[+18] Lord, save me, my drug is my baby ● Caleb & James

Ils en étaient à leur deuxième pinte de l'après-midi quand le portable de Caleb sonna dans sa poche. Il marmonna un « putain » agacé, mais en voyant le nom d'Alexis s'afficher sur l'écran il décrocha sans même laisser James terminer ce qu'il était en train de lui dire. « Quoi ? »
Elle ne l'appelait jamais sans raison. Pas alors qu'ils s'étaient vus le matin même. Et il resta silencieux en écoutant la jeune femme, se relevant d'un coup de sa chaise avant même qu'elle n'ait fini d'expliquer la situation. Il la connaissait très bien, et il savait que quand elle commençait à lâcher des mots en espagnol au milieu de ses phrases, c'est que ça n'allait pas du tout et qu'elle ne maîtrisait plus rien. « T'es au labo ? » demanda-t-il brusquement, en faisant signe à James de se lever lui aussi. « J'arrive » ajouta-t-il un instant après, sans la moindre trace d'hésitation, et il claqua à son collègue de le suivre sans lui demander son avis. Il était assez malin pour deviner qu'il se passait un truc sérieux – assez sérieux pour laisser tomber des verres payés et pas encore terminés. Caleb se rua hors du pub dans lequel ils s'étaient posés à peine une heure plus tôt, et il traça vers son pick up garé un peu plus loin, comptant sur la réactivité de James pour que ce dernier se magne le cul et le suive. « Alexis a un problème » balança-t-il tout de même à son intention par dessus son épaule, en sortant ses clés de sa poche pour déverrouiller sa caisse.

Pas le temps de rentrer chercher des armes supplémentaires. Caleb démarra sa caisse et s'engagea immédiatement sur le bitume, en pressant l'accélérateur. « Mon flingue, dans la boîte à gants, charge le » ordonna-t-il à James sans même le regarder. Il était tendu à l'extrême, les mains crispées sur le volant avec une inquiétude clairement palpable. « Y a des mecs au labo. » Il ne lui avait pas vraiment parlé de son business, celui qu'il avait monté avec Alexis et la complicité de Vassily. Disons qu'il l'avait évoqué, seulement. Il attendait que les choses tournent parfaitement avant de trop ébruiter les choses – mais visiblement, leur petite activité était quand même connue du groupe de fils de pute qui était en train d'attaquer sa femme. Et ça, encore plus que de s'en prendre à ses intérêts personnels, c'était passible de la pire des punitions possibles ; Caleb ne supportait pas l'idée que qui que ce soit fasse du mal à Alexis – elle était à lui – et ça serait la dernière erreur de leur vie. « Elle s'est enfermée dedans. Je crois. » Un virage brutal à gauche, des klaxons énervés qu'il ignora complètement. « T'as ton gun ? »

Ils n'étaient pas très loin, une dizaine de minutes. Caleb grilla les feux et les priorités, manqua de causer un accident une bonne poignée de fois, mais ils arrivèrent entiers sur les quais. Provoquer une fusillade était risqué, mais s'il fallait ça pour sauver sa femme, ça l'effrayait pas. Il sauta hors du pick up après avoir récupéré son arme, en engueulant à moitié James pour qu'il le suive. « Viens, grouille putain ! »

Caleb n'avait pas prêté attention à James quand celui ci l'avait rabroué pendant le trajet, mais quand il le choppa une fois arrivés à destination, il n'en avait alors plus trop le choix. Il grogna un peu et tenta de se dégager. « Ta gueule, c'est bon, je sais. » Il avait raison, bien sûr – alerter les flics ferait seulement partir les choses encore un peu plus en vrille. Mais qu'on touche à Alexis, ça... Ça le foutait vraiment hors de lui.

Rapidement, ils repérèrent deux mecs. Okay, deux vs deux. Si c'était vraiment ça, c'était rassurant pour eux. Caleb regarda James prendre l'initiative et s'avancer dans l’entrepôt en longeant un long bac rempli de la pêche du jour ; lui aussi il trouvait que ça puait la mort, mais il en aurait fallut bien plus pour l'arrêter. Il imita son pote et se baissa pour partir vers le coté opposé. Les prendre en tenaille, ça semblait être plutôt une idée solide. Sauf que... non. Les mecs arrêtèrent de cogner contre la porte. Caleb se figea et attendit. Ils se mirent à parler mais il n'entendait pas tout, d'où il était ; en tout cas, il sembla que l'un des deux s'éloigna du premier, qui resta devant la porte du labo. Caleb se colla au mur derrière lui, et pencha légèrement la tête hors de sa planque pour voir que le mec qui se barrait traversait l'entrepôt en largeur pour gagner les escaliers métalliques de l'autre côté. Bordel. Un coup d'oeil vers les étalages, et il accrocha le regard de James avant de lui faire signe de s'occuper du plus proche, celui qui était resté près de la porte. Il fallait l'éliminer rapidement et sans faire de bruit avant de pouvoir chopper le deuxième.

Ce qui était pas mal, c'est que le plan ces mecs d'en face était aussi bancal que le leur. Caleb avait tourné le dos à James, le laissant se débrouiller comme il savait bien le faire avec le type qui était resté près de la porte, et il avait filé le deuxième sur la pointe des pieds jusqu'à l'escalier métallique. Là, il avait hésité à grimper lui aussi – le truc grinçait – et il avait finalement préféré rester en bas pour cueillir ce con quand il reviendrait. Quelques instants après tout l'entrepôt avait été plongé dans le noir, et Caleb avait serré les doigts sur la crosse de son arme. Il ne distingua plus rien pendant ce qui lui sembla être une éternité, et puis l'escalier se remis à grincer : il descendait. Caleb s'avança, trop pressé, mais l'autre le vit et tira dans sa direction. La balle le frôla, ricocha contre une étagère en métal dressée juste à côté, et lui érafla le bras. Caleb rugit et leva son flingue à son tour pour tirer trois fois de suite dans sa direction. BOUM – PING, BOUM – PING, BOUM - « AH PUTAIN ! » - la troisième toucha sa cible. Un bruit de chute dans des escaliers qui grincent succéda à celui des ricochets de balles, et sans plus se soucier du mec, Caleb fit volte-face pour courir jusqu'à la porte du labo. Là, il enjamba le corps sanguinolent du premier mec, et poussa James pour saisir la poignée de la porte et la secouer jusqu'à réussir à l'ouvrir. Son collègue se chargerait du survivant, il pouvait bien en faire ce qu'il voulait, Caleb n'en avait rien à faire.

« Alexis ? » Il entra dans la pièce plongée dans le noir, se cogna à une table, lâcha une insulte bien sale, et appela à nouveau sa femme. « Alexis putain, c'est moi, viens ! C'est bon, tu peux sortir.»