My mother raised me cold-hearted and psychotic ♱ Ryder Mitchell

My mother raised me cold-hearted
and psychotic

but my mom didn't raise a fool.
maybe a psychotic cold hearted b* but not a fool

tw ; vulgarité

La frustration d’un chien enchaîné, l’impatience d’un lion en cage, la démangeaison de ses mains cantonnées à faire la paix, à rester calmes, à s’occuper des filles, des moteurs et des motos… Tout ça l’avait mené dans les rues de Southwest, au fin fond des entrepôts qui abritaient ce petit nid de violence. Cette petite bulle cachée où les êtres les plus abjectes de cette ville pouvaient, le temps d’un soir, agir comme bon leur semblait.

Quand il avait commencé à entendre la chair claquer sur la chair, quand l’odeur du sang frais avait atteint ses narines, et quand il avait vu cette violence parmi les combattants déjà présent, le chien en lui s’était réveillé. Ses crocs avaient brillé, ses muscles avaient travaillé, sa chair s’était fendue sous les coups reçus en retour. Mais il s’était soudainement senti revivre à nouveau. La douleur l’avait frappé comme le coup de fouet sur le dos d’un sadomasochiste.

Combat terminé. Perdu, gagné ? Peu importe pour Ryder. Il n’a jamais été là pour ça. Quand il sort, son visage témoigne juste de la violence du combat et du répondant de son adversaire. Pommette et arcade éclatées. Le sang s’est à peine arrêté de couler. Une main glissée sous son blouson pour seul indice d’une probable douleur persistante sur le côté droit, il se glisse dans les rues aux alentours de son petit paradis à peine quitté sous la pluie qui s’est installée au dessus de Detroit.

La fraîcheur humide est soudainement la bienvenue, et il s’étonne à faire quelques pas dans le quartier. Si un air lui parvient aux oreilles lorsqu’il passe, il ne s’en rend pas vraiment compte. Si la silhouette féminine plongée dans les ombres titille sa vision périphérique, il l’ignore certainement intentionnellement. Mais lorsque son nom, agrémenté de la formule de politesse adéquate, arrive à ses oreilles depuis ses arrières, ses épaules s’abaissent et son visage se présente au ciel et à la pluie comme une prière silencieuse.

Not her, again.

Le coup d’oeil est donné par dessus son épaule et il ne devrait pas s’étonner de ne pas être dans les bonnes grâces de dieu.

— Lola…

Juste Lola. Il n’s’était pas pris la peine de demander ou de retenir son nom de famille la première fois. Et il ne s’arrête même pas pour autant.
Il a envie de marcher, c’est pas cette timbrée qui le fera s’arrêter.

— Crazy bitch… Did anyone ever show you a map ?

Fuck… En vrai, il en est presque sur le cul, le Ryder, intérieurement. Pour une fois, quelqu’un devinait le pays du premier coup. Ouaip. Sauf que c’était pas l’bon quand même. Mauvais point cardinal. Raté. Try again.

Or not.
Really, don't.
Il n’avait aucune envie qu’elle s’essaye à deviner d’où il venait réellement, elle n’y arriverait jamais.

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but my mom didn't raise a fool.
maybe a psychotic cold hearted b* but not a fool

tw ; vulgarité

La main quitte ses côtes et rejoint la poche de son blouson déjà trempé par la pluie. Mais le cuir est épais, comme une carapace avec laquelle il a appris à vivre, sans laquelle il ne pourrait plus survivre. Une carapace qui peut lui jouer des tours, mais il les affronte fièrement sans regretter une seconde les couleurs qu’il porte. Généralement.

Ce soir n’est pas l’exception. Ce soir, son cuir est une seconde peau, qui ne fait aucune différence dans la balance de l’interaction qui lui est imposée par une chienne énervée. Pourtant, il la laisse approcher. Après sa prière silencieuse, c’est comme s’il avait inconsciemment ralenti son pas. C’est à peine perceptible, moins d’une demi foulée, mais lorsqu’elle le rejoint, son regard brille à nouveau d’une lueur qui avait commencé à diminuer en intensité au moment où il avait claqué la porte du fight club.

Comme si ça lui manquait, qu’on lui parle sur ce ton.

— Oh dear, you’re not a man…

Tout aurait été tellement différent, si elle avait été un homme.
Elle ne serait probablement plus de ce monde, déjà.

Revers d’un machisme pas totalement intégré, de l’influence de l’éducation de sa mère, ou juste d’une faiblesse mentale inconsciente ? Ryder n’avait jamais été aussi violent avec une femme que face à un homme. Cette garce venait pourtant de l’insulter. Combien d’autres auraient déjà frappé alors qu’il se contentait de sourire à la nuit comme un demeuré encore en manque de sensations fortes alors que tout son corps le suppliait déjà de s’arrêter ? Comme s’il ne venait pas de passer la dernière demi heure à se faire massacrer ?

— And do you wanna die ?

La voix est profonde, sombre, presque menaçante sans vraiment l’être. D’un coup, l’homme change de direction. Il pivote son grand corps longiligne et percute presque la jeune femme. Sa main se saisit de son bras et il l’emporte avec lui vers cette autre boyau, perpendiculaire à sa précédente trajectoire. Il ne va pas loin, cela dit, profitant juste de l’effet de surprise pour l’y repousser sans ménagement.

Parce qu’il n’est pas du genre à fuir face à une morsure. Lola vient de planter ses dents dans sa chair, mais il la laisse s’y plonger pour mieux la mordre en retour. Il lui laisse tout le loisir de mâchouiller cette toute petite partie de lui qu’elle a réussi à saisir sans savoir que la peau qu’elle mordille a été tannée par des crocs bien plus pointus par le passé.

— Try closer, sweetheart. And tell me why I should keep listening your bullshit ?

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Le rideau de pluie s’intensifie une seconde, lorsqu’ils traversent l’entrée de la ruelle. L’eau inonde d’un coup son visage et colle les mèches de cheveux noires à son front et ses yeux, mais il n’en a pas vraiment besoin. Lola est si proche de lui lorsqu’il la plaque contre le mur et les ténèbres les engloutissent de telle façon qu’il n’a guère le loisir d’y voir quelque chose. Il n’y a rien à détailler. Pas même la beauté du visage de la jeune femme, chargé d’une folie contagieuse, et finalement, aussi amoché que le sien.

Oh oui, what a shame, qu’elle ne soit pas un homme.
What a shame, qu’elle ne mérite pas ce déversement de rage qu’il impose aux autres sans aucune raison mais qu’il retient dans son cas. Pourquoi, il ne saurait pas vraiment le dire. Ce n’était pas comme s’il lui réservait un autre sort. Comme si sa chair n’était pas aussi solide que celle de n’importe qui. Comme si ses lèvres ne méritaient pas de saigner.

Elles saignent déjà. Lola, elle est déjà amochée. Elle s’est déjà battue aujourd’hui, il l’a remarqué. Et s’il commence à comprendre ce qu’elle cherche, c’est parce qu’elle n’en a sans doute pas eu assez.

Et lui ? Peut-être.
Si ça avait été une autre, il lui aurait réservé un autre sort que ses poings.
Si ça avait été un homme, sa violence se serait peut-être réveillée plus vite.

Elle se rapproche de lui, mais il s’impose. Plus grand, plus fort, sa main quitte le bras pour se glisser dans la nuque et y appliquer la force de ses doigts, dans une poigne tenace qui, si elle ne se souhaite pas spécialement douloureuse, n’est sans doute pas agréable. Son regard se plonge dans le sien, sombre mais pas furieux. Pas encore. Peut-être n’a-t-il plus la force de l’être ce soir. Peut-être qu’elle arrive trop tard. Ou bien elle ne lui a pas encore donné assez de raison.

Elle n’a pas tort quand elle dit qu’il remballe sa rage. Ni quand elle annonce qu’il apprécie ce genre de chose aussi. Ce qui le fait frémir et grincer des dents, c’est qu’elle puisse lire si facilement en lui alors qu’ils ne se connaissent pas. Alors que lui n’a que le plaisir de voir son sourire se faner, sans pouvoir y étiqueter une raison valable à son besoin de violence.

Parce que Lola est un être dont il n’a pas encore réussi à saisir la logique.
Mais peut-être qu’il n’y a juste pas de logique.
Elle se déclare folle. Sociopathe. Il n’est pas psy, il n’a aucune idée de la fiabilité de ses paroles, mais il y a définitivement quelque chose qui cloche chez elle.

Probablement chez lui aussi.
Finalement, il l’aura laissée parler sans rien dire, presque sceptique, clairement hypocrite, résistant vaguement à cette manipulation mentale qu’elle lui inflige. Provoqué, pas si stoïque que ça, comme le témoigne sa poigne qui ne la lâche pas. Il y a juste si peu d’intérêt à abîmer un peu plus cette femme qui s’infiltre comme un poison, aussi lascive qu’une vipère… Mais elle est trop dangereuse pour qu’il tourne simplement les talons.

— Aren’t you returning your needs on me, babe ? If you crave for pain and violence, isn’t it to fill your cold and died heart ? Maybe you’re not so rotten than you think, you just don’t live like others.

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Est-ce que tu la sens, cette pernicieuse sensation, Ryder ? Est-ce que tu le ressens, ce venin que ses crocs, ceux qu’elle a plantés dans ta chair il y a quelques secondes déjà, qui s’infiltre dans tes veines mises à nues ? Evidemment que non. Le poison est vicieux. Assassin le plus efficace et le plus violent aussi. Il se glisse, sans odeur, sans douleur, jusqu’à ton coeur et il attaque en traître, souvent diablement rapide, foutrement douloureux.

Non, tout ce que tu sens, c’est sa main qui remonte lentement, sur ton cuir, ton torse, ta gorge. C’est ses doigts qui entourent ta pomme d’Adam sans y appliquer de pression. Presque doux, ils contredisent et perturbent sans sourciller. Ta poigne à toi s’est intensifiée par réflexe, et t’as ramené le corps de Lola un peu plus contre le tiens, la décollant du mur sans la plaquer contre toi non plus. T’étais prêt à réagir à une agression qui ne vient pas, et tu plonges un regard sombre, surpris et interrogateur au fond de ses pupilles d’acier.

Comme s’ils montraient le chemin à ce poison qui s’infiltre en toi, ses doigts se remettent à suivre une route que seule Lola semble connaître. Ton regard ose quitter son visage pour vérifier qu’il n’y a rien d’autre que cette main qui glisse contre ta peau, mais la jeune femme semble simplement prendre plaisir à briser des barrières qu’elle-même avait dressées.

Tu reviens sur son visage et le tiens n’exprime plus qu’une interrogation sceptique. Tes yeux profondément noirs deviennent hermétiques à ses charmes physiques, à défaut de pouvoir te protéger du poison volatile que ses mots distillent.

— Maybe. But it’s not the only thing I want.

Douleur. Souffrance. Tu les as déjà.
Violence ? Seule, elle semble fade et insipide.

Mais le catalyseur possible n’y a jamais accordé d’intérêt. Lola. Si elle semblait belle, la première fois que tu l’as rencontrée, si tu avais eu envie d’elle pour finir par te faire rejeter, tu as eu le temps de découvrir l’illusion. Elle te renvoie aujourd’hui tous ses défauts dans la gueule, son coeur pourri respirant par tous les pores de sa peau. T’en restes pas moins à quelques centimètres à peine de ce visage que tu ne lâches pas, comme paralysé, attiré tel un papillon de nuit par une lueur vibrante mais mortelle. Ne te retiennent que ton orgueil et cette idée de n’être qu’un jouet dans cette affaire, qu’elle veut mâchouiller un peu avant de le recracher aux égouts crasseux de Detroit.

— You’re just a viper looking for a victim to devour tonight. But I’m not a fool and I don’t play twice a game I've already lost.

Ta main libre attrape ce poignet qui continue de s’insinuer contre ta peau, qui glisse sur les bleus déjà douloureux d’une mâchoire maltraitée. Tu n’as aucune idée de ce qu’elle cherche, mais ils ne peuvent pas être innocents, ces doigts déjà couverts de sang. Et ce n’est pas parce que tu te laisses hypnotiser et empoisonner que tu vas la laisser planter ses griffes en plus de ses crocs.

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Ton erreur ne te saute pas aux yeux tout de suite, Ryder. T’es aveugle à ta propre stupidité, t’as encore le regard floué par l’illusion d’un contrôle imaginé sur cette situation qu’elle a probablement intentionnellement menée jusqu’à ce moment précis. Troublé par la vue, tes yeux ont perdu la mémoire. Ton idiote de cervelle a préféré espérer et se fourvoyer. Tu le sais pourtant, qu’un corps est fait de deux bras et deux pieds. Tu sais qu’une femme ne veut pas forcément dire faible créature. Ou, du moins, ta misogynie souvent intentionnellement exagérée n’est pas dupe, surtout concernant Lola.

Pourtant, quand elle comble le vide entre vous, tu oses quand même te poser des questions. Puis c’est sa main que tu sens sous ton cuir, qui te fait frémir. Tu sais pourtant quelle partie tu exposes et ce qui va arriver dans la demi-seconde suivante, alors… Tout ça ne serait que le fruit de ton inconscient ? Cet éclair de douleur qui t’aveugle, qui te fait gronder entre tes dents et qui, au lieu de repousser la vipère qui vient de planter ses crocs dans ton foie aussi loin de toi que possible, te donne au contraire le réflexe de te plaquer violemment contre elle, l’écrasant avec violence entre ton corps de plomb et un mur de brique… Tu l’aurais donc réellement cherché ?

Tes pensées font échos à ces paroles vicieuses persiflées à ton oreille. Ta colère s’éveille enfin, comme si elle n’avait écouté tout ça, avant, que d’une oreille endormie mais ce n’est pas le bon poignet qui est pris dans l’étau douloureux que ta main lui impose. Tu as l’avantage de la musculature et du poids, mais ton côté en feu te draine une partie de la force qui t’es nécessaire pour t’en débarrasser. Presque aussi violemment que le mouvement qui t’as mené aussi proche d’elle, tu te retires tel un poignard qu’on extirpe d’une plaie ouverte, et tu la repousses dans la direction inverse à cette côte qui te chatouille pourtant gentiment un poumon.

— Damned b*tch…

C’est l’instinct de préservation qui te fait reculer d’un pas au lieu de lui sauter à la gorge. C’est parce qu’au lieu de s’estomper, le feu continue de brûler. Tu portes une main à tes côtes comme si ça allait pouvoir aider. Ou te protéger. Tu ne sens que ton coeur battre et une douleur sourde qui prend ses aises.

Ton regard pourrait la tuer, et pourtant, il y a ce fantôme de sourire qui vient lui donner raison malgré toi. Tu surveilles ses gestes, prêt à la repousser si elle repasse à l’action, espérant inconsciemment qu’elle le fasse, mais pas assez fou, non, pour t’y recoller toi-même intentionnellement.

T’es entre deux eaux, Ryder. Celles dans lesquelles tu penses nager, et celles qui te consument réellement, qui ont déjà infiltré ta peau par tous les pores.

— Okay, okay. Maybe you’re right. Ta respiration siffle. Ta mâchoire est bloquée telle celle d’un pitbull qui n’veut pas lâcher son dernier morceau de self-control. So what ? What’s your game… actually ? Hurt me with my own… wounds until I make you new ones ?

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Toi qui n’es pourtant pas si à l’écoute des sentiments des autres, tu restes un peu trop persuadé que tout le monde en a encore, Ryder. Que tout le monde est sensible, et suit généralement la ligne directrice des émotions. Si quelqu’un est triste, il pleure ou se bourre la gueule. Si quelqu’un est en colère, il l’expulse à sa manière, etc. Etc. Sauf que Lola, t’as beau le répéter quand tu la qualifies de folle à tout bout de champ, ce n’est qu’au moment où tu croises son regard, là, au milieu de ce torrent d’eau, dans ce puits de ténèbres, que tu te rends compte à quel point elle l’est vraiment.

A quel point tu t’acharnes à essayer de comprendre l’insondable.
Et là, ce sourire étrange né sur tes lèvres quelques instants plus tôt meurt à nouveau.

Mais c’est pas une réalisation facile à concevoir, hein, Ryder ? Lola n’aurait pas d’autre motivation que de faire de toi son souffre-douleur ? Tu cherches un pourquoi, un comment, une raison malgré tout. Enfin, d’abord, t’as cette espèce de tension qui s’invite dans tes épaules, t’as presque un mouvement de recul que ta fierté (ou ton égo) réfrène parce que tu ne reculeras pas. Tu ne l’as jamais fait face aux Devil’s lorsqu’ils faisaient tout pour que tu prennes tes jambes à ton cou, tu ne le feras pas devant Lola. Sauf que là, t’as rien à y gagner.

Tu dois juste sortir du piège où tu t’es fourré.
De cette cage étrange où son rire résonne malgré la pluie.

Ta soudaine réalisation aura au moins un mérite. Tu ne viens plus chercher de sous-entendu tordu dans ses dernières paroles. Tu t’es laissé empoisonner à tenter d’y réfléchir, embrouillé par des mots au lieu de te concentrer sur ses faits et gestes.

— Fine ? Oh. I don’t care to be “fine”. Vivant, tout au plus. T’as jamais été à la recherche du bonheur non plus. But it seems like a boring game, even for you.

Elle se rapproche, la vipère mais tu ne la laisseras plus te toucher. T’es prêt, comme sur un ring. T’as pas les poings levés mais t’as le corps en alerte. Ta main a quitté tes côtes en feu, mais la douleur est une vieille amie, elle ne t’empêchera pas d’arracher la tête d’un serpent si c’est vraiment ce qu’elle souhaite.

— Well… You have a pretty voice, even if your words are poison. It would be a shame to turn it off.

Le premier pas est difficile. Mais t’as pris une décision, et tu t’y tiens. Ton talon finit par toucher le bitume derrière toi, et ton corps recule. Tu restes prêt, parce qu’un cobra ne laissera certainement pas sa proie filer sans attaquer. Mais, par esprit de rébellion ou de préservation, tu décides d’une autre fin possible.

Ou bien c’est juste que ce serait dommage de mettre un terme à vos échanges si rapidement.

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Tu fuis, grand diable. Tu te dis peut-être que c’est pour mieux revenir ? Pour lécher tes plaies dans l’intimité avant de remonter sur un ring dont tu as toujours ignoré les limites ou encore pour réfléchir à une nouvelle stratégie ?… Non, il n’y a jamais eu de stratégie avec Lola. Aucune logique, juste une folie pure, une bataille livrée aux instincts les plus primaires. Les tiens, aujourd’hui, sont de quitter l’arène en vie, parce que tu sais que la bataille qu’elle veut lancer ce soir n’est pas la tienne. C’est un jeu dont elle seule connaît les règles. Toi, tu connais la violence, la colère et une folie compétitrice dans le combat. Tu joues pour perdre, Ryder, mais pas pour mourir. Tu joues pour avoir mal, mais pas au point de ne plus ressentir.

Et l’autre issue possible, tu te refuses de l’explorer.

Tu en as déjà pourtant. Du sang, sur les mains. Mais Lola n’est pas ton terrain de chasse. Lola ne mérite pas ta considération à ce niveau-là. Et, comme tu viens de le dire, il serait dommage d’éteindre cette voix, aussi venimeuse soit-elle.

Tu penches doucement la tête, une étincelle d’intérêt, faible mais néanmoins présente, lorsqu’elle t’indique qu’il n’y a qu’un détail qui manque pour que tu trouves un intérêt dans ce jeu certainement incompris. Peut-être aurais-tu été meilleur combattant ce soir, tu aurais eu une meilleure vision. Mais la défaite te colle aux basques comme une vieille ennemie.

Un peu comme Lola, peut-être.

— It seems that I have nothing more to add, que tu confesses alors que tu as déjà reculé. Sans doute n’y a-t-il plus grand chose à rajouter. Et pourtant, elle continue d’approcher. Et tu te retrouves à sourire face à ses paroles suivantes. Comme si, pour votre prochaine rencontre, elle te proposait enfin quelque chose auquel tu pourrais trouver un réel attrait. Alors qu’elle te promet juste une voix.

Une voix lancinante, persévérante et éternelle.

— I would cherish it then, if it’s the only sweet thing I keep from you this time. Le regard, tu le soutiens malgré la pluie, malgré tes pas qui t’éloignent d’elle. Good night, love. Sorry to have disappointed you tonight. Doux surnom donné à celle que tu insultais quelques instants plus tôt seulement. Doux mots que tu adresses à cette dingue que tu méprises au fond. Doux au revoir que tu lui clames presque avec tendresse, sans oser pourtant lui tourner le dos avant quelques pas sous la pluie.

Et cela même si tu te dis bien qu’elle ne t’attaquerait pas en traître parce que ça ne fait pas partie du jeu. Mais qui es-tu pour en connaître les règles, s’il y en a ?

S’il n’y en a pas, tu disparaîtras.
Jusqu’à la prochaine fois.