merdes. "You never answered me, why ? I loved you, you know, truly... we could have been married, had children... why ?" - "When did you arrive ? Have you traveled well ?" McGraw accuse d'un rictus l'exécrable platitude qui orne ses mot. Langage du corps trahissant le trouble, l'américaine serre de ses doigts filiformes sa pèlerine verdâtre. Tentative ténue de faire taire les trémolos terribles de ses tremblements. Protection contre le monde. Protection contre le miroir matériel de ses mièvreries ; son échec immuable et immobile. Mark, sa maladie d'amour. Son passé, son absent du futur.
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ombres et névroses : légion de vices, levé de coude récurent. l'amour des alcools pas chers et des cigarettes-cancer qui ravagent lentement la trachée. alcoolique, qu'elle disait. pathétique fut ajouté. il s'en contente, en plus de noyer sa peine dans une brève adrénaline derrière les jeux d'argent qui l'ont déjà bien dépouillé.
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▬ Dim 14 Jan - 22:06 ▬


das Ende ist der Anfang
Wir passen perfekt zusammen, glaub nie etwas anderes.

Dans les cieux n'émergent que les tempêtes retenues et les orages soutenus. Par-delà la vitre qui pleure la pluie, il y a cette grisaille qui s'intensifie, un voile opaque sur les clartés du passé. Les mirages ne sont plus que cendres et les mots sont lames sur l'encéphale dérangé. Il s'anime, il parle – mais le néant guette, s'affame de l'abandon qui commence à se matérialiser. Les volontés sont brisées, les forces diminuent et le courage s'est étiolé. Mark subit plus qu'il ne vit, lui qui croit s'étouffer à force de ne pas oser respirer. Par crainte d'un parfum, des effluves d'antan que la mémoire refuse d'effacer. La voix porte, s'éteint dans l'habitable où les chairs frissonnent. Il veut bien faire, il a ce besoin qui gronde dans les tréfonds de son être. Il veut bien faire, parce qu'il a tant failli – parce qu'il a tout saccagé. Bien faire pour soigner quelques blessures, ces plaies éphémères qui ne changeront rien par leur guérison soudaine. Les maux sont trop bien ancrés, des entailles profondes contre l'endocarde vacillant et épuisé. Il croit pouvoir bien faire, n'en tremble que plus encore quand elle prend le temps de s'exprimer. La normalité des mots. La banalité des propos. Il y a ce rien qui s'impose, un néant des plus concrets sur ceux qui furent un jour un et entier. Elle a froid, c'est tout ce qu'il retient. Elle a froid et il s'active à arranger cela. Fenêtre se ferme, barricade ceux qui se connaissaient dans cette étrange bulle d'insécurité – eux qui ne sont plus que des étrangers. « Last week. I needed to take some time for me after what happened with the poor girl. You know... I... I'm not like you all. » Il l'admet, en a honte. Il concède cette vérité, le naufragé. Il ne craint pas l'ombre des profondeurs, les silhouettes informes des sirènes qui auront à l'asphyxier. Il ne craint pas le fantôme de la solitude qui pèse sur son esprit, ni même les lames qui auront à creuser ses membres anémiés. Il ne craint que le monde et sa cruauté, la perfidie qui s'en échappe quand son regard en vient à s'y poser. Il avait besoin d'air, DeWitt. Il avait besoin de souffler. De taire les litanies mauvaises de cette enquête, autant que tous ses souvenirs ravivées par cette simple présence à ses côtés. C'était il y a cinq ans, c'était hier pour l'âme qui ne parvient plus à se stabiliser.

C'était il y a cinq années ; avant que le règne des maux ne soit proclamé.

Dans les cieux ne grondent plus que cet orage qui lancinait. Les éclairs se dressent sur les sentiers, par-delà les branchages emmêlés qui dansent leur folie, secoués des vents qui se sont levés. Les lueurs sont vaines qui tentent une ascension fugace, jusqu'à complètement être dissimulées. Il n'y a plus que les larmes du monde sur la taule élancée, rien que ce tableau triste pour accompagner les amants d'autrefois jusqu'à la petite maison colorée. Il s'est perdu dans ses songes, il s'est oublié le temps d'une petite heure. Un silence de plomb, une déraison en émergence. Il a essayé de taire les murmures de son âme, les plaintes de sa conscience. Il a laissé les minutes se perdre les unes après les autres, jusqu'à ce que sa mère n'en vienne à d'ores et déjà se presser. Joie s'approche pour célébrer l'arrivée de celle qu'elle n'a plus vu depuis ces cinq dernières années. Cinq ans, déjà. Elle l'accueille, elle lui offre ce refuge contre les torrents qui persistent à s'écouler. Lui, il prend le temps de laisser faire – il s'offre comme un répit pour ravaler la bile, essuyer les larmes qui ne se sont pas encore écoulées. Un instant, une seconde. Peut-être cinq en vérité. Puis la valise récupérée, les pas qui claquent jusqu'au petit séjour où sa mère ne cesse de parler, de marcher, de préparer de quoi sustenter la jeune femme qu'il est allé chercher. « Du hättest ihm deinen Mantel geben können. » Les effets de la belle posée, le regard qui se lève, l'ombre encore dissimulée dans le sas de l'entrée. Elle voit, elle aperçoit cette perdition qui remonte – cette souffrance qui suinte des prunelles fatiguées. Une main sur la joue du fils, comme s'il n'était encore que le petit garçon qu'elle se devait de veiller. « Möchtest du Tee oder Kaffee, Leena ? » Elle le croit fort, la dame qui s'en remet à cette belle-fille dont le titre n'est plus. Elle le croit à même de tout encaisser, lui qui tient encore malgré les blessures qui lui ont été infligées – celles qu'il a lui-même orchestré. Si elle savait, pauvre dame. Si elle savait. « She wants to know if you want a tea or a coffee. Il s'est avancé, il s'est révélé. Il s'est avancé, Mark, ayant pris soin de saisir une serviette au passage pour cette crinière trempée ; tendue dans la foulée, les attentions habituelles qui refusent d'être chassées. I can find you some clothes if you want to change. » Les phalanges tremblent, lui qui lutte pour ne rien laisser percevoir. Les phalanges tremblent, plus que jamais, parce qu'il croit pouvoir humer ce parfum qui l'avait tant envoûté. C'était il y a cinq ans, mais les blessures semblent encore récentes qui ne saignent de se creuser. « She's gonna ask you to stay tonight. She asked me already, I said it was ok for me. Just... Say yes if you don't want her to insiste. » Comme un conseil qu'il distille finalement, en osant cette courbe si légère aux pulpeuses d'ordinaire figées. Ce sont les miettes d'un masque qu'il revêt tandis que le cœur en geint encore, exténué d'avoir à tant lutter.   

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▬ Sam 16 Mar - 14:29 ▬


▬ das Ende ist der Anfang ▬

dann ist ein déjà vu, ein Fehler in der Matrix...oder eine Botschaft aus dem Jenseits.



Bruine. Crasse liquide lessive taule lavasse de cariole lancée. Bruine, bruit, averse vive qui bat, claque et tambourine. Vitres closes, fumée des respirations, brume embue au quatre coins des mires de verre. Bruine. Habitacle halitueux où ils ne parlent, ne se touchent ni ne s'abouchent. Gouttelettes craquellent sur carlingue en bout d'course. Silence pesant, aucun autre son ne vient souffler la monocorde dissonance du trajet. Regard au loin, gêne du palpitant palpable jusqu'à la moiteur des mains. Les précédentes phrases de convenances s'éteignent après plusieurs minutes, comme lassées d'elles mêmes des lancinantes vanités de ces deux longis. Accoisés au profit des déferlantes de pluie ; Mark se tait. Leena, à regrets, le suit. Mental agonisant de pensées intrusives. Sept années rattrapées dans le cervelet rien qu'en regardant à l'horizon ; vision de la flore foisonnante de fioritures vertes et dorées. C'était il y a sept ans. C'était il y a déjà sept ans la dernière fois qu'ils ont emprunté les dénivelés de ces sentiers. Routes plates, sinueuses, goudron aux aspérités d'après guerre, panneaux interminables de lettres que seuls les teutons peuvent prononcer.
Do you remember ? qu'elle a envie de lui demander. Tears for Fears entre les lèvres, Nena chantée à tue tête; eighties et leurs sonorités singulières, soliloque intérieur à se repasser la vision de leurs doigts entrelacés par dessus les jeans d'un bleu délavé. Un baiser avant les zones sales d'une Allemagne opacifiée de sa grisaille industrielle. Un baiser, ultime et presque dernier. Bonheur avalé dans la pollution des blocs de bétons, coulures noires aux fenêtres toujours ouvertes sur un monde terne et enlisé. Do you remember ? qu'elle a envie de lui demander. Un regard pour lui, bref. Une œillade appuyée pour lui qui conduit sans s'arrêter, comme une fuite, comme un empressement d'arriver. Appel du pied à accélérer.
Les heures passent, s'égrènent dans le silence et le mélange des odeurs. Rémanence de clope rance et froide sur les parkas gonflées. Bruine. Crasse liquide lessive taule lavasse de cariole lancée. Bruine, bruit, averse vive qui bat, claque et tambourine. Arrivés dans la bourgade où ils sont invités, la bagnole se gare devant une maison qu'elle n'a jamais pu oublier.
Tuiles mousseuses par dessus le rouge carmin des briques. Jardinet d'un vert éclatant où beugle un chien fou et trempé. Palissades parfaitement mises, ordre germanique de bulbes aux fleurs équidistantes sous la taille des bosquets géométriques... Déjà vu. Pieds posés, errant, ornés de la flore plantureuse aux teintes effrénées. Pieds posés derrière l'homme grisonnant et perturbé, s'enfonçant dans les méandres de son propre esprit déchiqueté.
Soudain, devant la porte d'entrée, le souffle est court. Douleur vive. Myocarde freine de terreur. Ratés précairement emmitouflés derrière la façade d'un sourire heureux. DeWitt mère se jetant sur elle comme si rien n'avait jamais changé. Sonorité d'une langue perdue, bribes de mots à peine raccrochés à un savoir délaissé. Tee wird nett sein, frau DeWitt Elle essaie Leena, essaie de comprendre, de répondre sous un souffle creux ; panique distincte aux plus profond de ses yeux ; appuyée par les demandes, par cette nuit à rester entre les murs anciens et la mémoire ciselée. Pas d'attente, pas de pause. Distinction palpable entre les heures silencieuses de trajet et la bringuebale de son arrivée. I...I don't know Mark...It's no biggie but... i booked a room for the coming days, i paid for it you know... Hm...well... hm... Okay, okay. Ok. Ich bleibe... aber nur für heute nacht... I'll take the sofa and hm... Is there anything to install a PS5 ? Rythme vertigineux de l'hésitation, de la pression. A peine là, déjà prise de court, pressée, avancée, poussée. Leena finit par se débarrasser de ses affaires et s'asseoir pour un profond silence sur le canapé.
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Mark DeWitt
Mark DeWitt
shipwreck

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : southwest ; quand le motel bon marché est rallié. l'habitable d'un véhicule crade quand l'ivresse flirte avec les veines gonflées. parce qu'il erre, parce qu'il se perd. parce qu'il n'est finalement que chimère.
ombres et névroses : légion de vices, levé de coude récurent. l'amour des alcools pas chers et des cigarettes-cancer qui ravagent lentement la trachée. alcoolique, qu'elle disait. pathétique fut ajouté. il s'en contente, en plus de noyer sa peine dans une brève adrénaline derrière les jeux d'argent qui l'ont déjà bien dépouillé.
cicatrices : 109
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▬ Lun 29 Avr - 21:16 ▬


das Ende ist der Anfang
Wir passen perfekt zusammen, glaub nie etwas anderes.

Les aiguilles aux cadrans se sont figées, patientes et curieuses. Elles suspendent le temps, saccagent le cours de la réalité – une pause dans les maux, les tourments, le souffle inspiré. Une pause dans l'immense royaume des regrets qui se forment, murailles perceptibles autour des cœurs qui pleurent la gloire du passé. Les réminiscences qui ne cessent de s'intensifier, des flashs aux prunelles dilatées, des mirages pour la conscience désolée. Une fragrance à la conscience qui se remémore les caresses et les baisers, le parfum qui colle à la peau quand les souffles s'emballent à se briser. La folie et la beauté, l'éternité en des promesses que les vents ont emporté. Les aiguilles aux cadrans se sont figées, d'hésitation comme tremblent les phalanges qui manquent de s'effleurer. Et la voix porte, un glas au répit accordé. Le timbre se rappelle, plus clair, plus audible – il brise l'effervescence de cette unique seconde. Et tout devient vacarme, jusqu'aux battements sous les chairs amaigries. Le regard s'abaisse, longe les lattes de bois mal peintes. Le regard s'abaisse, quitte la beauté qu'elles exploraient une fois encore, depuis cinq ans évitée. Elle parle, et il n'entend que de moitié. Sur les lippes, la maigre courbe qui s'était installée s'est volatilisée, comme les pas sur les sables des rives de ce récit avorté. Le leur, l'histoire qui ne devait connaître aucun fin et qu'il a laissé pourrir sous le poids de la lâcheté. Ok. Et le souffle revient, les poumons s'emplissent – panique s'en mêle, oppresse jusqu'à écraser. I'll take the sofa. Mémoire ne cesse de blesser, elle lacère la stabilité de quelques petits coups réguliers. Saccades de souvenirs, saccades de désir. Les spectres d'un ancien empire. Notion des secondes qui se déforment, l'image ancrée sur la rétine. Il lui faut une pause dans sa pénitence pour constater qu'elle lui a échappé, que distance s'est rappelée ; une tendresse froide sur la peau, l'air glacial qui condamne jusqu'aux rêves que le sommeil peine à apporter. Des souhaits futiles qui n'appartiennent plus qu'aux profondeurs auxquelles il s'est lié. « Uh... yes, yes of course. » Phalanges se crispent sur elles-même, le timbre est faiblard et hésitant. Il y a cet accent rauque de souffrance qui y préside, une note délicatement triste qui rappelle cette effroyable fragilité. « You can go take a shower while I do this. » Parce qu'ils ont encore ce temps à portée, l'étrange cours des heures qui se dresse devant eux – les promesses chuchotées par les vents taquins et meurtriers. Les promesses du silence quand la dame aura posé toutes les questions possibles sur ce voyage, sur les nouveautés qui concernent ces cinq dernières années. Tout ce qu'elle aurait pu manquer, tout ce que Mark n'a pas souhaité connaître pour ne pas davantage se noyer.

Les promesses du silence qui s'installe ; la demeure qui survit sous quelques lumières tamisées. Contre les vitres pleurent encore les nuages qui sont venus tout surplomber – pluie légère qui rend la nuit plus noire, une cage pour les yeux qui ont à chercher l'horizon. Il l'a laissé sur le canapé, dans le séjour qui baigne encore sous les embruns d'un café partagé. Il l'a laissé, l'isolé qui suffoque dans cette piaule qui n'a pas changé. La trachée nouée, cette sensation froide et paradoxalement chaude de la savoir si près – à la fois si loin. L'opportunité qui chante et éclaire son sentier, la possibilité de rectifier les tirs manqués, de s'accrocher aux filets qu'il refusait d'empoigner. Il a tiqué, DeWitt désorienté. Il a tiqué, l'homme qui s'est redressé, carcasse triste qui rumine sur les draps à peine défaits. L'oreille tendue aux sons qui auraient à remonter, ce silence pesant qui persiste à l'étouffer. Une pause dans l'instant, une pause encore dans la pénitence à subir et honorer. Mark qui se lève, Mark sous qui les escaliers viennent à grincer. Les traits bas, creusées. La mine fatiguée, l'extinction de toute volonté qui se trahie sur ce faciès autrefois si enjoué. Puis les éclats livides aux prunelles se lèvent, croisent celles qui parvenaient à lui inspirer une force désormais épuisée. Un frisson passe, anime les lambeaux de peau que le t-shirt masque de peu. « Don't... Don't mind me. » Il s'excuse, promet implicitement une intrusion rapide, une brise à peine dans cet espace qu'ils lui ont légué. La petite cuisine qu'il rejoint, le silence qui frappe encore – qui heurte, blesse, fait saigner l'âme qui geint sous ces nouvelles pulsions carnassières. Il en a soufflé, en silence. Une brise délaissée jusqu'aux mains qui se sont crispées au comptoir à portée. Du courage. C'est ce qu'il se met à chercher. Du courage pour faire face à celle qui aurait pu être ce tout tant imaginé, si longtemps fantasmé, depuis cinq ans regretté. Du courage, pour que les lippes puissent se desserrer, pour que la voix porte jusqu'à la gorge lestée. « Do you want something ? » Comme un besoin qui resurgit du passé, comme des habitudes perdues qui croient pouvoir se réinstaller. Do you want something ; comme s'il pouvait avoir oublié, mais le temps est passé et si lui est resté prisonnier, elle n'a pas cessé de vivre et prospérer. Il est resté figé, elle a changé. L'hésitation dans la contemplation de cette bouteille entamée, mesquine qui nargue l'alcoolisme du dérangé. L'hésitation avant que les paumes ne s'ancrent aux tasses à portée. « Do you need anything else ? » Qu'il reprend, Mark un peu penaud, Mark qui tente cette assurance alors que le sol sous ses pieds semblent lentement se dérober. Des sables qui avalent, des sables prêts à le renvoyer par le fond – la promesse du silence qui n'en devient que de plus en plus menaçante pour l'encéphale déjà amoché.    

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Well I came upon a man at the top of a hill, called himself the savior of the human race. Said he come to save the world from destruction and pain, but I said : how can you save the world from itself ?
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Leena McGraw
Leena McGraw
Martyr

▬ BEYOND THE VEIL ▬
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▬ Lun 29 Avr - 23:42 ▬


▬ das Ende ist der Anfang ▬

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Rien n'a changé. Figé. L'idiome complexe du temps s'est fondu à l'écho poussiéreux de quelques murmures d'antan. Linguistique auditive hallucinée, anciennes rêveries de belles paroles gravées ; Leena inspire pour taire souvenirs passés. Rien n'a changé. Rien, recours de rachi à de rares réminiscences. Souvenirs palpitants d'entre les murs ; comme si un encore se permettait la facétie de quelques parjures. Rien n'a changé. Non, rien. Molleton gonflé de canapé, là où elle est engoncée ; tissus à lys brodés impeccable et bleuté, assise placardée sous baies froides et vitrées. Rideaux fins, voilages droits, stores pianos sous doigts de pluie à torrents versés. Papiers-peint gris et reste de salon placardé des teintes safran du lambris. Bois miel. Boire salive et fiel. L'Américaine contemple l'inutile passage des années dans ce salon jadis visité. Vide poches dégueulant de clés, journaux anciens froissés sous parapluies séchés. Télévision accrochée, éteinte. Lampes de verres indigo et cendrier réservé uniquement à celui qui trouble la fille invitée. Tapis pastel, coton tressé sur lequel se laisse glisser nudité moite des pieds trempés. Rien n'a changé. Pas même l'odeur de cire, de cuisine et cette fragrance florale qui file la nausée. Pas même le visage de l'allemande et de son époux âgé. Pas même les intentions et l'amour qu'ils semblent toujours lui porter. Rien n'a changé. Figé. L'idiome complexe du temps s'est fondu à l'écho poussiéreux de quelques murmures d'antan. Linguistique auditive hallucinée, anciennes rêveries de belles paroles gravées. Rires et baisers. Souffles et épousailles souhaitées. Leena relève avec peine le visage vers le seul s'étant, écorché, usé... délavé. Mark.

Silence apposé aux lèvres sans superbe. Barbe d'airain et de fils de soie blanche. Silence lourd tourmente non-dits. Manque de verbe. Yeux gênés. Métronome interdit de leurs regards qui se font et se défont à la moindre croisée. Pesant, air aphone épuise subconscient. Leena essui un diner, des questions et autres banalités à vouloir être partout et surtout ailleurs. Phonèmes de pudeur, sourires pour masquer poids sur le cœur. Rien n'a changé pour DeWitt aînés et pourtant tout s'est figé, tout s'est arrêté et elle ne devrait même pas être ici, elle ne devrait même pas être là à leur parler de ce qu'elle aime, fait, construit et défait sans eux, sans lui. Loin d'eux. Loin de celui qui l'a fuie. Tout à changé. Tout. Et c'est avec amertume que se laissent refroidir plats et entremets. Et c'est avec soulagement que chaque âme part se coucher comme pour s'éviter, comme pour digérer saveur singulière de ce fiasco sordide et salutaire. Exil. Paix apportée à celle qui fouille son téléphone, ses mails à la recherche d'un billet pour plus tôt partir et se défiler. T shirt troué et short tâché sous plaid du canapé. Manette de console et jeu sur pause histoire de vider tête et foutoir d'idées. Tout à changé. Tout. L'idiome complexe du temps s'est fondu à l'écho poussiéreux de quelques murmures d'antan. Linguistique auditive hallucinée, anciennes rêveries de belles paroles gravées. Leena relève le visage vers celui qui revient s'imposer. Mark
I'm good, thank you... and... and you ? Sa langue s'égare. En quête de quelques vérités ; à sortir du confort labiale de ses charnels remparts ; elle cherche Leena. Elle cherche à savoir ce qu'il en est. Demande ce qui est, était, se fait, s'est fait et se fera. Finalement, qu'est ce qui a changé ?
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Mark DeWitt
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sanctuaire : southwest ; quand le motel bon marché est rallié. l'habitable d'un véhicule crade quand l'ivresse flirte avec les veines gonflées. parce qu'il erre, parce qu'il se perd. parce qu'il n'est finalement que chimère.
ombres et névroses : légion de vices, levé de coude récurent. l'amour des alcools pas chers et des cigarettes-cancer qui ravagent lentement la trachée. alcoolique, qu'elle disait. pathétique fut ajouté. il s'en contente, en plus de noyer sa peine dans une brève adrénaline derrière les jeux d'argent qui l'ont déjà bien dépouillé.
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▬ Mar 30 Avr - 22:01 ▬


das Ende ist der Anfang
Wir passen perfekt zusammen, glaub nie etwas anderes.

Litanie se lève, une symphonie froide et triste – le sifflement des ombres qui rappelle le règne auquel il est contrait. Celui des regrets. Celui de la culpabilité. Dans les tréfonds de l'âme chantent les sirènes et les démons, les vices et le spectre des pardons. Dans les fonds de la conscience subsiste cette part de lui qui aurait tant à dire, tant à faire, tant à tenter ; un courage si minime qui peine à percer le voile ombreux des doutes et de la lâcheté. Litanie s'est levée, trahie par la voix qui tremble et les mots qui saccadent. Pulpeuses en partie scellées, asséchées. Chaque syllabe est une plaie qui s'appose sur les chairs délavées. Chaque parole est une hymne à la désolation dans laquelle il s'est jeté. C'était une erreur, un risque inconsidéré. C'était une erreur, un piège de l'instinct qui l'a conduit jusqu'à la rive qu'il n'a plus le droit de fouler. Là où la trace des pas demeurent, des ruines du passé. Là où les murmures fredonnent, des comptines qui s'envolent au gré des vents déchaînés. Bourrasque légère caresse le naufragé qui contemple la terre, mais refuse d'aller plus avant de ces frontières. Parce qu'il y a goûté, il se souvient de la chaleur du sable sous ses pas, de la caresse du jour sur l'épiderme immaculé. Il se souvient de cette sensation parfaite qui l'enserrer, sait pertinemment qu'elle ne sera plus à sa portée. Il a fait fuir les lueurs, il a rompu le sort. Il a laissé l'esprit se torturer, l'âme se mentir jusqu'à s'en persuader. Pour un temps, avant que vérité ne parvienne à flirter. Litanie se lève, une symphonie froide et triste – le timbre qui s'élève en glas, qui frappe et tranche l'essence. Une lame qui s'enfonce, distille en l'égaré de nouvelles douleurs et leurs engeances. Elle n'a besoin de rien, il a besoin de tout. Elle est cette vie qui prospère, il est cette pénitence où meurt le temps et où s'étend l'enfer. Elle n'a besoin de rien, il a besoin de tout. Mais le silence revient, oppressant qui s'acharne sur les poumons qui se compressent, qui veulent imploser. Les paupières lourdes, le rictus teinté de détresse qui anime les lippes abîmées. Le souffle est moindre, décharné. Pestilence se répand avec hâte jusqu'aux veines qui se sont atrophiées.

Elle n'a besoin de rien.
Il a besoin de tout.
« I need... »

Murmure transperce les voilages derrière lesquels il se cachait, l'effrayé du monde, l'effrayé de la vérité. Murmure passe, sort de cette cage imaginée qu'il traîne avec lui depuis des années. Une brise intoxiquée qui lancine jusqu'à la lueur qui siège par delà le canapé. Les phalanges fermes, blanchies – force improbable dont il use pour tenir sa piètre stabilité. Il se sent sombrer, l'homme que le néant rappelle. Là, tout en bas, où nulle lumière ne peut scintiller, où nulle voix ne peut l'appeler. Là où tout est étouffé, le moindre craquement, le moindre chuchotement qui aurait à lui être concédé. Là où il n'y a rien que les souvenirs, des parcelles de mémoire qui torturent l'être jusqu'à encore et encore l'assassiner. I need a drink ; première pensée, l'ironie des mots quand il est d'ores et déjà en train de s'y noyer. Elle n'a besoin de rien. Il a besoin de tout ; et sa chance est là, en cette seconde troublée – en cet instant que l'univers entier lui concède, comme une chance de panser ne serait-ce qu'une plaie sur la centaine qu'il s'est infligé. « I'm glad, you know... I mean, I'm glad that you're ok. » L'amorce, la saveur du sang qui rejoint le palais – nouvelle torture, le cœur qui se doit de parler. L'expression de tout ce qu'il aurait à clamer entre deux toux sanglantes, entre deux souffles qu'il se cherche pour encore un peu pomper. « You... ; un souffle, profond. Le voile des paupières sur la vue, les traits qui s'élèvent de peu comme pour quérir un peu plus d'oxygène là où toute inspiration serait moins lourde. You deserve it. » You always deserved it ; mais il n'était pas à la hauteur. Il n'était pas à sa hauteur. Elle avait besoin de tout, il ne lui offrait rien.     

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