(( five )) prideful vibe | ezra

L'hésitation, les prunelles qui n'osent pas tellement s'y attarder. L'hésitation, l'être qui réclame de pouvoir s'en approcher. Elle est flamme, elle est tentation – elle est l'ouragan sur les plaines déjà calcinées, la pluie retardée sur les flammes qui ont tout emporté. Elle est la lumière qui manquait, celle qui s'était approchée jusqu'à tout illuminer ; aveugler l'idiot qui s'y noyait. Le souffle court et le cœur qui tremble, l'endocarde qui sait la proximité d'une autre pour qui il aurait tant donné ; mais elle, Ezra, qui s'attire toujours son attention jusqu'à l'obnubiler. Il a soufflé, un verre encore avalé. Il a soupiré, idiot qui ne sait plus comment s'animer – mais Fucker qui devance le maître pour s'élancer, aboyer sur la demoiselle qu'il a déjà tant côtoyé. Comme s'il se souvenait, lui qui veillait la demoiselle quand elle semblait à même de pouvoir sombrer. Il a essayé de le retenir, Ledger premier, dépassé. Il a essayé, avant de se résigner à l'affronter – à braver les sens qui s'agitent et vibrent, la déraison qui s'élève pour tout s'approprier. Seul à blâmer pour cette impression de chaleur malgré la chemise ouverte, malgré les cheveux repoussés. Seul à blâmer, parce qu'il l'invitait – rien que dans l'espoir de la voir s'y risquer, rien que pour encore s'enivrer aux effets qu'elle parvient à lui insuffler. Non plus homme, mais adolescent. Les joues légèrement rougies, l'alcool qu'il n'hésitera pas à accuser ; l'étreinte qu'il amène avant qu'enfin la voix ne parvienne à raisonner. « You came. » Parce qu'il a supposé qu'on l'en empêcherait. Parce qu'il a imaginé cet autre qu'elle s'est choisie à grogner, à aboyer encore pour réclamer qu'elle ne reste enfermée. Soupçon de colère qu'il ravale, l'inquiétude qu'il tente de museler. « Sorry, I was with my brothers and some friends asked after me a little so... I... I didn't see you coming. » Elle n'a rien demandé, mais il devance, s'excuse sans en avoir le besoin. L'instinct débile qui pousse aux notes récitées, à cette situation clarifiée ; Euros un peu plus loin qu'il omet de mentionner. « How are you ? You want something ? Did someone give you something to drink already ? I can go to have you one if you want ! » Là, cette énergie encore qui suinte, ce mélange de pression et d'euphorie mal dosés. Le sourire qui refuse de disparaître, un peu plus ancré aux pulpeuses tandis qu'il l'invite à déjà s'avancer. Il serre quelques mains dans la foulée, ces vieux amis accueillis avant de s'en remettre pleinement à l'étoile venue tout sublimer. Sous les planètes qui pendent au-dessus de leur tête, il y a ces réminiscences qui s'élèvent comme pour le couver. Un rappel de ce qu'ils ont partagé, du tatouage qu'elle porte à l'image de ces lieux qu'ils sont à inaugurer. « Guess it reminds you at lot, doesn't it ? » Il s'enfonce, ne peut y parer – comme un besoin de ne rien oublier, parce qu'elle le sauvait, quoi qu'elle puisse en penser. Parce qu'ils avaient tant à créer, mais les sentiers scindés refusent d'à nouveau se retrouver. Occasion manquée, comme tant d'autres avant elle, comme tant d'autres à venir pour un peu plus l'accabler.              





   

Il y a cette lueur qui se rappelle, un semblant d'irréel. Il y a cette clarté qui émerveille, un brasier contre l'endocarde qui s'emballe de plus belle. Une pression soudaine, une appréhension certaine – et elle revient, cette gêne, timidité éphémère qui force un sourire idiot sur les lippes. Il veut pouvoir tout lui faire observer, lui qui prend désormais conscience de cette part d'elle qu'il vient de léguer à ces lieux adorés. Une évidence masquée, dissimulée derrière un passé révolu qui ne cesse de narguer. Un monde parallèle, une galaxie de possibilités. Il a insisté, Ledger, même malgré cette réticence qu'il comprend – poussé par le besoin de tout lui faire observer. Besoin. Besoin qui beugle dans les tréfonds de son être ; le besoin d'encore un peu se tenir à ses côtés. Jusqu'à l'audace des souvenirs à ressasser. Jusqu'à cette plainte du cœur pour que rien ne soit effacer. Les prunelles qui croisent les siennes, l'impression violente de pouvoir si aisément y céder. Il s'en berce, Phoenix, à ce sourire qui parvient à se dessiner. Gronde le muscle sous les côtes, se brise le souffle que les lippes laissent passer quand le brun du regard s'égare, s'abandonne sur sa présence qui croit brièvement en frissonner. I remember ; et le sourire ne fait que s'accentuer. Les traits dévient aussi, s'éloignent pour ne rien trahir du carmin qui aux joues s'est ancré. Il y avait l'éternité. Il y avait cet univers sans maux et sans danger. Il y avait cette sérénité, celle pour laquelle il aurait tant donné – avant que les ténèbres ne reviennent tout s'approprier. Et elle était restée, s'asseyant à ses côtés malgré le poids de ses secrets. Elle lui était restée, illuminant ses ombres jusqu'à pleinement les chasser. Lui aussi, il donnerait plus qu'il ne le devrait pour que cet instant puisse encore se répéter. « I wish... » Presque inaudible, les syllabes qu'il en vient à lui léguer. Proximité oppresse, dérange la raison qui sait devoir intervenir, saisir les volontés de l'âme pour pleinement les briser. Pincées alors, les lèvres, avant qu'il n'essaie de s'animer ; un pas, un autre, ballet hésitant qu'il orchestre comme il sait ces murs trop étouffants pour la demoiselle qu'il conviait. « I would like to show you something, but I know, I heard what you said about being locked between four walls. Penaud, la foule qu'il pourrait au moins lui épargner. Pièces réservées aux personnels à venir qu'il pourrait lui faire visiter – jusqu'à ce bureau aménagé pour lequel il peine à dissimuler sa fierté. You tell me, it's downstairs. I worked hard on this, but really... I don't want to make you uncomfortable. » Parce qu'il ne tient qu'à voir prospérer cette magnificence, ce sourire qui se dévoilait quand l'immensité du plafond se reflétait dans ce regard à nouveau croiser. Pompe l'endocarde, gronde la raison qui doit encore se faire respecter. « Your wishes are orders... » Révérence mimée, un énième rappel de ce temps qu'ils auraient dû oublier tant qu'ils en avaient la possibilité. Parait-il que les évidences, cependant, ne meurent jamais.               





   

Elle prend l'âme, l'enserre, tendresse étrange qui parvient à s'immiscer. Sérénité, gouvernante instinctive de cet instant qu'il parvient à s'approprier. Elle s'affaire à taire les murmures, les maux qui stagnent, elle panse jusqu'aux plaies contre l'encéphale troublé. Et lui, idiot, il s'y enivre encore. Malgré les coups échangés, les menaces crachées. Malgré les avertissements, la faute que le cœur persiste à dégueuler, tout en l'implorant – partagé qu'il est. Et il observe, joueur et inquiet. Il contemple la magnificence qui s'impose, cette étoile singulière qui éclaire plus que tout ce qu'il a pu accomplir. Elle lui rappelle cet air frais, la quiétude que les chairs s'appropriait. L'espoir derrière les ténèbres, les lueurs malgré les voiles opaques des tourments ressassés. Il observe, Phoenix, plus préoccupé qu'il ne le voudrait, les battements sous l'endocarde qui s'embrasent par les vapeurs d'un alcool d'ores et déjà trop consumé. Les vices pour parer à la réalité ; cette dernière déformée par tout ce qu'il peut s'en imaginer. Jusqu'aux paroles qui s'énoncent, jusqu'à cette requête qu'elle formule ; l'invitation acceptée. La possibilité de l'entraîner un peu plus avant dans ce monde qu'il vient de s'octroyer. Son bien, son univers – sa fierté. Et elle, elle prête à s'y ancrer. Elle qu'il laisse le suivre, la main tendue – une offrande d'un lien qui ne subsiste qu'en rêve, qu'en suppositions partagées. Il l'entraîne là où les secrets sont enterrés, là où paix pourrait se reposer. Loin des étoiles, loin des planètes qui se cherchent pour prospérer – là où les ténèbres sont magnificences pour ce calme qu'elles ont à suinter. La clé pour cet autre havre qu'il a à présenter, le tintement métallique avant que lueurs orangées n'aient à se manifester. Un pas, puis ce sourire con qui lui revient, plus radieux que jamais. « Tada... ! » Les bras écartés, un gosse fier de ce qu'il peut dévoiler. Sur les murs, ces clichés irréels. Dans les coins, quelques affaires qui s'entassent, des paperasses déjà accumulées. Sur le bureau, ces effets auxquels il tient plus que de raison ; bien plus qu'il n'irait l'avouer. « Yeah, it's way much better with you in it. C'mon. » Il l'invite à s'y enfoncer, à venir quérir le souffle frais de ces lieux reculés. Loin de l'animation qu'il a organisé, loin des rires et des notes qui s'emmêlent jusqu'à créer ce chaos semi parfait. Il laisse l'instant se faire, les secondes s'écraser. Il laisse le regard aller et venir, s'attarder sur tout ce qui pourrait s'imposer à elle – jusqu'à cette marque du passé, ce souvenir dont ils ne semblent pas savoir se détacher. Joyau d'éternité matérialisé en une image qu'il affectionne. Le sourire reste, mais le regard s'abaisse par pudeur. « I... I didn't ask but... How... How things are going with... you know. » Cet autre qu'il rencontrait, cet autre contre qui il se dressait, par besoin de la préserver. Cet autre qu'il n'aurait pas dû défier, moins encore provoquer. Les lippes se serrent, trachée se noue légèrement. Il observe, Phoenix, craignant les secrets que cette silhouette aurait alors à dévoiler ; la vérité sur la suite de cette triste nuit où les coups étaient échangés.                





   

La porte d'un monde, l'antre silencieux où la passion et la raison s'abandonnent toutes deux. Des terres éphémères, loin des réalités. C'est une cage à la porte ouverte, les clés délaissées dans la serrure pour quand les maux ont à s'inviter. Un semblant de havre de paix, autant qu'une salle de torture discrète pour celui qui craint la solitude et ses affres. Il lui dévoile les profondeurs de tout son être, la vérité sur tout ce que l'âme peut avoir à dissimuler – les excès, la passion, cet attrait par la magnificence que beaucoup ne parviennent plus à observer. La porte d'un monde à part, l'aller vers les profondeurs où gisent les restes du gosse qui essaie de s'éveiller. Phoenix et son sourire con, cette lueur grandiose au regard qui scintille, qui guette – curieux – tout ce qui pourrait être concédé. Une émotion quelconque, un compliment auquel s'enivrer – une parcelle d'attachement encore tenace sur lequel s'appuyer, même malgré les mots déjà échangés, tout ce qu'il sait et contre quoi il ne peut batailler. Il observe cette parcelle d'éternité personnifiée, Ledger, comme pour imprimer le tableau de son œuvre et la perfection qui vient de s'y ajouter. Parce qu'elle s'est installée, parce qu'elle n'a pas hésité à prendre place là où carcasse s'était précédemment laissé choir, cherchant un semblant de force à récupérer. Mais les prunelles dévient, le sourire reste. Une courbe délicate sur les pulpeuses serrées – il acquiesce, l'idiot, à la réponse qu'elle finit par lui donner. Bien. Puis le silence, puis l'imagination qui fait son œuvre. Les suppositions de ce qui ne pourrait être confié, les non-dits qu'il craint plus noirs qu'il n'aurait à les imaginer. Et si sa propre existence était un frein au bonheur de la jeune femme qu'il n'aurait pas dû convier ? L'idée germe et se faufile jusqu'à la raison, l'âme en berne depuis peu ; ce sont les doutes qui reprennent leur droit sur l'être instable et fatigué. Mais la voix force l'attention à s'y recentrer. Captivée, entièrement délaissée à celle qui s'exprime, celle qui rappelle les faux pas et les erreurs commises, l'invitation acceptée avant que le piège n'ait à se refermer. La bataille des cœurs pour celle qui a déjà choisi. Il a laissé un bref rire lui échapper, la main doucement levée puis agitée comme pour lui dire que ce n'est rien, que ces instants appartiennent au passé. Ce n'était rien, rien qu'un signe de plus pour que le front soit déserté, la bataille terminée. Il veut passer à autre chose, l'homme qui stagne encore sur les rêves soufflés par les murmures que le vent a balayé. Il veut passer à autre chose, avant que les prunelles n'aient à revenir la couvrir, avant qu'il n'ait à pleinement l'écouter. La demande résonne, provoque la légère courbe aux lèvres scellées. Il en a sourit, Phoenix, à défaut de répondre – même lorsqu'elle s'anime, lui encore incapable de se mouvoir, essayant de réfléchir, de se retrouver. Parce qu'elle est là, parce que d'autres l'étaient aussi – une en particulier. « You'll always be welcome here, you know. » Si les lippes restent courbées, le timbre trahit une appréhension certaine – comme un semblant de regret, une pointe de douleur instable qui subsiste avec volonté. Elle refuse de s'échapper, il a toujours eu cette prétention à trop rêvasser. « I mean... You're important to me, guess I don't have to say it one more time 'cause you know that already but... yeah. You'll always be welcome here, no matter what. If you want peace or just time for yourself... If I can do anything for you because something happen or shit like that, I don't know. I... » Les épaules se sont haussées, les mots manquent – en vérité bloqués, retenus à la trachée qui s'est serrée. Parce qu'il s'enfonce encore dans l'idée du passé, incapable de totalement effacer tout ce qu'elle lui insufflait. Même malgré les choix qu'il aurait pu avoir à faire, malgré cet autre nom que l'endocarde chantonne depuis longtemps. Malgré tout. « I'll always be there for you. »