[+18] Stuck in a haze ● Caleb Morgan

▬ Dim 22 Jan 2023 - 19:07 ▬

Stuck in a haze

† Let's climb out through the skylight, we can watch the sunset fall into the night-time then roll into the sunrise slowly. We don't need to rush this feeling, feeling, trying is a waste of time. We don't need to rush, just breathe out, breathe in, flying is a state of mind.

ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

La clé se débattit un instant dans la serrure, avec quelques cliquetis, avant de céder. Alexis entra dans l'appartement de Caleb et repoussa la porte avec son pied, abandonnant son sac à dos par terre, suivi de ses chaussures, puis elle tira son téléphone de sa poche en se dirigeant vers le salon. Après deux sonneries, une voix répondit au téléphone, et Alexis s'empressa de parler, dans un dialecte espagnol parsemé de mots qui n'existaient probablement que dans son village. Elle se laissa tomber dans le canapé. De l'autre côté, son amie posait quelques questions sur la ville et sur son travail, et ne lui laissait pas vraiment le temps d'exprimer le trouble qui la bouffait de l'intérieur et qu'elle aurait aimé pouvoir cracher en une cascade d'informations. C'était d'autant plus frustrant que le réseau téléphonique n'était pas des plus optimales dans son petit coin paumé de Colombie et que toutes les deux minutes la saturation de la voix explosait et devenait incompréhensible, ce qui forçait les deux interlocutrices à répéter plus de la moitié de leur conversation. [En espagnol] « Ca sature, meuf ! Répète ? [...] Mais non, c'est justement ce que je dois te raconter. [...] » Un nouveau bruit de clés dans la porte, qui s'ouvrit après une seconde pour laisser entrer Caleb. « Les flics ! J'ai jamais eu aussi peur de ma vie, il voulait pas me lâcher la grappe et... JE DIS, IL VOULAIT PAS ME LACHER LA GRAPPE ! » L'homme était arrivé dans le salon et Alexis tourna la tête vers lui, lui faisait un petit signe de la main. « Non mais c'était dingue, je pense qu'il aimait juste pas ma tête, ça devait être un gros con de raciste. Il a commencé à regarder sur son téléphone, et tout... JE DIS, IL REGARDAIT SUR SON TELEPHONE ! Du coup j'ai paniqué, je sais pas comment ça marche derrière, si c'est un vrai numéro qui existe sur mon passeport, enfin Jun m'a dit que c'était l'identité d'une vraie Alexandra Diaz qui habitait bien les Etats-Unis, mais si tu cherches je suppose que tu trouves ? [...] Je sais pas ? Je pense que j'aurais droit à un interrogatoire comme dans les films pour savoir si je suis pas une terroriste ? Et après ils me jetteraient du territoire ? [...] Je te jure, ça devient une folie. J'avais plus trop peur dernièrement, mais là ça m'a donné un coup de paranoïa. En même temps si le premier laboratoire m'avait pas planté, j'aurais déjà de vrais papiers à cette heure-ci, et je pourrais peut-être même demander la carte verte ! Je suis dégoûtée... Mais je les aurais ces foutus papiers. Et je pourrai faire venir mes parents, et toi tu viendras en vacances, je te ferai visiter, ce pays est incroyable, y a des routes en bitume PARTOUT et... » Et elle poursuivit, exposant tous les petits détails qu'une fille de la campagne colombienne comme elle pouvait trouver à ce pays qui n'avait pourtant rien de bien génial. Et lorsqu'elle raccrocha, près d'une demi heure plus tard, elle se redressa enfin pour regarder Caleb. [En anglais] « Désolée, c'était Daniela. » Elle lui avait déjà parlé d'elle, sa meilleure amie d'enfance. « Ca va ? Ca a été aujourd'hui ? » Et en même temps qu'elle demandait, elle se levait pour approcher de lui, le détaillant du regard. Il ne semblait pas avoir de bleus aujourd'hui, ce qui était assez rare pour être remarqué. Elle alla réclamer un bisou, sans un mot, de son petit air innocent qui attendait qu'il lui donne de l'affection.

(c) AMIANTE

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Start of time

Oh today I'm just a drop of water ☽ and I'm running down a mountainside. Come tomorrow I'll be in the ocean I'll be rising with the morning tide.

▬ Dim 22 Jan 2023 - 19:56 ▬

Stuck in a haze

Alexis Diaz & Caleb Morgan

◊ ◊ ◊

Oh, ce n'était pas la première fois qu'il entendait une de ses longues conversations en espagnol. Elle appelait régulièrement sa famille ou ses amis et il n'avait jamais fait la moindre remarque là-dessus – bien qu'il ne lui ait jamais posé de questions sur son passé cela lui avait permis de déduire et de comprendre à quoi devait ressembler son village d'origine, ses parents et ses proches. Il ne demandait rien pas parce que ça ne l'intéressait pas, mais parce qu'il aurait été incapable de lui répondre honnêtement si elle en avait fait de même avec lui. Qu'est-ce qu'il aurait pu faire ? Lui raconter sa vie à Phoenix, avec David et Victoria ? C'était hors de question. Il ne le faisait avec personne, mais avec ça serait encore... pire. Parce qu'il nourrissait une honte intarissable pour ce qu'il avait vécu là-bas, dans le désert. Si Alexis découvrait ça, elle se barrerait forcément, en lui jetant tout le mépris du monde à la gueule. Et il avait pas envie qu'elle se barre.

Pendant qu'elle discutait, il laissa tomber son sac au même endroit que d'habitude et alla tranquillement descendre une bière en attendant qu'elle termine, écoutant d'abord distraitement sa conversation, avant de suspendre un peu ses gestes quand il capta plusieurs éléments qui l'intriguèrent. Des papiers ? Ses papiers ?
Quand elle eu raccroché et qu'elle s'approcha pour lui réclamer de l'affection, l'homme entoura lentement sa gorge avec ses doigts avant de poser ses lèvres sur les siennes. C'était souvent comme ça – d'une manière ou d'une autre, il soulignait physiquement son appartenance. Et il le lui disait souvent, aussi – majoritairement quand ils couchaient ensemble (« T'es à moi, dis le, vas y répète ») ; c'était comme ça, c'est tout. Et il n'était absolument pas capable de voir ce qu'il pouvait y avoir de mal là dedans, surtout qu'elle avait l'air d'aimer ça. Il glissa longuement sa langue sur la sienne,et s'approcha pour coller tout son corps au sien. S'il avait insisté un peu plus, il n'aurait pas résisté à son envie de la retourner pour la prendre là, maintenant, parce que l'attraction qu'il ressentait était toujours aussi puissante – si ce n'est plus encore – qu'au début, mais là, il avait autre chose en tête. Il lâcha lentement sa bouche mais ne desserra pas ses doigts, alors qu'il plongeait son regard dans le sien pour se mettre à parler.

« Quand est-ce que tu comptais me dire que tu avais des faux papiers ? »

Pas une engueulade. Pas une trace d'inquiétude non plus. Juste... terriblement neutre. Trop pour que ce soit rassurant.

(c) oxymort

▬ Dim 22 Jan 2023 - 20:20 ▬

Stuck in a haze

† Let's climb out through the skylight, we can watch the sunset fall into the night-time then roll into the sunrise slowly. We don't need to rush this feeling, feeling, trying is a waste of time. We don't need to rush, just breathe out, breathe in, flying is a state of mind.

ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

Une boule dans le ventre, électrique, un élan d'excitation qui remonta jusque sur ses lèvres dans un soupire. La pression sur sa gorge n'était que tendresse -elle avait bien compris que c'était sa façon à lui de lui démontrer son affection- et le baiser qu'il lui donna ne fit qu'accentuer cette chaleur qui irradiait son corps. Avant de connaître Caleb, Alexis n'était pas quelqu'un très axé sexe. Elle aimait ça, de temps en temps, mais elle n'avait pas le temps. Entre les études, le travail, les angoisses, les sorties, la paranoïa de tomber sur une personne qu'il ne fallait pas, ou tout simplement le manque d'endroit pour le faire -l'hôtel était trop cher et si elle ne pouvait pas aller chez son plan cul c'était mort puisqu'elle vivait chez Euros et ne s'autorisait pas de ramener qui que ce soit-, elle n'avait pas développé un appétit sexuel très gourmand. Depuis qu'elle sortait avec lui, son corps tout entier brûlait de désir. L'envie de lui arracher ses vêtements, de sentir chaque parcelle de sa peau, chaque mouvement de ses muscles, chaque caresse de ses doigts. Dévorer son âme, disparaître au creux de ses bras, respirer chaque vapeur de son souffle. Il éveillait en elle un instinct animal qu'elle n'avait jamais imaginé posséder, pour preuves les nombreuses traces de griffures qui parsemaient son dos. Elle avait dégusté sa langue, inspiré son odeur, s'était laissée embaumer par sa présence. Il était rentré, ils allaient pouvoir se retrouver.

« Quand est-ce que tu comptais me dire que tu avais des faux papiers ? » Le visage d'Alexis devint aussi blanc que sa peau dorée pouvait le permettre et sa bouche s'ouvrit pour pendre bêtement. Quelques secondes s'écoulèrent, interminables, durant lesquelles elle hésitait entre la volonté d'avoir mal entendu et celle de posséder un pouvoir qui pourrait remonter le temps. Et puis elle referma la bouche, lentement. Après l'hébétude, la raison. C'était Caleb, aller voir les flics pour la balancer et la faire renvoyer dans son pays serait la dernière chose qu'il aurait envie de faire. Et ce serait surtout ridiculement ironique de la part d'un gangster de trouver que l'immigration clandestine était un crime impardonnable. « Jamais ? C'est pas comme si c'était bien important vu que je vais obtenir un vrai visa travail après mon doctorat. Et depuis quand tu parles espagnol toi ? Et depuis quand t'écoutes mes conversations ? » Alexis n'avait pas l'air en colère, elle semblait juste profondément inquiète. D'autant plus qu'il avait un air grave qu'elle ne lui connaissait pas. D'ordinaire il était plutôt extrême comme gars, très en colère, très heureux, très affamé, très froid, très chaleureux... Pas juste... Neutre. « Ca change rien... » dit-elle d'une petite voix qui dérailla, comme s'il risquait de la quitter pour ça. Ce serait légitime après tout, ça pouvait lui apporter des emmerdes, il pouvait se sentir trahi, tout un tas de choses auxquelles elle n'avait pas pensé parce qu'il baignait dans l'illégalité H24 et que lui non plus n'avait pas daigné lui dire quoi que ce soit sur sa vie. Mais elle avait peur. Le sujet était sensible et ça se voyait.

(c) AMIANTE

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▬ Dim 22 Jan 2023 - 20:58 ▬

Stuck in a haze

Alexis Diaz & Caleb Morgan

◊ ◊ ◊

Il attendit qu'elle assimile sa réflexion et qu'elle réponde, sachant très bien qu'il n'avait pas besoin de la brusquer davantage pour ça. Elle semblait assez retournée comme ça en apprenant qu'il avait tout compris, et il haussa très vaguement les épaules. « Tu m'as jamais demandé. » Si il comprenait l'espagnol. Ce qui était la pure vérité. Il était pas extrêmement doué, mais il l'avait appris à l'école et il avait pas mal traité avec des mexicains à l'époque de Phoenix. Forcément, ça aidait. Mais il n'avait jamais trouvé la moindre utilité à faire part de cette information à la jeune femme.

Il se mis à caresser lentement sa gorge du bout des doigts, sans la lâcher. C'était terriblement doux, comparé à la tension un peu étrange qui s'était glissée dans la pièce. Caleb laissa encore filer quelques secondes, comme s'il réfléchissait à ce qu'elle venait de dire. « Ça change nos perspectives d'avenir. » - jamais il n'avait été question du moindre avenir, il semblait être réticent à toutes les choses qui avaient trait à la représentation d'un couple ordinaire, alors c'était d'autant plus étrange de sa part. Sauf que rien de tout ça n'était gratuit : il avait une idée en tête. Bien sûr. « Il est hors de question que l'immigration t'arrache à moi. Alors tu vas arrêter les conneries, et je vais m'en occuper. » Sa main quitta enfin sa gorge pour descendre sur le haut de sa poitrine, puis s'immobiliser entre ses seins, comme pour mesurer le rythme cardiaque de la jeune femme. « Tu vas faire tout ce que je te dis, hm ? » Good girl, presque. Il la bouffait du regard, et pas uniquement d'une façon lubrique. Il y avait autre chose, une lueur légèrement différente cette fois. « Je connais des gens, pour ce genre de choses. Mais il va falloir que tu te montres coopérative. Tu vas travailler pour moi, en échange. Pour nous. »

(c) oxymort

▬ Dim 22 Jan 2023 - 21:28 ▬

Stuck in a haze

† Let's climb out through the skylight, we can watch the sunset fall into the night-time then roll into the sunrise slowly. We don't need to rush this feeling, feeling, trying is a waste of time. We don't need to rush, just breathe out, breathe in, flying is a state of mind.

ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

De la force, pulsée par le stress qui l'envahissait, materlait la poitrine d'Alexis à une vitesse accélérée. Elle ne ressentait plus aucun désir sexuel, uniquement l'envie de disparaître dans un petit trou de souris, d'oublier cette conversation, de faire comme si elle n'avait jamais existé, qu'il n'avait jamais rien entendu. Elle aurait dû lui demander. Ils étaient dans un pays dont l'espagnol était la deuxième langue la plus parlée, comment avait-elle pu ne pas penser qu'il était possible que Caleb la comprenne ? « ... Notre avenir ? » bredouilla-t-elle avec incompréhension. Il n'avait jamais mis de mot sur leur relation, comme si elle n'existait pas, comme si elle n'était réelle que lorsqu'ils étaient ensemble, pourquoi parler d'avenir ? A mesure qu'il parlait, à mesure qu'elle comprenait pourquoi il semblait aussi neutre, aussi serein, son corps tout entier fourmillait de l'envie de s'écrouler. Elle sentait comme un étau se resserrer autour de sa gorge, et ce n'était pas les doigts habituellement sexy de son amant, mais sa propre vie qui se refermait sur elle. Elle avait un poids dans l'estomac, une boule dans la gorge qui rendait sa respiration difficile. Début de crise de panique. Début de la colère, aussi. De la frustration. De la déception. Elle pensait qu'il l'aimait bien, qu'il tenait à elle. Parce qu'elle était vive d'esprit, intelligente, elle avait compris où il voulait en venir avec son travail, ce qu'il allait lui demander. Elle fut même surprise qu'il n'ait pas tenté un truc pareil plus tôt, et c'était d'autant plus décevant que ça arrivait maintenant, quand elle se trouvait au pied du mur. Mais elle avait déjà ce qu'il fallait. « C'est une menace ? » Son coeur battait toujours aussi fort dans sa poitrine, incertain, paniqué. Mais elle tentait de se montrer confiante, poussée par l'adrénaline. « Tu arrives trop tard, j'ai déjà quelqu'un de bien plus expérimenté que ta bande de bras cassés pour ça. » Elle n'avait aucune foutue idée de qui pouvaient être les collègues de Caleb, elle savait juste qu'il vivait dans un taudis du southwest contrairement à l'ultra riche Jun qui entretenait probablement bien plus de relations que lui. « Mes papiers seront juste assez bons pour les trois années qu'il me reste à faire. Après on se battra pour mes services et tout deviendra légal. » Ca, c'était un peu fantasmé. Elle ne savait même pas si elle allait trouver réellement un travail après tout ça, mais elle voulait y croire. Il fallait que Caleb y croit. « En attendant... Faut juste que je change de trottoir quand je croise un flic... et... Et que j'évite les manifestations, et... les soirées alcoolisées... » Et à mesure qu'elle énumérait tout ce qu'elle se privait de faire, sa voix était moins assurée, son regard se baissait, son visage s'affaissait d'une expression triste. « ... je peux raser les murs... Y reste plus si longtemps... Et j'aurai une vraie maison à moi, avec de l'eau courante, et mes parents auront leur étage rien qu'à eux... » Parce que oui, son travail allait lui rapporter beaucoup d'argent. Mais il fallait qu'elle aille jusque là.

(c) AMIANTE

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▬ Mer 25 Jan 2023 - 21:31 ▬

Stuck in a haze

Alexis Diaz & Caleb Morgan

◊ ◊ ◊

Il y pensait depuis quelques temps, fallait pas se mentir. Depuis qu'il avait appris ce qu'elle faisait, en fait – ses activités de chimiste ; c'était assez rare pour ne pas voir l'opportunité que ça présentait. Caleb pensait nécessairement à travers le prisme du gang. C'était un type bien plus fidèle à l'organisation qu'à n'importe quelle femme, et ce depuis qu'il avait mis les doigts dans l'engrenage, pas mal d'années en arrière maintenant. Ça pourrait servait. Ça devait servir, même, s'il s'autorisait à pousser le fantasme un peu plus loin – et c'était Isaiah qui ne pourrait que constater que lui, Caleb, était un putain d'indispensable. Il avait besoin d'une certaine forme de reconnaissance pour continuer à exister, maintenant qu'il avait tout laissé loin derrière lui. Qu'est-ce qu'il resterait, sinon ?

Quand la jolie brune lui demanda s'il la menaçait, il pencha légèrement la tête sans la lâcher du regard. Elle était belle. Il avait pas du tout envie de la braquer, de la faire fuir. Mais il était pas du tout subtil, ni capable de dire à haute voix des trucs qui pourraient la réconforter. Il était trop fucké pour ça. Et il la laissa parler, la regardant se perdre toute seule dans ses justifications bancales. Ses papiers semblaient pas si merveilleux, ouais. Et elle, elle semblait plus si sûre de son coup. Éviter les flics pendant trois ans dans une ville pareille ? Bonne chance. Même avec une jolie gueule comme la sienne. Lentement, il lâcha sa gorge pour laisser glisser ses doigts le long de la ligne de sa mâchoire. « Ce n'est pas une menace, c'est une autre proposition de... collaboration. » C'était dit comme si c'était déjà ce qui existait entre eux jusque-là, d'une certaine façon. « Mes bras cassés peuvent te fournir une protection. Et une rémunération. Rien ne t'empêche de continuer à étudier en parallèle... Tu n'as rien à perdre. » Et tout à gagner, bien entendu. Même pas besoin de le dire, ça suintait de chacun de ses mots. « Ça pourrait être l'affaire d'un temps... Le temps de former un autre chimiste pour te remplacer, si tu prouves que tu te débrouilles vraiment bien. » Ses doigts revinrent effleurer sa bouche. Et ça c'était jamais innocent, elle le savait forcément.

« Et il n'y a pas que ça. » Il laissa planer le doute, comme s'il espérait presque qu'elle lui réclame d'en dire plus, sauf qu'il ne parvint pas à attendre. « Je ne te propose pas des faux papiers, mais des vrais. Et pour ça, ce n'est pas très compliqué. » Son pouce appuya un peu sur sa lèvre inférieure. Au final, c'était lui qui réclamait, quelque part. « On peut se marier. Toi et moi. »

La voilà, son idée. L'épouser, la garder près de lui, à lui, et en échange, elle servirait aussi Isaiah, autant que ce dernier pourrait en avoir besoin. Indirectement, certes, mais d'une façon assez utile pour potentiellement devenir indispensable, un jour. Caleb passa sa langue sur ses lèvres en matant celles d'Alexis avec avidité. « Alors non, c'est pas une menace. C'est une... demande. »

(c) oxymort

▬ Mer 25 Jan 2023 - 22:57 ▬

Stuck in a haze

† Let's climb out through the skylight, we can watch the sunset fall into the night-time then roll into the sunrise slowly. We don't need to rush this feeling, feeling, trying is a waste of time. We don't need to rush, just breathe out, breathe in, flying is a state of mind.

ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

Elle avait déjà eu peur de lui, au tout début, quand elle ne le connaissait pas et qu'il l'avait menacé avec un flingue entre les jambes dans les couloirs de l'immeuble de son pote de fac. Mais c'était une autre peur, mue par la colère, la frustration, la précipitation. Là, il était si calme, si paisible, si doux, que ça en devenait flippant d'incompréhension. Les doigts passés sur sa mâchoire débloquèrent un frisson dans absolument tout son corps, un contact si simple et pourtant si efficace. Elle la sentait revenir, cette lueur de tension sexuelle, inexorablement. Parce qu'il dégageait ce truc animal qui faisait vriller ses neurones. Pas assez pour qu'elle ne remarque pas la subtilité du vocabulaire utilisé, ceci dit. Et la subtilité, c'était pas vraiment le truc de Caleb. « Une... Collaboration ? C'est tout ce que t'inspire notre relation depuis 6 mois ? » Outrée, un peu dépitée, aussi. Elle comprenait aussi qu'il se jetait sur l'occasion pour se servir d'elle, et elle se sentait trahie. Elle lui faisait confiance, pas une confiance aveugle, RJ l'avait quand même ramassée en petite culotte dans la rue à cause de lui, mais assez pour développer des sentiments à son égard. Alors à mesure qu'il parlait, elle sentait son petit coeur se briser dans sa poitrine. Mais toute sensibilisée qu'elle était, elle n'en était pas moins capable de voir l'opportunité de dingue qu'il lui offrait. Alors le travail de Jun avait été remarquable et incroyablement utile, mais ce que Caleb lui proposait, c'était du vrai. Dans son esprit, des images et des mots fusaient, représentations fugaces et bordéliques de ses pensées. Tout serait tellement plus simple, plus rapide. Elle y avait bien pensé quand tous ses visas étaient arrivés à expiration, mais à aucun moment elle n'était passé à l'acte, parce que ça coûtait cher -oui, elle s'était renseignée- et qu'on ne savait jamais sur quel genre de mari factice on allait tomber. Mais Caleb... Caleb, elle aimait passer du temps avec. Et puis elle ne risquait pas grand chose à fabriquer, il y avait peu de chance que la police lui tombe dessus. Au pire elle retournerait en Colombie ? Sa bouche s'entrouvrit légèrement sous la pression du doigt, une vague de chaleur bouscula son coeur, qui s'était remis à battre plus fort pour lui. « Ok. » souffla-t-elle. Et elle n'en revenait pas, d'accepter ça. « Ok, mais je vais avoir besoin d'un endroit où la fabriquer, et de matériel, et des matières premières. Et si un jour je me fais choper par les flics, je dirai que tu m'as forcé. » Parce qu'elle ne leur devait rien, aux Crows, elle. Elle ne savait même pas qu'ils existaient. Elle ne savait même pas que c'était pour eux qu'elle allait travailler. « Et tu as interdiction d'aller voir d'autres femmes. Hommes. Peu importe. » Ca, ça n'apportait rien à leur marché, techniquement, mais puisqu'elle pouvait décider, c'était le moment de négocier. « Sinon les services d'immigration vont savoir que c'est du flan. » Tu parles.

(c) AMIANTE

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▬ Dim 29 Jan 2023 - 21:38 ▬

Stuck in a haze

Alexis Diaz & Caleb Morgan

◊ ◊ ◊

Oh non, ça lui inspirait pas juste une collaboration. Loin de là. Mais c'était Caleb, parler de sentiments et de relation, poser des mots sur son ressenti, c'était mission impossible. Il avait jamais fait ça – et il avait jamais tenté de le faire, ni même de trouver un intérêt à ça. Pour lui, c'était un truc de fragile. De gonzesse. De tapette. Peu importe, il se sentait tout remué à l'intérieur en lui parlant de l'épouser, mais il s'efforçait de garder une expression totalement neutre, comme s'il lui demandait juste de l'accompagner au Burger King. Et pendant un instant, il resta suspendu à ses lèvres, se demandant avec nervosité ce qu'il pourrait rajouter si elle refusait. Si elle le repoussait en disant qu'elle préférerait crever plutôt que ça, ou pire encore – il avait souvent tendance à imaginer le pire. Mais non. La jeune femme mis fin à sa souffrance en acceptant son offre. Elle avait l'air vulnérable, si fragile et paumée. Le regard fixé dans le sien, Caleb avala sa salive en l'écoutant énumérer ses conditions, surpris par l'audace qu'elle avait de lui en imposer, mais étrangement satisfait qu'elle le fasse, aussi. Ça voulait dire qu'elle le prenait vraiment au sérieux, ouais. Mais ça ne l'empêcha pas de tiquer pour autant.

« … d'autres hommes ? Ça va pas, non ? »

Sujet sensible, la virilité, tout ça. « J'touche pas aux mecs, putain. » Il renifla avec un dégoût volontairement exacerbé, et haussa les épaules pour le reste. C'était assez legit. Pas dit qu'il respecte le truc de ne pas voir d'autres meufs, enfin, c'est ce qu'il se dit comme pour se rassurer lui-même – mais la vérité, c'était que de toute façon, ça n'avait pas été le cas depuis des mois. Il y avait juste eu Alexis. Même pas de prostituée, alors qu'il avait toujours été un client régulier depuis son arrivée à Detroit. « Pour le local, j'peux te trouver ça. Et le matos aussi. T'auras qu'à me dire dans quel genre d'endroit je peux trouver ça. » Le sous entendu était assez clair, et il ne cherchait même pas à s'en cacher. Il lui avait jamais raconté ce qu'il faisait vraiment, mais elle avait bien du comprendre que ça n'avait rien de légal.

Et puis, de toute façon, c'était même pas ce qu'il y avait de plus important, là, maintenant. Il venait de demander une putain de gonzesse en mariage pour la première fois de sa vie, bordel. Il pris lentement conscience de ça alors que son pouce se remettait à caresser la lèvre inférieure d'Alexis, et cette perspective lui sembla soudainement assez vertigineuse, quand bien même il luttait intérieurement pour se dire que c'était que dalle, juste un papier pour qu'elle reste près de lui. Parce que c'était ça, aussi, le truc. Il avait bien capté qu'elle traînait avec d'autres mecs. « Et toi... » Il poussa contre sa bouche pour l'obliger à entre-ouvrir cette dernière, et glissa de force son pouce sur sa langue – « Toi, t'es à moi. Et à aucun autre mec. Compris ? » Son ton était ferme et définitif. Tout sauf ouvert à la discussion sur le sujet. Sans y avoir été invité, il se mis à remuer lentement dans sa bouche en la bouffant du regard. « Dis le. Que t'es à moi. Vas y, dis le. »

(c) oxymort

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ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

Bien trop d'ardeur dans cette réaction pour qu'il n'y ait pas un fond de vérité. D'ailleurs, il utilisait bien trop d'insultes homophobes pour ne pas avoir un relan caché, Alexis était presque sûre de ça. Mais elle n'était pas encore assez à l'aise avec Caleb pour se permettre ce genre de remarques. Elle avait beaucoup d'affection pour lui, crevait d'envie de le voir nu à chaque fois qu'ils se voyaient, fondait quand il lui souriait tant ça arrivait peu souvent, mais il avait parfois encore des gestes et des paroles violents dont elle n'était pas encore totalement habituée. Alors elle se contenta de mettre ses conditions en avant, qu'il ne chercha même pas à discuter. Ce n'était pas grand chose à l'échelle de ce qu'il lui demandait, elle en avait conscience, mais c'était une tête de cochon qui trouvait toujours de quoi redire sur absolument tout, alors elle s'attendait presque à ce qu'il négocie encore. C'aurait été une bonne raison de faire marche arrière, de revenir sur cette décision pour ne pas franchir la ligne de l'illégalité qu'elle aurait pu dépasser depuis longtemps. Elle voulait sauver des vies, pas en condamner. Sauf que non. Il avait marché en plein dedans et c'était comme une poigne qui se refermait sur elle. Parce qu'elle avait bien conscience qu'une fois mariée, quoi qu'il arrive, elle en avait pour cinq ans avant de pouvoir demander une carte verte et de pouvoir divorcer. Une cage dorée, cet arrangement.

La difficulté de soutenir son regard était encore parfois trop grande pour être surmontée, mais lorsqu'il caressait ses lèvres de son pouce, elle s'y plongeait volontiers. Jusqu'à ce qu'il l'enfonce dans sa bouche, avec des mouvements suggestifs qu'elle-même comprit. Elle fronça ses sourcils et recula d'un pas, assez pour que le pouce s'échappe de sa bouche, et elle repoussa son bras dans un petit claquement de la main. « Et puis quoi encore ? Je suis pas un objet. Et qu'on soit bien clair, ce mariage ne te donne aucun droit sur moi ou sur mon corps. » Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, un mélange de crainte puisqu'elle ne s'était jamais vraiment rebellée comme ça avec lui, mais aussi d'excitation parce que... Parce que Caleb. Son visage dur, son regard enveloppant, son odeur, le souvenir de la sensation de ses bras autour d'elle. Elle n'avait pas couché avec qui que ce soit depuis... quatre mois. Ce qui n'était pas si mal, parce qu'elle était persuadée que lui, il se tapait n'importe qui, n'importe quand. Probablement des prostituées aussi, parce qu'elle avait conscience qu'elle était probablement un peu folle de tomber sous le charme de ce type, et qu'aucune femme normalement constituée irait vers ce râleur aigri et violent. « Ou sur mes choix. Et ma liberté. Et si tu fais du chantage avec les papiers, je... je... » Quoi ? Rien du tout. Parce qu'elle ne pourrait rien faire, et qu'elle le savait. Alors elle se radoucit un peu, en partie parce qu'elle n'avait pas le choix, aucun point sur lequel appuyer pour le menacer. Elle se rendait compte qu'elle ne le connaissait pas assez pour ça. « Fais pas ça, c'est tout. » marmonna-t-elle d'un air bougon mais plus trop sûre d'elle.

(c) AMIANTE

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Stuck in a haze

Alexis Diaz & Caleb Morgan

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Il ne fut pas surpris quand elle le repoussa, et un petit sourire amusé pointa même au coin de sa bouche quand elle lui colla une tape sur la main. Elle se laissait pas faire si facilement, et c'était tant mieux – il se serait lassé bien trop vite si c'était le cas. Aucun droit sur elle ou sur son corps ? Elle allait devoir donner deux ou trois leçons de féminisme à Caleb si elle voulait qu'il intègre ça, parce que pour le moment, il trouvait ses demandes un peu loufoques. Et c'était pas à la masse qu'elle allait devoir y aller pour sa déconstruction, mais carrément avec un bulldozer, vu le taf qu'il y avait. La faute à l'éducation masculiniste donnée par son flic de père, mais aussi par soucis de préservation après ce que Victoria lui avait fait subir. Genre, je laisserais plus jamais une meuf profiter de moi tavu – gros voilage de face d'ailleurs, mais bref. L'homme secoua la tête et haussa les épaules, comme si c'était des points négligeables de leur arrangement. Qu'ils soient mariés ou pas, elle était sa meuf, et c'était surtout à travers ce statut là qu'il considérait qu'elle lui appartenait. Le mariage lui même ne faisait que cimenter officiellement ce principe, mais dans les faits, ça ne changerait rien à la façon dont il la traitait déjà. Mais Alexis, elle, elle avait quand même l'air ultra nerveuse, et ça lui avait pas échappé.

« Pourquoi je te ferais du chantage ? » - et c'était une question tout à fait sérieuse, pour le coup. Il n'y avait même pas songé. Pas que ce soit impossible que l'idée lui soit venue un jour ou l'autre, mais c'était pas à l'ordre du jour. « Je t'ai jamais balancée, j'vois pas ce que j'aurais à y gagner. T'es ma meuf. » Une des plus grandes déclarations indirectes qu'il se soit autorisé à lâcher jusqu'ici, ça. « C'est un arrangement pour nous deux, t'as autant de pouvoir que moi là dedans. » Bah ouais, elle aussi elle aurait le pouvoir de le dénoncer une fois qu'elle lui aurait mis de la drogue directement dans les mains. Et il était intimement persuadé qu'elle ne le ferait pas, sans trop pouvoir s'expliquer pourquoi. Il lui faisait confiance, mais ça dépassait leurs nouveaux plans professionnels. Alexis lui faisait du bien sur pas mal d'aspects, et avant qu'elle ne se mette à quasiment vivre chez lui, il ne s'était pas rendu compte à quel point il se sentait seul.

Il semblait sincère. Il ne réalisait pas encore totalement la symbolique qu'impliquait le mariage qu'il lui avait proposé, mais ça allait vite faire son chemin dans son crâne – et là il se mettrait sans doute un peu à paniquer à son tour, mais pour le moment il avait l'air parfaitement certain de ce qu'il affirmait. Lentement, il franchit à nouveau l'espace qui les séparait pour embrasser maladroitement son front, alors que sa main glissait sur ses reins avec appartenance. Il mis la seconde dans sa poche, et en sortit une boite contenant une bague plutôt jolie qu'il ouvrit sous son nez, sans oser mettre un genou par terre comme dans les putain de films romantiques. « … J'en ai déjà trouvé une, je savais pas si t'accepterais mais je me suis dis que tu l'aimerais peut-être quand même. »

(c) oxymort

▬ Sam 11 Mar 2023 - 17:41 ▬

Stuck in a haze

† Let's climb out through the skylight, we can watch the sunset fall into the night-time then roll into the sunrise slowly. We don't need to rush this feeling, feeling, trying is a waste of time. We don't need to rush, just breathe out, breathe in, flying is a state of mind.

ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

Si Alexis s'attendait à tout avec Caleb, elle n'avait pas prévu l'honnêteté, au sens propre. La confiance n'était pas le maître mot de leur relation, en causes la jalousie de Caleb et la propension incroyable d'Alexis de s'entourer très fortement de potes masculins. Mais en dehors de ça, il y avait aussi son "boulot", celui qui faisait qu'il allait tabasser des gens chez eux, les menacer, les torturer, celui qui faisait qu'il braquait des meufs dans des cages d'escaliers pour les lâcher en culotte dans un autre quartier, et celui qui faisait qu'elle ne connaissait pas une très grosse partie de sa vie. Il était un mystère, ne parlait pas beaucoup, se dévoilait à peine, elle fouillait très souvent ses affaires quand il s'absentait -sans aucune gêne, non- mais n'y trouvait jamais grand chose. Ou alors c'était anecdotiques, sa marque de bière préférée, les couleurs récurrentes de son dressing -et il s'habillait bien pour un mec qui n'en avait rien à branler de tout-, son amour exorbitant pour les Timberland qu'il semblait collectionner dans tous les coloris possibles. Des détails intéressants mais rien de trop personnel. Et à mesure qu'il la rassurait -parce qu'elle était naïve Alexis, elle croyait globalement à peu près tout ce qu'on lui disait- elle réalisait quelque chose. Elle n'avait jamais vu ses pièces d'identité, ou même une carte d'assurance maladie, rien, que dalle. Il pouvait bien s'appeler Alberto Martinez qu'elle n'en saurait rien. Elle ne connaissait pas non plus sa date d'anniversaire, le nom de ses parents, ni même d'où il venait vraiment. Autant de questions qu'un inspecteur de l'immigration pointilleux n'hésiteraient pas à poser. Elle ferait une liste des trucs à lui demander.

La chaleur irradia tout son corps, envahit chacun de ses membres, et au moment où il posa les lèvres sur son front elle ferma les yeux, un sourire béat sur les lèvres. Elle les rouvrit une seconde plus tard, toute trace de doute envolée. Elle était folle de ce mec, putain. Son regard se baissa vers ce qu'il tenait et, lentement, ses yeux s'écarquillèrent. Elle ouvrit aussi la bouche mais aucun son n'en sortit, elle avait juste l'air d'un poisson hors de l'eau. Mariage ou pas, la symbolique était forte, et elle ne savait pas si Caleb avait la moindre idée de ce que le fait d'offrir une bague à une femme pouvait signifier, même innocemment, mais elle s'attendait à tout sauf à ça. Encore. Lentement, elle étira ses lèvres dans un large sourire, sans quitter la bague des yeux. Depuis quelques années, elle achetait absolument toutes ses fringues en friperie et les seules choses de valeur qu'elle avait étaient des appareils électroniques, alors un bijou, un vrai ? Alexis adorait les trucs qui brillent. Elle releva les yeux vers lui avec l'air tout attendri. Crédule. « Elle est parfaite. Et elle vient de toi. » Genre c'était impensable. Elle rabaissa les yeux vers la bague avec un petit sourire satisfait et lui tendit la main, attendant qu'il la lui mette, parce que quand même, un peu de convenance.

(c) AMIANTE

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Start of time

Oh today I'm just a drop of water ☽ and I'm running down a mountainside. Come tomorrow I'll be in the ocean I'll be rising with the morning tide.

Everything is so fucked

Alexis Diaz & Caleb Morgan

◊ ◊ ◊

Le fait est qu'il avait jamais fait ça de sa vie – offrir une bague à une meuf, que ce soit pour la demander en mariage ou non. Il en avait eu des copines, jamais longtemps cela dit (Alexis touchait sans doute à son record d'ailleurs) mais s'il fallait bien ajouter un cliché de plus à ses défauts, c'était la peur de l'engagement qu'il entretenait avec une dévotion sans bornes. Il fuyait les « discussions » comme la peste, les moments où elles fronçaient le nez au-dessus de leur verre au cours de la soirée alors que tout roulait jusque là pour dire qu'il fallait qu'ils parlent de quelque chose, ces instants d'hésitation entre les draps quand il commençait à râler au moment de mettre une capote alors qu'il s'y pliait au départ ; il détestait quand elles demandaient « Qu'est-ce qu'on est, tous les deux ? » Parce que putain, tous les deux ça existe pas, jamais, et irrémédiablement quand il disait ça tout tournait court. Quelques unes s'étaient accrochées, poussant pour coller des mots sur la relation qu'il leur faisait vivre, mais il les abandonnait quand elles commençaient à parler de partir en week-end ensemble, d'aller lui acheter une chemise neuve main dans la main ou d'aller faire la connaissance de leurs parents. Hors de putain de question. Il refusait de s’embarrasser de ça, parce qu'il le savait, plus on laissait de place aux nanas, plus elles en prenaient. Il refusait que l'une d'elle s'impose, lui donne des ordres, décide à sa place, ou plutôt il craignait que ça arrive – Victoria. Forcément. Avant elle ce n'était pas grand chose, et après elle rien n'existait réellement. Juste des gonzesses mouchoirs dans lesquelles il se vidait et qu'il dégageait avant qu'elle ne puissent vraiment se prendre à rêver d'un avenir avec lui. Mais, voilà... Alexis avait débarqué de nulle part, elle lui était tombée entre les mains et elle ne voulait pas l'emmener voir ses parents, l'obliger à mettre des capotes ou à s'acheter des chemises neuves. Après s'être vidé, il n'avait pas envie qu'elle dégage de son lit et de son appartement. En fait c'était même l'inverse, elle lui manquait quand elle n'y était pas. Quand il avait compris ça il s'était évidement dit qu'il était le plus gros con fragile de l'univers, mais les faits parlaient d'eux-mêmes : Alexis était sa meuf. Et il voulait pas que ça change. Pire : il refusait qu'elle s'en aille. Oh, parce qu'elle voudrait partir, sûrement, quand elle aurait compris que les américains n'étaient pas tous aussi infects que lui et que d'autres pourraient la traiter bien mieux que Caleb ne le faisait. Ça, il en avait bien conscience. D'où l'idée de mariage. Un moyen un peu honteux de la retenir, de lui faire comprendre qu'il avait beau être un connard, il ferait quand même en sorte qu'elle ne manque de rien avec lui.

Il sentit son cœur devenir plus léger quand le visage de la jeune femme s'éclaircit et qu'elle lui dit que la bague était parfaite. Tant mieux, parce qu'il avait mis une éternité à choisir – parmi le butin d'un prêteur sur gage, à qui il avait d'emblée fait ravaler toute envie de lui donner le moindre conseil. Soulagé, Caleb s'autorisa un sourire et saisit la main de la jeune femme pour glisser l'anneau autour de son annulaire. Et il était pas que soulagé, mais aussi... heureux ? Heureux qu'elle ne l'ait pas envoyé chier, qu'elle ne se soit pas foutu de lui, qu'elle ait accepté. Il observa un moment sa main ornée du symbole de son appartenance, l'air hyper satisfait, et la relâcha. « J'ai demandé un rendez-vous à la mairie, c'est là bas qu'on peut, euh... Faire ça. » Signer les papiers, officialiser. « … C'est demain matin. »
Pressé ? Ouais. « J'sais bien que ça fait que six mois qu'on se connait, mais comme ça t'auras des vrais papiers, personne pourra te dire de dégager, tu pourras faire venir ta famille. Et puis qu'on le fasse maintenant ou dans un an, ça revient au même, nan ? »

Il se racla un peu la gorge comme si la dernière phrase était sortie un peu sans réfléchir. Il n'avait pas envie de lui cacher le fait qu'il tenait à elle – et ça aussi, c'était plutôt inédit pour lui – mais il craignait quand même de trop en faire, dès qu'il laissait transparaître son affection. « … En échange tu travailles avec moi quelques temps, c'est tout. Rien que tu sois incapable de faire. » Ça sonnait purement comme un deal, bien sûr, mais y avait pas que ça. Et elle le savait. C'est ce qu'il se dit en virant une des mèches qui lui barrait le visage pour l'en écarter un peu, et se rapprocher pour l'embrasser – pas sur le front, cette fois, nan, une énorme pelle assez annonciatrice de ce qu'il voulait faire en attendant le rendez-vous du lendemain.

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Stuck in a haze

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ft. @Caleb Morgan
Janvier 2023.

L'anneau brillait autour de son doigt, comme une ultime preuve de son existence. Elle n'avait pas imaginé qu'un jour ses mains qu'elle trouvait enfantins porteraient une alliance, ou du moins pas si tôt, pas dans ces circonstances, pas avec quelqu'un comme lui. Alors bien sûr l'idée de tomber sur un mec de cartel au beau milieu de sa cambrousse lui était déjà passée par la tête, ils étaient nombreux vers chez elle, mais à priori elle avait été trop bien élevée pour que ça devienne un but comme ça pouvait l'être pour pas mal de femmes colombiennes qui tentaient tant bien que mal de rehausser leur niveau de vie. Et les choses ne faisaient que s'accélérer, l'anneau était une chose, les papiers en étaient une autre. « T'as conscience qu'ils vont sûrement envoyer quelqu'un de l'immigration pour vérifier qu'on est bien en couple ? » Elle avait déjà des papiers, grâce à son travail, à Jun, mais tout ça était faux, quelqu'un de vraiment impliqué pouvait le voir. Le mariage, là, c'était réel, il n'y aurait qu'un divorce pour lui retirer tout droit de vivre sur le territoire. Elle avait regardé sur internet -la possibilité de payer quelqu'un pour se marier avec lui avait également traversé l'esprit- et ils venaient généralement dans le domicile de l'américain.e pour vérifier que le ressortissant vivait bien là, avait étalé ses affaires, payait des choses, que le couple partageait sa vie. Une nouvelle source d'angoisse pour la colombienne, qui surmonterait ça comme elle avait surmonté le reste. En jouant le tout pour le tout.

Le baiser dura quelques secondes, des secondes durant lesquelles elle fut moins réceptive que d'habitude. Parce que des choses tournaient dans son esprit et qu'elle n'arrivait pas à se les extirper. Des choses qu'elle jugeait importantes. Elle sépara ses lèvres des siennes, recula un peu le buste pour s'éloigner de lui au cas où il tente de reprendre aussitôt, et elle se lança. « Et toi, de quoi t'es capable ? » Cette question, elle l'avait retenue pendant des semaines, et maintenant c'était l'occasion de jouer carte sur table. « Je sais toujours pas ce tu fais dans la vie. Rien de légal, ça j'ai compris. Visiblement tu tabasses des gens pour récupérer de l'argent et tu vends de la drogue. Mais c'est juste des suppositions et je veux en savoir plus. Je veux tout savoir. Parce que avant c'était pas grave, pas vraiment mon problème, mais maintenant... » Maintenant qu'ils allaient se marier, qu'ils allaient probablement vivre ensemble, leur quotidien allait être chamboulé. « Je veux savoir à quoi m'attendre. J'ai besoin de savoir. Je sais rien de toi. » La dernière révélation avait été difficile à avouer, parce qu'au fond elle se fichait bien de qui il était, elle savait juste que quand elle passait du temps avec lui c'était tendre, torride, chaleureux, et qu'elle aimait ça. Si elle prenait son nom, elle devait savoir à quoi elle se liait.

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Stuck in a haze

Alexis Diaz & Caleb Morgan

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Caleb fronça légèrement les sourcils en sentant qu'elle se dérobait et qu'elle s'écartait de lui, alors qu'il avait plutôt prévu que les choses aillent dans le sens opposé et qu'il la retourne sur son lit, en mode les choses sont réglées, maintenant. Fallait croire que c'était pas le cas pour la colombienne, qui décidément posait beaucoup de questions – heureusement pour Alexis que Caleb était dingue d'elle, d'ailleurs, parce qu'elle était bien plus curieuse que ce qu'il tolérait en temps normal. Les rares fois où il avait eu un semblant de relation avec des femmes depuis qu'il était à Detroit – sans même parler de sortir ensemble, des affaires de quelques jours – il les avait violemment rabrouées quand elles avaient commencé à chercher invariablement à savoir comment il gagnait sa vie, quel était ce travail mystérieux qui lui prenait tant de temps et à des horaires aussi aléatoires. Pourquoi il revenait souvent avec des marques sur le corps, du sang sur ses fringues, qui d'ailleurs n'était le plus souvent pas le sien ? Il les dégageait alors et cessait tout contact avec elles, sans leur donner le moindre semblant de réponse. Mais Alexis... elle n'avait pas insisté jusque là. Elle n'avait même rien demandé. Ce qui était parfait, du point de vue de Caleb, et il fit une moue assez mécontente en reposant les yeux sur elle et en croisant les bras, trahissant son malaise.

« Calme-toi » répliqua-t-il d'une voix grave et pas avenante. Tout ? Elle voulait tout savoir, hein ? Aucune chance qu'il lui donne ça, évidemment, mais il pouvait admettre qu'elle ait besoin de le cerner un peu plus. Il pouvait lui donner des miettes, sans avoir à lui mentir ni à trahir les siens. Et c'est ce qu'il fit. « Je travaille pour une organisation, oui. Je ne vends pas de drogue, même s'il y en a. Moi, je m'occupe surtout de ceux qui ont des dettes envers nous. » Nous. Mot qu'il n'avait jamais utilisé pour les qualifié elle et lui, par ailleurs, mais qu'il lâchait pour parler des Crows. « Je les retrouve et je les convaincs de payer. C'est tout. » C'est tout, mais ça sous-entendait beaucoup de choses. Il était cependant assez clair vu son attitude qu'il ne donnerait pas de détails plus graphiques, et ça même si Alexis était adoubée comme Black Crow par Isaiah lui-même. Il voulait pas lui mettre de sales images en tête, il tenait trop à elle pour ça – et l'idée qu'elle pouvait se faire de lui l'inquiétait, en réalité. « Y en a qui font aussi ce taf de façon tout à fait légale » ajouta-t-il en haussant les épaules, comme si ça justifiait tout. Il recula un peu pour appuyer ses fesses contre le rebord de la table, sans la lâcher des yeux. « T'as rien à craindre. J'ai déjà pris des dispositions pour que tu sois pas mêlée à ça. T'es plus en sécurité maintenant que tu ne l'as jamais été. » En un sens, c'était vrai, parce que s'il réclamait l'aide des corbeaux pour la sortir d'un mauvais pas, il savait qu'ils accepteraient. Et leur aide était plus efficace que n'importe quel appel au 911, il en était convaincu.

« Relax. » Il décroisa les bras, se redressa et se rapprocha à nouveau d'elle pour saisir son menton entre ses doigts, avec une certaine domination sensuelle dans ses gestes – ça n'avait rien d'innocent, justement parce qu'il la connaissait bien, maintenant. « Je veux qu'on soit ensemble. »

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Janvier 2023.

Alexis n'était pas les autres filles. Elle n'aurait jamais accepté de se faire rabrouer et de toute façon, ce n'était pas pour rien qu'elle avait attendu ce moment pour poser ses milliers de questions. Ils étaient mariés. Il était trop tard pour faire demi-tour. Enfin pas vraiment parce que rien n'était signé à ce moment mais dans la tête d'Alexis c'était acté. Et si ça ne devait pas se faire, autant que ce soit maintenant. Alors forcément, c'était Caleb, il n'allait pas cracher le morceau avec des yeux de biche malheureuse, mais elle s'attendait quand même à un semblant de vérité et, à sa plus grande surprise, il la lui donna. Pas en détails, pas entièrement, mais assez pour qu'elle arrête de poser des questions. Parce que le reste, elle l'imaginait très bien. Elle en avait même eu un aperçu qu'elle mettait un point d'honneur à faire comme si ça n'était jamais arrivé et que ce n'était absolument pas un redflag. Elle était d'ailleurs à deux doigts de lui rappeler cet épisode, juste pour le rembarrer quant à son soi-disant rapport à la légalité, mais elle abandonna l'idée. Elle n'avait pas envie de remettre ça sur la table, quelque part au fond d'elle, elle se sentait responsable de ce qui était arrivé. Il était fautif, mais elle n'aurait pas dû intervenir. Un peu comme l'histoire de la jupe et de l'agression. La féministe en elle s'arrachait les cheveux, mais elle était renvoyée sous le tapis par l'amoureuse transie. Une belle cruche.

Elle buvait ses paroles. Posait une confiance aveugle en lui. Comme s'il était intouchable, comme si elle avait touché une sphère tellement haute et inconnue qu'elle ne pouvait percevoir les faiblesses que ça amenait. Et il avait l'air tellement sûr de lui... A un point qui lui donnait atrocement chaud. Elle releva la tête sous la pression douce de ses doigts, venant confronter son regard avec l'envie dévorante de lui bouffer les lèvres. Elle buvait ses paroles. Naïvement. De bon coeur. « Je te fais confiance. » Une affirmation, autant pour le convaincre lui que pour se convaincre elle, déjà pourtant bien ravagée par ses sentiments. Et elle n'y tenait plus. La chaleur qu'il faisait naître au creux de son ventre lorsqu'il la regardait comme ça, c'était trop. Elle attrapa son visage entre ses mains et l'embrassa, avec une fougue qui laissait peu de place à l'imagination. Son corps se pressa contre le sien, le poussant avec la conscience parfaite que si elle y arrivait, c'était parce qu'il le voulait bien, et tout ça ne faisait que rendre la chose encore plus excitante. Elle poussa Caleb contre la table sur laquelle il était encore il y a quelques secondes, sans quitter ses lèvres, qu'elle mordait, embrassait, dévorait, et ses mains s'affairaient déjà à ouvrir son pantalon pour mieux tirer ensuite dessus et le faire tomber le long de ses jambes. Alors, seulement, elle quitta ses lèvres pour attraper son t-shirt et le lui enlever. Là, elle se figea, quelques secondes, le temps d'admirer quelques instants le corps de son mari -oh my god-, puis elle revint tout contre lui pour embrasser son cou tandis que sa main glissait à l'intérieur de son boxer pour venir y caresser la forme généreuse.

(c) AMIANTE

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‡ ▬ BEYOND THE VEIL ▬ ⚖