we've built these walls over ourselves | irene

See ya, fat man ! Ça résonne encore dans l'esprit, et les lèvres répètent ces mêmes syllabes – ce dernier affront avant que la porte n'ait à se fermer. Le rire résonne, empli l'habitacle au cœur duquel ils se sont éloignés. Loin des cris, loin des pleurs, loin de cette famille parfaite qu'ils s'affairent à perfectionner. Bien qu'à leur échelle, bien qu'à parfois trop s'y fatiguer. Qu'importe, finalement. Qu'importe puisque les rêves réalisés sont ceux qui hantaient l'esprit pendant des années. Et il lui vient, Jake. Les prunelles s'égarent, s'attardent sur cette dernière lueur d'un jour épuisé. Le sourire tient les lippes, s'ancre sur les traits. Heureux, celui qui semblait, il y a longtemps, voué à se perdre sous les maux, sous les tourments qui s'étaient installés. Heureux, plus qu'il ne l'aurait imaginé – les orbes qui s'égarent un instant sur la silhouette à ses côtés. Sous les côtes, le palpitant s'est animé ; rythme infernal qui n'a de cesse de s'emballer. Heureux, l'homme. Fier aussi, en vérité, de tout ce qu'il a su s'approprier. Une destinée. La promesse d'une éternité momentanée tant qu'elle lui reste, tant qu'ils peuvent encore ainsi avancer. Chemin commun, sentier partagé qu'il ne quittera pas, l'existence est sienne qu'il lui avait confié. Deux ans. Deux ans déjà. Deux ans à célébrer – et cette occasion qu'il n'a pas voulu bâcler. Il a guetté, il a veillé – il s'est renseigné. Ce collègue dérangé pendant des semaines pour que ce bien soit prêté, pour que ce yacht lui soit confié le temps d'une nuit à honorer. L'intérêt porté sur la nature des cieux rien pour cette belle et unique soirée. Il a tout orchestré, celui qui s'était gardé de trop en révéler. Sur les routes isolées, sous le silence qu'apporte le lac qu'ils ont à longer, l'idée est là que rien ne saurait effacer. Il se souvient des traits de cette magnificence quand les reflets d'argent venaient l'embrasser. Elle est beauté, elle est splendeur ; elle est cette chance qu'il n'a jamais mérité, celle qu'il s'affaire pourtant à garder. Trésor bénit des Dieux qu'il essaiera jusqu'à sa fin de pleinement glorifier.

Se sont tus les vrombissements du moteur.
Se sont élancés vers le calme et l'insouciance l'alliance des deux corps.

« Don't open yar eyes yet. » Et il insiste, guide, les mains trop larges et calleuses contre la douceur des phalanges qu'elles ont empoigné. Il guide, il veille sur cette merveille qu'il tient à surprendre, qu'il espère pouvoir ravir. Sirène dont les écailles sont devenues porcelaines sur les frêles petites jambes qu'il entraîne à la suite des siennes. Celles à qui il impose cette lévitation momentanée – le ponton rejoint, délaissé. Le pont lustré sur lequel il s'avance pour enfin la déposer. « Ok, now ya can look. » Sans trop s'éloigner, sans encore s'en défaire, la main sur la hanche qui maintient la dame pour ne pas avoir à s'en décaler. Trop heureux, l'homme, de cette surprise savamment planifiée. Il a lutté, c'est un fait. Des places qu'il se devra d'acheter en échange de ce prêt accepté – mais pour ce sourire, il aurait déplacé des monts rien que dans l'espoir de le voir rayonner. « Tell me ya like it, just a lil'. » Acharné, alors, le travail qu'il a pu faire – à s'y perdre, Jakob, dans les lueurs qui scintillent aux orbes toisées, sous le reflet que les guirlandes accrochées viennent y déposer.