Overcome the difficulty [Tris]

Le sport, ça a toujours aidé Tris. Elle ne se souvient pas ne pas en avoir fait. Gamine, elle courrait partout, était sans arrêt fourrée sur les jeux d’escalades et ses parents ont probablement frôlé l’arrêt cardiaque plusieurs fois tant elle a souvent manqué de se fracasser le crâne en tombant. Avec l’âge et l’expérience, et on ne va pas se mentir une bonne dose d’engueulades en réaction à la peur « mais bon sang, je t’avais dit de m’attendre! » elle a fini par développer un bon équilibre en se concentrant. Endurante, elle n’est pas non plus du genre à s’arrêter au moindre essoufflement. C’est même très souvent le contraire: Tris, il faut l’arrêter ou bien elle vide son énergie jusqu’à vomir. Littéralement. Quand elle était adolescente, nombre de ses crises de colère se sont calmées en allant courir jusqu’à s’en rendre malade. Quand elle a décroché son job d’infirmière aux urgences, elle a beaucoup ralenti le sport, son train de vie était déjà fort sportif. À la fin d’une journée, elle aspirait plutôt à retrouver son mari. Et maintenant que Jeff n’est plus là… eh bien, les jours où elle ne bosse pas, c’est compliqué. C’est pour ça qu’elle s’est mise à la boxe.

Avant de partir pour la salle, elle a toujours le même rituel: enfiler la même tenue de sport et attacher ses longs cheveux blonds en une tresse serrée pour ne pas être gênée. Ça fait tellement longtemps qu’elle n’a plus coupé ses cheveux qu’elle ne se souvient plus de son dernier passage chez le coiffeur. Ça a fini par devenir une de ses signatures, sa tignasse blonde. Mais ça peut être un peu chiant sur le ring, alors elle a plutôt intérêt à ce que ça tienne correctement. Une fois prête, elle rejoint le bus, se cramponne à son sac pour éviter de l’oublier encore une fois à l’intérieur. Et c’est avec un certain soulagement qu’elle rentre à l’intérieur de la salle de sport. Elle a besoin de se vider la tête. Et puis elle est contente de retrouver son coach. Le feeling est passé très facilement entre eux. Elle sait qu’elle va passer un bon moment, ou au moins un moment qui lui sera utile, parce que toutes les séances ne sont pas forcément agréables physiquement sur le moment.

« Salut Dam! A fond. Comme d’hab. »

Elle a toujours le moteur qui tourne à bloc, Tris. Si elle était un véhicule, elle serait probablement une voiture de course. Y en a sous le capot

Tris est pas du genre à se mettre à pleurer devant n’importe qui. Elle est plutôt du genre à chercher une prise pour se rattraper aux murs sur lesquels elle glisse quand elle tente d’escalader les épreuves que lui envoient la vie. Enfin en tous cas, elle était comme ça avant la mort de Jeffrey. Elle a prit un sacré coup dans la gueule depuis. C’est sans doute un secret pour personne, elle a trop facilement la main sur la bouteille, surtout le vin, allez savoir pourquoi. C’est même pas ce qu’elle préfère. C’est sans doute parce que c’est facile à trouver et puis, ça garde un côté classe, une femme avec un verre de rouge à la main. Elle tient bien l’alcool par dessus le marché alors quand elle sort et consomme, c’est pas là qu’elle tape ses gueules de bois. C’est chez elle, dans son coin, quand y a personne pour la voir vomir et s’en foutre partout dans les cheveux. Elle a personne à décevoir en étant chez elle, enfoncée dans son canapé, devant une série télé à la con dont elle retient pas la moitié de l’histoire ni des personnages. Mais dehors, elle donne le change. Surtout au travail. Elle sait pas trop pourquoi mais elle adore son nouveau boulot. Elle se sent en sécurité au restaurant. Elle est apprécié pour les qualités qu’elle démontre et jamais, au grand jamais, elle n’emporte ses problèmes personnels avec elle là-bas. C’est devenu une véritable soupape de sécurité et parfois, elle a peur de trop s’y accrocher. C’est typique des personnes ayant un TDAH, de s’attacher hyper vite, trop vite et d’être blessé que le retour n’y soit pas. Si elle sait pas trop pour le moment comment ses collègues et son patron la perçoivent en tant que personne, elle sait qu’ils apprécient son attitude au service. C’est tout ce qui compte. Enfin non, elle aimerait qu’ils l’apprécient pour elle-même aussi, qu’ils se disent cool, voilà Tris! mais sa présence parmi eux est sans doute trop récente pour ça.

Et comme tout ça, ça tourne un peu trop en boucle et à tout allure dans sa tête, elle s’est trouvé une activité parfaite pour vider l’énergie restante et canaliser ses angoisses: la boxe! Ça faisait des lustres qu’elle avait pas passé la porte d’une salle de sport, mais elle a de suite accroché avec son coach. Alors c’est avec le sourire qu’elle se présente et cest sans rechigner qu’elle commence son échauffement. Elle sait que c’est une partie très importante du sport: quand elle bossait à l’hôpital, elle a en vu, des sportifs du dimanche se claquer tout et n’importe quoi parce qu’ils fonçaient sans préparer leurs corps. Si une blessure peut toujours arriver, elle a franchement envie d’en éviter une stupide.

Quand Damianòs revient, il demande comment s’est passée sa journée. Le small talk, Tris a souvent du mal, mais c’est pas des grandes conversations, c’est surtout histoire de prendre des nouvelles rapides, par politesse - peut-être par sympathie aussi, elle le connaît pas assez pour le dire. « Ouai, ça va! J’ai pas encore passé une mauvaise journée là-bas, faut dire. J’adore ce boulot. Et toi, ta journée? » L’entraînement ne tarde pas à commencer. Ils sont là pour ça, pas pour converser. Elle suit ce qu’il demande, fait de son mieux. Le haut du corps, elle maîtrise plutôt bien. Après tout, c’est grâce à ça qu’elle a été infirmière et qu’elle sait désormais tenir plusieurs plateaux sur un seul bras. Les jambes, c’est plus compliqué. Elle a certes gagné en équilibre par rapport aux folies de sa jeunesse, mais c’est pas non plus une danseuse étoile. Et ça se voit, qu’elle galère un peu. Elle atteint sa cible une première fois, perds un peu de hauteur en suite, puis finit par se remettre complètement sur ses deux pieds. « Je suis pas super équilibrée comme nana. » Au sens propre comme au sens figuré, hein. Pour le deuxième sens on repassera, pour le premier elle dit pas non à un peu d’aide.