M ▬ through the valley ▬ ((family))

Sur les lueurs d'un soleil timide, trop réservé, les prunelles se levaient. Sous les pluies habituelles d'une Irlande éternelle, il s'est élevé – gamin aux mille ambitions, à l'intelligence et l'éloquence exacerbées. Voué à devenir un grand homme, voué à se hisser au-delà de cette noirceur dans laquelle cette génitrice les a bercé. Il n'a pas cessé de croire, Josiah, qu'un jour l'espoir se transformerait en réalité. Il a vu, dans ses jeunes années, cette soi-disant mère s'en prendre à ce petit frère. Parce qu'il était différent, parce qu'il n'était pas lui – parce qu'il était comme celui qu'ils n'ont que trop peu aperçu ; « I see yer father when I look at him. » Elijah, il était comme son père – comme leur père. Le tempérament indompté, cette graine de folie dans les prunelles glacées. Il s'était mis en tête, petit bout d'homme, de faire régner un semblant d'ordre dans le chaos où ils ont eu à s'élever. Un besoin plus qu'accentué quand Soan est né.

Tous les trois portent le même nom ; celui d'un homme qui s'est envolé quand Síle et sa démence ont recommencé à le chasser. Ils n'ont fait que nourrir les espoirs quant à ce dernier – jusqu'à fantasmer d'une autre vie, ailleurs, avec cette ombre qui ne faisait parfois que passer. Les États-Unis, c'était improbable, impensable. Et pourtant, en 1990, les sentiers dévient, guident les pas de Kieran dont le regard ne peut plus se détourner. Il était frappé, laisser en sang quand tombait le crépuscule et son opacité, Elijah. Malmené par cette figure qui ne donne plus aucun amour, plus aucune étreinte de ses bras. Josiah a quinze ans et supplie, réclame qu'ils soient avec lui emportés – lui et ces deux frères qu'il tient à protéger. Ainsi les choses changent. Ainsi la vie commence ; adieu la mère et son effroyable violence.

Le sol américain et ses promesses, la vieille bâtisse d'une demeure en fin de vie qu'ils rejoignent, dans laquelle ils auront à se retrouver. Aux côtés d'un vieillard attentionné, ils découvrent la paix, cette improbable sérénité. Aubran Haynes, grand-père dont ils n'avaient jamais entendu parler. Ici, les ténèbres auront à se dissiper. Ici, ces trop jeunes cœurs molestés pourront enfin battre sans crainte les mélodies qu'ils auraient à chanter.


▬ étude de droit qu'il a choisi de suivre, un rêve de gamin qu'il n'a pas lâché. ▬ envolées, les ombres de cette mère et des tourments qu'elle leur insufflait. ▬ parcours prestigieux qu'il parvient à mener, le nom qui commence à faire parler. ▬ il a suivi les pas de ce père retrouvé, il a rejoint les rangs des black crows sans hésiter. ▬ l'appartenance à cette communauté qu'il se doit de cacher, double-jeu qu'il sait manier. ▬ elle s'est imposée, cette femme ; elle s'est appropriée ce cœur qui s'était figée. ils se sont mariés. ▬ fidélité peine à être donnée, avide de ces courbes féminines qu'il peut avoir à embrasser ; volage affamé. ▬ respect n'est pas donné aux conquêtes momentanées ; spectre de cette mère qui s'amuse à le hanter. ▬ et peut-être que le hasard lui a donné ces enfants qu'il saurait chérir avec celle qui porte son nom désormais. ▬ vient d'ouvrir son propre cabinet d'avocat, la réputation qui tient malgré les rumeurs levées. ▬ il vit près du centre de la ville (midtown ou downtown). ▬