Mieux vaut un ennemi sage qu'un ami stupide

04 février 2024

J'ai beau ne pas être quelqu'un de très intelligent ou de très prudent, il y a des choses que je n'ai jamais envisagé de faire. Comme par exemple d'avoir l'idée stupide – non, plutôt totalement débile – de débarquer sur le territoire d'un gang rival et d'essayer de leur piquer leur commerce. J'ai tendance à penser que si je suis capable de comprendre que c'est une idée suicidaire, ça veut dire que c'est à la portée de n'importe qui. Mais apparemment, ce n'est pas le cas !
Quand j'ai reçu l'appel d'un numéro inconnu, j'ai songé à l'ignorer pour occuper ma soirée à autre chose qu'à me faire arnaquer ou emmerder par un inconnu, mais j'ai changé d'avis sans trop savoir pourquoi. Dès que j'ai décroché, une voix paniquée s'est déversée dans mon oreille, et j'ai été obligé de calmer les ardeurs de mon interlocuteur en lui gueulant de se calmer et de tout me réexpliquer plus posément. Il a fallu deux nouveaux essais avant qu'un gamin qui se fait surnommer Skunk ne m'explique qu'il avait eu l'idée débile d'aller sur le territoire du B-Bang Gang pour essayer de leur piquer des clients. Quel abruti. J'ai songé à le laisser se démerder puisque je lui avais déjà répété plusieurs fois qu'il devait rester sur notre territoire, mais non ! Il sait tout mieux que tout le monde. Sauf que je ne peux décemment pas agir comme ça. Cet imbécile a beau être un abruti complet, ça reste un gars des Devils Diciples et je n'abandonne pas un frère en mauvaise posture. Je lui ai donc dit de se planquer, de me dire où le trouver et de faire profil bas jusqu'à ce que je débarque, puis j'ai raccroché avant de prendre ma moto pour le diriger vers le territoire de nos rivaux.

C'est comme ça que je me retrouve à traîner mes guêtres dans ces rues. J'ai pris soin de laisser ma précieuse moto à bonne distance, aussi bien pour ne pas attirer l'attention que pour éviter de la retrouver démolie par des connards revanchards. Cela dit, je n'ai pas abandonné mon cuir, même si je sais que j'aurais peut-être été plus malin de ne pas afficher aussi ouvertement mon appartenance à un gang rival. J'ai passé cinq ans à l'ombre, et les choses progressent vite dans le milieu des gangs, je ne suis pas convaincu que beaucoup des petits nouveaux connaissent mon visage dans le coin. Mais j'ai ma fierté, et celle des DD, il est hors de question que je me planque, même pour sauver les fesses d'un petit con avec un pois chiche dans le crâne.

Ma patience est mise à rude épreuve quand j'arrive au lieu du rendez-vous et que je ne trouve pas le fameux crétin. Ou est-ce qu'il a filé cet abruti ? Il s'est fait chopper ? J'hésite un bref instant avant de rappeler le numéro inconnu et de porter le téléphone à mon oreille. C'est un vieux clou qui sert juste à envoyer et recevoir des messages ou des appels, mais ça me suffit largement. Ça évite aussi qu'on essaye de me le piquer ! Cela dit, avec mes vieilles fringues élimées, je crois que je ne fais pas une cible de choix.
Le téléphone sonne plusieurs fois et je suis à deux doigts de raccrocher lorsque Skunk prend enfin.

« Mais putain, t'es où espèce d'abruti ? J'suis là où t'as dit, et t'es pas là ! Je lâche d'un ton agacé.
— Ouais, cool mon frère ! J'ai dû me tirer dans la rue d'à côté, y'avait des gars qui tournaient dans le coin.
— Des gars ? Du B-Bang Gang ?
— Je crois... Je sais pas... C'était des noirs. Je lève les yeux au ciel.
— Ouais, comme une bonne partie d'la population d'cette ville. Bouge pas, j'arrive. Et te barre pas, pigé ? »

Je soupire tout en raccrochant avant de glisser le téléphone dans la poche de mon jean, puis je balaye les environs du regard pour repérer la fameuse ruelle. Bordel, aller se fourrer dans une petite ruelle avec seulement deux issues, est-ce qu'il est totalement con ou totalement suicidaire ? Pestant intérieurement, je finis par me diriger vers l'entrée du passage où je repère une silhouette un peu plus loin. Je presse le pas jusqu'à arriver à sa hauteur pour constater que c'est bien le crétin que je cherche. Sans un mot, je lui adresse un signe de la tête pour lui dire de me suivre, puis je fais volte-face pour nous entraîner jusqu'à l'entrée de la ruelle. Sauf que je suis finalement contraint de m'arrêter après quelques pas : une silhouette suivie d'autres apparaissent bientôt, bloquant notre progression. On pourrait tenter de passer de l'autre côté, mais je n'ai pas envie d'exposer mon dos à ces inconnus – qui n'en sont pas réellement – alors je décide de faire quelques pas, suffisamment pour pouvoir distinguer les visages des gars dans la pénombre, tout en gardant une distance de sécurité très relative compte tenu de la situation épineuse dans laquelle nous nous trouvons. J'ai les mains hors de mes poches histoire de ne pas les provoquer inutilement. Un sourire faussement amusé et détendu se dessine sur mes lèvres et je lève légèrement mes bras comme pour les saluer avant de les laisser retomber le long de mon corps.

« Bah ça alors, on peut dire qu'ça se bouscule ici ce soir. Y'a une fête et on a oublié d'me l'dire ? Je secoue légèrement la tête. Dommage, on va devoir y aller. Si ça vous gêne pas d'reculer pour libérer le passage... »

On ne sait jamais, le bluff peut fonctionner, non ? Peut-être qu'en demandant à peu près gentiment ça va passer comme une lettre à la poste ?

@Jaydee King

Évidemment, mon coup de bluff ne fonctionne pas, mais ce n'est pas comme si j'y ai cru une seule seconde. Je sais très bien qui est ce gars, et je me doute que je vais avoir du mal à nous tirer de cette affaire. À cet instant précis, j'ai vraiment envie d'en coller une au crétin derrière moi, mais je sais que je dois jouer le rôle de bouclier et essayer de sauver les meubles. On n'abandonne pas les frères, qu'ils soient cons comme leurs pieds ou pas. Mon regard reste posé sur le visage de mon interlocuteur, mais ça ne m'empêche pas de garder les autres dans mon champ de vision. C'est un truc qu'on m'a appris en prison : surveiller tout le monde, mais sans en avoir l'air. Il faut bien que ça serve, non ?

Comme la situation se présente mal pour nous, je comprends que je vais devoir la jouer finement. Mes prunelles se détournent brièvement du visage du gars, se baladant sur les murs tagués à côté de nous comme pour laisser penser que je ne suis pas stressé pour un sou. Est-ce le cas ? Non. Je suis tendu, mais j'ai appris à ne pas le montrer, contrairement au crétin derrière moi que je sens suer de trouille.

« Bah, il serait sacrément con d'le faire vu qu'on est sur votre territoire, nan ? Un sourire ourle mes lèvres alors que mon regard se repose sur le gars. J'sais bien qu'il a l'air pas très futé, mais y'a une marge entre être con et vous provoquer gratuitement, t'crois pas ? »

C'est une question rhétorique, mais je crois que nous savons tous les deux que ces petits jeunes pensent tout mieux savoir que les anciens. Cet abruti s'est imaginé qu'il allait marquer des points en venant dealer sur le territoire de nos rivaux, mais il n'a pas songé aux risques qu'il prenait, ni aux répercussions qu'il pourrait y avoir sur le gang. Nous avons beau être rivaux, je pense qu'on peut avoir une discussion sensée. Enfin, j'espère, sinon je ne donne pas cher de notre peau. J'ai beau savoir me défendre, nous ne ferons pas le poids face à un groupe entier. Il s'agit donc de faire profil bas et de limiter la casse.

J'ai laissé passer quelques instants de silence avant de reprendre la parole d'un ton qui se veut toujours détendu. Habituellement, j'ajoute une touche de provocation et de moquerie, mais je sais bien que ce n'est pas le moment idéal pour tester mon sarcasme.

« Écoute, j'serais vraiment ravi d'te raconter mes aventures passionnantes en Enfer, mais j'crois pas qu'ce soit l'moment idéal. Un sourire ourle à nouveau mes lèvres alors que je poursuis. J'suis juste venu chercher mon pote. Il est nouveau dans l'coin, t'vois, il s'est paumé dans l'quartier et il s'est retrouvé là. C'est drôle l'hasard, hein ? »

Je me demande combien de temps il va mettre avant de changer de ton et de se montrer beaucoup plus ferme. Évidemment, j'ai compris qu'il ne négocie pas et qu'il ne va probablement pas nous laisser filer sans vérifier ce que l'abruti derrière moi a dans les poches, mais je ne risque rien à tenter le coup. Enfin si, je peux l'énerver et le rendre moins clément, mais on n'a rien sans rien malheureusement. Tout en faisant mon cinéma, je me demande combien l'idiot peut avoir en poche. J'ignore s'il a beaucoup vendu. Si ça a été un échec, on pourrait mentir en prétendant que c'est de la consommation personnelle, mais s'il a tout liquidé, ce sera plus compliqué de justifier la présence d'autant de fric. La situation est compliquée, il y a trop d'inconnues pour que je me lance aveuglément. Alors j'essaye d'arrondir les angles.

« J'te propose qu'on voie ça tous les deux. L'mêle pas à ça, c'est un paumé et à part s'pisser dessus, y fera pas grand-chose. J'entends l'idiot renifler d'agacement, mais il a l'intelligence de ne pas riposter. Mon regard ne quitte pas celui de mon interlocuteur. J'suis sûr qu'on peut s'entendre. »

Ou pas. Je ne sais pas comment ça va tourner, je ne négocie pas avec les gars des gangs rivaux et je m'arrange pour ne pas en croiser. On ne peut pas vraiment dire que je suis le genre de mec qui sait se faire apprécier des autres : j'ai déjà du mal à sympathiser avec les autres Devils, alors avec un black du BBG ? Je n'y crois pas. Mais ce n'est pas parce que nous ne sommes pas voués à devenir amis qu'on ne peut pas trouver un terrain d'entente, non ? Dans le cas contraire, j'espère simplement que le crétin derrière moi sait courir assez vite pour éviter les balles, parce que je suis certain qu'ils ne sont pas venus ici les mains vides.

Je vois bien que les gars qui accompagnent mon interlocuteur piaffent d'impatience à l'idée de nous remettre à notre place, mais je ne m'inquiète pas vraiment : ils ne feront rien tant qu'ils n'en auront pas reçu l'ordre, alors je ne quitte pas le chef de ce petit groupe du regard. Honnêtement, je ne sais pas du tout ce qui va se passer. Pour ce que j'en sais, ils pourraient bien décider de nous régler définitivement notre compte histoire de faire un exemple et les Devils ne pourraient même pas s'en offusquer puisque nous ne sommes pas sur notre territoire. Une fois de plus, je me promets de passer un sacré savon à l'autre abruti si jamais on s'en sort, mais le doute est encore trop présent pour que je me mette à échafauder des possibilités d'avenir.

Je ne suis pas très surpris pas la réaction de mon interlocuteur, et lorsque ce dernier me précise qu'il ne va pas se laisser amadouer, je comprends que la situation va être très tendue. Évidemment, je pourrais tenter d'intervenir quand l'un des gars s'approche du gamin pour fouiller ses poches, mais je sais très bien que ce serait inutile et stupide, alors je reste silencieux, esquissant juste un geste discret à l'attention de mon binôme pour lui faire comprendre qu'il doit coopérer. On est en situation de faiblesse, alors il faut jouer le jeu et attendre qu'une bonne occasion se présente. Comme le gars m'invite à voir mes intérêts dans cette histoire, je comprends qu'il me laisse peut-être une chance de m'en tirer indemne, mais même si c'est le cas, je ne la saisis pas et je secoue légèrement la tête avant de répondre d'un ton calme.

« Et toi, t'laisserais tomber un d'tes gars, même s'il avait fait une connerie ? C'est p't'être un con, mais c'est un des nôtres. »

Autrement dit, je vais assumer ses conneries et cela même si j'ai envie de l'étriper moi-même. C'est comme ça dans le milieu : on a beau désapprouver les agissements d'un gars du gang, on le soutient malgré tout. Qui plus est, la fidélité et la dévotion sont inscrits dans mon ADN, ne viens-je pas de passer cinq ans en prison pour sauver les fesses d'autres gars des Devils ? Quelques menaces et cicatrices ne font pas vraiment le poids face à ça, sauf si mon interlocuteur décide de faire un exemple et de frapper fort. Là, ce sera autrement plus douloureux, mais ça ne change rien à ma décision.

Évidemment, le gosse est fouillé, et évidemment, il a tout ce qu'il faut pour nous foutre dans la merde. Je ne regarde même pas le résultat de la fouille, parce que je sais très bien que ça sera suffisamment évocateur pour que nos hôtes comprennent ce qu'il foutait ici. Mon regard reste posé sur le visage mat du chef de cette petite troupe, et quand je vois ses yeux se poser sur moi, je hausse légèrement les épaules tout en m'appliquant à conserver une attitude nonchalante. Montrer que je stresse ne servirait à rien, autant avoir l'air détendu et leur laisser penser que je suis sûr de moi. Parfois, ça fait son petit effet.

« Bon, inutile d'tourner autour du pot : il est venu vendre quelques trucs sur votre territoire comme t'l'as pigé tout seul. Je le quitte quelques secondes du regard, le temps de jeter un œil à la montagne de billets pour comprendre que c'est encore pire que ce que je croyais. C'un petit merdeux qui veut montrer qu'il en a dans l'caleçon, alors l'a été assez con pour venir chez vous et montrer aux autres du gang qu'on peut s'faire du fric ici. J't'apprends rien : à c't'âge-là, ils sont un peu débiles. »

Je ne prends pas la peine de jeter un coup d’œil au débile en question parce que je me doute qu'il doit être à deux doigts de se pisser dessus. Moi-même, je ne fais pas le fier, parce que je sais qu'un coup de couteau peut partir très rapidement. C'est d'ailleurs pour cette raison que je garde mes bras ballants le long de mon corps, histoire de pouvoir parer ou détourner une éventuelle attaque. Mes yeux croisent à nouveau ceux du gars qui tient sans doute notre vie entre ses mains, et j'entame les négociations.

« On est chez vous, ça m'semble donc normal qu'on vous file la moitié du fric. Mais c'notre drogue, alors faut qu'on s'y retrouve un minimum. J'sais bien qu'j'suis pas en position d'négocier, mais t'admettras qu'c'est un incident isolé. On vous a jamais vraiment causé d'emmerdes d'ce côté-là. J'suis sûr qu'on peut trouver un accord qui conviendra à tout l'monde. »

Ou pas. Je me doute qu'il va réclamer davantage que la moitié, et très franchement, c'est ce que je ferais si les rôles étaient inversés ! Mais c'est justement pour cette raison que je commence aussi haut : en partant sur un échange plutôt bien équilibré, je me laisse une petite marge de manœuvre. J'espère pouvoir éviter de perdre tout le fric qu'il a gagné, parce qu'il a dû liquider pas mal de stock vu le beau paquet d'argent qu'ils ont tiré de ses poches, mais si c'est le prix à payer pour qu'on reste en vie tous les deux, ce sera un moindre mal. Évidemment, il se fera proprement taper sur les doigts une fois de retour sur notre territoire, mais ça ne sera qu'une blague à côté de ce que ces gars sont prêts à nous faire, je n'en doute pas une seule seconde !

Lorsque je vois un rapide sourire passer sur les lèvres du jeune, je comprends que ça ne sent pas bon pour nous. Vraiment pas. Quelque chose me dit qu'il a d'ores et déjà une idée derrière la tête et qu'il s'en régale d'avance. Puis-je lui en vouloir ? Non, parce que je sais que si les rôles étaient inversés, je ferais exactement la même chose. Nos gangs sont rivaux, on peut même parler de guerre à un certain stade, et je sais parfaitement qu'un gars moins raisonnable nous aurait déjà descendus avant d'abandonner nos cadavres dans un coin sombre. Ou peut-être en pleine lumière, tout dépend de l'effet recherché. Je sais que je ne peux pas faire grand-chose à ce stade-là, hormis croiser les doigts et espérer réussir à orienter la négociation à notre avantage, mais j'ai suffisamment entendu parler de ce jeune pour savoir que je n'ai pas affaire à un débutant – ni à une Mère Thérésa. Il ne va pas nous faire de cadeaux et je ne peux pas lui jeter la pierre.

Arrive enfin son verdict, et comme je m'y attendais, tout l'argent y passe ! C'est dommage, mais pas regrettable, parce que je comprends bien ce que ça signifie et il le confirme dans sa phrase suivante : on risque beaucoup plus gros que de perdre du fric. Je sens le stress monter d'un cran et mon cœur s'emballe. J'ai beau me droguer parfois jusqu'à l'inconscience et me moquer des effets que ça aura sur ma santé, je ne suis pas suicidaire pour autant, et si je pouvais éviter de mourir ce soir, ça me conviendrait aussi bien ! Je sais que le gamin partage mon avis, et je pense que de nous deux, c'est probablement lui qui risque le plus gros. Les pensées défilent à toute vitesse dans mon esprit alors que je m'efforce de garder mon masque impassible et mon maintien détendu, et je ne quitte pas le jeune du regard quand il se rapproche de moi, restant tout de même sur mes gardes. Je doute qu'il me poignarde par surprise : il doit préférer se régaler en faisant durer le plaisir, mais je reste malgré tout prudent. Je ne vais pas l'attaquer parce que je sais bien que ça signerait notre arrêt de mort, mais j'avoue que ça me démange. Pour un gars comme moi qui aime prendre les choses en main, c'est difficile d'attendre le verdict d'un autre. J'espère pouvoir l'influencer, mais le doute persiste alors que je prends la parole d'un ton qui se veut détendu.

« Pas grand-chose j'pense. Je laisse passer quelques secondes de silence, semblant hésiter avant de reprendre d'un ton contrit. J'étais pas mort ces dernières années, j'étais en taule, j'viens juste d'sortir, et mon premier petit protégé m'fout dans la merde. T'crois qu'les gars d'mon gang vont penser quoi d'un mec qui s'fait coller au trou avant d'laisser son protégé perdre tout son fric en allant sur l'territoire d'un gang rival ? Je hausse les sourcils avant de conclure par moi-même. Qu'c'est un boulet et qu'il vaut pas l'coup d's'emmerder. Désolé, s't'espérais tirer l'gros lot, c'pas vraiment l'cas. »

Ce n'est pas tout à fait vrai, et je pense que le fait que j'ai passé cinq années au tour pour protéger d'autres gars des Devils m'a plutôt rendu sympathique aux yeux de pas mal des bikers du gang. Oh, je ne suis pas franchement sociable ou agréable, alors je sais bien qu'il y en a un paquet de mecs qui seraient heureux de me voir crever dans une ruelle, mais je pense que ça reste assez secondaire. Au mieux, je dois laisser indifférent. Je ne suis pas un gros ponte, je suis juste un mec du gang qui fait ce qu'on lui dit. Ça vaut ce que ça vaut, mais je pense que ça a plus de valeur que ce que je prétends. Cela dit, le petit jeune a beau être futé, il ne peux pas savoir tout ça, et je compte bien exploiter cet avantage. Après quelques secondes de silence, je reprends la parole en décidant d'aller au-devant des problèmes en l'interrogeant directement.

« On va pas tourner autour du pot, dis-moi plutôt c'que t'as en tête. J'suis pas une putain d'souris avec laquelle t'peux jouer pour passer l'temps. Je sais que ce n'est pas forcément malin de le provoquer, mais c'est dans ma nature. J'imagine qu't'as envie d'nous laisser un petit souvenir ? T'peux toujours t'en prendre au gosse, mais tout l'monde s'en fichera. Et franchement, vu sa gueule, s'tu lui arranges l'portrait, sa régulière voudra même plus lui adresser la parole. J'suis sûr qu'tu peux être compatissant s'tu l'veux bien. Un sourire un peu provocateur ourle mes lèvres. J'pense pas qu'tu gagneras grand-chose à t'en prendre à lui. Mais s'tu penses qu'ça t'rendra sans pitié, fais-toi plaisir. »

Je hausse les épaules, me demandant si le jeu de la provocation va avoir un quelconque effet sur lui. Je sais que mon petit sourire suffit parfois à agacer les gens et à les pousser à oublier le reste, mais je ne tiens pas pour autant à me faire arranger le portrait à cause de ce petit con. Tout est question d'équilibre, et on ne peut pas dire que j'ai été quelqu'un de très équilibré au cours de ma vie. Finalement, je ne suis absolument pas sûr de m'en sortir en minimisant les dommages au maximum.

Je note que j'ai touché un point sensible et que mon charismatique interlocuteur semble ne pas apprécier ma provocation. Si on n'était pas en si mauvaise posture, j'aurais sans doute esquisser un sourire, mais là je me contente de faire profil bas et de soutenir son regard quand il darde ses yeux dans les miens. Je sais qu'il pourrait me planter d'un simple geste, et j'ai beau me tenir sur mes gardes, je ne crois pas que je pourrais éviter de me faire ouvrir comme un poisson s'il décidait d'effacer l'affront avec du sang. Alors j'attends. J'essaye de me seriner de rester calme, de la fermer et d'arrêter de jouer les provocateurs, mais je sais que malheureusement mon cerveau et mon bon sens ne sont pas très bons amis. Il commence à me provoquer à son tour et à titiller mon orgueil, mais fort heureusement pour moi je n'en ai aucun. Je sais ce que je vaux, pas grand-chose pour être honnête, et seul l'avis d'une personne qui compote pour moi pourrait me faire douter. Or, à ce jour personne ne correspond à ce profil à Detroit, ça règle donc le problème. Je ne détourne pas le regard, et je me contente de répondre d'un ton neutre.

« P't'être bien, ouais. »

Est-ce que j'ai peur de me faire corriger par les autres Devils ? Pas trop, non. Déjà parce que ce n'est pas vraiment ma faute, même si je vais devoir assumer en partie l'erreur du gosse, et ensuite parce que j'ai mérité leur respect ! Mais ça, mon nouvel ami n'a pas besoin de le savoir, et visiblement il a autre chose en tête pour nous deux. Je dois admettre qu'il a de bonnes idées, c'est un gars créatif à tous les coups ! L'idée de taper sur la gueule du gamin ne m'enthousiasme pas forcément, mais ça ne m'emmerde pas pour autant. Il l'a mérité, soyons honnêtes, et même s'il va en manger plus que ce que j'aurais pu lui mettre si nous survivons, peut-être que ça lui sauvera la vie plus tard ? En tous les cas, je ne compte pas faire les choses à moitié ou je sais que ça risque de nous retomber sur la gueule et d'être encore plus douloureux. Après avoir jeté un coup d’œil au gamin, je reporte mon attention sur le gars toujours trop proche de moi.

« À vos ordres, chef, dis-je d'un ton presque neutre, mais où perce une pointe de sarcasme qui refuse de s'effacer. »

Je sais que je le provoque inutilement, mais je n'ai jamais été très raisonnable comme mec. Je recule d'un pas et je pivote pour regarder le gamin. Je sais bien que ça ouvre la possibilité de me planter un poignard dans les côtes, mais de toute manière ces gars peuvent nous tuer en un claquement de doigts s'ils en ont l'envie, alors je dois revoir mes priorités. Sans me faire désirer et sans tergiverser davantage, je ferme ma main en un poing assuré que je colle sans hésiter dans le ventre de mon petit protégé. Évidemment, il lâche un couinement de douleur et j'entends déjà les premiers sanglots arriver. Franchement, qu'est-ce qu'il fout là ce gosse ? Il n'a pas sa place sur le terrain ! Mais il y est, alors je fais avec. Le fait de ne pas avoir d'empathie pour mes semblables me facilite la tâche : après le premier coup et en ignorant les gémissements du mioche, j'enchaîne avec d'autres tout aussi forts, voire davantage. J'ai conscience du fait que je ne dois pas faire les choses à moitié et j'espère me montrer à la hauteur. Pour autant, même quand le gamin se plie en deux au point d'obliger le gars du B-Bang Gang à le soutenir, je n'arrête pas. Il finit par tomber par terre où il se recroqueville sur lui-même comme une crevette, mais je lui envoie quand même quelques coups de pied bien placés qui accentuent les pleurs et gémissements du mioche. Après un certain temps et en voyant que mon protégé en a déjà bien pris, je prends l'initiative de m'arrêter et j'ouvre enfin ma main devenue douloureuse à force de frapper, puis je la secoue légèrement pour faire passer cette sensation désagréable. Mon rythme cardiaque s'apaise à peine parce que je sais que ce n'est que le début du petit jeu de nos hôtes, mais je m'efforce d'afficher une expression détendue, presque comme si nous étions entre potes. Mes yeux se reposent sur le jeune.

« Alors, satisfait ? S't'avais vraiment voulu t'amuser, t'aurais p't'être dû lui dire à lui d'me taper dessus, ça aurait été beaucoup plus amusant pour toi j'pense. »

Je sous-entends que je n'ai aucun problème à frapper l'un de mes alliés, ce qui est tout à fait le gars. On a beau appartenir au même gang, je ne m'entends pas avec tous les Devils et ça m'est déjà arrivé de me battre avec certains d'entre eux. Là, c'était juste sur un gamin sans défense, mais je n'ai pas assez de bonne conscience pour culpabiliser à cette idée. Baissant les yeux vers ma main pour vérifier que je ne me suis pas ouvert en le frappant au mauvais endroit, je reprends la parole, espérant attirer l'attention sur moi. J'ai beau me moquer de la douleur du gosse, je n'ai pas envie qu'il crève et la meilleure chose à faire pour l'éviter reste de cristalliser l'attention des gars du B-Bang Gang sur moi.

« J't'ai vexé avant ? T'accorde d'l'importance à c'que j'pense d'toi ? »

Le ton est à la fois amusé et moqueur. Je sais très bien que ça risque de me coûter cher, mais ils ne seront pas soulagés tant qu'ils ne se seront pas défoulés un peu. Je ne suis pas idiot, je sais bien qu'ils ne nous laisseront pas filer comme ça. Autant essayer de régler ça rapidement et en minimisant les dégâts sur le gosse. Moi, je sais ce que je peux encaisser. Reste juste à voir s'ils ne dépasseront pas les limites.

Je sens que je suis en train de tirer sur la corde et que ça peut déraper à tout moment, et je sais que rien ne me prouve que je peux sauver nos fesses en les provoquant comme ça, mais je n'ai pas beaucoup de possibilités à portée de main. Peut-être que je gagnerais à la fermer et à faire profil bas, mais ça pourrait aussi empirer la situation. De toute manière, je crois qu'il est un peu tard pour changer mon fusil d'épaule : j'ai commencé avec la provocation, je ne peux pas devenir aussi doux qu'un mouton sans qu'ils ne s'imaginent que je tente de les enfler. Je reste donc sur la même ligne directrice et j'attends de voir ce que mon nouvel ami a décidé pour le gosse et moi, observant une fausse neutralité quand il badine. Montrer ma peur ne servirait à rien, ils doivent se douter que je ne m'en fous pas réellement, mais parfois ça suffit à en décourager certains. Bien entendu, j'ai beau fanfaronner, je flippe quand même : je n'ai aucune envie de crever ici, et je sais que ce gars peut décider de me planter sur un coup de tête. Que pourrais-je faire à part crever ? Je ne suis pas de taille à lutter contre trois gars, surtout quand un du lot est plus grand et plus baraqué que moi. Non, mais seule chance réside dans ma capacité à les amadouer. Dommage que je sois merdique aux négociations.

J'essaye de conserver mon flegme parfaitement factice, et je me laisse même aller à une petite remarque quand mon interlocuteur m'annonce de but en blanc qu'il ne m'aime pas. Ça sent mauvais pour la suite, mais ce n'est pas vraiment une surprise.

« Oh, t'es pas l'seul, t'en fais pas. J'fais souvent cet effet-là, pourtant, j'suis un gars sympa au fond. »

Pour le coup, je ne mens pas totalement : il y a un bon paquet de gars qui ne m'aiment pas dans le gang, et même en dehors, mais j'abuse un peu en prétendant que je suis un mec sympa. En fait, c'est faux : je suis antipathique, rien de plus, rien de moins ! Mais je doute que le mafieux me croie si je lui balance ça ! En fait, il a l'air bien plus intéressé par le gamin, mais ce dernier n'est clairement pas en état de parler. Est-ce que ça m'inquiète ? Je ne sais pas. Je sais que je ne suis pas venu ici pour dealer et nous savons tous les deux que je lui avais interdit de foutre les pieds ici, mais il pourrait bien mentir pour essayer de sauver sa peau en vendant la mienne. Ai-je confiance en lui ? Absolument pas, et ça m'inquiète un peu. Malgré tout, j'essaye de garder mon calme, même si je sens que les emmerdes ne vont pas tarder à devenir une véritable plaie. Peut-on être dans une position encore plus compliquée ? Apparemment oui ! Quand mon attention se reporte sur le jeune et que je l'entends annoncer ce qu'il a en tête, mon sang ne fait qu'un tour. Évidemment, quand l'autre abruti m'a appelé en urgence, je n'ai pas eu le temps de faire un crochet par une planque du gang pour y déposer mon fric et ma drogue, j'ai donc encore tout sur moi. C'est une énorme erreur, j'en ai bien conscience, mais je pensais vraiment récupérer le gamin en bordure du quartier du gang, sans avoir à m'y aventurer. Je sens que la situation va vraiment déraper sous peu, mais que puis-je faire d'autre que de me laisser faire ? Instinctivement, j'esquisse un mouvement de recul avant de m'immobiliser en songeant que ça ne servira à rien. Je lève les bras comme pour indiquer que je ne compte pas recommencer, puis j'essaye vainement de détourner l'attention avec une nouvelle provocation lancée à mon fan numéro un.

« J'espère qu'c'est pas une excuse pour pouvoir m'tripoter. L'prends pas mal, mais t'es pas franchement mon genre. »

Évidemment, remettre en doute sa sexualité ne va pas éviter la fouille, mais sait-on jamais ? Certains mecs sont tellement homophobes qu'ils peuvent se sentir humiliés en entendant ça. Pour ma part, je n'aime pas ça non plus, mais je ne suis pas un extrémiste et je suis prêt à table là-dessus si ça peut me sauver la peau. Malheureusement, ça ne suffit effectivement pas à m'éviter le pire, et après une fouille qui nécessite un peu d'expérience – je ne range pas ma drogue, mon fric et mon couteau dans la première poche venue – mes nouveaux potes peuvent admirer une belle somme en argent accompagnée d'un paquet de drogue et d'un couteau papillon rangé à portée de main. Me doutant de ce qui risque de passer dans l'esprit de mes hôtes, je prends les devants pour justifier tout ça.

« J'ai pas vendu sur votre territoire, j'étais en plein boulot quand l'autre idiot m'a appelé, j'ai pas eu l'temps d'passer par la case banque avant d'venir ici. Je hausse les épaules. J'admets qu'suis pas une lumière, mais j'suis pas débile au point d'venir vendre ici. Vous m'auriez vu avant qu'j'ai ramassé autant, tu l'sais aussi bien qu'moi. »

Je les flatte un peu, mettant en avant leur capacité à surveiller leur territoire et omettant de souligner que l'idiot sus-cité a réussi à vendre un bon paquet avant qu'ils ne lui tombent dessus. Pour le coup, je me contente de cette rapide explication, ne voulant pas jeter trop d'huile sur le feu avant de savoir à quelle sauce je vais être mangé. Quelque chose me dit que je vais vraiment regretter de ne pas avoir laissé ce crétin se démerder seul ! Je vais finir par m'estimer heureux de pouvoir rentrer chez moi entier.

Spoiler:

Je dois admettre que je ne m'attendais pas à un changement aussi soudain dans le comportement de mon interlocuteur, et j'ai beau rester sur mes gardes pour tenter d'éviter une attaque, le coup de poing qu'il me file dans le bide me prend totalement par surprise. J'ai beau essayer de me contrôler, je reste humain et une attaque pareille plierait n'importe qui en deux. J'en ai le souffle coupé, et je ne peux retenir le gémissement de douleur et de surprise qui m'échappe. Je sais que c'est ce qu'il espère, mais que puis-je y faire ? Je n'ai jamais été très doué pour les combats, je me défends si je le dois, mais seul face à trois gars, je n'ai aucune chance, alors je serre les dents et j'essaye de tenir le choc. Si le premier coup m'a coupé le souffle, les suivants m'empêchent de tenir debout et même si ma fierté en prend un peu, je ne peux m'empêcher de tomber à genoux, essayant de reprendre mon souffle en cherchant de l'air. Mes oreilles bourdonnent désagréablement, mais ça ne m'empêche pas d'entendre les menaces qu'on me glisse. Pour la première fois depuis qu'on est arrivés ici, je commence sérieusement à me demander si je ne vais pas y passer. Avant, c'était un petit doute, comme ça, mais là...

L'espace d'un instant, mon cerveau craque et laisse mon instinct reprendre le dessus comme à chaque fois que ça sent le roussi. Mon sang chaud martèle le bouton « riposter ! » mais je m'y refuse obstinément. Ce serait complètement débile de le faire : ils réagiraient instantanément et me tueraient sur le coup. Alors, même si c'est dur et même si tout en moi me crie de ne pas me laisser faire, je m'oblige à rester aussi immobile que possible. Mon ventre m'élance, mais ce sera le dernier de mes soucis si mon nouvel ami décide de me régler mon compte. Inspirant dans l'espoir de me calmer et de réussir à conserver le rôle du mec nonchalant, je risque un coup d’œil du côté du gamin, espérant presque qu'il me soutienne. Sauf que ça a l'air d'être peine perdue, alors je me redresse simplement, calmement pour qu'ils ne s'emballent pas, mais je refuse de rester à genoux devant eux.

C'est à ce moment qu'il m'offre une chance de m'en tirer. Soyons honnêtes, je n'y crois pas trop : rien ne l'empêchera de me planter après avoir obtenu l'info ! Et je ne suis pas une balance, ils ont déjà ramassé suffisamment pour que je n’aggrave pas encore les choses. Évidemment, je peux toujours lui glisser le nom d'un endroit où il sera bien accueilli, mais est-ce que ça ne risque pas de déclencher un affrontement ? C'est trop risqué. Je ne vais pas mettre la vie de mes frères de gang en danger pour sauver la mienne. Je réfléchis encore à ça lorsque je sens la lame aiguisée de mon couteau entailler ma peau. Alors c'est comme ça ? Je vais crever comme un con dans une ruelle, buté par des mecs du B-bang gang et avec mon propre couteau ? Tout ça pour sauver le cul d'un abruti de première ! Je réfléchis toujours, observant le visage de mon bourreau lorsque je constate que ce qu'il vient de s'enfiler semble le surprendre. C'est stupide, je sais, mais je ne peux m'empêcher d'esquisser un bref sourire. Moi aussi ça m'a donné un sacré coup de chaud la première fois !

« Qu'est-c'qui t'empêchera d'me buter une fois qu'j't'aurai filé l'info ? Je hausse les sourcils, essayant de masquer mes doutes autant que possible. On sait tous les deux qu't'as rien à gagner à nous buter. S'tu l'fais et qu'les gars des Devils l'apprennent, ça va causer du tort à tout l'monde, et s'tu l'fais mais qu'tu l'montres pas, ça aura servi à rien. »

J'essaye de le raisonner, mais la lueur étrange dans ses yeux me laisse à penser que je gaspille ma salive. Je crois qu'il est en train de se faire une belle descente et qu'il risque de perdre le contrôle d'ici peu. Ça sent mauvais pour moi, très mauvais même ! Je risque un nouveau regard du côté du jeune, et je vois que les gars sont penchés sur lui, l'air attentifs. Est-il en train de parler ? J'essaye de gagner du temps.

« T'as eu un paquet d'fric, autant qu'si j'te filais une d'nos planques. T'as gagné, ça t'suffit pas ? »

Au moment où je termine de parler, j'aperçois les gars se redresser dans mon champ de vision périphérique et je jette un nouveau regard de leur côté. Ils ont l'air d'avoir un truc à nous annoncer. Je ressens un vague soulagement, bien loin de me douter que le petit connard vient d'essayer de sauver sa peau en me condamnant. Qui aurait cru qu'un mec censé être mon frère vient d'annoncer que je lui ai dit de venir vendre ici pour provoquer le B-bang gang et que je lui ai assuré que je le faisais souvent, que c'est sans risque parce qu'ils sont trop nazes pour surveiller leur territoire ? Mon sentiment de soulagement ne dure pas longtemps, quand je vois les mecs revenir vers nous avec une expression revêche, je comprends qu'un truc ne tourne pas rond. Alors, perdu pour perdu, je décide d'être fidèle à moi-même. Mon regard se reporte sur le jeune tortionnaire.

« En fait, j'te conseille l'Lickedy Splitz, les filles y sont vraiment top. Je ne sais pas s'il connaît notre club de strip-tease, mais il comprendra vite que je me fous de sa gueule. Ça a pas l'air d'aller, c'est à cause d'moi qu'ton cœur s'emballe comme ça ? »

S'il a eu droit aux mêmes effets que moi après s'être enfilé cette dope, son cœur doit battre la chamade et il doit avoir l'impression que son cerveau est passé dans une machine à laver. Je sais que c'est idiot de les provoquer, mais je sens qu'un truc ne tourne pas rond avec le jeune, alors foutu pour foutu, je ne compte pas leur lécher les bottes avant qu'ils me règlent mon compte !

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