I'll be dead before I'm without you now - Jules&Ryder

i’ll be dead before i’m without you

if we had the chance and the time to spend
would you do it again? would you do it again?
was it too much?

tw ; none

C’est le cri plus que les bombardements de la porte de ton appartement qui te fait émerger d’un coup.

Tu te réveilles en sursaut au milieu de ton appartement plongé dans la pénombre. Seule la lumière de la cuisine est allumée et éclaire le loft dans sa presque entièreté avec sobriété. Encore tout habillé, affalé dans ton vieux canapé au cuir usé et craquelé, mais que t’as toujours eu la flemme de changer, t’avales un bol d’air comme un nouveau né qui découvre la vie en même temps que l’usage de ses poumons. Tu comprends pas ce que tu fous là pendant une seconde. Avant de te rappeler comment t’as fini dans cet état.

T’avais passé la soirée au Club. Comme beaucoup de tes semblables. Fête et alcool, feux d’artifices et une ambiance étrange, tendue, presque faussement festive. Ou bien c’était juste toi qui forçait tellement le trait que tu finissais par le voir dans les autres. T’avais fini par te casser, étonnamment seul. T’étais passé voir ton père qui ronflait déjà au milieu de ses cadavres de bières, coincé dans son vieux canapé. Et comme t’es clairement pas assez taillé pour l’aider à rejoindre son lit, t’as même pas essayé. Il t’aurait assommé avec une de ses bouteilles avant que t’ai réussi à lui décoller le cul des ressorts de toute façon.

Tu t’es contenté de lui jeter un plaid sur les genoux, d’éteindre la télé et de jeter quelques bouteilles dans la poubelle à l’extérieur. Puis de rentrer chez toi.

Tes souvenirs s’arrêtent à peu près là, mais la bouteille de whisky à moitié vide sur la table basse termine le tableau. Tu passes une main sur tes yeux douloureux, ton crâne commençant à faire sonner les tambours, quand tu entends les voix derrière la porte d’entrée. Si elle est assez solide pour empêcher les gens d’entrer, c’est un vrai gruyère pour l’isolation phonique.

Comme par automatisme, tu te lèves. Tes genoux craquent avant de te mener comme par magie jusqu’à la porte, que tu déverrouilles et que t’ouvres simplement. Ca pourrait être un mec armé de l’autre côté, qui viendrait bien commencer l’année en venant simplement éliminer un DD imprudent, tu l’aurais bien mérité. Mais non, ton regard encore embrumé tombe sur ton voisin, et ses cuisses à moitié à l’air qui te claque une porte au nez comme si tu venais de sonner chez lui. Puis tu sens avant de voir la personne qui prend ton torse pour une nouvelle sorte de porte.

— Jules ?

Tu te rends compte que t’as reconnu sa voix, surtout, avant même d’ouvrir cette fichue porte. Ton cerveau se réveille en retard et tu te rends compte qu’elle est en train de s’accrocher à toi lorsque bouger pour reculer et mieux la voir devient difficile. Hey shit, t’es pas en état de la porter ce soir.

— Happy new fucking year… que tu marmonnes, ouais, abandonnant l’idée de te dégager un peu, tu passes un bras dans son dos. What the fuck are you doing here ? What time is it ?

Pourtant, au lieu de répondre à sa question, tu te contentes de l’attirer à l’intérieur en reculant simplement, et de fermer la porte d’un coup de pied. Tu sais pas ce qu’elle fout là, tu poses la question parce que c’est un peu devenu une habitude de t’interroger sur les réelles intentions de tes visiteurs, mais c’est pas pour la faire fuir. Au cas où, hein, tu la retiens quand même.

i’ll be dead before i’m without you

if we had the chance and the time to spend
would you do it again? would you do it again?
was it too much?

tw ; none

C’coeur qui bat dans ta poitrine, Ryder, il s’accélère quand tu sens sa main juste au dessus. Ta première visite de l’année, ton premier “bonne année”, ta première étreinte… même si elle est bien bizarre, c’t’étreinte, quand même. A moitié soûls tous les deux, elle plus que toi visiblement, mais toi encore au fond de ton sommeil d’alcoolique… Et en vrai, tu t’attendais tellement pas à la voir que t’en es à te demander si c’est pas juste un rêve un peu trop vrai.

Un rêve fumeux, ou un cauchemar, Ryder ? C’est qu’une femme qui débarque chez toi en plein milieu de la nuit, et qui te dit qu’elle doit te parler, qui te demande d’écouter… C’est quand même foutrement incongru. T’as fermé la porte, mais en vrai, c’est jamais trop tard pour la pousser dehors ? Mais c’est Jules. Et Jules, c’est pas juste une femme qui est passé dans ton lit quelques fois. C’est pas juste une amie. C’est… Jules. A une époque, c’est elle qui t’écoutait. Toi qui faisait presque semblant, et pourtant, ton oreille captait. Ton cerveau enregistrait. L’habitude s’est perdue mais c’est comme faire du vélo, ça s’oublie pas totalement.

Puis même si tu voulais pas, t’as baissé les yeux sur elle. T’as croisé ce regard, embrumé par l’alcool, mais par autre chose aussi. Tu peux pas lui dire non, même si là, maintenant, t’es pas capable de lui garantir de comprendre une suite de mot plus longue qu’un sujet et un verbe.

— I can try, que tu souffles, avant de te faire tirer vers le canapé, que tu viens juste de quitter.

T’y retombes lourdement pour te retrouver avec le visage de Jules devant le tien, sa main autour à jouer l’attentionnée avec une coiffure dont tu te fous bien, même si tu dois avoir l’air d’un décoiffé sorti du pieu. Elle a déjà commencé à parler avant que t’ai vraiment réussi à tourner ton attention sur ses mots, mais déjà, l’intro n’te plaît pas.

Si elle t’avait pas volé ta main, peut-être qu’elle serait allée dire bonjour à la bouteille de whisky par automatisme, et appréhension.

… Et tu sais pas ce qui aurait été le mieux.

T’aurais voulu lui donner tort, parce que tu détestes qu’elle te lise assez bien pour savoir ce que tu vas ressentir à l’avance. C’est c’côté rebelle éternel qui parle en toi. Pourtant, avant même que tu te sois réellement imprégné du sens de ses paroles, t’as la colère qui monte. T’as le regard noir qui se pose sur elle, t’as sa main que tu serres un tout petit peu trop fort dans la tienne.

— What ?

Vas-y, oses un peu répéter, Jules, parce que toi t’as clairement pas compris. Un môme ? D’où elle a pu te cacher un enfant ? T’es allé chez elle, même chez son père, depuis qu’elle est revenue. T’as vu un chien — un vraiment gros chien — mais pas de gamin. Et là elle te sort qu’elle a un fils ? T’as clairement pas envie de rire. C’est pas drôle comme blague.

— It’s Happy New Year Day, Jules. Not April Fool’s Day. What the fuck are you saying ? I’m not drunk enough to laugh at your bullshit.

i’ll be dead before i’m without you

if we had the chance and the time to spend
would you do it again? would you do it again?
was it too much?

tw ; none

Apparemment, c’est pas une blague, Ryder.

Toi qui dans ta vie en est souvent venu à la conclusion que tout est une blague, en passant par ton prénom, tu te retrouves comme un con à regarder cette femme, probablement la seule femme en qui tu pensais avoir confiance en c’putain de monde, t’annoncer qu’elle t’a menti pendant … quatre ans ? Non, cinq. Parce qu’il faut bien neuf mois pour pondre un enfant, et qu’elle a quand même dû s’en rendre compte avant qu’il naisse.

Et tu sais pas pourquoi ce chiffre est si important tout à coup. Parce que ça pourrait n’pas être le tiens ? C’est pour ça qu’elle a précisé un peu plus tôt qu’il te ressemblait trop…

T’as pas vraiment le temps de lui répondre, tu te contentes de la regarder avec un regard au delà de l’étonnement. Au delà de la colère. T’es juste choqué, Ryder, et y en a pas beaucoup dans cette vie qui ont réussi l’exploit de t’emmener si loin au fond de ton cerveau que tu t’y retrouves coincé, sans voix, sans réaction alors qu’elle s’accroche à ton t-shirt en enfonçant sa tête dans ton épaule.

Mais t’as pas envie de la toucher. T’as pas envie de la sentir contre toi, t’as besoin de te retrouver, toi. Et tes pensées. De reprendre le contrôle de ton corps. Alors tu lui saisi les épaules, et tu l’écartes. Le tissu s’en va presque avec elle, mais ne se déchire pas. Elle tient à y rester, dans tes bras. Elle se retrouve entre tes mains solides, qui la repoussent dans le canapé ou au moins la tiennent à distance.

— You didn’t know what to do ? … Son regard plein de larmes, il ne te calme pas. Il t’énerve encore plus. Pourquoi t’en voudrais au gamin, Ryder ? C’est pas lui qui n’a pas su prononcer quatre putain de mots, cinq ans plus tôt. “Hey, Ryder, I’m fucking pregnant” ! How could it be harder to tell me that simple words than hiding me a kid for four fucking years ?!

Non, vraiment, tu peux pas y croire.

Tu la rejettes aussi fort que tu le peux, quitte à en déchirer ton t-shirt, mais faut que tu te lèves de ce canapé, et que tu bouges, loin d’elle, sinon… sinon tu vas la cogner. T’as les phalanges qui te démangent et t’as envie d’hurler.

— Fuck, Jules !

Ta main, par réflexe, a saisi la bouteille de whisky abandonnée sur la table du salon, et l’a portée à tes lèvres. Une gorgée, avant de la balancer avec force à l’autre bout de l’appartement. Violence dont tu crois avoir besoin pour extérioriser tes démons. Violence qui ne te soulage pas. Elle ne l’a jamais vraiment fait. Mais t’es qu’un obstiné qui y croit toujours… En plus d’être un crétin insensible à ce qui a pu la pousser à abandonner un enfant, en dehors de toi et de ta petite personne.

— Get out !

T’as pas envie pourtant. Tu veux lui poser des questions. Tu veux savoir… mais tu veux plus la voir.

i’ll be dead before i’m without you

if we had the chance and the time to spend
would you do it again? would you do it again?
was it too much?

tw ; none

C'est peut-être ça, le fond du problème, Ryder ? Toute ta foutue existence, les gens autour de toi ont cru bon de te dire comment penser. Ils sont nombreux à avoir voulu diriger ta vie, et décider quelles devaient être tes réactions face à tel ou telle chose ou encore quelle était ta place dans cette société si élitiste que celle des Devils Disciples. Et encore aujourd'hui, tu nages toujours entre deux eaux. Tu portes ce cuir, t'as le mordant d'un cerbère, mais peu au sein du Club arrivent à te voir comme ce que tu crois être. Même Jules, finalement. Même elle n'arrive pas à comprendre, ne voit pas derrière cette carapace dont tu t'es entouré pour juste survivre au flot de haine et de malveillance qui te harasse depuis tout petit.
 
Même elle pense que tu t'en fous. Même elle a décidé pour toi, encore une fois, en te cachant... ça. Est-ce que "ça" a un nom, déjà ? Elle l'a dit. Elle vient de le dire. Tu l'as déjà oublié. Le nom de ton fils vient de te sauter de la mémoire alors que tu regardes encore le whisky maculer le sol de ton appartement. De ça, oui, tu t'en bas les couilles. Le parquet a déjà vu bien pire.
 
Putain, Ryder. Ton fils.
 
Sa mère essaye de t'expliquer ses raisons, mais tu ne les écoutes pas. Elle l'a déjà dit, qu'elle était la pire des mères. Qu'est-ce que ça changerait que tu confirmes ? Qu’est-ce que ça changerait que tu la frappes ? Tu ne rechignes pas quand c’est nécessaire, mais t’as jamais trouvé d’intérêt à frapper une femme, c’est pas aujourd’hui que tu vas commencer. Et encore moins sur Jules.

Même si elle t’aurait poignardé, t’aurais peut-être eu moins mal.
En attendant, ton silence est ta réponse. Ton dédain est ta façon de lui faire payer ce coup-là, même si c’est bien moindre que ce qu’elle mériterait. Peut-être. Vraiment ?

Tu ne t’enfuis pas quand elle s’approche de toi. Tu ne te débats pas quand elle vient se saisir de toi et de ton visage, même si tu viens de dire que tu ne voulais plus la voir. Ton regard d’un noir d’orage s’pose sur elle avec toute la fureur dont t’es capable, contenue dans deux petites orbites dénuées de larmes. C’est elle qui pleure pour vous deux. C’est son visage à elle qui exprime la tristesse de ton coeur qui vient de sombrer, et qui ne connaît que la violence comme moyen de s’exprimer.

— How can I ? … C’est qu’un murmure que tu souffles à sa demande, un sifflement presque alors que tu te saisis d’un de ses poignets, comme pour l’écarter de toi, sauf que le geste s’arrête là. T’as détourné ton regard, mais il finit par lui revenir. Y a rien d’autre à voir autour, et elle est trop proche de toi.

Comment peux-tu te calmer ?
Comment pourrais-tu la laisser ?

— Does he know ? Or don’t you told anything to anyone of us ? Tu soupires d’avance, parce que t’imagines bien la réponse. Un gamin, sans mère, et sans père. … What’s his name again ?

i’ll be dead before i’m without you

if we had the chance and the time to spend
would you do it again? would you do it again?
was it too much?

tw ; violence

Tu l’as toujours trouvée belle, Jules.

Déjà quand vous étiez gamins, quand vous faisiez les 400 coups ensembles à la barbe de tout le monde, tu la trouvais magnifique. Pas mignonne ou jolie. Belle, comme on peut trouver le monde beau. Elle te donnait le sourire, elle te réchauffait le coeur, et te faisait comprendre que t’avait toi aussi une place en c’monde de merde, quand bien même beaucoup espéraient te faire comprendre le contraire.

Puis elle est partie. Et si t’as continué à la trouver belle tout en ayant conscience de ses côtés moins attirants. Tu t’es contenté de son souvenir, de ses visites irrégulières et impromptues. Tu t’es satisfait de cette drôle d’histoire que vous aviez. Sans espérer autre chose.

Vos chemins étaient différents.
Vos envies étaient différentes.
Tu ne lui as pourtant jamais reproché ses choix même si tu comprenais pas son envie de ce battre si loin pour cette patrie quand vous aviez déjà des combats si importants rien qu’à Detroit. Mais autant tu refusais qu’on te dicte ta vie, t’allais pas dicter celle des autres.

Juliet était belle comme elle était.
Aujourd’hui, la honte l’enlaidissait.

Parce qu’elle avait fait un choix malheureux qui te retournait l’estomac et qui te remontait un goût amer au fond de la gorge malgré la gorgée de whisky que tu venais de prendre pour faire passer ça. C’était pas juste la voir faible et malheureuse, c’était cette simple idée qui changeait tout. L’idée qu’elle ait pu avoir la même faiblesse que ta mère, elle que tu croyais si forte. Elle avait osé abandonner son fils. Votre fils. Ton fils à toi aussi, Ryder.

… et, elle t’avait consciemment écarté du paysage.
Alors tu l’écartes une nouvelle fois de ta vue. Tu te dérobes à ses mains toujours accrochées à ton visage, tu écartes celle que tu tiens encore entre tes doigts. Tu lui tournes le dos en secouant la tête, sans rien dire. Tu sais pas quoi dire de plus, juste, alors que cette fois, tu te fais violence pour retenir son prénom. Et si tu renifles un peu à l’idée que ton fils porte le nom du frère parti, c’t’un détail dérisoire que t’oublieras vite encore une fois. Mais le rire change de ton à la suite de l’histoire.

— Holy shit, Jules !

T’as vraiment envie de l’attraper et de la gifler. Mais quand tu te retournes, le mouvement est trop vif pour que t’arrives à y voir clair, et ta main lui saisit le haut du bras, à la place. Sans doute pour le mieux, hein. T’arrives encore à la trouver belle, au fond, ce serait dommage d’enlaidir vraiment son visage en la frappant.

— You … ! T’as la mâchoire trop serrée et trop d’colère au fond du gosier pour trouver les mots qui expriment tes pensées. Ta main serre, un peu trop, alors que tu cherches des réponses au fond de son regard noyé. Est-ce qu’elle a seulement conscience de ce qu’elle vient de dire ? Du nouveau coup de poignard qu’elle vient de te planter dans la poitrine ?

— I won’t let you do this. T’aurais jamais cru prendre cette voix face à elle. Pendant une seconde, t’as l’impression de devoir remettre les idées en place à une de ces filles dont le gang a volé la vie, et à qui tu dois rappeler constamment que si elle ne joue pas son rôle bien gentiment, c’est la tombe qui l’attend. I won’t let you choose my place in that fucking life anymore, do you hear me ? If it’s my son, I deserve to be here for him too.

T’y réfléchiras plus tard, au sens de ce que tu viens d’avouer…