mind of stone, heart of glass · ft. taemin

mind made of stone, heart of glass

thought I found a way out but you never go away

tw ; dépression

L’histoire commence par de petites, innocentes et succulentes tartes aux oeufs. Spécialité d’origine portugaise, importée en Corée du Sud et adorée par une grande partie de la population, elle trouvait même une place à Detroit dans une petite boulangerie pas très loin de l’université que Jin-Ho avait découverte après une séance de running, quelques semaines auparavant. Incapable de se contrôler, il avait acheté quatre de ces petites bombes de crème à la vanille. Beaucoup trop sucrées pour lui, elles avaient terminé leur vie dans le frigo de Taemin. Parce que, si son ami l’avait effectivement questionné sur l’origine de ce cadeau impromptu dans son réfrigérateur, il n’avait pas rechigné à les manger, lui. Et les avait même appréciées. Commentaire qui n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Les tartes étaient devenues des résidentes régulières si bien que même Shadow avait réussi à en dévorer une par mégarde.

Mais quand l’arrivée d’une nouvelle boite ne faisait que s’ajouter à la précédente, il les ramenait à Aaron. Et quand, même dans leur appartement partagé, le frigo commençait à trop en compter, il ne faisait qu’en rajouter. A chaque fois qu’il s’en allait courir, Jin-Ho s’arrêtait quelques minutes, saluait la vendeuse, achetait les petites merveilles, les ramenait, les offrait, les jetait même parfois avant d’arriver à l’appartement. Incapable de les manger, incapable de s’arrêter de les acheter. Elles remplissaient d’autres estomacs, alors qu’il oubliait de remplir le sien. Protéines absentes, son corps s’était légèrement amaigri ces derniers temps, comme un animal perclus par le froid de l’hiver, comme si la neige justifiait une absence d’appétit qui ne revenait pas.

Mars arrive et la présence de Jin-Ho, mentalement comme physiquement se fait plus rare, comme la neige sur Detroit. Enfermé dans sa chambre entre les cours et le boulot, il esquive les sorties avec Taemin, sous prétexte d’étude et de travail. Il se complaît dans leurs échanges physiques qui lui permettent d’oublier cet état d’esprit lent et distrait qui est le sien depuis trop longtemps puis disparaît avant que la conversation puisse tourner sur d’autres sujets.

Comme … quoi ? Des inquiétudes légitimes ? Des sujets plus sérieux ?

C’est une notification instagram qui finira par tout chambouler. Ce mince équilibre qu’il s’efforçait de conserver… il s’effrite à la vue d’une simple date, d’un simple rappel, de quelques mots sur son écran. Il ne quittera pas son lit ce jour-là. Ni le jour suivant. Son téléphone arrivera à bout de batterie sans qu’il ait répondu aux divers messages qui demandent de ses nouvelles. Un mot pour le boulot : il est malade. Même si ce n’est pas vrai, il n’est que stagiaire, non payé, qui n’ira pas plus en cours qu’au bureau.

Silence et solitude ne seront interrompues que par la présence d’une boule de poils. Aaron aura laissé Zelda entrer, une ou deux fois. Mais Aaron est aussi présent en ces murs que l’esprit de Jin-Ho, ces temps-ci. Absent, il s’éclipse discrètement, ne revient que beaucoup plus tard, voire le lendemain, sans que Jin’ ne tienne un journal de ses allées et venues. Il se rend simplement compte, entre un sommeil perturbé et un éveil illusionné, que l’endroit est simplement plus calme que ce qu’il aurait dû.

Elle est là pour lui tenir compagnie. Elle lui murmure doucement à l’oreille alors qu’il tente d’oublier son existence. Elle le pousse à bout, l’oblige à hurler, lui demander de dégager. Elle ne part pas, Eun-A. Elle reste là, avec son sourire triste et ses yeux de biche, elle continue de le torturer par sa simple présence silencieuse.

Jusqu’à ce qu’un jour, il entende un claquement à la porte. Aaron s’en va ouvrir. Et sort, par la même occasion. Jin-Ho referme les yeux, sans se rendre compte qu’il les avait ouvert, prêt à repartir dans son demi-sommeil, sans se rendre compte qu’Aaron n’attendait personne pour s’en aller, et qu’il a simplement laissé sa place à quelqu’un d’autre.