I won't underestimate ~ Camille

Mike

&

Camille

I won't underestimate

Juillet 2023

Bakker. Le nom qui resonne. Le nom qui revient, là sur les papiers qu’il persiste à éplucher. Bakker. L’homme à tester, l’homme à rencontrer. A peine ce regard, ce remerciement pour la serveuse qui li apporte son café. Trop concentré, Rivera, pour relever plus franchement le nez. Le dossier qu’il est encore à examiner, comme pour s’assurer de ne pas s’etre tromper, comme une derriere occasion d’y renoncer avant d’avoir à le rencontrer. Nouvelle recrue qu’il pense avoir trouver, l’inspecteur de plus à ajouter à l’effectif de son petit projet. Parce qu’ils ont cette ville à nettoyer. Cette mission sacrée à laquelle il s’est pleinement dévoué. Un pas après l’autre, un homme après l’autre. Les alliés qu’il rassemble pour mieux s’entourer, triés sur le volet. Déterminé. Et Bakker est le prochain, à tout relire il finit par s’en persuader. Le caractere bien trempé, la grandiose volonté qu’il a déjà démontrée. Les poings trop lestes peut-être, mais la conscience à meme de se laisser silencier, rien que pour faire ce qui doit etre fait. Le profil qui n’ira pas dénoter avec ceux qu’il a déjà recrutés. Mais il tient à s’en assurer, le procureur trop inquiet. Pour couvrir les arrières de ceux là même qui se sont mis à l’aider. Par loyauté, par respect. Ceux là qu’il ne peut pas mettre en danger par un recrutement trop hâtif, par une recrue trop rapidement jugée. Bakker. La raison pour laquelle il s’attarde dans ce café. Bakker qui ne devrait plus tarder.

Et Bakker qu’il reconnait. Les traits déjà trop vus, trop observés sur les photos qui parsèment les dossiers. Bakker à qui il fait signe d’avancer, le siège en face du sien qu’il désigne dans la foulée. Les papiers ramassé, récupéré avant qu’il ne soit assez près pour les reconnaitre quoi qu’il devrait s’en douter. S’il était sot il ne l’aura pas intéressé. S’il était naïf il n’aurait pas eu le moindre intérêt. L’intellect qu’on lui a vanté et qu’il veut mettre à l’épreuve autant que la loyauté. Les reflexes et l’instinct tout aussi précieux que la belle intégrité qu’il espère pouvoir confirmer. « You’re not late. That’s a good start. » Le sérieux pour commencer. A presque savourer l’occasion d’un peu l’intimider. Sans malice, simplement parce qu’il y est habitué. Les rôles qu’il brisera plus tard si l’occasion lui est donnée. Parce qu’il y tient, Mike, parce qu’il n’impose pas cette hiérarchie parmi les hommes qui travaillent à ses côtés. Pas quand ils partagent ce meme but, cette grandiose finalité. Detroit qu’ils veillent, cette juste équité pour parfaire la justice qu’ils prétendent vouloir appliquer. « Coffee ? » La question dont il n’attend à vrai dire pas la reponse, la main déjà levée pour signaler cet ajout à la commande qui lui a déjà été apportée. « I hope you like the taste of it. You’re about to need gallons of it. » La mise en garde amusée, premiere fissure au masque de l’austérité. « You’re probably wandering, et l’intonation surjouée, pas imitée puisqu’il ne connait pas encore les variations du timbre, les accents et les tonalités, what on this good earth does the district attorney want to do with me ? » Parce qu’il n’a rien dit, rien expliqué des raisons pour lesquelles cette étrange convocation lui a été adressée. « Simple. » Sans pourtant l’éclairer. La commande qu’il attend de le voir passer. Sa propre tasse qu’il porte aux lèvres pour ces quelques gorgées. Il toise, le procureur, il cherche à lire ces premieres impressions que les traits trahiraient. Il toise avant de s’animer. L’autre dossier. Celui qu’il a préparé pour l’occasion, ce test qu’il veut lui faire passer. « Here. » La liasse posée sur la table et qu’il fait glisser jusqu’à sa portée. Ce vendu, cet uniforme souillé par les enveloppes qu'il accepte mais contre qui il n'a encore rien de concret. La pomme pourrie d'un panier qu'il veut nettoyer. « This. This is the reason you’re here, and this is your new case for the next hours. You’re working with me for the day. » Sur son temps libre. Le sacrifice a faire. Celui auquel ils ont tous consenti. « See it as a favour. Not from me, God this is definitely not a gift as you’ll find soon enough. But a favour I’m asking. A token of good faith. » Les maigres indices. Les miettes semées sur un sentier où il veut le voir marcher. Premiere épreuve. La curiosité qu’il tient à piquer, la pleine et entière attention qu’il lui faut s’approprier pour s’assurer que celui là sait dans quoi il met les pieds.

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D O N ' T B E S T U P I D

Moteur coupé, le présentateur radio continua à résonner dans l’habitacle. L’homme abordait le mauvais temps du jour et les préventions sur le trafic, de quoi alerter la population que la route risquait de devenir encombrante. Sa voix plaisanta sur une anecdote graveleuse, accompagné de faux rires en fond et dont le rapport ne se prêtait aucunement à l’information du moment. Soupire exaspéré s’échappant des lèvres sèches, la tête se laissa tomber sur le dossier et les yeux à demi-clos imaginèrent un vague havre de paix. Son corps contenait encore l’irritation des dernières heures écoulés, trop de stress, trop de travail, trop de tout. Trop de pensées négatives qui l’habitent, qui le hante et l’empêche de fermer les yeux convenablement. La simple envie d’un instant de tranquillité faisait presque échos aux grésillements de la radio.
C’est finalement le coup d’œil jeté sur l’heure de son mobile qui obligea sa carcasse à s’extirper du véhicule. Craquement des os qui commençaient doucement à prendre de l’âge, qui lui rappelait qu’il n’était pas un être immortel et qu’il ferait mieux de lever le pied s’il ne voulait pas passer l’arme à gauche bien avant la date prévue. Il y avait encore tant à faire sur cette terre qu’il serait regrettable d’être expédié aux portes de l’enfer avant d’avoir pu accomplir ne serait-ce que la moitié. Son âme n’était pas de celle qui méritait d’être sauvé, il y a bien longtemps qu’il l’avait accepté, il y a bien longtemps qu’il avait compris que Lucifer l’attendait avec une joie incommensurable. Il n’était qu’un homme qui se contentait d’amener un nombre d’être damné suffisant pour avoir la fausse impression d’avoir contribué à la bonté de ce monde.

De ses pas rapides il remontait la rue, zigzaguant entre la population qui s'était donné rendez-vous comme si l'heure de pointe venait de sonner. Une grande majorité se pressant pour éviter la venue d'un soi-disant déluge. Il regrettait presque l'ambiance terne de la prison dont il revenait. Quelques grandes enjambées supplémentaires et le café se présenta sous ses yeux. Tintement strident en passant le seuil de la porte, il se dirigea paisiblement vers cette main levée qui l'attendait patiemment. Chaise tirée, il était droit comme un piqué, au garde-à-vous, le regard passant de son interlocuteur à cette pile de papier posé allégrement sur la table, aux nombres de clients se trouvant dans son champ de vision. Blâmait les mauvaises habitudes, les précautions, ou simplement l'envie de se souvenir des visages croisés.
Pas un mot ne s'évapora de ses lippes, un tic traversa néanmoins l'expression quasi fermée de son visage, tant il appréciait et préférait la ponctualité au quart de politesse qu'il jugeait impolie. N'était-ce pas le minimum, plus encore devant un procureur ? Pas un mot ne s'échappa de ses lèvres à la demande d'un café, un simple hochement de tête en guise de réponse, le troisième qu'il s'enfilait déjà en deux heures. Pas un mot ne quitta sa bouche alors que la curiosité le démangeait, qu'est-ce qu'on lui voulait exactement ?

Tasse fumante déposé sous son nez, légèrement décalé sur le côté, il préféra se pencher sur ces documents qui étaient – vraisemblablement – la raison même de son déplacement. Un faciès vaguement familier, une carrure probablement rencontrée entre deux courses dans les couloirs. Un dossier certainement complet. Une âme de plus à descendre en enfer.

« Je vois. »

Premier mot lâché. Camille donna enfin un peu de sa voix rauque, mais sa vision ne se décrocha pas des photos et des renseignements déjà fournis. Un pourri parmi tant d'autres. Un présent des plus alléchants, à n’en point douter. Ses yeux auraient presque pu briller, avec soudainement de l’intérêt.

« C’est un cadeau bien particulier et j’imagine que je ne peux le refuser. »

Le regard enfin levé pour aller se planter dans celui de son voisin. Une lueur plus vibrante, plus intéressantes, l’entrevue n’était peut-être pas aussi barbante que ce qu’il avait imaginé. Le trentenaire ne se plaignait pas, il s’agissait d’un travail comme un autre, la procédure restait la même que d’habitude, difficile à dire pour ce qu’il en était de la méthode à utiliser. Probablement qu’une nouvelle boite de pansement pour ses phalanges ne serait pas de refus.

« Donc, en admettant que je vous tienne compagnie aujourd'hui. Qu’est-ce que vous pouvez me dire qui n’est pas dans le dossier ? »

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Juillet 2023

Sans trop en dire, sans trop en dévoiler. Il tend ses filets. Il cherche à piquer, à appâter la curiosité. Sans plus rien dire en vérité. Ce simple regard qui ne vient plus dévier. Il observe pour mieux anticiper. La moindre mimique étudiée, la moindre grimasse au peigne fin pour deviner les pensées. Mais la surprise est plaisante que de le voir impassible, le sang froid qu’il ne peut qu’apprécier. A laisser au coin des lèvres ce rictus se dessiner, Mike, à rajouter cette raison supplémentaire de croire qu’il ne s’est pas trompé. Bakker est une bonne pioche. Bakker n’est pas une perte de temps comme il en a croisé ces dernieres années. Reste encore à s’assurer de sa loyauté, de sa volonté d’intégrité. Et comme il le laisse parcourir les pages du dossier, il reprend en silence la dégustation de son café. Pour l’exemple en partie, pour illustrer ce qu’il affirmait tantôt. Fioul qui s’impose, la seule addiction qu’il tolère pour affronter les heures supplémentaires qui vont avec ce petit cadeau. Parce que le mot est repris qu’il a utilisé. Cadeau. Cadeau empoisonné Qu’il pense devoir assumer. S’il s’avait. Parce que le choix lui est donné. Parce qu’un refus n’empêcherait pas de s’assurer qu’il n’est pas l’un de ces fruits vérolés. Mais il tait pour l’instant cette option, patiente encore jusqu’à entendre son avis sur celui sur qui ils ont à travailler. La moindre mimique, la moindre grimace. Le regard qui trahi toute cette belle curiosité. * You’re in already, aren’t you ? * La conclusion qu’en pensées il se surprend à formuler. Là comme il croit deviner avoir parfaitement su l’appâter. Jusqu’à ce sourire plus franc qui fait place au rictus effacé. Jusqu’à cette assise réajustée pour pouvoir plus aisément converser quand celui là questionne sur ce qu’ils ont à chercher.

« That’s precisely why I need you. » Tout ce qui n’apparait pas encore sur ces pages, ces pistes sans preuves, les intuitions qu’ils ne peuvent malheureusement exploiter. « Grainne McNeal, the man whose fil you’re reading, is a dirty cop. Not the bullying kind dirty, the bribed kind. The worse kind if I may. » La pire espèce, celle qu’il veut éradiquer. Son mandat qu’il y a consacré, cette espèce de mission dont il pense devoir s’acquitter. Mais ces choses là prennent du temps, ces choses-là réclament que chaque piste soit convenablement creusée. En règle. Ces arrestations qu’il ne pourra officialiser sans cet effort de leur côté. En règle. Malgré l’envie qui démange que de céder à la facilité. « I need you to help me find something tangible on the man. He’s either smarter than us, or… les epaules agités d’un bref haussement léger, le regard un instant dévié à une autre tablée. Le temps de chercher les mots les plus appropriés. Well maybe he’s dumber than we thought and we’re simply not looking in the right places. Or maybe it’s something else and we just need to think like he does. This is why I need people like you.» Us. We. Les indices semés qu’il n’a aucun regret à lui avoir concédé. Parce qu’il finira bien par s’en douter. Ce n’est pas le travail d’un seul homme, pas le passe-temps d’un procureur déjà surmené. Il finira bien par comprendre, Bakker, qu’il les rejoigne ou non, qu’ils sont quelques-uns à aimer leur badge et à vouloir lui redonner des lettres de noblesses dont on l’a privé. « I was a lawyer, before I was made DA. I’m no investigator, no Sherlock or whatever your favourite one might be and I’m definitely no Batman. I need help for those unofficial investigations. I need people like you, specifically, men able to think outside the book. » Penser en dehors des clous, reflechir à ce coup d’avance qu’ils pourraient bien avoir sur ce qui ne se méfient que des affaires internes et des méthodes déjà trop usées. Penser en dehors des clous, etre à meme si l’occasion se présente, de flirter avec la frontière que la morale se doit d’imposer. La fin pour tout justifier. « So. What do you suggest ? According to your field experience, where should we start digging ? As you can see, his bank accounts are clean, they’re smart enough to bribe in cash. » Les pages en question qu’il cherche dans le dossier, qu’il sort de la pile pour les ramener sur le devant et l’index qui vient y tambouriner. « See ? I've nothing a judge would take. » Et le soupire agacé, Mike, Le dossier de sa chaise retrouvé où les epaules viennent s'écraser. McNeal sur lequel il s'est définitivement trop attardé. Ou pas assez.

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D O N ' T B E S T U P I D

Les mots furent posés avec soin, sans l'envie de froisser, sans la réelle impression de donner un refus. Ce n'était que des suppositions, quand bien même ses yeux trahissaient allègrement cette idée tant il s'y était plongé prêt à tout dévorer. Ses paroles résonnaient avec suffisamment de curiosité pour que l'acceptation planant soit presque palpable. Il n'était qu'un homme aimant un peu trop son travail, davantage quand il s'agissait d'amener une pourriture derrière les barreaux. Cependant, le doute subsistait légèrement dans le creux de son esprit. Le procureur usait d'argument qui avait de quoi l'interpeler. Ce qui l'amena à se demander pourquoi lui ? Le district savait contenir quelques éléments plus ou moins respectable, il suffisait de creuser à la surface pour les attraper, nul doute qu'il aurait trouvé chaussure à son pied. Alors, pourquoi jeter son dévolu sur un être tel que lui ?

Le trentenaire écoutait sagement, trop sagement aurait dit certain. Il buvait le discours de son homologue comme si ce dernier allait révéler un détail n'ayant pas encore une trace écrite sur les papiers granuleux, changeant la vision de cette affaire. Le cadeau n'en était peut-être pas un après réflexion pourtant, cela n'attisa que davantage la braise qui s'animait petit à petit.
Le regard à nouveau plongé sur les quelques feuilles volantes, il n'y avait clairement pas assez de preuves pour le faire tomber de son piédestal et le voir s'écraser violemment sur le sol. Un point sur lequel il était d'accord.

« Il faudrait le prendre à son propre piège, mais il a des habitudes, des précautions qui ne seront pas faciles à contourner. »

Information formulée davantage à lui-même qu'à son patron du jour. Point qu'il fallait rectifier en cherchant ailleurs. McNeal passait bien par quelqu'un pour ses transactions et, c'était ce quelqu'un qui devenait intéressant. Point d'interrogation apposé sur un tableau fictif, cherchant déjà les lignes reliant cet inconnu à celui dont la photo résidait sous son nez. Faible soupire traversant ses lèvres, Camille joignait les mains entre-elles, déposés sur le dossier qui risquait de devenir sien. À nouveau intrigué par les raisons aucunement laissé entendu auparavant. Parce qu'il se connaissait pour savoir que se jeter corps et âmes perdues dans une enquête n'avait rien de bons, plus encore sans savoir vraiment ce qu'il en retournait.

« Pourquoi moi ? »

L'évidence n'y était pas. L'homme se contentait simplement de faire son travail et d'amener des résultats satisfaisants, quand bien même on pouvait repasser sur sa patience, sa gentillesse ou tout bonnement l'envie de faire ça dans les règles. Pourquoi devait-il s'y plier alors que son ennemie n'en avait cure ?

« On ne manque pas de personnel compétant, dit-il les iris plongés dans les siens. Pourquoi vous en charger vous-même avec tant de... dévotion. Vous avez quelque chose à prouver ou bien à gagner ? »

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Juillet 2023

Ce qu’il sait, Mike, malheureusement trop loin de ce qu’il est à même d’appuyer. Les faits qui sont loin de suffire à mener le cas de McNeal devant un juge. Pour l’exemple. Pour ce nouveau coup de pied donné à une fourmilière désordonnée. Une fourmilière que parfois, il imagine plus simple à tout bonnement raser. Repartir de zero pour s’épargner cette chasse aux sorcières. Parce qu’elle s’est imposée, cette dérangeante impression, l’intuition qu’il s’attaque à une hydre qu’il ne parviendra jamais vraiment à décapiter. Et pourtant, pourtant cette même détermination sinon galvanisée. Eternel acharné, borné, Rivera, accroché à cet os qu’il ne veut pas lâcher. Pourtant ce besoin persiste que de mener à bien cette mission qu’il s’est trouvée, l’héritage qu’il veut laisser. Son nom associé à cette purge, à jamais, en nécrologie si ce n’est en haut fait. Loin de vouloir se contenter de cet affreux « au moins aura-t-il essayé » mais bien conscient qu’il risque de devoir l’encaisser. Son nom puisqu’aux autres il veut éviter ces retombées qu’il redoute si la gloire reste hors de portée. Les lauriers qu’il partagera, Mike, sans hésitation, sans retenue, mais il tient à cette responsabilité. C’était son idée, son projet, il n’a fait que les entrainer, ne tient pas à les voir chuter si c’est là que l’entreprise doit les mener. Il en connait les risques, ils les ont bien compris aussi. Et celui là n’est pas assez sot pour ne pas les avoir déjà deviné. Entre les ligne Baker semble lire sans peine et Rivera y voit une raison de plus de croire qu’il ne s’y est pas trompé.

Il acquiesce, le procureur, encourage en silence à poursuivre sur sa lancée. Les rouages qu’il peut presque voir se mettre en branle entre les tempes de celui qu’il a convoqué. Les réflexes, les instincts de l’homme de terrain que lui n’est pas. Qu’il n’a jamais été. Jusqu’à la question légitime qu’il anticipait devoir etre posée tôt ou tard puisqu’ils l’ont tous posée. Le regard soutenu, le sérieux et la sincérité de mise puisqu’il n’a sur ce point rien à cacher. « Why can’t I do it myself. That’s quite a question. I’ve a lot to win in this, even more to lose, I’m not gonna lie about it. My job for a start. It could help me keep it just as much as it could get me fired. Depends of how long their arm are and how hight we’re aiming I suppose. » Il sait les accointances de certains, il sait les pattes bien graissées et trop haut placées. Les mensonges et les trahisons que la politique implique, ceux que l’appât du gain impose. Il sait devoir se contenter dans un premier temps de ce menu fretin, petites mains, ne DPD à nettoyer oui, mais à commencer par le fond du panier. « Yet I want to do it. Not for me. Well no. It’s obviously partially to put my conscience at ease. A quoi bon mentir puisque c’est le cas. Although... I’m doing it for Detroit. This city’s decaying. Collapsing under it’s own corruption while the street has its own law. Call me a romantic if you want, an old school dreamer, a fool even… parce que fou il est, à n’en pas douter, but I’m sick of staying put while this is happening. Aren’t you ? » Le ton sévère, la pupille animée de cette flamme, le projet trop important, cette justice prise trop à cœur pour ne pas s’embraser quand il vient à en parler. « Why you ? Because I’m no Batman. Le ricanement moqueur, autodérision assumée. My job is to put those corrupted cops behind bars, not to fight them, hence I need men like you to give me all the ammo you can for me to shut them down before a court. » L’aveux de faiblesse loin d’en être un. L’union fait la force dit-on, et il le sait trop bien, Mike. Seul il n’irait pas loin. Pot de terre contre une armée de pots de fer bien organisés, protégés par les secrets, par de plus gros pots auxquels il ne peut s’attaquer sans cette équipe soudée qu’il s’essaye à composer. Ces hommes et ces femmes réunis sous une même bannière, ce meme besoin de voir Justice à nouveau briller.

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D O N ' T B E S T U P I D

Le trentenaire se posa réellement la question, pourquoi lui ? Pourquoi venir le récupérer lui ? Et pourquoi un procureur se donnait-il autant de peine ? Pourquoi n'attendait-il simplement pas derrière un bureau comme la plupart des gratte-papiers de ce monde. Ce n'était pas eux qui se salissaient les mains, non, ça s'était le rôle des êtres combatifs, ou des âmes errantes cherchant un espoir là où il n'y en avait plus. Il s'agissait de son rôle à lui, à Camille, à faire passer le métal froid autour des poignets et jubiler en entendant les barreaux en métal se refermer. C'était ce dont on attendait, ce pourquoi il se battait, qu'il s'accrochait.
Silencieux à fixer le procureur, à se laisser envahir par les bonnes intentions qu'il partageait et, peut-être l'espérait-il, un soupçon de vérité de ce qu'il souhaitait réellement. Il voyait les avantages qu'offrait le fait d'avoir du pouvoir, comme l'inconvénient qui n'attendait qu'une excuse pour s'abattre telle une épée de Damoclès. Est-ce que le jeu en valait finalement la peine ? Est-ce qu'il était raisonnable de prendre le risque de tout perdre d'un simple claquement de doigts ?

Davantage de mots qui s'envolèrent de la bouche son homologue, qui donnèrent presque envie à ce flic usé de le suivre dans les limbes. Détroit n'était plus ce que c'était depuis tellement longtemps. Il l'avait vu le déclin, la descente aux enfers. Quand bien même il y avait toute une bonne volonté, il n'y aurait jamais assez d'humain pour les ramener vers les cieux. Un pari risqué, un combat déjà échoué. Pourtant, il comprenait Camille. Il respectait même cette envie qu'il frôlait à peine. Plu pour lui, davantage pour les autres, pour elle, pour cette petite qu'il espérait voir grandir dans un monde plus saint.

« L'ambition d'éradiquer le mal par le mal. C'est noble, quoique fous. »

Mais entre fous, entre fous qui rêve, peut-être était-il possible de dépasser les barrières de la folie. De voir ce qu'il vient après le mal exterminé.

« Vous ne recrutez pas de flics. Vous avez besoin de chiens qui chassent, qui obéissent, qui rappliquent comme de bons soldats. »

Ceux qui se salissent les mains. Qui exécute les ordres sans remettre le jugement en question et dont le silence est d'or. Est-ce qu'il voyait Camille ainsi ? Est-ce que lui-même se pensait ainsi ? Les iris à nouveau posé sur le dossier, certainement l'était-il un peu au fond. Ce qu'il aimait réellement c'était bien cette traque faisant vibrer l'adrénaline dans ses veines. Ce n'était pas tant un reproche, davantage un fait. C'était ce dont il avait besoin pour mener à bien sa quête et ce n'était certainement pas lui qui allait juger.

« À ma connaissance, McNeal n'a pas d'enfant. Il ne me semble pas l'avoir déjà vu avec une alliance au doigt. Nous pouvons écarter cette possibilité de retourner une épouse contre lui. Probablement un homme à femme, qui s'épanche peut-être sur l'oreiller. Suivre ses fréquentations, voir là où il s'attarde plus que d'autres... »

Des détails importants, des choses auxquels il fallait s'occuper pour mieux le coincer. Il avait obtenu des réponses, compris le principal et ne semblait guère gêné finalement à être la faux fourchant ses ennemis. Une ville meilleure, il en rêvait tellement.

« Il faudrait quelqu'un qui l'approche. Qui s'immisce dans cette vie qu'il semble protéger à tout prix. De quoi briser ses défenses, de le forcer à commettre une erreur. Et sait là qu'il nous sera possible de frapper. »

“Nous”. Finalement une façon dérivée d'accepter. Pour apposer sa signature sur le contrat invisible qu'il venait de montrer.

« À quel point avons-nous la liberté d'exécrer ? »

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‡ ▬ BEYOND THE VEIL ▬ ⚖