euros roseburry & phoenix ledger

Un rire, un rire sans amusement qui brave les lèvres, qui déchire la trachée. Un rire bref et sans âme, instinctif plus que volontaire ; supposition lui arrache ce nouveau coup à l'âme, comme une lame silencieuse qui attendait de pouvoir s'enfoncer. « Hell no. I'm fuckin' tired of this. » Il l'est, plus que sa voix laisse à penser. Fatigué d'avoir à se lamenter, d'avoir à ruminer, à songer à cet après qu'il ne possédera jamais. Exténué, Phoenix, d'avoir à culpabiliser sans tenter un dernier pas, une dernière envolée. Brisé, Ledger, parce qu'il n'a jamais fait que se vautrer. « Ma mind's fuckin' clear right now, more than you seem to think and I can fuckin' assure you that. » Il grave sa vérité dans cet instant, il s'arme encore de cet élan qu'il a empoigné, qu'il serre et fracasse de ses mots, de ses actes, de cette nouvelle connerie qu'il est en train d'orchestrer. Les fondations de tout ce qu'ils sont tremblent encore, la poussière s'élève. Le royaume ne bat plus, mais souffre encore. « But you want to start now ? Let's do that, alright. What was it, hm ? It is because it wasn't you with me on that fucking table ? What do you want from me, Euros ? » Haut-parleur qu'il se décide à mettre, la voix qui emplie l'habitacle de l'engin de mort qu'il conduit. Vitesse trop haute, l'attention trop versatile. Captivé par la vie qu'il croyait percevoir, oubliant qu'elle ne réside plus que dans des réflexes qu'il ne possède sûrement pas. « Tell me ! La voix qu'il a haussé et pourtant, la dernière note s'est presque fracassée. Please... » C'est le cœur qui geint en dernier, pour un espoir, pour une note à laquelle s'accrocher. Pour que les nuits soient moins noires, que l'endocarde ait encore une raison d'essayer de pulser.    

Il y a ce silence effroyable, cette peine qui s'abat sur l'entièreté de la cité endormie. Il croit entendre le sol craqué, comme si tout était à même de s'y enfoncer. Une faille dans la réalité, une crevasse dans ce qui ne devrait pas être - le rappel des enfers pour condamner ce qu'il ose orchestrer. Une simple et bête possibilité. Phoenix dont les paupières sont lourdes des larmes qu'il refuse de verser. Phoenix et ce sang trop chaud qui refuse de voir s'agiter. Phoenix et les mots qu'elle lui concède, les pensées emmêlées - sa vérité. La solitude qu'il a créé, le regard qu'il a refusé de trop laisser se perdre sur celle qu'il a toujours contempler. Pour se protéger. Se préverser, se préserver lui en la blessant elle pour ne plus avoir l'impression de s'étouffer. Il a soufflé, soupiré. Il a passé cette main libre sur ses traits pour tenter de ne pas vaciller ; la route sur laquelle se concentrer, les mots qui résonnent encore pour l'assourdir. « That's the thing with you, isn't it ? You never understand, even if it's so fucking easy to. You just had to come to me then ! I didn't 'cause I fucking thought you didn't wanted me to come too closer since you're with that other prick ! All becomes weird and shit and I'm fucking aware it's ma fault, alright. But here's the thing ! If it was upsetting you, then you shoud have come and fucking told me ! That's what people does. When they want to talk with someone, they goes talk to that fucking someone ! » Dépassé, à s'emballer. La voix qui débite tout ce que les pensées se mettent à jouer - les songes décousues, l'urgence dans le timbre qui ne parvient pas à trop s'abaisser. Jusqu'à cet énième soupir, ce terrible silence qui reprend ses droits. Il le sent qui s'immisce, glacial, prêt à tout s'approprier - n'en rien laisser. « It doesn't answer ma question. What the fuck do you want from me... ? Really ? I'm almost there. Your choice. You tell me now or you tell me when I'll be right in front of you. It's that simple. » Il ignore les rappels, ce savoir quant à la manière dont elle peine à tout encaisser. Il ignore, joue l'égoïsme, parce qu'il ne parvient plus à raisonner - parce qu'il craint l'avenir, les mots et tout ce que l'espoir aurait à lui infliger.     

Question claque, un nouvel orage - une nouvelle litanie. C'est sa voix qui résonne et l'appréhension en vient à tout acidifier. Elle rampe jusqu'au pauvre muscle défait, cette dernière, elle lancine jusqu'à l'âme pour l'écorcher, faire saigner tout ce que les rêves auraient à encore supposer. Elle vient et dépose son poison sur l'être qui tremble, obligé de piler. Parce qu'il l'entend, la prière qu'elle en vient à cracher ; entre sanglots et fiel dissimulé. Elle résonne, surpasse de très loin le moteur surchauffé. Un souhait qu'elle lui claque comme on abat les blessés. Qu'il ne se soit rien passé. « Don't say that. » La gueule contre le volant, les deux mains qui s'y sont accrochées. Phoenix, à l'arrêt, au beau milieu de cette route désertée - sous la tempête qui matérialise ce qui ose enfin s'écouler sur les joues décolorées. « Don't never say that again. » Les côtes sont serrées, prêtes à céder. Elles encaissent les palpitations désordonnées, les gémissements du muscle qui se sent pourrir. Lentement. La pénitence qui rappelle son règne sur cette carcasse qui croyait pouvoir se relever. « You're lying. » Il s'en persuade, il se répète ces maigres syllabes jusqu'à chatouiller la folie. Le front qui heurte une fois le volant, une deuxième. Perdition qu'il craint, perdition qui nargue. Ce n'est plus de la colère, c'est de la peur. Cette ignoble et effroyable terreur. « Don't... You... What do you want from me... ? » Ca en devient une supplique, un appel des tréfonds pour que lumière puisse le guider ; ou qu'elle l'ignore, qu'elle le condamne. Petite voix derrière l'éther chuchote qu'elle l'avait déjà prévenu de cette sombre destinée. Voué à échouer, à ne reposer que sur des regrets - jusqu'à ce que la croix sur son dos devienne trop lourde à porter. Jusqu'à ce que l'oiseau ait à tomber.      

Une pause éphémère, comme une accalmie soudaine pour permettre aux éclairs de claquer. Une pause dans le temps, dans l'infinité qu'il implorait. Une pause dans les tourments et dans ce calvaire qu'ils continuent d'intensifier. Parce qu'elle hurle à son tour, rejoint la danse triste des hurlements sans but et sans impact. Et il n'écoute qu'à peine, l'idiot, il parle en même temps, contre chaque parole, chaque mot pour exposer sa version des faits, sa vérité - la manière dont son cœur l'encaisse quand il est pourtant la raison de toutes les blessures qu'ils sont à s'imposer. Il tente de surpasser la voix qui continue sur sa lancée, la main qui cherche le téléphone, le corps crispé. Il tente encore jusqu'à en jurer, courbé pour récupérer le bien tombé à ses pieds. Il tente, coupé dans l'élan quand toute la fin est crachée - apposée comme une stèle sur la carcasse qui tentait de fuir la terre où on l'avait dissimulée. « What the fuck did you just said ? » Il ne retient que ce qu'il veut, celui qui ne parvient plus à raisonner. Il n'entend que ce qui marque en l'instant, puisque mauvaise foi règne encore un peu pour l'en faire ignorer une partie des torts qu'elle s'est acharnée à gueuler. « Horrible ? That's what you just said ? That what we had was horrible ? » La voix est dénuée d'embardée, défaite d'émotions puisqu'elles se sont déchirées avec la trachée. « You just... You... You know what ? Fuck you, Euros. What I did back then, the story behind it and all ? I did it for you, 'cause I was the asshole who were lying to you at this time and it wasn't right to you. I wasn't able to look at you, to look at everything we could have been if I wasn't that fuckin' drugs douchebag with business to deal with. These cunt you're talking 'bout, it was to convince myself to not coming back to you 'cause I was sure you would have been better without me. The truth behind all this ? I'm sure it was the best decision because I was an asshole at this time, but I can't handle it. That's why ! That's why I'm like this. 'Cause one day, I want to be selfish and come back and start over and have the life I wanted with you since long time ago, life that I FUCKING STILL WANT SINCE ! And an other... I remember what I did and I know it will be stuck in your head for too long for you to be able to trust me again when I say I fucking love you more than everything in this goddamn life. What I want from you ? To tell me I ain't the one who's dreaming about that what if. 'Cause I ain't. I didn't ignore you tonight, I was making sure to not bother you 'cause I would have tried to be with you again and I know, I fucking know it would have leads you to be scared and everything 'cause of that asshole you use to stay away from what we have. I wasn't... against you, but for you. 'Cause you're right, I'm a douchebag, maybe the biggest asshole of all times but I love you and you won't change that. That's the thing. » Une pause, la voix qui s'éteint. Il n'a pas conscience d'avoir presque hurlé ; le monde s'est arrêté de tourner. Comme si la pluie s'était suspendue au-dessus des taules chaudes et des vitres embuées. C'est comme si l'univers tout entier attendait la prochaine inspiration pour s'animer, ou bien s'effondrer sur lui-même, Phoenix dans la foulée. « Go on, say it. Say it you don't want to talk with me anymore. »      

Disparaitre, s'en aller. En finir avec les tourments, les idioties qu'il ne cesse de répéter. Disparaitre, il a ce besoin de fuir, de souffler, de taire le vacarme assourdissant des songes emmêlés. Que ce cauchemar cesse, que les erreurs soient effacées. Qu'il se réveille enfin, l'abruti, dans les draps qu'ils ont partagé, lors des instants qu'elle dit vouloir oublier. Faire disparaitre, comme tout ce qu'ils auraient pu être. Il en tremble encore, peine à respirer. Il en tremble encore, à chercher cet air qui manque aux poumons fatigués. Intoxiqués. « You will but you don't want to, that's it ? » Plus de beaux discours, la trachée s'est serrée. Plus de vérités à cracher sans savoir par où commencer, les faits se dessinent peu à peu qu'il ne parvient pas à encaisser. Pleure le triste cœur. Pleure l'âme qui sait son horizon condamné à la grisaille des regrets. Il souffle, Phoenix, recherche une dernière fois ce courage pour tenter de s'expliquer, pleinement s'exprimer. Les traits restent abattus sur le volant, les mains toujours bien accrochées. Il voudrait pouvoir tout dire, lui qui n'a jamais su éviter le pire. Finalité s'instaure qui appose sa marque noire sur l'encéphale, et les tableaux parfaits des rêves n'en deviennent que de plus en plus noirs.      

Un frisson parcoure l'échine. Une brise trop froide, la caresse d'un rien qui enveloppe - l'étreinte des profondeurs. Elles se sont creusées, rappellent ce linceul qui attend, patient, de récupérer le spectre qui s'en était échappé. Seconde chance n'a que trop duré, seconde chance ne peut pleinement être célébrer tant que le vide persiste, le trou béant saignant à la poitrine compressée. Il a juré, Phoenix, avant que petite voix n'ait à s'exprimer. Elle renie ce qu'il s'était mis à supposer. Elle dément ce dont il était en train de se persuader. Il y a ces sanglots étouffés, il y a ce tout qui n'a pas encore été concédé. Les mots cachés, les vérités profondes qui l'ont ainsi fracassé ; transformé. La honte et la peur, l'abandon qui menace au-dessus de sa tête et qu'il tient à fuir de lui-même plutôt que de l'affronter. Il essaie, en vain, de s'attarder sur ce qu'elle lui délaisse ; jusqu'aux paroles qui terminent de creuser les chairs pour les déchirer. Trois mots et un battement au trop plein d'un espoir terni. Trois mots, et il s'est redressé, le téléphone saisit à la volée. « Then let me fucking try. Say it again and I'll try, I swear. I come right here, right now. I tell you everything. » Impulsivité qui s'en mêle, qui prend les rênes. Impulsivité qui s'accentue jusqu'à tout contrôler.       

L'étincelle sur les ailes. La petite flamme qui vacille, serpente entre les plumes consumées. Elle va et vient, crépite un peu, d'une discrétion telle qu'elle en parait imaginée. L'étincelle contre l'âme, un courant très léger qui active l'éther qui s'est mis à s'agiter. Route est reprise, les couloirs de ce théâtre morne dépassés. « Everything, I don't know. I don't know ! You wanted the truth, right ? Let's begin there then. » Impulsivité encore, qui parvient à faire taire la honte qui aurait pourtant à geindre et réprimer l'idée. Impulsivité et courage insensé. « We can start over. » Porté par l'élan, porté par tout ce qui s'active sous les côtes cachées, molestées.