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 it is what it is | oneshot

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Jade Lincoln
Jade Lincoln
siol na tine

▬ BEYOND THE VEIL ▬
sanctuaire : l'antre de l'être aimé, une longère d'un blanc sale ; maison de fortune, ruines de bois rapiécées aux extensions pour loger cinq personnes et deux chiens
ombres et névroses : femme de courbes et de chair - succube - sexuelle déesse tatouée - possède de nombreux bleus et contusions causés par sa maladresse, ses soirs d'ivresse et ses pratiques charnelles - de longues cicatrices ornent ses avants bras, suivent le chemin de veines qu'elle a ouvertes - vice facile - soumission pour la violence, gout du sang dans la bouche avec ces vis dressés - damnation de l'être et perpétuelles provocations d'une enfant des corbeaux, black crows, pères, frères démons, vampirisme en oraison
cicatrices : 457
crédits : ava&gifs : chat.noir - sign : awona

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▬ Sam 8 Aoû - 2:18 ▬
it is what is is
Les airs d'un Roi. Ô il avait les airs d'un Roi. Il avait l'air d'être à moi. Il avait le regard singulier, ces yeux, poudre de cobalt, que l'on admire tant et dont les odes abondent encore en souvenir d'autrefois. Il avait les airs d'un Roi. Une statue de marbre où la pluie monte jusqu'au sourire, là où jadis les corps s'arrimaient d'impatience et de désir. Les traits d'un Roi. Les traits d'un Dieu qui, sur elle, possédait tous les droits. Les oraisons éternelles à sa destinée, le sacrifice humain non loin de l'autel, déjà entamé. Au foc flottant de son mausolée, les bras crispés sur la lame ensanglantée qui se plante et ouvre le poison des veines palpitantes ; la dame est entrain de se tuer. Panégyrique esclave des regrets, agenouillée devant les vestiges de ce palais défait. Les airs d'un Roi... Ô, il en avait le visage, la grandeur et la foi. Le nom sanctifié, Elijah, l'héritage des contrées verdoyantes des temps jadis oubliés. Dieu des dieux, Lug celtique dont elle s'est fait prêtresse invétérée. Dieu des dieux qu'elle continue de prier là où les choses n'ont de limites ou de fin. Là où tout n'est que silhouette, flou gaussien et lointain...Assise sur les ruines de son temple, allongée contre la pierre émiettée de cette histoire ensevelie sous les eaux des larmes infinies. Inspire. Elle inspire face au crépuscule qui s'enfuit et qui s'efface. Inspire. Elle inspire sur le quai détruit de la citée qui s'écroule sous l'insondable surface. Lentement, là, à l'équilibre des lèvres sèches et craquelées ; lentement, là, se consume le bâton de nicotine accroché. La cigarette, l'odeur de souffre sur l'horizon morne, sur l'horizon terne. Inspire. Elle inspire. Un crépitement. Une maigre étincelle. L'odeur nauséabonde de l'asphalte et du béton ; le plastique et la merde. Les flux et reflux carbonés de cette vie qui palpite bien trop au loin, là bas. L'onde inerte du fleuve lèche le bitume éborgnée de ces pas commandés d'un tas d'ombres. Le bras est gratté. La mâchoire s'ouvre, tremble et claque face à ce désert de pierres, ces érections d'acier et de verre. Elle respire cet air, gonfle le goudron dans ses artères. Sur les cuisses, humides des perles, se laissent tomber en amas, telle une rivière, ces cendres grises de souvenirs trop vite embrasés. Sur les cuisses rappées par le bitume sur lequel il l'a traînée, se laissent froisser ces morceaux de papier brûlé. Sur la peau blessée par les supplications. Entre les cavités qu'il a creusé. Entre l'index et le majeur, elle frissonne, elle vrille, elle menace de s'écraser. Contre l'épiderme masqué des vapeurs brûlantes, il y a un caillou. Il y a un grain. Il y a une rocaille qui s'est glissée sous la peau écorchée de son genoux. L'ongle creuse alors. Frénétique. Il s'enfonce dans le flot sanguin et écarte les chairs, les arrache pour en retirer la pierre grossière.
Les airs d'un Roi. Ô il avait les airs d'un Roi. Il avait l'air d'être à moi. L'ordre, l'impétueuse condamnation sortie de ses lèvres, de cette bouche. Grande Porte des Enfers. Les mètres avalés par le sabot fort de ses chevaux de feu et derrière eux, la carcasse traînée, arasée de leurs fers. La carcasse qu'il a galvaudé jusqu'à ce que l'asphalte en vienne à la pénétrer. Hippolyte mis à mort par Thésée. Elle ne sait sur combien de mètres ses mains tremblantes se sont accrochées à la jambe guerrière. Elle ne sait sur combien de mètres la torture s'est faite si implacable et meurtrière. Elle ne sait sur combien de mètres il a poncé les baisers qu'il avait déposé sur son corps, les nuits ardentes d'un Amour à présent effacé. La lumière faible de la luciole pleine d'espoir qui erre encore aux abords des cimes qui lui sont désormais interdites. La poitrine écorchée contre la route, là où s'épuisaient les caresses des matins duvetés des amants ligotés. La peau chaude du tisonnier, le cœur labouré comme ces champs infertiles que l'on souhaite détruire. Rappée, le ventre béant sous le cœur craquelé, ouvert, fissuré. Ce matin Elijah est venu la voir. La réminiscence de l'instant qui louvoie derrière les pans de murs corrodés. Ce matin Elijah est venu la voir pour lui dire que tout était terminé, qu'il s'en retournait à sa vie et à sa dulcinée. Ce matin elle a hurlé à s'en déchirer la gorge et les poumons. La répétition inlassable des adjurations et des non. Ce matin elle a crié, s'est agrippée pendant qu'il partait. Ce matin, le sourd a avancé malgré les hourvaris de voix brisée, traîné son corps dans la rue. Ce matin, Elijah l'a abandonnée en plein milieu d'une allée.
A l'embouchure minable d'un quai depuis longtemps oublié, Jade fume la dernière après qu'il ait souhaité la quitter. L'incantation faite à la femme vouée à s'évanouir. Celle qui souhaite désormais juste crever à en mourir. Il ne veut pas. Il ne veut pas d'elle. Il ne veut plus de toi. La voix métallique résonne jusque dans la brisure de ses os. L'aigre sueur qui coule contre les tempes, le sifflement strident, la fin dans cette tête qu'elle fracasse, cogne. Cette tête qu'elle gifle à s'en faire vaciller. Une giclée de sang qui part du bras anesthésié de tant d'affres. Il ne veut pas. Il ne veut pas d'elle. Il avait l'air d'être à moi. Elle manque de tomber dans la flotte de Détroit. Elle se rattrape tant bien que mal et manque de glisser sur la flaque vermeil. La drogue fait son effet. Les sens asphyxiés, un brouillard épais et puissant qui enveloppe son être de ses bras gris. La drogue fait son effet. Les flaques d'étoiles au sol, les fragments de son ciel éclaté. Une seule ombre la trouve. Une seule qui la cherche et ne doute à la rejoindre quand viennent les voix solitaires. Son père. Figure de rive, puits froid qui l'attrape et l'allonge. Son père. La barque d’Avalon qui se détache des bords du rivage pour l'emporter dans les fins fonds. La contrition ancienne qui remonte d'un remous remué de cauchemars où la tête morte flotte au ras de l'eau. L'ondoiement d'un sourire, la lèpre d'un fantôme impatient qu'on le rejoigne dans les échos ruisselant du temps.
Le canif termine de creuser les veines. Il remonte jusqu'à la pliure de l'avant bras et s'arrête net, enneigé d'un étrange brouillard grelotté, le sel d'Atlas jeté sur les plaies vives des géhennes. Et cette ritournelle qu'elle entame. Ce velours chantonné et murmuré, ces vieilles comptines françaises qu'elle fredonnait sous les arbres non loin du cimetière. « Dis... quand reviendras-tu... » Étranges sont les premiers mots. Étranglés, ces lettres qui hésitent à déclamer la macabre incantation. Feuilles d'automne qui fanent à ces dents qui claquent. Pétales de sortilège qu'elle n'a jamais su effacer. Paroles d'une de ces françaises dont on ne parle qu'au passé. Chanson entonnée autrefois par la mère endeuillée. Le rappel du trépas du père dont elle n'a jamais pu se consoler. Lentement. Elle expire. Le spectre s’assoit. La gamine récite la comptine qu'il lui réclame et qu'il a envie d'écouter. « Que tout le temps qui passe ne se rattrape guère... » L'amas verbal remue les organes, le bateau se détache de la lèvre de terre et elle chante. « Que tout le temps perdu ne se rattrape plus. » Elle chante. Elle inspire. Siphon monstrueux de bouche qui épouse le tube de coton et avale les épais nuages. Tourbillons. Engloutis dans les joues creuses et l'abysse de ces deux fentes aux anciens iris d'émeraude qu'il lui a volé. Pour lui elle n'existe pas. Pour lui elle n'existe plus. Il l'a oubliée. Il m'a oubliée. Elle expire ; vide les poumons de ce qui étouffe et enserre depuis des heures le myocarde et ses énergies affamées de tristesse. Elle expire, ce souffle d'éthylène de tous ces jours avortés. L'empire de ses rêves dévasté comme les ailes arrachées des papillons et des poudreux éphémères que l'on aurait brûlé. La longue silhouette s'agite au gré des effluves du tabac au dessus des muscles tremblants et déchirés. Il tend la main, vient passer des doigts réconfortants dans la chevelure de charbon qui se trempe de notes carmin à la douleur des membres bleus et livides. Lame avide. Lame qu'elle vient de lâcher ou qu'il vient de lui ôter. Elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Lentement. Elle expire. Crédule. Crédule à cette fausse joie dans laquelle elle s'enivre et se noie. Son père est là, l'origine de ses maux et de cette vie d'obédience à un seul être qui n'en veut pas. Et tes amis. Et ta mère ? La ferveur d'un ironique éclat l'agite encore, la fait tousser. « Dernière dé...ception. » Et ton frère ? « Un soucis en mo... » Elle n'a plus la force de parler, de continuer. Il n'y a plus de promesses à faire, plus de pardon à réclamer. Il n'y aura plus cette catin, tempérament de fauve qui agrémente les hontes et les disgrâces. Il n'y aura plus l'orage, la tempête, les mots fous furieux de la furie fanatique et hystérique. Il n'y aura plus les obsessions, les frénésies fiévreuses et inconscientes de la belle vésanie. Il n'y aura plus la souillure sur la Bible, les mœurs piétinées de provocations et les colportages agrémentés de ses frasques de callipyge droguée. Il n'y aura plus les tonalités mutines et enfantines, les caprices pour de charnels délices. Il n'y aura plus la fougue, la colère, les poings qui se battent à s'en briser d'inconscience pour ce qui est juste dans son crâne de chimère. Elle ne verra plus le dépit et le dégoût dans le regard de sa mère. Elle ne verra plus la détresse et l'impuissance dans le regard de son frère. C'est mieux comme ça, c'est mieux sans moi.
Les airs d'un Roi. Ô il avait les airs d'un Roi. Il avait l'air d'être à moi. Le feu s'éteint, là, ayant brûlé de panache et d'excès, cette autodestruction matérielle. Les paupières se ferment, le cœur las. Les bras crispés sur la lame ensanglantée qui s'est plantée ; sur les abords d'un quai miteux, la dame pleine de désespoir s'est tuée.

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the hands around my throat. It's all I can think about, the smell of sweat and blood.
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