(( two )) prideful vibe | akim

Les verres qui tintent, le cœur aux abois. Ces présences qui apaisent, ces autres qu'il craint de ne pas charmer – il était serein, devient stressé. Il veut bien faire, s'affaire à s'animer pour essayer de chasser tout ce qu'il ne peut pas contrôler. D'autres bouteilles, d'autres coupes, d'autres mets. Un aller aux cuisines pour souffler, passer les paumes sur les traits pour expier cette appréhension qui s'était mise à pointer. Tremblent les membres, tremblent les phalanges qui s'accrochent brièvement à l'un des comptoirs à portée. La chemise desserrée, un bouton à faire sauter. L'air qu'il cherche, l'air que les poumons essaient de glaner ; s'il savait à quel point on aura bientôt à les solliciter. Mais nul futur ne fait son chemin jusqu'à l'esprit euphorique. Il y a ces parfums qui s'élèvent, ces voix qui continuent de s'emmêler. Il y a cette audience dans la grande salle qui patiente, s'amuse, s'enivre à ce qu'il vient de leur proposer – un refuge dans lequel s'échouer, dans lequel lui aura à pleinement se relever. Un repaire où tout est à inscrire, où tout est à refaire – en mieux, sans les erreurs du passé. Un dernier soupir, et il passe les portes, s'en remet à la réalité. Rêve exaucé, le regard qui se lève maigrement pour contempler son œuvre, s'embraser à sa fierté. Phoenix qui tente de se calmer, Phoenix qu'on aborde dans la foulée, une main à serrer – les bouteilles à présenter et proposer. Remerciements qu'il continue de distribuer, puis il se dévoile, s'extirpe de la marée – le frère d'une autre mère qui tenait à se tenir à ses côtés. Le sourire qui revient, pare les lippes. L'embrasement total, l'étreinte imposée. Il lui avait caché l'avancée des travaux, il lui avait interdit de s'aventurer sur ces sols tant que ce n'était pas terminé. Il voulait voir la surprise, il voulait voir sa réaction. Il voulait partager cette fierté, ce sentiment puissant qui s'amuse à le griser. « So, it worth the wait or what ? » Les mains aux épaules, l'ombre qu'il invite à se tourner vers la grande salle, vers ce plafond habillé de ce qui l'a toujours émerveillé. Une autre passion qu'il a intégré dans ce souhait de gosse qu'on lui a de moitié offert ; l'âme charitable qu'il devra aller remercier encore pour tout ce qu'elle a engendré. « Did you hear anything 'bout it ? I want to know everything... even the bad comments so I can ban those fuckers. » Le chien qui réagit, qui continuait de le suivre comme son ombre – son paire avec lui. Les canidés qui s'impatientent, qui veulent leur dose d'attention à l'image de ceux qu'il persiste à aller saluer. Mais lui, oh lui, calciné à l'effervescence de l'instant – si fier qui ne peut renier cette pression à l'estomac compressé. « Who the fuck could believe in that, hm ? Me... owning a fucking restaurant. » Le timbre qui s'envole, ce rire qui vient tout accentuer. L'énergie retrouvée, les démons un instant chassés. Flamboyance ancienne qui reprend ses droits, qui rappelle à l'âme tout ce qu'il aurait pu être – en d'autres circonstances, bien que les chemins soient sauvés, que la rédemption soit presque envisageable pour celui qui se sait définitivement damné.           





   

Il l'écoute, le cœur au bord des lèvres. Il écoute, Phoenix que tout semble bousculer – l'énergie et l'appréhension, cette honte autant que cette fierté. Il y a ce mélange instable qui prend place, une claque mentale dans cette bataille qui fait rage et ne semble pas s'amenuiser. Il s'estompe autant qu'il flamboie – partagé entre deux eaux, un vent d'est s'étant légèrement abattu sur ses songes. Il veut briller. Il veut encore respirer. Il veut profiter de ce qu'il vient de créer, de la magnificence même de cet univers qu'il vient de consolider. Et il lui reste, il se tient à ses côtés – là, deux frères qui se retrouvent sous une seule et même constellation pour encore rêvasser. Il se noie aux paroles prononcées, il s'en imprègne pour souffler. Confiance qu'il n'a jamais cessé de lui accorder, Akim, même malgré les erreurs, les méfaits. Même malgré tout ce que les phalanges peuvent avoir à se reprocher, les sentiers sinueux et tortionnaires dans lesquels il l'a avec lui embarqué. Confiance est restée, solide, devenant lentement cet éternel et splendide pilier. Puis la fierté, la fierté qui force les joues à rougir, le cœur à battre avec intensité. Fierté qu'il lui concède, l'ami précieux, le frère des temps sombres et heureux. Fierté qui force l'être à ne pas savoir comment se tenir, comment se comporter – des remerciements murmurés, un souffle sur les lippes tandis que le costume est désigné. Puis le rire, la symphonie devenue rare qui reprend sa gouvernance sur les chairs ravivées. Le rire qui tinte. Le rire qui prend le surplomb sur les idées noires et les vents qui voulaient le faire ployer. « I did my best. » Les épaules haussées, l'air nonchalant qu'il feint. Puis les prunelles dépareillées qui s'égarent, qui vont et viennent. « Euros was here. I just saw her few minutes ago. » Il a abaissé les traits, instinctivement, le sourire dépeint cette fêlure qui ne semble pas se réparer, une marque indélébile sur l'essence qui en frissonne encore, malmenée. « I thought she wouldn't but hey, turns out she did came. » L'instinct, l'instinct qui s'éveille pour apaiser les quelques troubles, la douleur qui s'immisce. Le verre qu'il trouve dans la foulée, ce sourire qu'il feint comme dans l'espoir de pouvoir s'en convaincre lui-même. « Anyway, hm. » Parce que l'heure n'est pas aux fautes et aux regrets, mais à la possibilité d'un avenir digne de ce que Morphée lui laissait observer. Il sait qu'il pourrait tout lui dire, mais l'instant prône les festivités plutôt que ce sérieux qui voudrait l'empoisonner. « Y'know what ? I should've sent my invitation to Eminem. It would've been perfect. I would've been more famous, I would've more money by the publicity and... We could've buy the flat next to ours to make it bigger. » Et il s'improvise encore architecte, Phoenix, rien qu'en suivant les pas de cette douce folie, de cette grandiose euphorie. Il voit les choses en grand, parce qu'il parvient à réaliser ce que l'âme seule s'était mise à fantasmer. Invincible qu'il se croit, comme par le passé. C'est une étincelle du gosse qu'on imaginait défunt qui en vient à rayonner, à l'image du costume qu'il réajuste et qu'on désignait.            





   

Le sourire est d'un autre temps, comme une réminiscence qui tient à se faire observer. C'est une étincelle d'espoir dans cette perdition endurée, comme une lueur singulière qui souhaite percer les noirceurs, ces étranges et terrifiantes opacités. Elle lui arrache une courbe aux pulpeuses, un éclair soudain dans ces prunelles dépareillées. L'âme de l'enfant, l'âme de l'homme sans la crasse qui peut corrompre jusqu'aux songes et volontés. Il s'en remet à ce qu'il aurait dû être, ce qu'il était destiné à devenir si ces dernières années n'avaient pas existé. Il s'en remet à l'essence même de son être, le tatoué, à jouir de ce qu'il vient d'accomplir, de cette félicité qui prend l'endocarde pour le cajoler – une étreinte nécessaire pour que s'éveillent les forces d'encore un peu se battre et prospérer. Il s'en remet à ces sentiments là plutôt que ceux qui attendent, patients, de pouvoir lacérer ce qui reste, ce qui tente de survivre. Il s'en remet à cette parfaite effervescence, Phoenix, pour ne pas trahir la manière dont la présence nommée fut à même de le faire chanceler. « Yes, maybe he will come soon ! Le fantasme d'abord, les rêves du petit garçon qui lui arrache ce rire instinctif, cet éclat brillant qui magnifie ces traits creusés, les marques de l'anxiété qui s'était installée. The flat next to ours ? You need more space ? For what ? An even bigger television ? » L'éclat tonne encore, surplombe de peu les conversations alentours. Il s'y laisse prendre, il s'y laisse porter. Il délaisse un instant la vision de cette femme qu'il aurait voulu davantage accompagné, tout ce qu'elle lui insuffle, ces regrets et ces rêves volés. Il se laisse bercer par tout ce qu'il s'était mis à conter, l’extravagance des frais qu'il serait prêt à orchestrer. « Why not, hey. That's a fucking... Il aurait pu continuer, il aurait pu partir dans d'autres folies, d'autres projets, mais ceux qui s'imposent dans cette ironie marquée ne font qu'offrir plus de crédit à cette démence qui s’immisçait. Better, we build a cinema room ! With a couch especially for the doggo ! » Les phalanges animées, qui claquent et se dressent comme pour appuyer les paroles de celui qui se tient à ses côtés. Là, c'est comme s'ils tenaient le plan de toute une vie entre leurs mains. « Fuck yes, I like this better. A fucking cinema room, a fucking giant couch for them ! And a cubbyhole for the intruder. » La femme dont il fait mention, loin pourtant de se plaindre de sa présence – il a appris à accepter cette troisième silhouette errante dans ce bordel ambiant. Il sait pourtant, que bien des choses n'ont pas encore été dites. Il sait, Phoenix, que ça pèse sur les épaules de ce faux frère qu'on lui a offert – et à l'image des jours qui se sont écoulées, de ces années à tenter de se retrouver, il doit faire amende des mains tendues et des sacrifices qu'il lui a épargné. « You... You want to talk about it ? » À son tour d'être celui qui écoute, celui qui entend, celui sur qui se reposer. À son tour d'être la goutte d'eau de trop, rien que pour défaire la surcharge qu'il n'a pas pris le temps d'apaiser.             





   

Situation délicate qui, lentement, lancine pour les rattraper. Il a laissé les mots lui échapper, la question claque dans l'atmosphère chargée d'euphorie et d'accalmie. Il se risque sur un terrain miné, là où curiosité n'a pas sa place, mais où les rayons se sont éteints qu'il cherche maigrement à rallumer. Besoin à parfaire, nécessité à honorer – les liens qui vibrent pour mieux s'accrocher, qui s'enfoncent un peu plus profondément encore dans les chairs de ces deux frères au sang distinct et scindé. Il l'observe, Ledger, cherchant tout ce que la voix n'osera pas dire – tout ce qu'il essaiera de garder, les secrets et les doutes à enterrer sous leur empire. Les prunelles n'ont pas dévié, fouillent encore leurs semblables avant que celui-là n'ait à s'en défiler – une retraite qu'il orchestre, mais à laquelle il n'ose qu'une moue blasée. Il refuse de lâcher prise, il refuse de ne pas pouvoir remédier au poids qui pèse sur les épaules du meilleur ami à ses côtés. Il ne veut pas en parler, les devoirs qu'il exprime tout de même, cette sensation de perdition qui s'immisce jusqu'à l'asphyxier. Il y a ces doutes, ces hésitations, cette déchéance encore douce qui en vient à l'enlacer. Il a tiqué, Ledger, cherchant déjà une solution malgré tout ce que Akim peut ajouter. Les excuses quant à la manière dont il aurait à le vivre, l'invitation à ignorer tout ce bordel pour encore un soir – une nuit avant que tout ne soit à régler. Avant que les responsabilités ne soient à porter, ils ont à encore un peu se reposer. « It wasn't enough, you know ? I'm still struggle with some shits I've to deal with. » Pour provoquer plus qu'en usant de la vérité ; et pourtant. Dans ces mots, le poids de tout ce qu'il cache en vient à presque se révéler. Il observe les alentours, Phoenix, s'attarde sur Euros qui s'est éclipsée, enfoncée dans un recoin ; les prunelles croisées, qui forcent le rouge aux joues avant qu'il n'ait à s'en détacher. « Na, alright, not tonight. But I'll be there with you if you want, ok ? » Il rappelle sa présence, il abandonne déjà pour ce soir parce qu'il a raison, Akim. L'ère de l'euphorie ne fait que s'embraser, elle n'attend qu'un petit coup de pouce pour davantage s'élancer. Ils ont à profiter, à jouir de l'instant, de tout ce qui se tient désormais à leur portée. Son rêve, les fantasmes du gosse qu'on réalise et qui se matérialisent sous ses yeux. Là, cet endroit qu'il a tant imagé lorsque les paupières se fermaient, qu'il peut enfin observé tout en étant éveillé. Il ne fait qu'un peu plus s'élever, et il doit toute cette confiance et cette force à celui qui l'a tant savaté. « What about we drink once more to all this shit ? » Les mains qui claquent, la carcasse qui s'emploie déjà à récupérer des bouteilles, Phoenix penché par dessus les tables pour récupérer ce qu'il cachait au sol en prévision d'une fin de soirée plus alcoolisée. Rien qu'un toast, rien qu'un ; le verre qui claque contre son jumeau, le coude levé, la fille qu'il accueille à la volée contre lui comme elle s'est précipitée. « If I drink too much, don't forget to punch me. » En désignant la gamine qui s'affaire déjà à commenter ceux qui se trouvent à sa portée, à imiter le comportement insupportable du paternel qui n'a pas eu le cœur de tout cadrer. Trop tendre, trop absent pour des années – gamin qui endosse le rôle de père sans pour autant en connaître les bases et les frontières à instaurer.