(( seven )) prideful vibe | kit

Lumières qui s'emmêlent, lumières qui s'étendent jusqu'à tous les couvrir. Flamboient les sphères accrochées, comme un autre univers qu'il aurait réussi à matérialiser – par l'espoir, la détermination, sans négliger cette chance qu'il n'a pas mérité. Bonté qu'on lui a adressé, la réalisation de ses rêves sans attendre en retour, sans savoir s'il en vaudrait pleinement la peine ; on lui a offert tout ce qu'il n'aurait pu de lui-même s'approprier. Une reconnaissance, un nom à réciter ; un bien qui dépasse de très loin tous les fantasmes pour lesquels il a tant prié. Satisfait, l'alcool qui va et longe les veines jusqu'à l’anesthésier aux maux qui auraient à s'élever. Les heures tournent, les conversations s'enchaînent – et lui, il s'enivre à cette effervescence adorée. Lui, il se laisse griser par la fierté qui ne cesse de s'accentuer. Il a réussi, on lui a donné l'opportunité de s'élever. Et elle s'avance, l'une des silhouettes pour lesquelles il doit plus que des remerciements. Là, Kit qui s'approche ; lui qui l'a écouté, épaulé, guidé dans ses sentiers devenaient sinueux, déformés. Lui qui lui ouvrait la porte d'une pseudo célébrité, ignorant qu'il était de tout ce qui pourrait alors en déboucher. Le sourire s'installe, instinctif. Il ne s'est pas encore levé, enfoncé dans la banquette comme un roi avec ses deux chiens à ses côtés. Le verre qu'il lève, l'attention qu'il capte. Le rire qui s'en suit avant, qu'enfin, hauteur ne soit retrouvée. Sans un mot, sans une note à énoncer. Rien que l'étreinte pleine et entière. L'étreinte qu'il se doit de lui concéder, pour tout ce que celui-là a déjà fait – pour tout ce qu'il lui apporte encore, même sans l'imaginer. « Thank you... for... so much things. » Contre l'épaule, sans hésiter. Ça lui vient du cœur, ça dépasse les lippes qui s'animent pour tout formuler. Il a trop attendu, Phoenix, ces choses-là auraient dû flirter avec la trachée bien avant ces mois écoulés, ces années presque désormais. Parce qu'il lui ouvrait la voie pour s'échapper du chaos dans lequel, par le passé, il s'était enfoncé. En cherchant à lui faire accepter ce qui ne pouvait l'être, il lui permettait d'ouvrir les yeux sur la décision qu'il a fini par prendre pour en arriver là. Se libérer, s'émanciper, se relever. Briller, même si ce n'est que de moitié. « Thanks for coming. Really. Thanks... » Avant que de parvenir à s'en défaire, la paume qu'il laisse traîner sur l'épaule de celui à qui bien plus que des mots devraient être donnés. « It's your home too here, never forget that, ok ? » Le lien sacré, le lien qu'il tient à appuyer. Ce lien improbable qu'il tient à honorer – même malgré les querelles, les coups, les tristes instants qu'ils ont essuyé. Ceux-là effacés au profit de cette gloire acquise en cette étrange, mais parfaite soirée. « I just... I just saw Sonny few minutes ago. She came for the event. I'm glad you're here too. » Parce qu'ils sont ceux qui ont permit à celui-là d'ainsi s'élever. Parce qu'ils sont ceux sans qui tout ça n'aurait pas exister.                





   

Effusions improbables, instinctives. C'est le cœur qui s'élève pour gronder, clamer tout ce qu'il ne parvient pas à énoncer quand lucidité règne, quand honte et appréhension du passé s'allient pour le museler. Il laisse les choses lui échapper, Phoenix, parce qu'il doit à celui-là le nom qu'il possède désormais – cette visibilité. Cette impression de réellement exister. Alors il a insisté, secoué les traits quand celui-là réclame que les remerciements soient effacés ; comment le pourrait-il ? Il observe l'assemblée, les lieux qui luisent d'un bleu d'ailleurs, la magnificence de ce rêve qui se tient à sa portée. La courbe aux lippes plus accentuée, les battements à l'endocarde plus fiers que jamais. Oh, il doit bien des choses, Ledger premier – mais à celui-là, il lui doit surtout cette stabilité qu'il peinait à trouver. Une étoile qu'il était devenu, le blond, un guide dans les tréfonds trop noirs de cette âme molestée. S'il savait, s'il pouvait ne serait-ce qu'imaginer. Et un rire s'élève, un tintement léger quant à cette énième invitation soulevée. Le Foxes qui saurait l'accueillir, les pas qui n'oseront jamais s'en approcher. Il remercie d'un bref mouvement de la tête, Phoenix, avant que le costume ne soit commenté. Les yeux levés, brève bousculade sur l'épaule qu'il orchestre dans la foulée. « Nop, I don't think so... » Cette simple idée qu'il tente de défaire de son esprit, l'attention qui vacille jusqu'à ce que la voix ne revienne le captiver. Présentations sous-entendues, les prunelles lorgnent les alentours pour guetter un peu ces invités qu'il ne connaît pas ; et le souffle est aisé qu'il laisse lui échapper. Ils sont nombreux à s'être déplacés, ils sont nombreux à venir contempler cet éveil qui a trop tardé. Satisfait, apaisé. « How are you feeling ? Plus en vie qu'il ne l'a déjà été. How freakin’ proud of yourself are you ? » Les mots dépasseraient l'entendement, les mots manquent en vérité tant il se pensait non méritant. « I... pff... I don't know. » Le rire pour ponctuer, le rire pour matérialiser le fait que l'esprit peine encore à tout réaliser. Pourtant, c'est bien là, sous ses yeux, sous les leurs. Suspensions scintillent sous quelques projecteurs installées, il y a ces notes qui prennent place, qui crachent ces musiques adorées. C'est bien chez lui, c'est bien son monde – c'est bien les images que les rêves parfois lui léguaient. Ils sont là pour lui, parce qu'il a su percer là où ses pas n'étaient pas destinés à s'aventurer. « I feel great. I mean... I try to convince me it ain't a fucking dream and that I won't wake up in hell once again, but right now... yeah, I feel fucking great. » Ça n'exprime pas assez, mais ça exprime paradoxalement tout ce que l'endocarde aurait à confier. Fierté. « If they would've told me, years ago, that I'll be there today, guess I would've just laugh out loud, calling it a lie but hey... Here we are. » Modestie qu'il feint, lui qui voudrait pouvoir s'en vanter – jusqu'à s’époumoner. Fier. Fierté. Fierté qui prend les armes pour prendre le siège sur l'esprit d'ordinaire plus mesuré. « What about you ? You' seem way more peaceful than you used to be, man. »                 





   

Partagés, les sourires. Ils se succèdent, les uns après les autres – rappelant alors tout ce qui aurait pu être perdu, tout ce qu'il a manqué de laisser s'échapper. La possibilité d'encore subsister, parfaire ce cercle dans lequel il s'est imposé. Beauté. Beauté qui ne fait que s'accentuer, l'attention qu'il rend à celui qui s'est présenté, délaissant alors les mille lumières qui sur lui n'ont de cesse de stagner. C'est sa soirée, son rêve, mais ils font partie de ce tout qui parvient à le stabiliser. Il lui doit bien plus qu'il ne l'imagine, Phoenix, et c'est en partie pour ça que le cœur ne parvient qu'à s'emballer. Plus encore sous ce qu'il énonce, sous ces syllabes qu'il reprend. La paix retrouvée, la paix obtenue. Une étincelle parfaite qui flirte avec l'endocarde, qui infecte les chairs jusqu'à les soigner – un baume-cure qui éloigne la nécrose des démons du passé. « I mean why wouldn’t I be right? I found the most beautiful man on Earth, my business is booming and my friends are reaching their dreams. » Le rouge s'étend, prend jusqu'à ses propres joues. Il le détourne, son regard, terre et mer qui vont et flirtent avec les silhouettes qui s'entassent dans cette grande salle. Il balaie du regard tout ce qu'il est parvenu à créer ; un monde, un univers où toute son âme pourrait enfin se reposer. Un havre dans lequel s'enfoncer, sa vision de la perfection matérialisée. « Yeah... Like I said, you're part of this. And when I say it, I mean it. Really. » Qu'il ne s'y méprenne pas, l'ami qu'il revient empoigner – le bras sur l'épaule comme pour parfaire ce lien qui autrefois chancelait, effrayait ; qui aujourd'hui rassure pour tout ce qu'il peut représenter. « Speaking of... your man. Well... Let's say I'm happy for you, man. You know that it's not... it's not really... easy for me to... well, you know ? Hm. Anyway. » Une tape, l'attention qu'il remet à ces autres qui voguent, à ces lumières qui frétillent. Le sourire qu'il ne peut réprimer, un rire qui s'en suit comme ils en sont à parler de ces cœurs qui peuvent se remettre à chanter. « Hey, you know what ? I maybe did something stupid when I send the invitation. I was so... excited you know and... I thought that maybe Euros wouldn't answer it, but she came. » Heureux, dans le fond. Il a eu cet espoir fou qui s'est embrasé, comme un regain d'énergie trop longtemps étouffé. Il a songé à ces chances qui pourraient encore être dissimulées, cet avenir qu'il s'est longtemps fantasmé avec la demoiselle désignée – mais le sourire est un peu pincé, presque crispé. « She came but someone else came too, that I also invited, and... I don't know why I'm telling you this. » Parce que ça commençait à lui peser, parce qu'il appréhende que ces deux-là aient à se croiser. Parce qu'ils sont à tout observer, parce qu'il doit simplement souffler. « What's his job again ? I don't know if you told me about it or not. I don't remember. »                  





   

Il feint la mine agacée, outrée d'une pensée qu'il n'a pas réalisé. Il feint seulement, parce qu'il y viendrait tout de même si l'occasion venait à se présenter. Il le ferait, Phoenix, en étouffant tout ce que la conscience aurait alors à gueuler. Il profiterait d'assister à ce bonheur flamboyant, à ces sourires inscrits sur les lippes pour se rappeler à lui-même qu'il reste un semblant de paix dans ce monde déchiré. Il feint seulement, Phoenix, essayant d'y prêter plus d'attention alors que l'âme vacille, reste bloquée sur ce qu'il confiait en des mots mal employés, en des formulations bancales et tremblantes. Prit au piège dans sa propre connerie, à avoir flirter ici et là toute la soirée en essayant de ravaler les craintes qui l'oppressaient. Il essaie de s'y concentrer, Ledger, avant que le sujet n'y revienne, avant que les suppositions ne s'imposent. Il a acquiescé au fait que ce soit une bonne chose qu'elle soit venue. Il a acquiescé alors que la conscience gueulait qu'il aurait dû s'en douter ; ne pas prendre le risque d'inviter cette autre qui s'accapare quelques rêves, quelques fantasmes secrètement silenciés. Les joues brièvement rougies, l'attention qu'il fait mine d'éloigner. Mais il l'écoute, l'oreille tendue. Le métier du partenaire délivré, les sourcils haussés rien qu'à imaginer toutes les horreurs qu'il doit entendre et les débiles qu'il doit probablement gérer ; sans parler des démons qui pullulent dans cette ville saccagée. Il ne l'envie pas, l'homme en question, et s'en voit presque désolé pour lui ; parce qu'il pourrait faire partie de ceux qu'il aurait à représenter et qu'il sait, Phoenix, qu'il est loin d'être un cas avenant et aisé à gérer. Les lippes pincées, Kit qui s'en remet encore sur ces tourments à peine dévoilés. Il a soupiré, le tatoué. Les paupières closes le temps d'une seconde, le courage qu'il se met à chercher dans un verre à moitié plein, à moitié vide en vérité. « I don't date, no. But... Hey... You've no idea how I love Euros. I'll always. But... hm... There's someone else. We used to go to Chicago once, just the both of us and Fucker, and... well, let's say she was... all of what I needed at this time. It still there, in a way, when I see her... I can't stop thinking what could have happened if things were different, you know ? If I wasn't still in love with Euros and if she wasn't in love with someone else too. I don't know, our time together was... peaceful, more than I could describe. Il marque une pause, surveille les alentours, la manière dont les choses se déroulent, les silhouettes qui s'amassent parfois autour du buffet, parfois aux tables mal entreposées pour la soirée. Il essaie d'y voir le faciès de celle qu'il a toujours aimé, celui de cette autre dont il parle sans encore l'avoir nommé. I invited her as well. » Là, cette simple et unique connerie. Il a osé, Phoenix, il a provoqué le destin en ralliant ces deux parcelles du pauvre muscle essoufflé sous un seul et même toit ; comme pour mieux se tourmenter. « Let's see the bright side here, we've got a lawyer with us ! If thing goes bad, he's gonna have some work to do. » Un verre, il lui faut un autre verre et vite. « See ? I didn't change. Still an asshole. I didn't even mention that there's a third that I should have keep in the dark... Nothing serious, just, some nights... Ok, I'm the worst. »                  





   

L'appréhension, les songes qui s'aventurent à peser l'ampleur de ses erreurs. Les noms résonnent dans l'encéphale, comme des litanies imparables pour parfaire cette espèce de culpabilité qui lui pèse sur l'estomac, le cœur déjà écrasé. Il en a soufflé, il observe l'assemblée – il y a cet éclat peureux qui scintille timidement, comme une étoile tremblante qui tente de survivre à l'orage. « What do you mean ? Phoenix you heartbreaker… » Là, le rictus est maigre, coupable de cette vérité. Il s'enfonce en des situations trop complexes, il laisse son esprit s'éprendre des instants qui lui sont concédés jusqu'à leur donner trop d'importance, des consonances plus sérieuses qu'il ne devrait d'abord l'espérer. Phoenix et sa peur de l'abandon qui violente parfois l'endocarde jusqu'à l'étouffer. Phoenix et ce besoin d'exister, cette nécessité qui lancine en lui pour le pousser là où les regards sont capables de le contempler. Comme si rien ne s'était passé, parce qu'elles ignorent les méfaits, le sang sur les phalanges qu'il se surprend encore parfois à cauchemarder. Et il l'envie presque, finalement, cet autre qui se tient à ses côtés. Pour cette vie qu'il est en train de s'approprier, pour ce futur qu'il n'a pas de mal à dessiner. Son sentier lui est dévoilé, parfaitement tracé, et l'horizon lui rappelle constamment le nom de celui qu'il s'est choisi ; le ciel n'est couvert que d'épais nuage, une couche opaque de doutes sur les étoiles qui auraient dû le guider. Il s'égare, il s'enfonce là où clarté ne peut régner. Il se perd, l'homme qui semble pourtant lentement se retrouver. C'est une courbe bienveillante qui s'ancre aux pulpeuses sous le poids des annonces concédées, un réel instant de bonheur qu'il prend le temps d'empoigner que de savoir cette âme là entre de bonnes mains, vouée à un semblant de tranquillité. Enfin, parce qu'il était temps. « I don't... I don't think so. The first one's called Ezra, the second Theodora. » Il a laissé son regard dévié, il s'attarde encore sur les environs pour fuir les quelques jugements qu'il craint d'imaginer. Les rougeurs aux joues se sont quelque peu amplifiées, comme rattrapées par la gêne plus que par l'alcool d'ores et déjà ingurgité. « You know what ? Let's forget that. Tell me about this fucking house. You need hands to help you ? » Un sujet plus léger, plus joyeux. Il veut se diriger vers une conversation moins oppressante, moins gênante pour le pauvre muscle qui bat maladroitement sous ses côtes. « That's the first step, you know. After that, you're gonna dream about kids, and dogs, and shit like matching sweatshirts. » Il en rigole légèrement, l'idiot, noyant le timbre amusé dans une gorgée tandis que les prunelles reviennent guetter l'ami, curieux de la réaction instinctive que ses mots auraient à provoquer.  « You'll be perfect for this kind of romantic life, I can already see it from here. » Et il ne ment même pas, s'imagine parfaitement cette espèce de quotidien que celui-là aurait à s'approprier. Un calme étrange, même malgré la tempête qui guette les allées désolées. Qu'il se relève, qu'ils vivent comme ils en sont à le souhaiter – parce qu'ils le peuvent, parce qu'ils l'ont probablement plus que mérité. « Hope the name of your first's gonna be Phoenix. »                   





   

Chaque syllabe apporte un battement singulier à l'endocarde malmené. Chaque nom en éveille d'autres, plus violents que certains, moindres que ceux qui chantent pour celle que les années persistent à éloigner. Chaque syllabe est une histoire dans l'encéphale de celui qui prend conscience de ses erreurs, de cette démence qui émergeait de son effervescence. Il n'a pas réfléchi, il n'a fait que succomber à la fierté, à cette joie nouvelle qui s’immisçait en lui comme un venin incurable. Mais il a tenté, Phoenix. Il tente encore de chasser l'émergence de ses sentiments vacillants, des chansonnettes de ce myocarde trop prompt à se laisser aller. Il s'en remet à l'ami, à la vie qu'il s'est choisi, aux décisions qu'il vient de lui confier – à l'espèce de timidité qui viendrait presque teindre les joues du blond d'ordinaire imperturbable. Ça force la courbe sur les lippes, ça force cette espèce de presque rire à se manifester. Attentif, Ledger premier, imprimant cette invitation dans ses songes avant que le reste n'ait à lui être concédé. Il a oublié au final ô combien l'argent n'était pas un problème pour celui qui se tient à ses côtés. Il a oublié, Phoenix, le temps d'un instant, que sa question serait ridicule dans un contexte comme celui-ci. Bien sûr qu'il a payé des services, bien sûr qu'il n'ira pas se briser le dos sous un canapé à trimballer. Ça l'amuse, en vérité. Ça l'amuse autant que tout ce qu'il persiste à lui offrir, une vue d'ensemble sur cette situation qu'il n'a pas su appréhender. Il était libre, une étoile sauvage qui errait en ces cieux colorés, loin de toutes entraves, loin des attaches auxquelles le commun des mortels aiment à s'enliser. Mais il est Homme, autant que celui qui se croit monstre par ses méfaits-secrets. Ils le sont tous les deux, quoi qu'ils puissent en penser. Il l'aime, cette étrange félicité qui prend les devants, qui corrompt jusqu'à la noirceur qui l'oppressait. Il s'y berce, Phoenix, jusqu'à feindre l'outrage sous l'aveu du comparse ; l'amour inexistant pour ces bestioles qui épaulent l'hôte pailleté. Pour le reste, il ne lui offre qu'une main sur l'épaule, qu'un rire amusé. Une note singulière qui rappelle toute la bonté et la bienveillance de l'oiseau enflammé. « You don't deserve all that fucking happiness if you don't like dogs, man, so hold on to it. » Il n'en pense pas un mot, prétendra le contraire sur quelques secondes. Sérieux auquel il s'essaie, sur lequel s'impose cette courbe tremblante qu'il peine à retenir. « No, hey. I'm happy for you, bro, and fuck yes, I want to see the fucking house. You've got a pool, right ? Tell me you've got one, please. » Cet air trop solennel qui revient, les prunelles qui insistent. Il songe à tout ce qu'ils pourront organiser, ces soirées manquées à ne pas réussir à se coordonner. Il veut y remédier, l'idiot d'ores et déjà prêt à s'inviter. Il veut parfaire cette vie qui se tient entre ses mains, la possibilité de magnifier cette énième chance qui lui est concédée. Il veut tout consolider, par nécessité. « You don't like dogs, that's a thing, but what about these two ? They're invited as well, doesn't it ? » Les chiens qui se tiennent à ses pieds qu'il désigne, ces ombres éternelles qui refusent de le laisser trop loin s'aventurer. Des gardes selon certains, des anges selon ses propres dires.                    





   

La plaie se creuse un peu plus, il la feint en tenant l'endocarde qui pourrait s'emballer sous la nouvelle qu'il lui crache – les animaux qu'il ne parvient pas à apprécier. L'air inquiet qu'il aborde finalement, Phoenix, comme pour s'assurer que celui-là ne souffre pas d'un mal dont il ne connaîtrait rien ; est-ce qu'un cœur même se cache sous ces chairs à portée ? Il semblerait qu'aucun battement ne soit à même de résonner. Prêt à moquer, prêt à taquiner, Phoenix, quoi que patient encore pour ce souhait qu'il tient à réaliser. La piscine sur laquelle il s'attarde plutôt que sur ce qu'il nommerait ce manque d'émotions. Les prunelles braquées sur l'ami qu'il s'est trouvé, jusqu'à feindre davantage la déception et l'angoisse quand il réfute toutes les possibilités qu'il était déjà en train d'imaginer. Le jacuzzi en compensation, bien qu'à peine un réconfort. Il acquiesce maigrement, Phoenix, à mimer encore ce manque d'air dont il pourrait être victime. De mauvais goût pour l'avenir et tout ce qui viendra très rapidement l'empoisonner. Le hasard traître, malsain, carnassier. Les poumons qui se verront diminués, la trachée brûlée. Mais l'heure est à l’insouciance, à l'extase d'un tel rêve réalisé. L'heure est à la légèreté, au plaisir de tous les avoir à sa portée – tous, ceux qui importent au muscle bancal sous la peau tatouée. Il a finit par souffler, s'éloignant d'un pas à peine aux réponses attendues. Il parviendra à le faire changer d'avis, s'en convainc mentalement maintenant qu'il sait que l'univers tient tout de même à lui imposer ces merveilleuses créatures adorées. Il finira par céder, Kit, un jour ou l'autre – il en mettrait ses mains à couper, et Dieu sait qu'il aurait à les regretter s'il l'osait. Rien que pour ces caresses qu'il dispense encore sur ceux qui se tiennent à ses pieds. Les chiens patients, observateurs. Les chiens qui refusent de le laisser s'éloigner, ne serait-ce que pour quelques minutes : protecteurs autant qu'ils sont aussi sur-couvés. « Is it ok to have dogs in a restaurant ? » Les sourcils qu'il a froncé, les alentours qu'il guette dans la foulée. Quelques uns se sont invités avec ces animaux qui se sont mis de côté, allongés dans un coin à se reposer. « Well, I guess not, but who said I would have done things like everyone ? » Il a haussé les épaules, se fout pas mal des remarques, des critiques qui auront à remonter. Sa vision et ses volontés importent bien plus que tout ce quiconque aurait alors à relever. « I've made them a pet bar, right there. » Il désigne l'escalier, cet espace aménagé pour ceux qu'on a tendance à trop oublier. S'il a osé une partie dans le menu destiné aux chiens qui auraient à accompagner leur maître ? Bien sûr que oui. « I don't want here to be like elsewhere to be honest, so, you know me. I've to dream big. » Plus grand encore, un peu plus loin : subsiste encore l'idée d'envoyer son invitation au rappeur que cette même ville à élever. Fantasme qu'il supposait à l'ami qui partage l'appartement dérangé. « Next step is to invite Eminem to come. » Un peu impulsif qu'il le disait.                     





   

Il dégueule ses rêves, ses ambitions – l'extravagance de cet esprit qui s'emballe. Il dégueule l'excitation et ce sérieux immuable, le cœur comme persuadé de pouvoir parvenir à honorer les requêtes de l'âme qui tremble et s'impatiente d'un rêve à faire réalité. Parce qu'il faut du cœur pour tenir le type de voie qu'il s'est mis à suivre, un peu de cœur et de courage, une volonté de fer qui n'aurait pas à se briser. Il dégueule ses conneries, Phoenix, à froncer les sourcils quand l'ami manque de s'étouffer. Une demi-courbe aux lippes, la main prête à s'apposer sur l'épaule à portée. Il guette, il veille, les prunelles dépareillées qui s'attardent sur les traits pour s'assurer qu'il n'est pas en train de suffoquer. Mais il parle, il s'exprime ; il récite les syllabes qu'il admire depuis trop d'années désormais. Et il acquiesce, l'idiot. « Yeah, Em. » Il continue dans sa lancée, cherche à se convaincre de ce projet autant qu'il essaie de persuader l'improbable ami qu'il s'est trouvé. Celui-là même qui questionne déjà son plan, qui réclame à savoir tout ce qu'il aurait à réfléchir pour faire venir un homme tel que le concerné jusqu'en ces lieux là ; dérisoires, loin d'une quelconque notoriété. Une pause alors, les songes qui s'emmêlent, se pressent tous en une seule et même hémisphère de son cerveau pour tenter de monter quelque chose de cohérent. Il a simplement acquiescé, Ledger premier, avant de hausser les épaules – balbutiant quelque chose alors qu'il contemple les alentours. « I don't know yet. » Une première réponse, loin d'être digne des rêves qu'il s'est mis à confier. Dieu sait que sa conscience est en train d'y travailler, pourtant. L'idée lui est venue sans qu'il n'ait à la forcer, mais la réalisation demande bien plus qu'un éclat d'impulsivité mal maîtriser ; et maintenant qu'elle fut prononcée, il ne parviendra pas à se la retirer de la tête. « Guess a little bit of charm and a lot of luck could work. Faux. I'll figure it out. » Déterminé, l'homme dont les épaules portent le poids de ses stupidités à venir, des efforts qui ne mèneront à rien si ce n'est quelques poussières d'espoir. C'est déjà bien assez dans la vie d'un homme, finalement : de l'espoir. Parait que ça fait vivre. « Want to bet about it ? If I succeed to make him come in here next year, you're gonna wear shirts with my stupid face in it for a month this time. If not, it's on me. » Là, ce sourire abruti qui lui revient, l'effervescence qui fait son effet pour le transcender. Il s'y laisse prendre, il s'y laisse bercer – il chasse les tourments qui l'oppressent, Ledger, en s'offrant ces parcelles de bonheur auprès des meilleurs.