Bring the pain - It'll become my blood and flesh Jules&Damianos

Janvier 2024.

Sortir la tête du sable, de ses pensées délétères, de toute cette brume qui a envahi son cerveau et son corps depuis son retour à Détroit. Affreux goût amer de case départ sans toucher le pactole au passage, d’échec prévu, de tout qui s’effondre autour d’elle.
Y a qu’une chose qui restait constante dans sa vie et qu'on est en train de lui prendre. Son corps, sa capacité physique, sa résistance et tout ce qui va avec. C’est le mental, il paraît. Se dépasser, donner les coups, les prendre, se sentir vivante quand on enfile les gants, quand on se dépasse. Et même si ça sert pas à grand-chose, si elle n’a pas besoin de savoir soulever son propre poids pour tenir un tabac.. Elle sait qu’elle le peut. Et dans ces moments-là, quand elle s’abandonne complètement, quand elle débranche ce cerveau beaucoup trop actif en ce moment.. Quand elle pense à Josh, quand elle pense à… Merde. Non. Un autre coup plus fort sur le sac de frappe et elle abandonne. Un grand soupire, un regard rapide vers l'entraîneur, lui indiquant rapidement qu’elle allait y aller.

Elle comprend en voyant le sourire de Damianos pourquoi y en a beaucoup qui viennent se perdre dans la salle du Grec, de Monsieur l’ancien champion du monde de boxe thai. Jules? Elle cherchait une salle sur internet, une bien loin de downtown, une qui n'a rien à voir avec son quotidien, un endroit où elle pourrait croiser autre que des tatouages douteux sur des corps trop musclés et se prendre les commentaires graveleux des moins timides.
Zen. Ouais, on peut dire que l’ambiance ici est zen, en tout cas, Griffiths impose le respect, tout en respectant les autres. Pourquoi y a pas plus de lieux comme ça à Détroit dites?
Ah ouais, parce qu’elle est pas de ce monde là non plus…
Le souffle qu’elle reprend doucement, mais qui a du mal à venir, l’air qui peine à remplir ses poumons. Un dernier effort, aller prendre sa douche, se réveiller difficilement sous l’eau froide, enfiler les vêtements de ville et … une nouvelle fois, reprendre ce souffle, difficilement, assise sur le banc en bois, la tête qui tourne, la douleur qui a empli sa boîte crânienne, bien plus envahissante et violente que les coups reçus à l’entrainement.
Et d’un coup, elle est plus là. Elle sens à peine son corps l’abandonner, ne controle rien, la dernière chose dont elle se rappelle c’est le froid de la planche de bois contre sa joue, et fondu au noir…. et Coupé!

 

LLes yeux experts surveillent les mouvements des différentes personnes encore présentes, tu te permets de t’immiscer dans certains entraînements pour corriger la posture tout en douceur, des conseils dispensés intelligemment et avec bienveillance. Jules que tu surveilles de temps en temps, tu la laisses faire sa tambouille, tu ne la corriges que rarement. L'instruction militaire a fait son effet, tu ne lui donnes que des conseils sur les mouvements de muay thaï pur.

Un petit signe de tête à Jules qui s'en va, les autres ne tardant pas à partir. Salle que tu te mets à ranger tout en ordre, coup de balais. Temps qui passe, Jules qui ne t'a pas dit au revoir. Affaire louche, le balai que tu poses contre un mur alors que tu te diriges vers le vestiaire des filles pour toquer.

'' Je peux rentrer ? '' que tu demanderas, une fois, deux fois... Tu ouvres au bout de la troisième fois pour découvrir Jules qui est... inconscient, calme que tu gardes, tu t'approches. '' Jules ? Jules ? Réponds-moi ! '' oreille que tu poses contre son torse pour écouter le battement de son cœur, encore présent. Perte de connaissance.
Panique qui te gagne un peux plus, alors que tu essayes de te ruer sur ton téléphone pour appeler une ambulance ou quelque chose, étant seul a la salle a ce moment la, ayant donner congé a tes staffs pour qu'ils puissent se reposer. Mais un mouvement de l’inconsciente t'arrêtes dans ta démarches. Tu la vois ouvrir les yeux.
'' Jules ?! Ça va ? Tu t'es pas fais mal ? !'' l'inquiétude qui a pris le pas sur le stoïcisme habituel, cette façade calme. Alors que tu viens lui prendre la main. '' Si tu m'entends, serre moi la main.'' réflexe de secouriste que tu essayes de sortir des méandres de ta mémoire.
 

Elle est partie loin.
Et pas assez pour que ça dure non plus trop longtemps…Trop pour qu’elle se relève de suite et réponde à la voix qui appelait son prénom - qu’elle entendait, au loin… qu’elle essayait de chercher, de trouver la sortie. C’est pas le moment de se laisser sombrer, elle est pas dans son lit, ni dans celui d’un beau Coréen musclé, à l’odeur enivrante. Qu’est ce qu’elle aime son parfum… Elle lui a jamais dit, elle devrait. Il sent bon. Quand Jules le reverra, elle lui dira.
C’est une odeur différente qu’elle sent, une main qu’elle sent contre elle. Le contact du banc dans son dos, le bois dur, la voix qui s’approche de plus en plus, le pied qui bouge. Dans sa tête elle s’est déjà imaginée se redresser, marcher , dire à l’homme qu’elle n’identifiait pas de suite que tout allait bien. Et pourtant l’image mentale reste et son corps ne bouge que légèrement.
Et là elle sent sa main serrer la sienne, et la voix de la serrer.

La pression qu’elle tente… elle serre sa main doucement… elle la serre encore plus fort d’un coup et ouvre les yeux , elle regarde le plafond, ça tourne, c’est trop blanc, c’est trop clair, ça lui fait mal aux yeux. merde… ça va…. L’insulte sortie en premier, les esprits qui reviennent, la main qu’elle tient plus fort, qu’elle serre comme si sa vie en dépendait. .... J’vais bien.. Elle se redresse comme elle peut, s'assieds contre le mur en essayant de maîtriser sa respiration, les battements de son cœur. eh…. Tu peux m’apporter de l’eau, s’il te plait? Désolée… j’vais rentrer à la maison… C’est une excellente idée bien sûr de rentrer comme ca juste après un malaise. c’est rien j’ai juste pas beaucoup mangé aujourd’hui Excuse, Excuse. Mais tant qu’il la croit c’est une bonne excuse.

 

La panique commence à te guetter, qui sait ce qui s'est passé... Problème cardiaque ? Fatigue intense ? Autre chose, pire ? Tes yeux sont attirés par le mouvement de pieds qui bouge, les yeux qui se reportent sur Jules, qui semble arriver peu à peu dans le monde des vivants, sortant de sa torpeur. Tu sens, la faible force serrer ta main. L'expression stoïque que tu viens reprendre, les yeux observe l'expression du visage de Jules. Un sourire viens néanmoins casser le calme de ton visage en entendant l'insulte, c'est du Jules tout cracher.


'' Prend ton temps, respire lentement et prend de grandes inspirations. Je vais aller te chercher quelque chose à boire.'' Ni une ni deux, tu sors du vestiaire, pour aller chercher de l'eau fraîche, que tu mets dans un verre, ne revenant même pas deux minutes après, posant genoux à terre alors que tu lui tends le verre.


'' Avant de partir, tu vas prendre le temps de reprendre tes esprits. Je ne vais pas te laisser conduire.'' tu peux imaginer le pire, si elle tombe de nouveau inconsciente au volant... c'est trop dangereux. '' Juste ça ? '' que tu viendras ajouter, ne pas manger est une chose. Mais elle n’aurait pas eu l'énergie de s'entraîner si elle n'avait pas mangé.


'' C'est la première fois que ça t'arrive ? '' creuser, toujours creuser pour savoir. Un mauvais coup ou un faux mouvement pendant l'entraînement ? Possible ou autre chose. On ne sait jamais, ou bien... Fatigue a force de travailler, l'entraînement était peut-être de trop pour aujourd'hui.


Mille et une questions viennent te parcourir l'esprit. Qui resteront sûrement sans réponse connaissant le caractère de la plus jeune. Têtu comme un âne, même avec une carotte au bout d'un bâton tu doutes, qu'elle avancera.
 

La gorge sèche, l’eau qui manque dans tout son organisme. Déshydratée, désorientée, la tête qui s’est à peine arrêtée de tourner. Et y a la voix de Damianos. La voix du grec qui résonne, qui la ramène à lui, à cette réalité made in Detroit, 2024.
La nausée, envie de rendre tout ce qu’elle n’a pas ingurgité aujourd’hui, de tout expulser, de se barrer aussi… de rentrer à la maison, de mettre la tête dans les coussins, de hurler, de s’étouffer volontairement, de taire toutes les voix.
Mais elle se calme. Elle préfère s’asseoir, demander de l’eau, souffler un coup, ne pas trop regarder les néons.

Le verre d’eau dans la main, le coach à genoux devant elle, elle lui sourit de nouveau en portant la boisson fraîche à ses lèvres. Et un soupir. Le bien que ça fait. Comme si elle avait traversé le Sahara. Physiquement. Mentalement. hmm disons que je sais pas? J’ai pas manger ouais… ça c’est vrai D’autres choses le sont pas. Elle ment pas si elle omet de dire des trucs, pas vrai? C’est comme, elle n’a pas vraiment menti à Ryder. Elle ne lui a juste pas dit qu’ils avaient eu un fils ensemble… y a plus de quatre ans. j’ai juste, des migraines, de temps en temps… D'habitude ça va… j’arrive à passer outre mais peut-être que là, j’ai trop forcé. Tu sais ce que c’est, le corps, l’esprit, tu peux dire plein de trucs philosophique , ça m’aiderait Elle ne se moque pas de lui. Il est gentil, Griffiths. Il est assez doux même dans sa façon de foutre des tartes.

Il est sage, aussi. Beaucoup plus qu’elle qui est à deux doigts de tout planter pour reprendre la voiture. t’as déjà été sur un champ de bataille, Damianos? Un vrai. Pas un ring. Pourquoi elle lui dit ça, elle aussi? Pourquoi d’un coup elle a besoin de se justifier, de parler de ce passé qu’elle a foutu de côté , ce passé si douloureux, son identité qu’elle voudrait retrouver, être aussi forte qu’avant. C’est pas gagné si elle commence par s'effondrer au moindre effort…


 

Tes yeux bleus observent chaque mouvement, chaque mimique, chaque sourire esquissé comme chaque grimace de douleur. Le calme stoïcien qui revient, visage neutre, impassible, comme si rien ne s'était passé, mais à l'intérieur, c'est la panique.

'' Ne pas manger peut être une raison. '' Une des nombreuses raisons de pourquoi le corps humain déraille, ou autre chose, un manque d'eau. Mais bon... Tu sens qu'il y'a quelque chose qu'elle cache au plus profond d'elle-même.

Elle parle d'elle-même, interrogatoire que tu n’auras pas besoin de mener. Tu es mauvais pour les interrogatoires. Tu écoutes, encore un peu plus sur ceux qu'elle dit. Des migraines… Tes lèvres brûle d'impatience de poser cette question dont tu connais déjà la réponse, mais l'esprit lui cogite encore un ne peux plus pour trouver un début d'explication, ou un début de persuasion.

Un simple souffle se fait entendre, à cette réflexion sur la philosophie... L'encyclopédie s'ouvre et vient chercher dans les méandres de ton esprit, les pages que tu as pu dévorer.

'' Les maladies que l'on cache sont les plus difficiles à soigner. Proverbe Chinois. '' Petite pique lancés, suivis d'un. '' Tu as vu un médecin pour en parler ? '' toujours dans ce calme olympien et de plomb. Ni jugement ni critique, juste une envie d'aider, de bien faire.

Sujet qui revient, traumatisme de la dame. Les horreurs de la guerre bien gravée dans sa cervelle, tu penses. La guerre est angoissante et change même le plus dur des humains, en mal.

'' Non. Les seule guerre que j'ai menées, furent dans un ring. '' est-ce du stress post-traumatique ? Peut-être, le doigt qui va venir s'enfoncer dans cette plaie que Jules ouvre elle-même. Tu ne demanderas pas pourquoi, car parler doit venir d'elle-même, la force n'est que négative.
 

Ne pas manger, prendre trop de médocs, boire trop, plein de raisons qui font que les douleurs ne vont pas s’arrêter miraculeusement non plus. Et puis y a ces foutus médicaments qui coutent un bras à chaque fois, qui sont couverts par son assurance de vétéran uniquement partiellement, - enfin - si elle prenait les doses recommandées ça serait entièrement. Mais qui respecte la posologie dans la vie? Personne.
Jules a besoin de plus, de plus fort, de tout simplement quelque chose qui calmerait la tempête en elle.
Mais elle regarde Damianos, et parle.
Pour une fois, elle dit des trucs… Elle veut surtout que ce soit lui qui parle, qu’il fasse le sage qui fout des baffes, même si là elle a besoin des mots et d’un doliprane plutôt qu’un octogone. Un soupire au mot mèdecin et un hochement de tête. hm… ouais. J’suis à la retraite à cause de ça même. T’imagine toi, être à la retraite à 34 piges? J’ai le temps de me reconvertir … Et c’est pour ça qu’elle s’occupe du bar, qu’elle fait ce qu’elle peut pour que son père tombe pas dans ses travers lui aussi, qu’il arrête de se soigner, juste un diabète à la con qui commence à le gangrener.

Un hochement de tête lorsqu’il répond à propos d’un ring.
Ça l’étonne pas.
Au final, la vie c’est pas un éternel combat contre des moulins à vent? Certains plus palpable que d’autres. Des Don Quichotte en perdition, sur qui personne n’écrira de bouquin, pour qui les aventures n’auront jamais rien d’épiques. Et pourtant la vie du grec est passionnante, d’après ce qu’en dit sa page wikipedia.
Jules l’a lu, ouais.
Fallait bien se renseigner, sur le pourquoi du comment y avait autant d’attente pour s’inscrire dans cette salle de sport, et encore pire pour avoir des séances de coaching privé. Hé… Damianos. Faut pas que ça t’empêche de m’en foutre plein la gueule, ok? J’ai pas envie que tu retiennes tes coups, quand on est sur le ring. Y a peu de trucs qui me font me sentir vraiment en vie en ce moment… et ça.. Ça en fait partie. Donc pas de pitié, pas de retenue… tu peux juste me faire plus de citations inspirantes, j’verrais ce que j’en fais. Elle parle trop pour quelqu’un qui vient de reprendre connaissance. Elle ferme d’ailleurs les yeux un moment le temps de faire passer une nausée, cette sensation désagréable que la terre tourne plus vite d’un coup. Ça va aller.
Ça va aller…