Wake me up inside — Frankie

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ENFANCE & ADOLESCENCE — « Le meilleur pour la fin » Véridique dans certains cas, loin de l'être concernant Frankie. Est-ce que le fait qu'elle soit née avec un peu d'avance a joué dans le fait qu'elle soit une véritable casse-burnes dès ses premiers instants sur Terre ? Aucune idée, mais aucun doute que ce n'est pas un mythe quand on entend que le dernier d'une fratrie est bien souvent le pire et on peut le dire, elle a profité à fond de ce tout ce que cette place lui permettait d'avoir.

Elle grandit, son caractère s'endurcit et elle prend inévitablement exemple sur ses aînés. Elle ne reproduit pas forcément leurs actes, mais fait ça à sa sauce. Est-ce qu'elle a nié avoir coupé les cheveux de la péteuse de la classe simplement parce que celle-ci n'arrêtait pas de la prendre de haut ? Nope, elle en était même fière, tout comme d'avoir défoncé le potager en devenir du voisin qui lui a couru au cul avec un balai plus d'une fois. Cliché même du sale gosse qui nous pousse à bout et qu'on a autant envie d'étriper que de cajoler quand elle fait les yeux doux.

Si elle se laisse atteindre par peu de choses, certaines ont laissés des plaies qui peinent encore à se refermer aujourd'hui. La disparition de Stevie restera un énorme point d'interrogation. Pourquoi ? Est-ce que quelque chose ou quelqu'un aurait pu l'empêcher de se donner la mort ? Pas elle, en tout cas, parce qu'elle était trop jeune mais c'est en grandissant que les questions apparaissent et c'est presque un sujet tabou, un sujet dont on ne parle pas, parce que c'est toujours frais chez tout le monde malgré les années. A ça peut s'ajouter le départ de Sonny. Frankie aurait pu comprendre, elle aurait même pu se réjouir pour elle, sauf que sa sœur a visiblement eu honte de son nom de famille et c'est comme si eux, les Kelly, n'avait jamais existé. Est-ce qu'elle peut lui en vouloir ? Non, parce qu'ils sont loin d'être parfaits, loin d'être digne de se pavaner à Hollywood. Mais elle lui en veut quand même, parce qu'on ne renie pas les siens, jamais.

Les années passent, certains restent, d’autres partent, il y a des arrivées puis des départs. Frankie grandit sans réellement savoir ce qu’elle veut, qui elle veut être. Elle décroche son diplôme de secondaire de justesse et, aussi étonnant que cela puisse paraître, elle part étudier à l’université populaire. Enfin, si le fait de faire acte de présence est synonyme d’étudier. Elle s’y rend de temps en temps, juste pour montrer qu’elle vit toujours mais ce n’est pas ce qui la fait rêver. Réviser, passer des examens, devoir chercher et se retrouver dans un boulot dans lequel elle va s’emmerder à faire la même chose tous les jours ? Définitivement pas pour elle. Frankie elle veut de l’adrénaline et des frissons. Alors elle passe ses journées à l’extérieur, les fesses posées sur la selle de son antiquité à deux roues, à chercher quelle vieille arnaquer avec son visage angélique, dans quel magasin voler discrètement, quel mur escalader pour voir ce qui se cache derrière. Elle n’a peur de rien et c’est probablement ce qui finira par la tuer un jour. Elle est en mouvement constant, difficile de la suivre, ne revenant à la maison que le soir tombé ou lorsque c’est nécessaire parce que c’est son seul point d’ancrage.

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31 JANVIER 2023 — Des années à se croire intouchable, voire même invincible. Il n'aura fallu qu'une poignée de secondes pour que l'univers lui prouve le contraire en faisant d'elle la victime d'un accident de voiture. Frêle corps qui se retrouve projeté à plusieurs mètres du véhicule qui prend la fuite, elle s'en sort qu'avec quelques séquelles physiques. Ou en tout cas, c'est ce qu'elle prétend, ne laissant rien transparaître de ce qui se déroule dans sa tête. Plusieurs mois que les merdes s'enchaînent et lui tombent sur la gueule, la sensation d'être un chat noir est de plus en plus présente, la poussant à couper les ponts avec certaines personnes qu'elle tient à tout prix à protéger de la malchance qui la frappe sans qu'elle ne voit venir quoi que ce soit. C'est cinq mois plus tard, au mois de Juin, qu'elle prend la décision de quitter ce qu'elle a toujours connu, claquant la porte de la maison familiale en pleine nuit sans prendre la peine de prévenir famille et amis. Il ne lui aura fallu que quelques kilomètres et plusieurs heures à faire du stop pour croiser le chemin de celui qui lui offrira la possibilité de vivre un nouveau chapitre. Gavin. Une nouvelle vie s'offre à elle, plus simple, moins dangereuse. Elle réapprend à vivre d'une façon différente et il semble la tirer vers le haut. Il a de l'amour à donner et elle, elle se surprend à en manquer après plusieurs mois loin d'Alec, la seule personne assez dingue pour la supporter et combler ce besoin chez elle. Frankie s'abandonne à lui, à cette vie quasiment parfaite qu'il lui promet et elle s'y plaît... ou tente de s'en persuader. Parce qu'encore une fois, elle ne dévoile que ce qu'elle veut bien montrer.

24 DÉCEMBRE 2023 — Merci. C'est l'unique mot qu'elle a noté sur le post-it qu'elle a laissé sur la table de la salle à manger avant de quitter la maison qu'elle a partagé avec Gavin durant presque six mois. Toute personne connaissant un minimum Frankie aurait pu prédire qu'elle finirait par mettre les voiles à un moment ou un autre. Tout était trop plat, trop calme, pour quelqu'un comme elle, pour qu'elle réussisse à réellement s'épanouir dans ce mode de vie. Détroit lui a manqué et y revenir est presque semblable à une bouffée d'oxygène dont elle n'avait pas l'impression de manquer jusqu'à ce jour. Elle a franchi la porte des Kelly les mâchoires serrées mais un air détaché placardé sur la tronche, comme si elle revenait d'avoir été faire des courses pour remplir les placards de la baraque. Peut-être aurait-il mieux valu que ce soit le Père Noël qui fasse son entrée à sa place, il s'en serait sûrement pris moins la gueule qu'elle ce soir-là. Difficile de leur en vouloir alors qu'elle a fait ce qu'elle a toujours reproché à sa sœur, Sonny : fuir.

AUJOURD'HUI — Son retour à Détroit n'a pas signé le retour de celle qu'elle était, c'est même l'inverse. Bien que toujours juché sur son vélo, elle est bien différente de la Frankie en deux roues qu'on pouvait croiser il y a plusieurs années. Si elle vivait pour le danger, pour l'adrénaline que ça pouvait lui procurer, elle évite aujourd'hui toute situation susceptible de la mettre dans la merde, elle ou l'un de ses proches. Elle se tient à carreaux, tente de ne pas faire de vagues. Elle qui n'avait peur de rien, se retrouve aujourd'hui à se méfier de la moindre voiture qui frôle le trottoir ou qui met trop de temps à freiner à son goût quand elle veut traverser. Elle survit plus qu'elle ne vit, prétend que tout va bien alors qu'elle s'emmerde à mourir pour ne pas que ses vieux démons ne viennent toquer à sa porte. Mais jusqu'à quand ? Elle sait que tout n'est qu'une question de temps avant que la tentation ne soit trop forte et que la casse-couille légendaire qu'elle peut être reprenne du service.