Stick to the beat, get ready to ignite - Jin-ho

stick to the beat, get ready to ignite

Just easy as A-B-C
That's how you make it right

tw ; none

Deux semaines qu’il avait découvert le goût des lèvres de Taemin. Deux semaines qu’il ne dormait plus dans son canapé lorsqu’il passait la nuit chez le policier. Deux semaines qu’il re-découvrait ce que pouvait être une intimité partagée entre deux êtres… Perdu dans un tourbillon de nouveaux événements, de nouvelles sensations, il n’avait pas suivi les conseils de son psy’. Le moindre moment de calme, le moindre instant où son cerveau pouvait se poser pour analyser tout ça, il le fuyait comme la peste, se perdant dans son nouveau travail, ou dans l’apprentissage d’une nouvelle chorégraphie.

C’était le meilleur moyen de se prendre un retour de flamme fulgurant.

Mais ce soir, il dansait. Stuck with you, de Justin Bieber et Ariana Grande résonnait dans la salle et il enchaînait les figures travaillées sans réfléchir. L’intensité résidait dans le contrôle et la mesure. La douceur, la véritable émotion, elle venait de ses tripes. Elle venait d’un coeur qu’il ne ressentait pas, qu’il ne voyait pas. Comme si le miroir en face de lui était recouvert d’un voile opaque, comme s’il ne filmait jamais certains passages pour pouvoir analyser ses gestes et améliorer les mouvements, il était aveugle et sourd à lui-même alors que sa petite soeur, encore, emplissait chacune de ses pensées en écoutant ces paroles.

Mais tout le ramenait toujours à Eun-A.
Ce fantôme coincé avec lui, comme si elle attendait qu’il accomplisse quelque chose dans sa vie avant d’enfin pouvoir atteindre l’autre côté.

Seulement, il ignorait quoi.
Si elle était heureuse d’être avec lui, pouvait-il simplement abandonner l’idée de la contenter ? Son dos touche à nouveau le sol, sa respiration rapide de l’effort qu’il vient de fournir, bras ouverts au ciel comme espérant une réponse claire et franche. Ses yeux fixes le plafond, comme avec l’espoir une seconde de la voir apparaître.

Mais au lieu de ça, le bruit explose. Des applaudissements se mettent à résonner dans le studio soudainement silencieux. Son corps se redresse d’un coup et il est sur ses pieds avant même de savoir quoi ou qui accuser. Lorsqu’il se tourne vers l’intruse, il est surpris, et tendu.

— Inspectrice Moore ?

Son regard, avec ces iris noires dénuées de ses lentilles favorites qu’il porte toujours au travail, passe sur la policière. Vêtements de danse, présence en ces murs… Coïncidence probable mais il ne l’avait encore jamais croisée. Il choisit de se détendre, en passant une main dans ces cheveux blonds qui lui collent au front.

— Hm. Oui. Depuis que j’ai 6 ou 7 ans.

Ce qui fait à peu près vingt ans, même s’il a pratiqué la danse à diverses intensités dans sa vie occupée. En réalité, il avait l’impression d’y être à fond depuis qu’il était arrivé à Detroit. Parce qu’il n’avait plus le taekwondo à côté pour contre-balancer. Sans compter qu’entre l’armée et la prison, il n’avait pas vraiment pu s’entraîner.

Mais quand il s’apprête à lui retourner la question, voilà que Christa enchaîne tout à coup sur le sujet du café. Et lui ne peut s’empêcher d’arquer un sourcil. Stoïque, surpris, il l’observe le temps d’une seconde comme s’il ne comprenait pas l’interrogation soudaine. La réponse est évidente, non ? Il pensait qu’elle l’avait comprise depuis le temps.

— J’aime le café. Noir. Sans lait. Sans sucre.

Et chaque tasse qu’elle avait tenté de lui offrir ces dernières semaines, contenait toujours un nuage de lait, du sucre, ou autre étrangeté qu’on osait mélanger avec ce breuvage si pur que pouvait être le café.

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tw ; none

Christa. Ou une femme qu’il n’arrivait pas vraiment à déchiffrer. Encore une. Tantôt avenante, à lui offrir du café dont il ne voulait pas, à lui offrir son prénom à utiliser en dehors du travail, à chercher à le comprendre et à établir un lien avec lui, sans qu’il ne sache trop pourquoi c’était si important soudainement, et d’un autre côté, presque agressive dans son attitude. Ou impatiente ?

Perdu, Jin, il se retrouve à froncer légèrement les sourcils, à l’observer avec cette prudence constante qui le caractérise. Un mélange de stress sous contrôle et d’une étude approfondie de la situation, alors qu’il cherche simplement à comprendre le sentiment général d’une conversation qui part sur différents fronts. Et il ignore sur lequel il devrait lui, se défendre ou se laisser envahir.

— Tu n’as jamais demandé… Qu’il tente, sans savoir si ça la contentera comme réponse. Ils n’ont surtout jamais eu l’occasion de parler plus que ça et elle arrivait toujours avec son café tout prêt, à le déranger pendant qu’il travaillait. Il se contentait alors d’un “non merci” avant de reprendre son activité.

Devrait-il se préoccuper du soin qu’elle a eu de lui offrir ce qu’il souhaitait boire ou de cet intérêt un peu trop intense à trouver ce qui lui plaisait en boisson ? Le sourire qu’elle lui offre alors n’est pas pour le rassurer plus. Il se contente d’arquer un sourcil et d’attendre la suite. Et si apparemment, elle se rend compte de son comportement, il reste un peu perplexe face aux excuses et à la raison qui l’a motivée.

La réflexion pourra néanmoins se deviner dans son regard, alors qu’il l’observe intensément, le temps de se faire sa propre idée de la situation. Lentement, il commence à se détendre un peu, à force de fixer Christa et de ne pas y voir de menace immédiate en tout cas.

— Tu aurais pu simplement le dire aussi, plutôt que d’essayer de m’offrir des cafés…

Peut-être que tout ça n’était qu’un problème de communication. Peut-être qu’il n’y a vraiment que de bonnes intentions derrière toute cette situation. Ce qu’il voit, lui, c’est qu’une collègue en tenue de danse attend à l’entrée de son studio, avec une envie claire de partager quelque chose avec lui, même s’il ne comprend pas vraiment pourquoi encore.

— Donc, ces offrandes ratées, c’était pour quoi ? Danser ?

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tw ; none

L’expression qui se glisse sur le visage en général parfaitement lisse du petit coréen est à la fois amusée, et intriguée tandis que la grande blonde acquiesce à sa réflexion. Ce visage, d’ailleurs, libéré de certains atours dont il se pare au travail, dévoile non seulement un profond regard d’ébène, à peine pailleté d’un marron terne pour seule fantaisie, mais également quelques tâches de rousseurs sur ses joues techniquement imparfaites. Loin des idoles de K-pop, le danseur n’est en effet que cela : un danseur. Du dimanche, même, pour certains. Parce que si cela fait vingt ans que Jin-Ho foule ces pistes de danse au parquet bien huilé, il n’en est pas moins qu’un improvisateur à ses heures perdues, répétiteur acharné de chorégraphies qu’il n’écrit pas lui-même — plus par faute de temps que de talent peut-être, néanmoins, le talent se travaille également.

Mais la danse, cela reste son plaisir personnel. Une chose qu’il ne partage qu’avec lui-même, pour lui-même, sans prétention ni objectifs particuliers. Et ça l’a toujours satisfait ainsi.

Alors non, il n’est pas membre des grands groupes de k-pop coréens, même s’il a eu son lot de publicité et de passage dans les journaux, lui aussi. Pas quelque chose dont on se vante, surtout face à une inspectrice de la police. Il va simplement se satisfaire qu’elle n’ai pas l’air aussi fanatique de la Corée du Sud que pour en apprendre la langue et écrire son nom coréen dans naver. Ou google.

Cela dit, il a beau rester honteusement silencieux face à son presque monologue, il penche de nouveau un peu la tête, surpris par son analyse de la situation. Et s’il arque un sourcil lorsqu’elle mentionne de le draguer… Hé bien, heureusement, elle précise que c’est pas son intention.

— Je vois, qu’il acquiesce, agréablement impressionné, … merci ? Je suppose. Même si j’ai envie de te dire que les gens pensent ce qu’ils veulent, ça m’est bien égal. Des taquineries, il en a déjà. Entre ses hobbies et son accent, il est un presque parfait cliché de son pays après tout.

Pourtant, ce n’est pas vraiment pour autant qu’il aime en discuter, de ses passions. Enfin, il aimait, oui. Avant. Avec une seule personne. Aujourd’hui, il en a autant perdu l’habitude que la personne en question et n’a jamais souhaité la remplacer… Ah. Comme si ça pouvait simplement être possible, de la remplacer.

Il soupire, de gêne surtout, parce qu’il met trop de temps à trouver quoi répondre.

— Mh. On va dire que ça aura le mérite d’être une rencontre… originale ? C’est à lui de se passer la main dans les cheveux pour écarter les mèches devant ses yeux et observer à nouveau Christa un instant. C’est pas le plus doué dans le genre pour relancer des conversations non plus. Il lui faut toujours trop longtemps pour trouver comment rebondir, même lorsqu’il s’agit de sujets qu’il maîtrise et apprécie. Du coup… BTS, mh ? Tu en apprécies d’autres ?