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 Livin' On The Edge Of The Night (Mia)

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Jaydee King
Jaydee King
Martyr

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : 8 Mile Road, un appart avec balcon, à l'étage d'une petite maison, en collocation
ombres et névroses : - 1m80 - Cheveux noirs, coupés courts, parfois teints - Yeux sombres et perçants - Cicatrices discrètes témoignant de son passé tumultueux - Porte souvent des vêtements sombres et décontractés - Tatouages cryptiques sur le visage et sur le corps il est le seul à en connaître la signification. -- Consommation régulière de drogues et dépendance au sexe pour échapper à ses difficultés - Croyance en son incapacité à aimer profondément et à établir des connexions émotionnelles durables
cicatrices : 64
crédits : ava : space corgi, profil : tee reuanthai

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▬ Jeu 18 Jan - 18:12 ▬


Livin' On The Edge Of The Night
Mia & Jay

«Every wild desire beckons from the dark. I've made my bed but I can't risk my head, while I still swim with sharks.» (Iggy Pop)
Le 18 janvier 2024 – Dans un bar, à 8 Mile Road.

Un whisky-coca à la main, je me bourre les oreilles de la musique qui hurle dans les baffles et mes tympans vibrent à la mesure du tempo. C'est trop fort, j'entends plus rien d'autre et je devrais sans doute reculer mais j'ai envie de me laisser griser quelques secondes de plus, les yeux fermés, face à ce baffle géant qui me décoiffe, au risque d'en devenir sourd. J'ai l'impression que la musique pénètre mon corps et le lave de l'intérieur, c'est comme prendre une douche glacée de notes. Tallulah m'entraîne par la main, pour qu'on se perde dans la meute de gens qui dansent. Au milieu de la cohue, mon verre se renverse sur la tête d'un gamin et ça me fait rigoler. J'aime pas le coca et je me marre pour rien.

C'est l'anniversaire du cousin d'un pote et Tallulah est justement la meilleure amie de sa sœur. Soit le monde est petit, soit je connais beaucoup de gens, mais je peux mettre un nom ou un surnom sur toutes les têtes qui nous entourent dans cette teuf. C'est l'occasion de revoir des mecs que j'avais plus revu depuis un bail, genre avant la taule. C'est le cas de Reno, dont le sourire s'illumine quand il me reconnaît et je le dévisage avec pas moins de surprise. La dernière fois que j'ai vu ce homie, il était dans une chaise roulante et on doutait fort qu'il s'en relève un jour. C'est des trucs qui arrivent souvent dans le quartier, les blessures de guerre. Là, il marche avec des béquilles, mais il est debout. On tape la discute un moment, on partage quelques bières et notre ancienne complicité revient d'un coup. Ça fait plaisir mais c'est pas pareil qu'avec Gualtiero. Je sais pas pourquoi je pense à ça tout à coup, à mon meilleur pote qui croupit en taule pendant que je fais la teuf. Ça me plombe.

Un peu plus tard, ayant gobé quelques ecsta, je rigole à nouveau avec de bons potes, membres des BBG. On s'est posés, tranquilles, pour parler busness et à un moment, pendant que je laisse mon regard dériver, j'aperçois une silhouette familière qui rentre dans la salle. Mon cœur se serre même pas quand je reconnais la sœur de mon pote, merci la taz. Mia. Qu'est ce qu'elle fout ici ? Je la voix parler avec Reno et je savais même pas qu'ils se connaissaient. Un sourire s'étire sur ma face, tel un coyote défoncé. Je la suis des yeux un moment, mais elle accroche pas mon regard et, au moment où je veux me lever pour aller la saluer, c'est Tallulah qui me coupe inconsciemment dans mon élan. Quand elle se love contre moi, son cœur bat la chamade d'avoir tant dansé et quand elle me glisse une blague salace à l'oreille, je peux pas m'empêcher de rire comme un con. C'est le frère de sa pote qui la lui a racontée - celui qui fête son anniversaire - et j'ignore si elle me dit ça pour me rendre jaloux. Elle m'offre un sourire de Joconde et sa langue caresse ses lèvres dans une invitation que j'accepte naturellement. Sa bouche a le goût du caramel, du cuir et des épices.
(c) DΛNDELION
@Mia Rodriguez

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Mia Rodriguez
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Martyr

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : Eight Mile Road
ombres et névroses : yeux bruns • cheveux bruns bouclés • tâches de rousseur • 1,70 m • style vestimentaire casual streetwear • utilise la peinture pour redessiner sa vie sous un jour meilleur • oscille entre loyauté de classe envers son quartier d'origine et désir d'émancipation • morally grey •
cicatrices : 13
crédits : villet-chuckie

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▬ Lun 22 Jan - 16:08 ▬
The edge of the night

On arrive déjà un peu buzzées, en gloussant à propos d’un truc à moitié incohérent qui nous a fait délirer en chemin. La soirée a commencé chez Shawna, à vider des cannettes de hard seltzer en se préparant. Plus que la fête en elle-même, ces préliminaires sont mon moment préféré. C’est là que se construit toute l’anticipation d’une soirée encore pure, un monde de potentiels qui ne se révèleront jamais à la hauteur de nos attentes. Mais dans ces instants suspendus, tout est encore possible.

On boit, on rit, on échange des commérages ou des vérités intimes, on se compare, on se prête nos palettes de maquillage, on change dix fois de tenue, on se plaint, on se rassure, on fume un joint, on termine notre boisson en ajoutant la dernière touche indispensable, les boucles d’oreilles qui vont bien ou l’ultime trait d’eyeliner, et puis on claque la porte.

Shawna a une voiture, une vieille Toyota Camry héritée de sa mère. Je me glisse sur le siège passager, elle bataille pour connecter son téléphone au système de son défaillant, puis démarre en montant le volume à fond, toutes fenêtres ouvertes.

La soirée a lieu dans un bar du quartier, en l’honneur d’un ex de Shawna avec qui elle a gardé de bonnes relations. En fait, elle sortait avec lui juste avant que je laisse tomber l’école. Je l’avais croisé une ou deux fois, un mec de trois ou quatre ans de plus qui bossait — à l’époque — dans un garage. Pas le crayon le plus aiguisé de la boîte mais globalement un bon gars.

En arrivant, Shawna lui saute au cou avec son exubérance coutumière, avant de lui fourrer une bouteille de mousseux bon marché entre les mains en lui souhaitant un bon anniversaire. C’est pas du Dom Pérignon, mais ça reste festif.

On s’engouffre plus avant dans le bar surpeuplé, serpentant entre les gens agglutinés en grappes un peu partout. Shawna s’est déjà mise en chasse, je le vois à la façon dont son regard scanne la pièce à la recherche d’une cible. Moi, je commence plutôt à avoir les munchies et je décide de la laisser pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent.

C’est là que je tombe sur quelqu’un que je ne m’attendais absolument pas à croiser ici. Reno n’est pas vraiment un ami. C’est ce genre de connexion conscrite à un jeu de circonstances précises : le cours de peinture que je donne au centre communautaire a lieu à la même heure que son groupe de parole pour les personnes souffrant d’un PTSD. À force de se croiser, on a fini par discuter, des conversations souvent légères mais parfois bien plus profondes que le degré d’intimité qui nous lie, conséquence de la vulnérabilité induite par ses sessions.

On ne s’est jamais parlé en dehors de cette bulle, dans une forme d’accord tacite. Ça fait bizarre de le croiser là, dans un autre contexte, et je pense qu’il le sent aussi. On se salue, on échange quelques mots creux et un silence gênant, pendant que je cherche une excuse pour lui fausser compagnie. Mais il me devance en m’attrapant par le coude, comme mû par une inspiration soudaine :

« Ah ben attends je vais te présenter mes potes, viens ! »

Très mauvaise idée, mais j’ai pas le temps de me débiner qu’il m’entraîne déjà vers un groupe affalé dans un booth défraîchi. Fuck, où est Shawna quand on a besoin d’elle ? J’esquisse un vague geste de salut à la cantonade, lorsque mon regard tombe sur un couple enlacé. Je me fige, soudain saisie d’un frisson glacé en les reconnaissant.

Un bourdonnement dans les oreilles, j’entends sans la saisir la litanie des noms que Reno égraine après m’avoir présentée. S’il s’avait comme je m’en fous, de ses potes. Jay et Tallulah finissent par se décoller, semblant capter soudain que le monde existe encore autour d’eux. Je croise le regard de Jaydee. J’aimerais faire semblant de rien, mais j’arrive pas à m’en décrocher. C’est Tallulah qui m’arrache finalement à ma contemplation morbide.

« Mais on la connait, dum-dum, c’est la petite sœur de Gualtiero ! Salut, Mia. »

Reno connecte les fils dans une mimique d’ahurissement, tandis que je détourne le regard dans un cillement rapide.

« T’es une Rodriguez ? Putain… j’avais pas capté. Hey, euh… désolé pour… ben, Ezequiel. C’était un mec bien. »

Je serre les dents, bafouille un remerciement insincère. J’étais là pour passer une bonne soirée et je viens de me prendre deux baffes à la file, de quoi dégriser d’un coup. Par miracle, Shawna réapparaît soudain, passant un bras autour de mon épaule en glissant de l’autre main un verre rempli dans la mienne. Elle me glisse quelques mots à l’oreille.

« Ouuh, belle brochette… Dibs sur la jolie gueule de quarterback dans le fond. »

Je retrouve un semblant de sourire en plongeant dans mon verre, soulagée de cette distraction bienvenue. Mais je ne peux m’empêcher de couler un nouveau regard vers Jay.
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▬ Lun 22 Jan - 16:41 ▬


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«Every wild desire beckons from the dark. I've made my bed but I can't risk my head, while I still swim with sharks.» (Iggy Pop)
Le 18 janvier 2024 – Dans un bar, à 8 Mile Road.

Tout se mélange durant un bref instant, j'embrasse Tallulah et ça me grise parce que j'embrasse aussi les lumières, la musique et les battements de son cœur. Mes amis sont autour de moi, je perçois la chaleur de leurs auras et c'est comme si je pouvais me noyer dedans avec béatitude pendant que je savoure la douceur de ces lèvres contre les miennes. Mia est là, elle-aussi. Je perçois confusément sa présence toute proche avant de rouvrir les yeux. Ma lucidité altérée me conseille de garder un pied sur terre, de pas m'envoler trop haut dans mes délires d'omnipotence. J'ai beau flotter sur mon nuage, je ne peux pas protéger ma clique de tous les maux. J'peux pas empêcher que les gens meurent. Un frémissement d'inconfort perce l'enveloppe euphorique de la drogue quand son regard capte le mien mais j'ai pas envie de baisser les yeux. Tallulah la salue et je me contente d'un signe de tête, mes prunelles habillées d'une lueur chaotique.

Les prénoms des frères ont été prononcés et les condoléances maladroites rendent l'instant plus lourd. Mia a la mâchoire qui se crispe, je ne sais pas si tout le monde l'a remarqué mais pour moi, sa douleur est tellement palpable que ça me donne froid, en dedans. Ma joue frôle celle de Tallulah, toute proche, dans une légère caresse. Sa peau est douce et chaude et je puise dans ce contact un réconfort égoïste. Je sais que je suis défoncé, un peu comme tout le monde dans cette salle, et que mes jugements sont troublés. Mais cette empathie qui m'envahit, elle est réelle, et c'est tellement puissant que je me sens capable de décrire exactement tout ce que ressent Mia en cet instant. Plus d'un an après, le vide qu'ils ont laissé reste aussi douloureux.

« Ça fait toujours plaisir de voir une Rodriguez. Merci de nous l'avoir ramenée, mec. »

Reno a le regard qui s'éparpille, je lis en lui l'angoisse qui monte et je me fais l'effet d'un putain de philosophe, extérieur à la scène, qui observe les émotions se battre dans le crâne des gens, comme s'ils étaient en verre. Je lui offre un sourire paisible auquel il se raccroche, presque désespérément. J'ai mon verre qui traîne pas loin et c'est dans un geste dégagé que je trinque.

«  À ceux qui veillent sur nous, même depuis l'au-delà. On ne les oubliera jamais. »

J'ai pas envie de parler d'Eagle, pas ici, pas maintenant. Mais ignorer son nom serait irrespectueux et c'est mon rôle de montrer l'exemple, alors je vide mon verre d'un trait. On peut passer à autre chose maintenant et je fais signe à un des homeboy d'aller nous ravitailler. La meuf qui a rejoint Mia, je la connais de vue il me semble. Si c'est bien elle, son frangin vient tout juste de rejoindre le gang, j'échange pas mal avec lui sur snapchat, c'est un bon p'tit gars qu'a pas froid aux yeux. Je pense pas que sa famille soit au courant du quart des conneries qu'il fait. J'essaie de penser à autre chose, de me concentrer sur la musique festive pour me décontracter mais ce n'est pas si facile. Du coin de l'oeil, je surprend à nouveau le regard de Mia pendant une micro-seconde. Est-ce qu'elle regardait vers moi ? J'aimerais lui demander comment elle va, au moins rien qu'avec les yeux, lui dire que Reno est juste sur une autre planète et que je suis désolé. Je sais pas ce que je dirais exactement mais si je pouvais rattraper son regard, alors peut-être que je le saurais.

Mais Tallulah me susurre les paroles de la musique qui vibre autour de nous et son souffle au creux de mon oreille m'arrache à ma quête. Make me sweat, make me hotter, make me lose my breath, make me water. Un nouveau sourire éclot sur mes lèvres. On s'échange quelques tirades sur le même thème, pour chanter, pour délirer, pour se chauffer. C'est très inspirant, je vais pas mentir, et quand elle se lève pour exécuter un déhanché sexy, je lui adresse un clin d’œil léger. Je sais qu'elle morfle : elle aussi, elle a perdu des amis. Tallulah se rapproche de notre pote Baby Mack, de sa démarche féline. Il revient vers nous avec des bouteilles et un plateau remplis de tapas et elle l'aide en riant à ne pas tout faire tomber. Blue en profite pour me demander qui c'est, la meuf avec Mia, parce qu'elle se prive pas de le reluquer et ça lui plaît assez. « C'est la sœur de Lil Freezer. Lyam, tu vois ?», je lui murmure dans un demi-sourire. Le môme a onze ans et il a déjà son blaze de gang. « Elle a l'air d'avoir de la répartie. Tu vas tenter ? » Blue se cale dans le canapé où on s'est posé. Il semble décidé à s'y accrocher mais la vérité c'est qu'il porte un bracelet électronique à la cheville et ça le saoule qu'on le voie comme ça. C'est moi qui lève le bras pour faire signe aux filles de se ramener, sous les grognements un peu gênés de Blue. « Venez vous asseoir confortablement, vous n'allez pas manger debout !» Sérieux, c'est quoi cette invitation ? On dirait ma tante.
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▬ Mar 13 Fév - 22:53 ▬
The edge of the night

Le regard de Jay me semble à des années lumières, comme s’il me perforait sans me voir. Peut-être que je me fais des idées, que la présence de Tallulah altère mon jugement. Peut-être aussi que ce regard s’est égaré dans le vide intersidéral creusé par l’échange en cours. Ça fait plaisir de voir une Rodriguez. Une Rodriguez en vie ? Une Rodriguez en liberté ?

Je sens la colère me happer comme une lame de fond. J’en peux plus de leur commisération de soldats. Ils ont défilé à la maison, ces fameux frères d’armes, la tête basse, le bandana en brassard, pour présenter leurs condoléances à mes parents. Toujours les mêmes mots à la bouche pour évoquer Zeke : héros, martyr. Héros de quelle guerre ? Martyr de quelle cause ? Ils parlaient comme si leur combat était le nôtre, les beaux défenseurs de notre liberté et notre dignité. Ils nous ont promis leur indéfectible soutien, leur protection, leur présence. Et après quoi ? Ils sont retournés dans la rue.

Deux de tombés, dix de recrutés.

Qui est revenu honorer ses promesses ? Qui a rempli notre congélateur de Tupperwares, qui s’est invité avec des gâteaux et du thé pour distraire ma mère de son insondable chagrin ? Qui s’est assuré que Pablo retourne bien à l’école, que Valentina ne passe pas une nuit seule ? Pas eux. Leurs mères et leurs sœurs, voilà qui.

Parfois, j’ai la sensation d’être sur le point d’exploser. Ça ne m’arrivait jamais, avant. J’ai beau savoir que ce n’est pas réellement à eux que j’en veux, qu’ils font ce qu’ils peuvent pour survivre, pour leur famille, comme nous tous… Dans des moments comme celui-ci, j’ai envie de tous les envoyer chier. De leur hurler que je m’en tape, de leur guerre imaginaire, qu’elle est perdue d’avance, qu’ils changeront jamais leur destin ni celui du quartier, qu’on restera toujours des laissés pour compte, que les forces sont trop inégales. Mais je me tais. Je peux pas leur enlever cet espoir, aussi mal placé soit-il. De quel droit ? Au moins, ils font quelque chose. Ils essaient, même si les moyens sont discutables.

Je baisse les yeux au toast porté par Jay. J’aimerais croire qu’il veille réellement sur nous, qu’il est encore là, quelque part. Mes parents en sont persuadés, évidemment. Ils allument des cierges, ma mère lui parle encore. Moi, je ne ressens plus sa présence et je ne parviens pas à me réconforter dans l’idée d’un au-delà.

Imitant inconsciemment le geste de Jaydee, je vide à mon tour mon verre, et tout le monde fait de même, dans une sorte de cérémonial implicite. Shawna me serre brièvement le bras, un soutien silencieux qui me ramène dans le moment présent. Oui, c’est ça. J’étais là pour passer une putain de bonne soirée, et c’est ce que je vais faire.

Tallulah se lève et ondule, à l’aise comme un poisson dans son élément. Shawna la rejoint presque aussitôt en me tirant par la main pour m’encourager à me lâcher avec elles. J’esquisse quelques mouvements sans grande conviction. Fake it ‘till you make it, right ? Les yeux clos, je m’efforce de me concentrer sur la musique, de la laisser prendre le contrôle de mon corps autant que de mon esprit.

Je suis ramenée à la réalité par la bonne odeur du plateau de bouffe qui me passe sous le nez. Ah oui, mes munchies. Et puisque je vais pouvoir les satisfaire, j’en profite pour enfourner un nouveau consommable, avant de tendre le petit paquet d’oursons en gélatine à Shawna. Je me retourne à l’invitation lancée par Jay, le bonbon encore coincé entre mes dents, incertaine. Suis-je vraiment capable de passer une bonne soirée en compagnie de leur couple ostentatoire ? Je ferais peut-être mieux de m’intégrer dans un autre groupe… Mais Shawna est déjà en train de se faire une place près du mec qu’elle a repéré, armée de son sourire le plus radieux. Je suis pas venue ici pour faire cavalier seul, le choix est donc fait.

Tallulah est encore debout en train d’aider son pote à livrer le ravitaillement. À la guerre comme à la guerre, je saisis mesquinement l’occasion de m’accaparer l’espace laissé libre à côté de Jaydee. On est nombreux, on est serrés. Je m’appuie contre son flanc avec un peu plus d’insistance que nécessaire. Hors de question que je me sente coupable ce soir. Il n’avait qu’à pas m’inviter à rester.

« Salut… »

Je tends le bras pour attraper un mini-burger et mordre dedans avec appétit.

« Tu viens voir Gualtiero mercredi ? Je pensais prendre le bus de 13 h 10… »

Une invitation ouverte et sûrement pas toute innocente. J’ai pas envie de faire semblant de rien. Si y a un truc que j’ai retenu de ma tragédie familiale, c’est qu’on n’a qu’une vie.
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▬ Lun 18 Mar - 18:56 ▬


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J'ai jamais l'air naturel quand j'essaie de faire preuve de politesse, ça me parait tragiquement surjoué, comme si je me retrouvais sur une scène de théâtre, avec une perruque poudrée sur le crâne. Mia mâchonne un truc, complètement blasée, et c'est sans doute l'enthousiasme de sa pote qui l'incite à suivre le mouvement. Clair que Blue est ravi, il me grommelle tout bas que je lui payerai ça et je lui répond par une bourrade en me moquant de lui : "No thanks needed, big boy." Aujourd’hui, il a honte de son bracelet, parce que c'est tout récent, mais il apprendra à s'en servir pour durcir sa réputation, je me fais pas de souci pour ça.

En revanche, j'ai beau faire style de rien, la présence de Mia me perturbe un peu dans ce contexte. Je sais pas si j'aurais préféré qu'elle s'éclipse, quitte à me foutre un vent. Ça aurait été plus confortable pour tout le monde, j'imagine, si Mia évitait les rassemblements et les confrontations gênantes. Ça aurait été plus simple à gérer si elle fuyait le gang comme la peste. Si elle me fuyait, moi. Mais la voilà qui s'installe à mes cotés et on est tellement serrés qu'elle me tombe presque dans les bras. Quand elle se pose contre mon flanc, elle doit sentir mon arme, dissimulée sous les pans de ma chemise. C'est presque par réflexe que j'entoure ses épaules pour changer de posture et lui épargner le contact du flingue. Son odeur et sa chaleur me ramènent aussitôt au souvenir de notre dernière étreinte. Sensuelle. Passionnée. C'est dingue ce qu'un simple parfum peut éveiller comme image mentale. Ça me picote l’échine.  

« Hey, Mia... »

N'est-ce pas une once de perversité dans le timbre de ma voix ? La drogue me décomplexe un peu mais je reste conscient des limites à ne pas franchir. J'en ai déjà dépassé beaucoup trop. L'appétit de Mia me fait sourire et tout en notant sa question, je cherche dans ses yeux les traces d'une autre forme d'appétit. Elle veut vraiment prendre le bus ou c'est une invitation à s'envoyer en l'air ? Si 13 h 10 était un code secret, j'ai beau inventer des calculs complexes, j'ai bien du mal à le décrypter.  Autour de nous, les potes parlent et rigolent entre eux, emportés par l'ambiance festive comme on l'est tous, personne ne nous surveille et j'ai bien envie de céder à la tentation de flirter avec Mia, sans penser au lendemain. Je pourrais oublier la promesse faite à Guialtiero, saisir l'excuse d'aller le voir pour me taper sa frangine sans scrupules. Je pourrais humilier Tallulah en public, manquer de respect à Mia en l'ajoutant à mon tableau de chasse de ce soir. Je pourrais être un connard insensible que son bandana rend intouchable. N'est-ce pas ce que je suis ?

«  Yeah, visiting your brother sounds like a good idea.  But I'm not sure I can make it this week. I've got a lot going on.   »

Mon ton est détaché, plutôt léger, mais je reste vague et distant. Je me dérobe, parce que je ne suis pas assez défoncé pour être impulsif mais sans doute trop pour prendre une vraie décision.

  « I'll let you know when I'm free. »

Je pourrais la laisser dans le doute longtemps, jusqu'à ce qu'elle comprenne que je ne l'accompagnerai plus. Peu à peu, on mettrait de la distance, je continuerais à veiller sur elle et sa famille comme un fantôme, et les nuits qu'on a passées ensemble auront l'apparence de rêves. Il ne me faut qu'une poignée de seconde à évaluer cette possibilité pour réaliser que j'en ai pas envie. Mon regard dévie vers ses lèvres et doucement, j'essuie le coin de sa bouche du bout des doigts, la débarrassant de la légère trace de ketchup, laissée par le burger.

« My schedule is pretty hectic lately, but I'll make sure to squeeze you in... somewhere. »

Le sourire que j'affiche pourrait paraître anodin ou évoquer mille autres choses, je lui laisse le soin de le décoder à son tour.
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