Il pleut, il fait froid. Elle dégouline et tremble dans son pauvre perfecto qui est gorgé d’une eau se déversant à torrents sur sa tête. Ca fait maintenant plus d’une heure qu’elle attend devant les bureaux de Kenneth MacArthur, inlassable présence qui fait sacrément tâche dans cet univers feutré où tous la regardent comme un ovni. C’est vrai qu’elle détonne sacrément. Petite désespérée détrempée, assise sur le banc le plus proche de l’entrée, grelottant en serrant son manteau contre elle. Megane ne veut pas se mettre juste devant les portes, sait qu’elle serait dégagée, alors elle attend un peu plus loin qu’il montre sa gueule pour aller lui parler.

Camille, il l'a mise dehors, l’a jetée comme on jette un déchet sur le trottoir. Le cœur de la détrempée saigne aussi à verse, mais elle ne peut pas lui en vouloir à Camille : c’est elle qui s’est comportée comme la pire des enflures. Elle qui a disparu du jour au lendemain, écrit des horreurs. Elle qui a été lâche. Une partie d’elle espérait encore qu’il accepterait au moins de l’écouter quand il la verrait. Une partie d’elle espérait encore qu’elle pourrait voir sa fille, la serrer contre elle, lui dire que maman l’aime et qu’elle ne l’a pas abandonnée par choix. Une partie égoïste et pleine d’illusions qui avait pris un véritable mur en pleine face. La bonne idée avec le fait de poireauter sous la pluie, c’est que les larmes ne se voient pas.

Camille, il l’a mise dehors alors elle a choisi de jouer sur sa seconde carte - la seule qu’il lui reste en main. Kennen. Proche de son fiancé comme il l’était, Megane l’avait naturellement rencontré à plusieurs reprises. Ça n'avait jamais réellement collé entre eux. Appréciation tacitement lointaine, elle ne l’avait jamais considéré comme un ami du couple - c’était un ami de Camille. Point. La jeune femme n’était pas du genre à disséquer pourquoi telle relation fonctionne ou pas, elle avait plutôt tendance à laisser les choses faire quitte à devoir dire à son conjoint la vérité : ils n’arrivaient pas à accrocher, sans animosité aucune seulement… c’était comme ça.

Qui eut cru qu’elle se retrouverait à mendier qu’il veuille bien lui accorder une discussion, comme une misérable à attendre qu’il se montre. Dans la situation elle passerait pour une affreuse égoïste, mais si elle a pris la décision - certes extrêmement contestable - de partir pour préserver Camille et Aria, ce n’est pas pour finir en prison ou morte avant de pouvoir revenir pour s’expliquer auprès d’eux. Libre sous caution depuis quelque jours, Megane a conscience de la précarité de sa situation: il faut qu’elle discute avec Cam pour tout lui expliquer avant de ne plus pouvoir le faire. Les accusations qui portent contre elles sont extrêmement graves et ses origines la dés serviront à coup sûr : sans un très bon avocat elle sera condamnée à tort pour l’affaire du flic dans le coma, à la place d’un sacré salopard qui court toujours et compte bien la laisser se faire coffrer à sa place.

Elle a envie de fumer une clope; de descendre un paquet entier. Les larmes continuent leur chemin, là où personne ne peut les voir. Elle prie Dieu de lui accorder au moins la chance de serrer Aria dans ses bras une dernière fois. Elle prie le Seigneur que Kennen l’écoutera, juste un instant. Qu’il lui laissera la chance de s’expliquer. Il est son dernier espoir, et pour ce dernier espoir de revoir sa famille en femme libre elle est prête à tout. Rien n’est plus important que la famille.

Deuxième fois, la bonne peut-être, qu’elle se traîne à sa rencontre. Il l’approche alors qu’elle n’est plus qu’une ombre grelottante, à la limite de s’effondrer sous le poids de ses fringues dégoulinantes. Elle est à deux doigts de se jeter à ses pieds, de se traîner dans l’asphalte mouillée pour qu’il l’écoute. La première fois qu’elle est venue le voir, il n’a pas voulu lui laisser le temps. L’a coupé d’un regard dur avant même qu’elle ne lui explique sa situation. A ce moment-là, elle n’avait pas encore vu Camille, pas encore essuyé son rejet froid et sans appel. Si Meg avait choisi de commencer par Kenneth et non pas par Cam, c’est qu’elle n’avait pas envie de lui imposer son retour comme une fleur après tout ce qui s’était passé. C’est qu’elle ne savait pas quels étaient les mots, ceux qui trouveraient le chemin du cœur sûrement brisé de son ex qui la voyait revenir après tant de silence. C’est qu’elle comprenait pleinement qu’il la haïsse, qu’il ne veuille plus jamais la revoir parce qu’elle avait tout fait pour. Et pourtant, après que Kenneth ait refusé de l’écouter, elle s’était résolue à aller toquer chez lui.

Deuxième rejet.

Retour à la case départ, à Kenneth. Meg ne sait pas réellement ce qu’elle attend de lui, s’il saura comprendre toute la complexité de sa situation, l’urgence de son état. Il est son ultime atout, sa dernière chance de régler sa situation - ou au moins de régler ce qu’elle a à régler avant de finir à l’ombre jusqu’à la fin de sa vie, voire pire.

- Je veux bien un café.

Ils se mettent en route, en silence sous la pluie qui semble battante à n’en plus pouvoir. Tremblant sous le parapluie de l’avocat, elle baisse la tête en avançant, traversée de honte de se montrer si désespérée à cet homme qu’elle n’aime pas beaucoup. Bien que de l’eau coule encore de ses cheveux détrempés, elle ne peut plus dissimuler ses larmes qui dégringolent sur son menton. A deux doigts de la crise de nerfs, elle sent des sanglots secouer sa gorge qui se serre plus fort pour étouffer leur bruit. Le chemin semble long jusqu’au café qu’elle lui a indiqué. Les quelques minutes paraissent des heures, des heures où elle n’arrive pas à entamer la discussion.

Une fois assis face à face, au sec, elle a réussi à se calmer. Ses yeux sont rougis quand elle remonte son regard vers Kenneth. Elle a toujours horriblement froid, frissonne à intervalle régulier. La jeune femme le regarde en tentant de se réchauffer en frottant ses mains contre ses cuisses. Quand leurs cafés arrivent, elle pose ses mains sur la tasse brûlante pour essayer de glaner quelques degrés et calmer ses tremblements.

- Merci… Je … Écoute Kenneth, je sais que la situation est complètement lunaire et que tu aurais sûrement dû à ton sens me laisser sur ce trottoir mais… Mais il faut absolument que tu m’écoutes d’accord ? Je te jure que si après m’avoir écouté tu veux toujours pas m’aider je laisse tomber et ni toi ni Camille ne me reverrez jamais.

Elle le regarde dans les yeux, un regard résolu et profondément blessé. Un regard de bête traquée qui se sait bientôt finie. Le regard d’une femme qui reste droite au bord du précipice.

Tout peut se résoudre autour d’un café. Elle serre plus fort, brûlant légèrement la pulpe de ses doigts sur la tasse chaude qui fait irradier sa douceur dans son corps meurtri. Meg tremble, tant de froid que de désespoir. Elle tremble mais quand Kenneth lui répond avec toute la douceur qu’elle ne pensait plus mériter, son tumulte intérieur s’apaise légèrement. Alors ses yeux s'écarquillent un peu et elle cesse de s’accrocher au café avec la ferveur de la détresse. Quelle ironie de devoir renouer avec sa vie d’avant dans un café - là où tout a commencé. Dans un silence presque timide, elle ne dit plus rien un instant, presque surprise de sa réponse. manque

- Ça fait huit ans que je suis partie. A vrai dire, je pensais ne jamais revenir, ne jamais revoir ton visage ni… celui de… Camille. J’ai fait un choix que je regrette à chaque instant de ma vie et j’avais fait une croix sur la chance de m’expliquer mais… Elle fait une pause et porte la tasse à ses lèvres, humant la vapeur aux arômes complexes. Aujourd’hui les choses ont changé.

Comment trouver les mots justes ? Comment réussir à exprimer à cet homme toute une histoire qu’elle même n’arrive pas à saisir complètement ? Il semble enclin à l’écouter, mais elle s’apprête à lui confier tout un pan de sa vie qui comporte de lourds secrets. S’il se retourne contre elle, il connaît suffisamment la loi pour lui nuire plutôt que la sortir de la merde noire où elle se trouve. De toute manière, elle n’a plus d’autre solution. Son dernier recours peut même se targuer d’être rassurant.

- Il faut que je remonte à bien avant mon arrivée ici, bien avant que je ne rencontre Camille. La tasse ne tremble presque plus, elle la repose doucement sur la table et braque son regard sombre dans celui de Kenneth. Je suis née à Eighth Milles Road ça tu le sais déjà. Ce que je n’ai jamais raconté c’est que je suis liée au BBG bien plus que de part mon lieu de naissance. Mes parents étaient des membres du gang, jusqu’à ce qu’ils… Un règlement de compte. Sa gorge se serre un peu, elle n’a pas évoqué le sujet depuis longtemps - on parle peu de ces choses-là à Eight. J’avais un frère, Yaheem. Nous avons dû nous débrouiller seuls après leur mort et j’ai toujours fait en sorte de travailler pour le garder loin du gang. Après plusieurs années, j’ai appris qu’il avait fini par le rejoindre quand même.

On n'échappe pas si facilement à la fatalité de Eight Miles. Quartier qui brise ses enfants tout en leur donnant les plus beaux des souvenirs. Vivre dans ces rues est un savant mélange entre les rires et les pleurs. Depuis que tout ça a commencé, Megane se sent plus seule que jamais. Les souvenirs de ses jours heureux la hantent, elle a envie de pleurer, une sensation de fatigue intense la traverse. Ne pas s’arrêter de raconter, ne pas perdre  le fil.

- C’est le jour où je l’ai appris que je suis partie et que j’ai débarqué de ce côté de la ville. J’ai tiré un trait sur mon histoire, oublié ces histoires de gang et essayé de reconstruire une nouvelle Megane. C’est à cette période que j’ai rencontré Camille et que notre histoire a commencé. Pendant tout ce temps, toutes ces années, j’ai tenté de faire comme si mon passé n’existait pas. Un jour, j’ai reçu une lettre.

Elle sort son téléphone de son sac, le fait glisser vers Kenneth après avoir affiché une photo. Cette photo est l’incarnation de ses angoisses, la preuve physique du moment où tout a basculé pour elle. Un bout de papier tout simple, des mots écrits avec des lettres découpées - on ne voit apparemment pas ça que dans les films, ça aurait presque pu être comique. Au centre, une phrase : “La chienne qui baise un flic et qui est loin de ses maîtres ne vit pas longtemps et ses petits non plus.”

- Ça peut sembler complètement ridicule, et j’aurais sûrement dû agir autrement mais… Quand j’ai reçu cette lettre, j’ai reçu toute l’angoisse de ce que j’avais essayé d’étouffer depuis des années. On aime pas beaucoup les traîtres dans mon monde et … coucher avec un flic, lui faire un enfant et prévoir de l’épouser ce n’est pas exactement ce qui se fait. J’aurais pu demander de l’aide, me confier. J’avais peur de mettre Camille et Aria en danger, qu’ils leur fassent du mal et… Et je savais pas quoi faire d’autre. J’ai décidé de les abandonner, de m’éloigner d’eux le plus possible pour être sûre qu’il ne leur arrive rien.

Elle prend une grande gorgée de son café, le liquide brûlant coule dans sa gorge et elle grimace un peu. Se concentrer sur cette sensation lui évite de fondre en larmes - le but n’est pas d'apitoyer Kenneth et se montrer aussi vulnérable depuis en public et devant lui la met dans un malaise profond.

- Cette partie-là, tu la connais. Le destin a fait les choses d’une traite : il m’a pris mon frère dans la foulée. Un retour du karma peut-être ? Un rire triste lui échappe, elle baisse les yeux. Je suis rentrée chez moi pour l’enterrement, remettre les choses en ordre après la mort de Yaheem. Reprendre ma place j’imagine, essayer de disparaître de la face du monde. Je m’étais dit qu’une fois dans le quartier Camille et Aria seraient en sécurité, que je pourrais enquêter sur l’auteur de la lettre… J'espérais pouvoir revenir, dire la vérité. Voir grandir ma fille… Je sais que Camille ne me pardonnera pas, je ne lui demande pas de me pardonner. Mais je n’ai jamais pu lui dire la vérité et maintenant…

La partie illégale, la partie compliquée. Petite pause,  grande inspiration.

- Maintenant je risque d’aller en prison. Je ne suis libre que j’ai un peu d’argent et quelques relations via le BBG, mais je suis mise en examen pour tentative d’homicide sur un policier. La libération sous caution n’a été possible que grâce aux dites relations et à sûrement un peu de chance.

Seconde pause, une plus grande inspiration.

- J’ai mené l’enquête sur ce qui s’était passé, à la recherche de la personne qui aurait pu menacer ma famille. Durant mon enquête, je me suis retrouvée mêlée à des histoires bien trop sombres et bien trop violentes, et un soir alors que j’étais dans les rues d'Eight… J’ai été témoin d’un affrontement entre deux hommes. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait d’un policier et d’un inconnu. Le policier est actuellement entre la vie et la mort, et moi j’étais au pire endroit au pire moment.

Elle regarde ses mains, revoit le sang.

- J’ai été arrêtée par les renforts qu’il avait appelé, le flingue incriminé entre les doigts. Va expliquer à la police qu’une meuf comme moi, noire et des bas-fonds n’y est pour rien quand elle a l’arme du crime dans les mains après avoir essayé d’arrêter le vrai responsable. J’ai eu beau essayer de le réanimer, me défendre tant que j’ai pu. Ils ne m’ont pas cru. Elle secoue la tête. Aujourd’hui je suis dehors, s’il se réveille il m’innocentera mais s’il ne se réveille pas… Je finirai en taule. Je ne suis pas très optimiste sur la question et malgré tout ce qui a pu se passer, mon seul souhait avant de finir ma vie dans une cage c’était de pouvoir parler à Camille et Aria, une dernière fois.

Les larmes fusent, cette fois-ci rien ne les retient.

- Je veux juste leur parler, juste dire la vérité. Juste les serrer dans mes bras avant tout ça… Une dernière fois.

Se sentir comme un monstre. S’en vouloir encore et encore depuis des années. Solitaire souffrance qu’elle ne veut pas apaiser - comme si c’était le prix à payer pour le choix qu’elle a fait. Elle pleure, essuie ses larmes au fur et à mesure avec le revers de ses manches. Pathétique. Faible. Une gorgée brûlante la remet un peu d’aplomb. La secoue des pieds à la tête. La femme s’excuse à mi-voix derrière sa tasse. Dissimulée derrière la buée. Les sanglots lui déchirent la gorge en silence, elle essaie de les calmer du mieux qu’elle peut, hoquetant légèrement.

- Je … Je sais que j’aurais … j’aurais pu trouver une autre solution. Qu’ensemble on aurait pu mais… Tout est arrivé si vite, tout en même temps. J’ai … J’ai pas su quoi faire d’autre, et une fois que j’ai voulu trouver une alternative c’était trop tard. Une fugitive comme mère ? C’est pas une vie pour une enfant. C’est pas la vie que je voulais pour elle, pour eux.

Elle baisse les yeux, baisse la voix. Il a raison quand il lui dit de ne pas parler de ça ici. Les murs ont des oreilles partout et la liberté de Meg ne tient qu’à un fil. Un fil sur lequel elle joue l'équilibriste, priant de ne pas tomber d’un côté ou de l’autre.

- Je n’ai pas les moyens d’avoir un bon avocat, tu le sais autant que moi. On vient du même coin. Je pense que tu peux comprendre ce que je veux dire par “inégalité des chances”. Ravalant sa tristesse, elle prend une touillette en bois qu’elle s’applique à réduire en un petit tas de copeaux de différentes tailles. Je suis partie pour trouver un autre horizon que celui de continuer l’histoire de ma famille, que de me mêler aux affaires du quartier. Réussir autre chose, devenir quelqu'un d’autre. Mais on n'échappe pas à qui on est. J’ai toujours l’étiquette en plein sur la gueule. Je sais qu’il y a des combats que je ne peux pas gagner.

Sa jambe bat la mesure nerveusement, elle sursaute un peu quand l’avocat pose sa main sur la sienne. Son contact est chaud, apaisant. Elle arrête de s’attaquer à la pauvre touillette et se laisse faire. Tout à coup elle se demande pourquoi elle n’a pas su l’apprécier quand elle était avec Camille. Tout à coup elle se rend compte de toutes les choses qu’elle s'est interdit en arrivant jamais totalement à se faire au monde de l’homme qu’elle aimait.

- Mon procès est dans quelques mois…  J’ai été libérée sous caution. Ma famille l’a payée, encore quelque chose qui ne joue pas en ma faveur mais… Je pouvais pas rester dedans.

Elle serre, s'accroche au contact qu’il lui offre. Bouée de sauvetage imprévue dans la mer déchaînée.

- Je… J’ai pas encore d'avocat, ce n'est pas ma priorité. Ma priorité c’est de mettre les choses au clair avec Camille, pour notre fille. Arranger mes affaires avant que je ne me retrouve … Enfin…

Les mots viennent difficilement, les choses s’embrouillent. Elle regarde Kenneth dans les yeux, lui sourit doucement, avec toute la mélancolie du monde.

- Je sais que je n’ai pas été la plus sympa avec toi. Qu’on a jamais réellement pu être amis comme on aurait pu l’être. Ses yeux sont rouges, traversés par l’émotion qui la ronge. Merci de m’écouter malgré tout ce qui s’est passé. J’aurais jamais dû venir te parler, c’est pas à toi de gérer ça mais… Je ne savais pas vers qui me tourner, cette situation est désespérée.  

D’une pression elle lui murmure “merci” avant de relâcher sa main. Merci pour tout.

- Voilà où j’en suis. Voilà ce qui s’est passé, ce qui se passe. Je ne sais pas quoi faire pour la suite alors… Qu’est ce que je devrais faire à ton avis ?

Illégitime. Le mot tourne et résonne dans sa tête, frappe et déchire son cerveau. Fautive, fautive. La douceur et l’empathie de l’avocat achèvent de la faire se sentir mal, enfoncent sa culpabilité alors même qu’il vient d’accepter de l’aider dans un combat qui est presque perdu avant même de commencer. Pessimiste sur son avenir, Meg espère au moins que l’aide de Kenneth lui permettra de se réconcilier - un peu - avec son passé. Elle se frotte le nez, s’essuie le visage avec les serviettes qu’il lui tend. Le visage exempt de tout maquillage, elle sait qu’elle doit avoir une face fatiguée, froissée par le sommeil absent et les soirées de travail.

- Merci de faire ça Kenneth… Si ce n’est pour moi, au moins pour que je règle un peu de cette merde avant de potentiellement finir enfermée à vie. Mais sache que je te payerai si tu prends mon dossier, juste laisse moi le temps. Bref, c’est… Elle soupire, secoue la tête. Y’a plus rien à dire de toute manière sur le sujet, tu as raison, je devrais pas en parler aussi facilement à l’extérieur.

À la mention de Camille, elle hoche simplement de la tête. Au point où elle en est, elle remet quasiment sa vie entre les mains de l’homme en face d’elle, alors sa confiance fait partie du package. D’une ultime pression des doigts, elle communique toute la gratitude que ses mots ne suffisent pas à illustrer. L’envie de lui dire des centaines de milliers de fois merci.

- Je ferai tout ce que tu me diras. Je t’enverrai toutes les informations que j’ai par mail et je viendrai dès que tu pourras me recevoir… Si je peux faire quelque chose, dis-le-moi, je ferai tout ce qu’il faut pour au moins retarder l’échéance.

Ne même pas penser qu’elle pourrait s’en sortir, de toute manière ce n’est pas elle qui est importante. Il y a des années, elle a fait le pire choix de sa vie par lâcheté, aujourd’hui elle va affronter ses responsabilités, les yeux dans les yeux.