Bennie Kelly | That bitch who cause all of this conversation

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And even though we had different daddies, the same drama when things went wrong we’d blame Mama.

Si l’on veut raconter l’histoire de Bennie, il faut aussi commencer par celle de Louie. Et cette histoire-là, c’est un peu comme celle de l’œuf et la poule, on ne sait pas vraiment qui est arrivé en premier. Summer dit qu’elle était trop occupée à pousser qu’elle se souvient juste avoir entendu qu’il y en avait un deuxième. Elle a particulièrement maudit Dion ce jour-là. Paix à son âme.
Bennie grandit donc dans le joyeux chaos des Kelly, barbotant dans la fin du vingtième siècle, plongeant dans le début du vingt et unième. Rapidement, le duo inséparable qu’elle forme avec son double se fait remarquer dans une maison déjà trop bruyante. Prise dans son chagrin, Summer abandonne leur éducation et laisse place à l’autogestion au sein du foyer. Louie et Bennie partagent tout, ils font tout ensemble, le meilleur, comme le pire. C’est le pauvre RJ qui très tôt a pris en charge les deux teignes, et s’il a eu du mal à se faire pousser la barbe, c’est certainement un peu de leur faute, parce qu’il a souvent frotté ses mains rugueuses contre ses joues en les regardant avec désespoir, mais aussi toujours avec amour.

La dynamique des jumeaux ne tarde pas à entrer en scène et cela, dès leurs débuts à l’école. Bennie, l’école, elle s’en fiche un peu. Elle travaille bien, mais elle se fait beaucoup virer, parce qu’elle est insolente surtout et qu’elle ne supporte pas l’injustice. Si Louie est exclu, alors elle aussi. Ils ont bien essayé de les mettre dans deux classes différentes, mais ça a été pire. Heureusement, à la maison, il y a Stevie pour l’aider à faire ses devoirs. Elle n’arrête pas de travailler la pauvre, mais elle trouve quand même du temps pour canaliser les deux terreurs et faire en sorte qu’ils aient un bel avenir. Et c’est vrai, quand Bennie est avec Stevie, elle s’imagine riche, avec un métier qui pourrait lui permettre de mettre à l’abri toute la famille pendant des années. Et les rêves se brisent au moment même où Stevie a cru qu’elle pouvait voler. Ses ailes n’ont pas fonctionné, elle est retombée lourdement en bas, déchirant la maison des cris de douleur de leur mère. Louie et Bennie, ils veulent la voir, cette sœur qui a perdu ses ailes, mais Billy barre le passage. Ils ont onze ans et pour la deuxième fois de leur vie, la mort leur prouve qu’elle existe.

Alors que Louie craint qu’elle parte à son tour, Bennie s’enferme dans la musique. Elle a toujours les écouteurs branchés dans ses oreilles pour ne pas laisser éclater sa colère. Tout son côté de la chambre est tapissé de posters à l’effigie de 2Pac qu’elle a découvert dans un magazine chez Momo. Toutes ses chansons font écho dans son cœur, alors autour, on s’organise pour ne pas lui dire que, lui aussi, a été emporté par la faucheuse il y a de nombreuses années de cela.

Elle n’a pas voulu y croire quand, le 14 août 2005 (elle a retenu la date), Billy lui dit la vérité. Elle était occupée à l’emmerder, à lui dire qu’il était amoureux de Tom, gamine insolente qu’elle était. Et excédé, il lui a lâché quelque chose comme « Bennie tu saoules, r’tourne écouter ton mort et fais pas chier. », il s’est rendu compte de la bourde à l’instant même où il a croisé le regard brillant de sa sœur. Cette nouvelle, elle a dévalé dans son corps au rythme d’une course poursuite dans GTA. Heureusement, June a été là pour recueillir les larmes de l’adolescente.

June c’est l’amour de toute une vie pour RJ, elle s’imbrique parfaitement dans le chaos familial, elle apporte de la stabilité. C’était la pièce de lego qu’il manquait à tout le monde. Et puis, elle apporte une deuxième petite âme dans la maison, juste après Frankie. Bennie n’a pas trop apprécié qu’elle veuille divorcer, parce que les Kelly, tu t’en détaches pas comme tu veux. Cette famille, c’est le chewing gum sur ta semelle, du malabar de préférence.

C.R.E.A.M cash rules everything around me

Quatorze ans qu’elle traine à eight mile avec son frère et un caractère qui s’affirme peut-être un peu trop. Véritable fouine, elle sait faire parler et obtenir toutes les informations qui ne la regardent pas. Elle trouve toute sorte de combines dans lesquelles embarquer son frère et ainsi ils gagnent leur argent de poche. L’absence d’un père qu’ils ne connaissent pas est pourtant bien là. Il manque un bout de leur famille, ce morceau d’inconnu qu’elle aimerait comprendre. Alors, ils traînent autour des grands, les gars qui ont connu leur père. Bennie en parle peu de Dion mais elle sait dire qu’elle est sa fille. Oui, elle est « fille de » et elle le revendique haut et fort. On l’accepte, mais pas comme son frère, parce que vous comprenez, il a quelque chose qu’elle n’a pas entre les jambes. Mais Bennie, ça l’empêche pas de se sentir exister et d’ouvrir sa grande gueule quand même. Elle est déterminée à leur imposer le respecte qu’ils lui doivent tous. Louie, il fait rien sans elle, c’est comme ça et pas autrement. Elle a d’ailleurs demandé à Billy de lui tatouer le signe des Gémeaux sur le majeur. Il y a beaucoup de spéculations sur ce tatouage, le signe n’est pas forcément très clair. RJ n’aime pas du tout l’influence que prend le gang sur les jumeaux, souvent il leur fait la morale. Et il y a cette fois de trop, la rage vient chanter aux oreilles de Bennie à mesure que son cœur frappe ses tempes. Elle le laisse gueuler mais elle n’a qu’une idée : tout faire cramer, parce qu’il comprend rien. « RJ t’es pas mon putain d’père, merde ! » qu’elle lâche en manquant de casser la télé qu’ils ont acheté à Summer. Cette fois d’ailleurs, même elle se met à réagir. Face à l’incompréhension, chaque Kelly gère à sa façon. Billy a choisi la marie-jeanne, Bennie décide que ce sera la colère. Elle demande à Louie de faire le guet pendant qu’elle prépare un feu de camp dans la chambre de RJ. Les flammes commencent à lécher la moquette quand l’aîné monte les escaliers à une vitesse assez incroyable, sentant la connerie arriver en même temps que la légère odeur de brûlé. Louie n’a pas eu le temps de prévenir sa sœur. La conversation qu’il y a eu entre RJ et Bennie, personne ne l’a jamais entendu, elle est restée dans la chambre de l’aîné pendant que la fenêtre était grande ouverte pour faire disparaître la fumée. Depuis, elle ne défie plus RJ avec autant d’aplomb, elle a bien compris qu’elle y arriverait mieux en lui balançant son plus beau sourire.

Mais à la maison, ça gueule toujours autant. Sonny surtout, elle n’est jamais contente, et puis, du jour au lendemain, elle s’en va, comme ça. Quand elle l’a revu, Bennie a manqué de casser la télé de Summer pour la deuxième fois. D’abord la colère, puis la jalousie. Bennie, dans la télé, elle aurait bien aimé y être elle aussi. A vingt ans, elle coiffe pas par vocation, mais parce que Stevie n’a plus été là pour la faire rêver. Sonny semble avoir fait un trait sur eux, alors Bennie fait un trait sur Sonny, elle la raye de sa cartographie mentale, elle dit plus son prénom, elle la déteste autant qu’elle l’aime. Tout cela, elle le reporte sur Frankie, elle joue pour la première fois son rôle de grande sœur. Bennie boit peu, et ne fume pas. Ni tabac, ni herbe. La seule fois où elle s’est retrouvée avec un joint entre les mains, c’était avec celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom et Louie. Amnesia portait bien son nom, le seul souvenir qu’elle a de cette merde c’est l’accueil douillet et chaleureux du carrelage de la cuisine. Plus jamais on ne l’y reprendra elle a dit, et c’est vrai. Alors, elle prévient Frankie, elle aimerait qu’elle arrête de sortir, qu’elle prenne sa vie en main et qu’elle arrête de boire autant surtout. Mais c’est vrai qu’autour, il n’y a pas que des exemples.

I’m not crying ‘cause you left me on my own  

Le cœur de Bennie ne bat pas que pour sa famille. Elle a aussi donné une petite partie de celui-ci à Travis. Travis et Bennie c’est une histoire qui a commencé quand elle avait vingt ans, un peu avant que Sonny parte de la maison. Membre du B-Bang, c’est au détour d’une soirée au Mist qu’il l’a croisé pour la première fois. Il s’est dit qu’une fille comme ça et ici, ça ne pouvait que finir à deux dans son lit. Mais avec Bennie, il a appris à ne pas se fier aux apparences. Les yeux de la jeune femme l’ont scruté de haut en bas d’un air hautain alors qu’il lui proposait un verre qu’elle a refusé. Il est rentré seul ce soir-là, le cerveau envahit par ces yeux qui lui ont dit non. Alors le lendemain, il est retourné la voir à son travail, il ne lui a pas proposé un verre, mais d’aller au restaurant. « C’est déjà plus digne de moi. » lui a-t-elle répondu. Il en a dépensé des sous pour Bennie Kelly pendant deux mois. Mais à chaque fois qu’il tentait de lui faire comprendre qu’il l’aimait plus que bien, elle bottait en touche. En réalité, elle avait peur de s’attacher à une personne qu’elle prenait le risque de perdre. D’abord son père, ensuite sa sœur, d’autres jeunes du gang qui étaient ses amis. Mais tout ça, elle ne lui disait pas et, Travis a fini par lâcher l’affaire, usé de rêver à l’impossible. Ce silence a fait du mal à Bennie, elle a compris qu’elle l’aimait plus que bien elle aussi et qu’elle pouvait pas aller contre ça. Alors un soir, elle a rangé ses doutes et sa fierté dans un coin de sa tête, et elle lui a dit tout ça. A partir de ce moment-là, ils ne se sont plus lâchés. Travis a été présenté à toute la famille, il était de toutes les fêtes et puis, il la faisait sourire surtout.

Lorsque l’on est membre du B-Bang, il ne faut pas s’attende à ce que la vie soit un long fleuve tranquille. Huit mois seulement après le début de leur relation, Travis est arrêté pour le braquage d’une station essence. Il n’y a pas eu de morts, mais des tirs ont été échangés. La justice les sépare pour quinze longues années. Lui, il ne veut pas lui infliger tout ça, elle a vingt ans il la quitte et lui demande de faire sa vie pour ne pas avoir à lui imposer son absence. Ce jour-là, elle a vu rouge, s’il n’y avait pas eu tous ces flics autour d’eux, elle lui aurait arraché les yeux avec ses faux ongles. Cela fait neuf ans qu’elle vient le voir tous les mois et qu’ils s’appellent presque tous les jours. L’attente est longue, mais elle sait qu’elle finira par le retrouver. Et en l’attendant, elle a de quoi s’occuper. Son travail et ses magouilles lui permettent de gagner de l’argent qu’elle fait parvenir à Travis par la suite, pour qu’il puisse l’appeler et aussi pour qu’il mange à sa faim là-bas. Le reste, elle le garde pour elle, pour pouvoir lui rendre visite une fois par mois (parce que cet enfoiré de juge l’a envoyé à six heures de route de Détroit) et puis aussi pour refaire ses ongles (parce que c’est un budget).
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