i don’t know how but i’ll find a way

L’enfance et l’adolescence de Tris sont heureuses, au sein de la capitale de l’Angleterre où elle est née, même si durant son enfance, suite à une énergie débordante, à une absence de concentration dramatique et à une tendance à se laisser emporter facilement à la moindre frustration, ses parents consultent une psychiatre, qui décèle chez elle une forte probabilité d’un Trouble du Déficit de l'Attention avec Hyperactivité. Le diagnostic est posé peu avant ses dix ans et avec lui, viennent les explications quant au comportement de Tris. Ses parents la soutiennent immédiatement, adaptent leur quotidien et font en sorte que la vie soit la plus facile possible pour la petite blonde. L’adolescence est un peu plus compliquée: Tris débordant d’affection et de besoin d’être entourée, elle a tendance depuis toute jeune à se laisser marcher sur les pieds. Elle subit du harcèlement scolaire et si les professeurs soulignent ses difficultés dues à son TDAH, ils ne l’aident pour autant pas à mieux s’en sortir. Alors, quand elle apprend que son grand-père paternel, qu’elle voit pendant les vacances lorsqu’il vient à Londres, est très malade et qu’il est nécessaire pour son père de déménager quelques mois près de Détroit, elle demande à le suivre, espérant s'en sortir mieux ailleurs qu'en Angleterre. Peu enclins au début à accepter, les Meyer décident finalement de partir tous les trois. Ils n’ont jamais eu à regretter leur décision puisque si hélas, le grand-père de Tris n’a pas survécu, tous les trois ont trouvé leur bonheur aux États-Unis et s’y sont définitivement installés, les adultes étant parvenus à trouver du travail sur place en tant que traducteur et professeure de Français. Quant à Tris, son grand cœur et sa nature profondément humaine la dirigent tout naturellement vers des études de médecine.

Les études supérieures ne sont pas de tout repos pour la jeune femme. En effet, son trouble de l’attention ne lui facilite pas les choses, d’autant qu’elle doit faire face à de nombreux préjugés, trop de gens étant persuadés qu’il n’existe pas chez l’adulte. Elle s’en sort avec brio malgré tout, à l’aide d’un travail acharné. De plus, la sortie du roman Divergente, dont l’héroïne porte le même surnom que sa propre identité quotidienne, lui apporte des nouvelles connaissances d’étudiants qui s’amusent de cette correspondance. Depuis, cette série de livres reste d’ailleurs sa préférée, bien qu’elle n’ait pas grand chose à voir avec la Tris de fiction. C’est lors de sa première prise de poste en tant qu’infirmière qu’elle fait la connaissance d’un médecin urgentiste. Jeffrey est un homme passionné, plein de vie, avec qui le feeling passe immédiatement. Après de longs mois à entretenir une relation amicale, ils s'avouent leurs sentiments amoureux réciproques. Jeff la demande en mariage le jour où ils fêtent leur première année ensemble.

C'est un mariage heureux. Ils s’aiment et se correspondent, Jeffrey soutient sa femme dans ses difficultés quotidiennes et ses réussites. Quant à Tris, elle accepte, après quelques temps d’hésitation, que Jeff prenne un poste à Détroit. L’idée d’aller dans une ville que tous savent dévorée par les gangs n’est pas facile à accepter, mais elle comprend très vite que pour Jeffrey, c’est l’occasion de mettre encore plus à profit sa passion pour son métier. De son côté, elle n’a pas grand mal à trouver un poste, la présence de son mari aidant à s’intégrer. Les années passent ainsi, Tris et Jeff sont heureux dans leur quotidien et souhaitent fonder leur propre famille. C’est donc avec une grande joie que la grossesse de Tris est accueillie. Et si la criminalité n’a rien arraché au couple, c’est un tout autre drame qui vient tout foutre en l’air.

Un soir, alors qu’ils rentrent chez eux après une soirée au cinéma, un chauffard grille un feu à un carrefour, provoquant un carambolage meurtrier. Il perd la vie, mais il ôte également celle de trois autres personnes dans deux autres véhicules et celle de Jeffrey. Tris reste dans le coma durant presque quinze jours. A son réveil, elle apprend  non seulement la mort de l'homme de sa vie, mais aussi celle de sa fille, à qui elle devait donner naissance dans trois petits mois. Elle-même a survécu de justesse. Ce jour-là, elle fait une crise de panique si violente qu’il faut lui injecter un sédatif pour la calmer. Elle passe un mois et demie en unité psychiatrique, détruite par l’accident et incapable de prendre soin d’elle-même. Et lorsqu’elle sort, ça n’est pas en bien meilleure forme. Elle ne s’en remettra jamais vraiment, elle en est certaine.

La sortie de l'hôpital est rude. Tris est bouffée par l'angoisse, par les cauchemars et souffre d'un lourd syndrome de stress post traumatique. Elle ne parvient pas à accepter les soins, persuadée qu'elle n'aurait jamais dû survivre à l'accident. Incapable de rester vivre dans la jolie maison qu'elle possédait avec Jeffrey, elle fait le choix de la vendre, ainsi qu'une bonne partie du mobilier, afin de s'acheter un appartement dans midtown. Parce qu'il faut bien de l'argent pour vivre et qu'elle ne parvient pas à remettre les pieds à l'hôpital, elle démissionne et se fait engager comme serveuse dans un bar miteux, dans une rue mal famée de Southwest. Après quelques mois de galère et un peu d'argent de côté, elle craque lorsque son patron tente de l'agresser sexuellement. Elle lui envoie un violent coup de poing en peine figure, se fait bien entendu virer aussitôt et se retrouve de nouveau sans emploi. Réalisant qu'elle a malgré tout apprécié ce job, elle décide de tenter sa chance dans un endroit beaucoup plus fréquentable : le restaurant Infinity & Beyond, qu'elle fréquentait déjà en tant que cliente. Sa bonne humeur naturelle et son énergie seront sans aucun doute une aide précieuse si elle souhaite un jour évoluer dans ce type de carrière. Pour le moment, elle est heureuse d'avoir un travail stable où elle s'épanouit, même s'il est très différent du précédent.

Dans l'ombre, pourtant, se tapit l'addiction. Tris boit. Elle boit beaucoup trop. Elle boit pour se détendre après une longue journée de boulot, boit parce qu'elle pleure son mari et sa fille, boit parce que les cauchemars l'empêchent régulièrement de dormir, boit parce qu'au bout du compte elle ne peut plus s'en passer. Addiction insidieuse, qui ne se voit pas forcément, puisqu'elle tient hélas un peu trop bien l'alcool et que finalement, c'est rare qu'elle s'affiche avec une vraie gueule de bois. Ceux qui sont encore à ses côtés savent, mais n'osent pas dire, pas peur de juger quelqu'un qui a beaucoup souffert. Pourtant, il faudra bien qu'elle ouvre un jour les yeux, Tris, si elle ne veut pas foutre en l'air ce qui reste de sa vie.