« Non patron, il a pris une autre caisse »
« Grazie Signore ... Maintenant on va entendre ses conneries pour justifier son retard. Allez, on sort et prends la sacoche avec toi »
Il n’a jamais été foutu d’être à l’heure, pas une putain de fois, il sera en retard le jour de son propre enterrement. Et regardez-le, il arrive, beau comme un sou neuf, il a cru qu’on allait au casino ou quoi ?
... Porca miseria ...
Je l’aime putain, je vous donne ma parole que je l’aime mon petit frère, je mettrais le feu à cette ville de dégénérés pour lui, mais putain de merde !! Qu’est-ce qu’il a le don de me m’énerver ....
Il s’approche de nous, on le rejoint sur le trottoir à quelques mètres du fourgon :
« Il est là-dedans ? »
Je regarde, il me regarde, Tyler me regarde, il regarde Tyler, Tyler ensuit le cadran de sa montre, il me regarde de nouveau ... Je passe la main sur mon visage et inspire profondément. J’ai dit quoi un peu plus haut ?
« Combien ? Les filles je veux dire. Oh allez, ne me dites pas qu'il est seul. Il n'y a pas un homme sur terre qui profite d'une putain de nuit dans un motel merdique comme ça une fois par semaine sans raison. »
« Non, il est seul avec une fille et franchement pour ce qu’on a y faire ça nous arrange »
« Je ne veux prendre aucun risque. Je n’en ai rien à foutre que ce cadavre ambulant puisse nous reconnaître, mais les filles ? Vous avez les masques de ski que je vous ai demandés »
Putain j’avais oublié le passage sur les masques de Ski. On ne va pas se mentir, c’était une idée à la con. Non mais vous nous voyez tous les 4 avec des masques de Ski sur la gueule ? Dans un motel de la banlieue de Detroit ? Débarquer dans la chambre, flingue en main, avec des masques de sport d’hiver, pendant que l’autre connard se fait sucer ? Santa Madonna ! Mais d’où lui viennent ces idées ? Si notre pauvre père voyait ça il en crèverait une seconde fois.
Non, on a prévu autre chose et ce n’est ni des palmes ni un tuba je vous rassure.
Je pointe alors la sacoche du doigt tout en me tournant vers Tyler pour le voir esquisser un sourire que certains aurait pu considérer comme moqueur.
Nos regards se croisent et ce dernier s’efface, au profit d’un allumage de clope salvateur.
L’avantage avec Tyler c’est qu’on a plus besoin de se parler pour se comprendre. Il sait repérer à mon regard le moindre changement de mes humeurs. C’est dingue non quand on y pense ? Je vous jure on dirait ma femme parfois.
Un silence s’installe et tout en le fixant, pour lui rappeler ce qui a été dit quelques minutes auparavant sur les ordres de Vinny, je poursuis en désignant ce foutu sac.
« On va laisser les masques de côté et si ça ne te dérange pas on a un prévu un autre plan, y’a tout dans la sacoche que tiens Tyler »
« A moins que vous ne préfériez… les éclater ? »
Tirer des coups de feu ?... Cesare reste calme, pense à ta mère, pense à ta fille, elles l’aiment, si tu le frappes elles vont t’en vouloir. Allez... On respires et on lui expliques tranquillement.
Mimant l’injection d’une seringue dans le bras je reprends mon explication :
« On va lui payer un aller simple au pays des merveilles ... Capito ?... Tyler s’est chargé de prendre ce qu’il faut, hein Tyler ? »
« Oui patron, le gars m’a dit que sa came était tellement forte que le temps que le cœur fasse le tour le sang allait éclater haha »
« Quoi ??? »
« Euh non, que le temps que la came fasse le tour du sang… Attendez, non, c'est pas ça comment il a dit ? Que si le sang faisait le tour du cœur Euh... Ouais bon, elle ne va pas passer la minute patron, pas d'inquiétude »
Je lève la tête et regarde le ciel étoilé, agite ma main devant mon visage pour me donner de l’air. J’ai pas eu une vie difficile, bon le métier c’est le métier, on prend des risques c'est certains, mais grâce à Dieu j’ai bien réussi ... Et pourtant y’a des fois où je vous assure que je suis fatigué... Mais fatigué...
« Bon allez on décarre et on va prendre l’autre taré dans sa piaule où je sens que je faire quelque chose d’atroce, puis Jimmy est de retour ça tombe bien »
Il est bien Jimmy, encore un peu jeune, mais prometteur, je vous l’ai déjà dit non ? Puis lui au moins il arrive à connecter deux neurones entre eux sans avoir l’œil qui saute.
« Il dort comme un bébé patron et regardez, ça c’est cadeau... La clé du nid d’amour » dit il en me les donnant.
Je m’approche de lui sourire aux lèvres en lui tapotant la joue :
« C’est bien ça gamin »
Avant de me tourner une dernière fois vers Vinny tout en lui tendant à mon tour :
« Allez Commandante in Capo, on te suit, ouvre la marche. Le numéro de la chambre est sur le jeu de clés »
Maintenant c’est entre ses mains...
Maria, piena di grazia ... Faites qu’il ne fasse pas tout merder ou sur la tête de ma fille, je les flingues tous.